La campagne du référendum sur la constitution algérienne débute dans l’indifférence

Des Algériens réagissent à l'ouverture officielle de la campagne en vue du référendum sur la révision de la Constitution censée fonder une « Algérie nouvelle » et répondre aux aspirations du mouvement de protestation populaire (Photo, AFP)
Des Algériens réagissent à l'ouverture officielle de la campagne en vue du référendum sur la révision de la Constitution censée fonder une « Algérie nouvelle » et répondre aux aspirations du mouvement de protestation populaire (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 08 octobre 2020

La campagne du référendum sur la constitution algérienne débute dans l’indifférence

  • « Novembre 1954: la libération, novembre 2020: le changement »
  • « Je pense que ce référendum est illégitime car ceux qui l’organisent le sont »

ALGER : La campagne en vue du référendum sur la révision de la Constitution censée fonder une « Algérie nouvelle » et répondre aux aspirations du mouvement de protestation populaire a démarré mercredi dans l'indifférence de larges pans de la population.

Voulu par le président Abdelmadjid Tebboune, ce scrutin aura lieu à la date symbolique du 1er novembre, anniversaire du début de la Guerre d'indépendance contre la puissance coloniale française (1954-1962).

« Novembre 1954: la libération, novembre 2020: le changement », promet le slogan officiel de la campagne qui s'achèvera le 28 octobre à minuit.

Une promesse qui ne semble guère mobiliser les foules.

« Rien n'a changé avec ces gens au pouvoir. Ils ont volé la révolution de novembre (1954) et aujourd'hui ils veulent voler les espoirs nés du +Hirak+ », peste Ali, un ancien syndicaliste.

Soulèvement inédit, pacifique et sans véritable leadership, le « Hirak » est né en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens qui réclament un profond changement du « système » en place depuis 1962. En vain jusqu'à présent, même s'il a arraché le départ du président Abdelaziz Bouteflika.

Espoir déçu

Pour le président Tebboune, le projet d'amendement constitutionnel est « la pierre angulaire de la Nouvelle Algérie ». 

Il « s'inscrit en droite ligne des exigences de l'édification de l'Etat moderne et répond aux revendications du +Hirak populaire authentique béni+ », l'expression consacrée par le pouvoir à un mouvement qu'il estime désormais achevé, qualifiant ses partisans de « contre-révolutionnaires ». 

« Je pense que ce référendum est illégitime car ceux qui l’organisent le sont », rétorque Ahcène Kadi, jeune artiste et militant du « Hirak ». 

Au lendemain de son élection en décembre 2019, marquée par une abstention record, M. Tebboune s’était engagé à réviser la Constitution et à soumettre la réforme à un référendum.

Une commission de constitutionnalistes, nommée en janvier, a remis ses conclusions en mars après consultation des partis, de personnalités connues et de représentants de la société civile.

Le projet de révision propose « un changement radical du mode de gouvernance », afin de préparer l’avènement d'une « Nouvelle république ».

Il prévoit de renforcer le principe de séparation et d'équilibre des pouvoirs, afin d'épargner au pays « toute dérive de despotisme tyrannique », de moraliser la vie politique et de rendre transparente la gestion des deniers publics. 

« Nous avions espoir que cette révision de la Constitution et ce référendum soient une opportunité pour le gouvernement de réaliser un réel changement, mais d’après ce que j’ai constaté il n’y a pas de grande différence avec la Constitution de Bouteflika », regrette Mohamed Lamine Meghenine, un journaliste.

Passivité et abstention

Mais la grande majorité des Algériens n'a toujours pas pris connaissance de ce texte adopté sans débat par le Parlement début septembre.

« Je ne me sens pas concerné. Pourquoi voter pour un projet auquel je n'ai pas eu accès », lance, furieux, Brahim Bahmed, un Algérois retraité, déplorant que « le large débat promis n'ait pas eu lieu ».

Saïd, un chauffeur de taxi, ira lui voter « sans conviction » mais avec l'infime espoir que « les choses changeront peut-être après le vote ».

Si radios et TV consacraient des programmes au référendum, la plupart des panneaux électoraux étaient vides mercredi à Alger.

Le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, a assuré à la radio publique que « le scrutin sera(it) transparent et impartial ».

Toutefois, l’ANIE « voudrait limiter la campagne électorale aux acteurs ayant manifesté leur adhésion au projet et éviter que d’autres viennent la parasiter », relève le politologue Mansour Kedidir.

« Difficile d’imaginer un engouement populaire durant la campagne. Avec une passivité déconcertante, le citoyen laisse faire. Il se soucie davantage de la précarité de la vie que de la rhétorique de la réforme », observe-t-il.

Dans un climat de répression, les opposants -- des islamistes à l'extrême-gauche en passant par les défenseurs des droits humains -- dénoncent un projet visant à enterrer le « Hirak ».

