Face à l'inflation, désaccord à la Fed sur le rythme de hausse des taux

Dr. Cecilia Rouse, présidente du Conseil des conseillers économiques, à Washington, DC. (AFP).
Dr. Cecilia Rouse, présidente du Conseil des conseillers économiques, à Washington, DC. (AFP).
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Publié le Samedi 19 février 2022

Face à l'inflation, désaccord à la Fed sur le rythme de hausse des taux

  • La banque centrale américaine s'apprête à lancer une série de hausses de ses taux directeurs pour lutter contre l'inflation, un mouvement dont l'ampleur fait débat parmi les responsables de l'institution
  • Face à une inflation au plus haut depuis 40 ans, le débat n'est plus de savoir si la Réserve fédérale commencera ou non à relever ses taux, mais quelle sera l'ampleur de la hausse

WASHINGTON: La banque centrale américaine s'apprête à lancer une série de hausses de ses taux directeurs pour lutter contre l'inflation, un mouvement dont l'ampleur fait débat parmi les responsables de l'institution, bien que l'idée d'un premier relèvement en douceur semble gagner du terrain.

"Personnellement, je ne vois aucun argument convaincant pour y aller fort au début", a déclaré vendredi le président de la Fed de New York, John Williams, à des journalistes en marge d'une conférence en ligne à l'Université de New Jersey City.

Il est ainsi, favorable à une petite hausse pour commencer, puis, selon l'évolution de la situation, "ralentir ou accélérer".

"Je prévois qu'il sera approprié lors de notre prochaine réunion (...) de lancer une série de hausses des taux", a souligné vendredi, lors d'une conférence à New York, la gouverneure Lael Brainard, nommée par Joe Biden pour être numéro deux de la Fed.

Face à une inflation au plus haut depuis 40 ans, le débat n'est désormais plus de savoir si la puissante Réserve fédérale commencera ou non en mars à relever ses taux qui se trouvent, depuis deux ans, entre 0 et 0,25%, mais quelle sera l'ampleur de la hausse.

Optera-t-elle pour l'habituelle hausse d'un quart de point, pour faire passer les taux à 0,25-0,50%? Ou frappera-t-elle plus fort, pour les relever directement à 0,50-0,75%?

C'est en mai 2000 que la Fed avait, pour la dernière fois, eu recours à une forte hausse d'un demi-point.

"Une inflation plus forte et des risques d'inflation plus élevés entraîneront la Réserve fédérale à relever ses taux plus agressivement que ce que nous envisagions auparavant", ont commenté Nancy Vanden Houten et Kathy Bostjancic, économistes pour Oxford Economics, dans une note. Elles tablent sur une hausse d'un demi-point directement le mois prochain. 

Les trois-quarts des acteurs sur les marchés, cependant, s'attendent à ce que la Fed avance à pas de loup lors de sa réunion des 15 et 16 mars, selon l'évaluation des produits à terme de CME Group.

Crédibilité en jeu

Un autre responsable de l'institution monétaire a ravivé le débat ces dernières semaines sur l'ampleur de la hausse à prévoir, en plaidant pour frapper un grand coup dès le mois de mars.

James Bullard, président de l'antenne de St. Louis de la Fed, voudrait ainsi voir les taux relevés d'un point d'ici le 1er juillet.

"Nous avons été surpris par la forte inflation. (...) Notre crédibilité est en jeu", avait-il indiqué lundi, mettant en avant la nécessité de "réagir aux chiffres", mais "de manière organisée et sans perturber les marchés".

La première économie du monde s'est rétablie des dommages causés par la pandémie de Covid-19. Mais elle est à présent menacée par un danger qu'elle n'avait plus vu depuis 40 ans: une inflation trop forte.

La hausse des prix a atteint 5,8% en 2021, selon l'indice PCE qui est privilégié par la Fed, son rythme le plus élevé depuis 1982, et surtout bien supérieur aux 2% à long terme que vise l'institution monétaire.

L'inflation sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'énergie et de l'alimentation, s'est élevée à 4,9%. 

Réduction du bilan

Relever les taux directeurs permet de faire baisser l'inflation. En effet, ils rendent le crédit plus onéreux pour les ménages et entreprises, ce qui fait ralentir la demande et la consommation, allégeant la pression sur les prix.

Mais pour Lael Brainard, cela doit s'accompagner de la réduction du bilan, c'est-à-dire se séparer petit à petit des millions de dollars de bons du Trésor et autres actifs qui avaient été achetés par la Réserve fédérale depuis mars 2020, pour soutenir le fonctionnement de l'économie.

"Mon sentiment est que la combinaison d'une série de hausses des taux d'intérêt" avec la réduction du bilan "fera ralentir l'inflation au fil du temps tout en soutenant une reprise inclusive", a-t-elle souligné.

Le processus pourrait commencer "plus tard cette année", a également souligné John Williams.

Il s'attend à ce que, d'ici fin 2022, "l'inflation des prix PCE revienne à environ 3%, avant de baisser encore l'année prochaine alors que les problèmes d'approvisionnement continueront de s'atténuer".

Il table par ailleurs sur "une croissance du PIB d'un peu moins de 3% cette année" et un taux de chômage "autour de 3,5%" fin 2022. 


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
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  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".

 


Iran: la lauréate du prix Nobel de la Paix Mohammadi se dit «menacée d'élimination physique», selon le comité Nobel

La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
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  • La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique"
  • Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran"

OSLO: La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone.

Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran" ainsi qu'à "toute apparition dans les médias", ajoute le comité Nobel dans un communiqué. Mme Mohammadi a été récompensée en 2023 pour "son combat contre l'oppression des femmes en Iran et pour la promotion des droits de l'homme".