«Les renouvelables ont déjà gagné», pour le patron de Voltalia

La ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili (deuxième à gauche) visite la centrale biomasse de Voltalia, à Cacao, près de Roura, le 2 février 2022 dans le cadre d'un voyage de cinq jours en Guyane française. (Jody Amiet/AFP)
La ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili (deuxième à gauche) visite la centrale biomasse de Voltalia, à Cacao, près de Roura, le 2 février 2022 dans le cadre d'un voyage de cinq jours en Guyane française. (Jody Amiet/AFP)
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Publié le Lundi 21 février 2022

«Les renouvelables ont déjà gagné», pour le patron de Voltalia

  • Aujourd'hui l'acheteur d'électricité qui s'engage sur un contrat de 10-20 ans, qu'il soit distributeur d'électricité, entreprise, État... choisit à 95% le renouvelable
  • «Pour répondre aux besoins mondiaux en électricité, couvrir l'équivalent de l'Aquitaine de panneaux photovoltaïques suffit» selon le patron de Voltalia

PARIS : «Les énergies renouvelables ont déjà gagné» et vont se déployer partout dans le monde, mais ensuite, plus compliquée sera la seconde partie du chemin pour tendre vers 100% d'électricité verte, estime le directeur général de Voltalia, acteur du solaire et de l'éolien dans une vingtaine de pays.

Pour Sébastien Clerc, à ce jour, «les renouvelables sont un pari plus que gagné», grâce à l'effondrement des coûts.

«Aujourd'hui l'acheteur d'électricité qui s'engage sur un contrat de 10-20 ans, qu'il soit distributeur d'électricité, entreprise, État... choisit à 95% le renouvelable car c'est l'énergie la moins chère quasiment partout», dit le patron de cette entreprise française, rare société à mission cotée, présente en Amérique latine, Afrique, Europe.

Sébastien Clerc entrevoit au moins 20 ans d'essor mondial sans obstacle majeur pour le secteur.

Les investisseurs se bousculent. Et le sujet de la place n'en est pas vraiment un, dit-il: «Pour répondre aux besoins mondiaux en électricité, couvrir l'équivalent de l'Aquitaine de panneaux photovoltaïques suffit».

Il ne nie pas les contestations. «Parce que les installations se voient. C'est le phénomène +Nimby+ (not in my backyard), +pas dans mon jardin+.»

L'éolien concentre à ce stade les critiques. Rien ne dit que ce ne sera pas demain le cas du solaire, dont les champs de 30 voire 100 hectares finiront par se voir, note-t-il. «Les oppositions vont finir par arriver.»

Le président français Emmanuel Macron, qui veut pousser le solaire, a ainsi demandé, «un juste équilibre» entre installations au sol et sur les toits.

Sauf que poser sur les toits coûte plus cher, c'est moins efficace (panneaux pas forcément orientés idéalement, non mobiles), note le directeur de Voltalia.

«Aujourd'hui on fait encore comme si on avait le choix», ajoute-t-il. Mais face au réchauffement climatique et à la nécessité de verdir l'énergie, «in fine, on va faire tout ce qu'on peut. «Et il y aura plein de renouvelable, partout dans le monde», assure-t-il.

Préparer les nuits sans vent

Pour lui, c'est surtout la suite de l'aventure, dans 20 ans, qui porte les grandes inconnues, quand les renouvelables auront atteint une part critique: comment fera-t-on la nuit en l'absence de vent?

«Aujourd'hui les énergies renouvelables avancent toutes seules, et c'est notre job, développeurs, industriels, de faire que cela se passe au mieux. Mais à un certain point, disons au-delà de 50% de parts de marché, les gouvernements auront leur rôle à jouer». Par exemple contribuer à assumer le surcoût du stockage sur batteries, quand ni gaz ni charbon ne seront plus là pour servir de «tampon».

Une première réponse, «encore sous le radar», est qu'il faudra adapter l'heure de nos consommations, insiste Sébastien Clerc.

Par exemple, faire marcher les ballons d'eau chaude quand il y a du soleil et/ou du vent. Idem pour le chauffage, en faisant monter la température aux bonnes heures pour ensuite stocker la chaleur dans la pièce (ce qui imposera des bâtiments mieux isolés). Moduler aussi les horaires de l'industrie.

Quid du stockage à grande échelle? Aujourd'hui le stockage du courant est assuré essentiellement par des «step» («stations de transfert d'énergie par pompage», installées entre deux retenues d'eau). Une solution mature, mais qui suppose d'avoir des montagnes, note M. Clerc.

Pour le moment plus chères, les batteries devront prendre le relais, suggère le développeur, également acteur dans le stockage, qui évoque aussi l'hydrogène, mais son rendement moindre.

«Quand je mets 100 kWh pour stocker de l'énergie avec de l'hydrogène, j'en récupère environ 30%. Avec la batterie, je récupère plus de 80%, et environ 90% avec la step», décrit-il.

Ces sujets ne sont pas forcément les plus urgents pour un pays comme la France, largement adossée au nucléaire, ajoute-t-il. Mais ils le sont par exemple en Grande-Bretagne, lancée dans un vaste programme renouvelable pour échapper à sa dépendance au gaz: le pays a investi l'an dernier plusieurs milliards d'euros dans les batteries.

«Il faut réfléchir à tout cela, mettre de la recherche-développement... C'est un vrai problème conceptuel: s'approcher du 100% renouvelables, on ne sait pas encore comment on fait. Mais on le fera».


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.