« L'abstention risque d'être, comme dans tous les scrutins, le principal gagnant et la crise de légitimité sa conséquence logique », prédit Louisa Dris-Aït-Hamadouche, enseignante en sciences politiques à l'université d'Alger. 


Israël appelle à des évacuations dans deux villages du sud du Liban en prévision de frappes

L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
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  • L’armée israélienne a appelé les habitants de Deir Kifa et Chahour à évacuer, affirmant que des infrastructures militaires du Hezbollah s’y trouvent et annonçant des frappes imminentes
  • Malgré le cessez-le-feu de novembre 2024, Israël poursuit des attaques ciblées au Liban avec le soutien tacite des États-Unis, accusant le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaire

JERUSALEM: L'armée israélienne a appelé mercredi la population à évacuer les zones de bâtiments abritant selon elle des installations militaires du mouvement islamiste libanais Hezbollah dans deux villages du sud du Liban, annonçant son intention de les frapper sous peu.

"Les forces [israéliennes] attaqueront prochainement des infrastructures militaires appartenant au groupe terroriste Hezbollah dans différentes zones du sud du Liban, en réponse aux tentatives illégales de l'organisation de se rétablir dans la région", annonce le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne dans un message en arabe sur X.

L'officier appelle précisément la population à évacuer sans tarder les alentours de deux bâtiments dont il précise, cartes à l'appui, la localisation dans les villages de Deir Kifa et Chahour.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener, avec l'aval tacite des Etats-Unis, des attaques régulières au Liban contre ce qu'elle présente comme des membres ou des installations du mouvement chiite, qu'elle accuse de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

Le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran - ennemi juré d'Israël, a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël, et Washington a accru la pression ces dernières semaines sur les autorités libanaises pour qu'elles obtienne son désarment, ce que le mouvement islamiste refuse pour l'heure.


L'Arabie saoudite et les États-Unis signent des accords pour approfondir leur partenariat stratégique

La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
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  • Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques
  • Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales

RIYAD: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont signé mardi un certain nombre d'accords visant à renforcer leurs liens stratégiques, à l'occasion de la visite du prince héritier Mohammed bin Salman à la Maison Blanche.

Lui et le président américain Donald Trump ont signé des accords sur la défense stratégique, l'intelligence artificielle, l'énergie nucléaire, les métaux critiques, les investissements saoudiens, le partenariat financier et économique, l'éducation et la formation, et les normes de sécurité des véhicules.

Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques.

Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales.

La réunion était coprésidée par M. Trump et le prince héritier, et de hauts responsables saoudiens et américains y ont assisté.

L'accord de défense affirme que les deux pays sont des partenaires de sécurité capables de travailler ensemble pour faire face aux défis et menaces régionaux et internationaux, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Il approfondit la coordination de la défense à long terme, améliore les capacités de dissuasion et la préparation, et soutient le développement et l'intégration des capacités de défense entre les deux pays, a ajouté l'agence de presse saoudienne.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid bin Salman, a déclaré que l'accord "souligne l'engagement ferme des deux nations à approfondir leur partenariat stratégique, à renforcer la sécurité régionale et à faire progresser la paix et la stabilité dans le monde".

L'ambassadrice saoudienne aux États-Unis, la princesse Reema bint Bandar, a déclaré que les "accords stimuleront les investissements dans les deux pays, généreront des opportunités d'emploi pour les Saoudiens et les Américains, et renforceront notre engagement commun en faveur de la sécurité régionale et mondiale".

Un peu plus tôt, dans le bureau ovale, M. Trump a accueilli chaleureusement le prince héritier, qui a annoncé que les investissements américains du Royaume seraient portés à près de 1 000 milliards de dollars, contre une promesse de 600 milliards de dollars annoncée par Riyad au début de l'année.

"Aujourd'hui est un moment très important de notre histoire", a déclaré le prince héritier. "Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous travaillons pour l'avenir.


Un mort et trois blessés dans une attaque près de colonies en Cisjordanie

Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
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  • L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron
  • La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie

TERRITOIRES PALESTINIENS: Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne.

L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée. Cet endroit a été le théâtre de plusieurs attaques anti-israéliennes depuis fin 2015.

Le Magen David Adom (MDA), équivalent israélien de la Croix-Rouge, a annoncé le décès d'un homme d'une trentaine d'années.

La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie.

Le MDA a également déclaré que ses services avaient évacué dans des hôpitaux de Jérusalem trois autres personnes, dont un adolescent de 15 ans "présentant des plaies profondes" et une femme d'environ 40 ans.

L'hôpital Hadassah de Jérusalem a précisé dans un communiqué que la femme, "blessée par balle", avait été hospitalisée dans un état grave.

Selon des médias locaux, elle aurait été blessée durant l'attaque par un tir de soldats visant les assaillants.

L'armée israélienne a précisé que ses "soldats ont éliminé deux terroristes sur place" et que des explosifs ont été "découverts" dans leur véhicule. "Les soldats de l'armée israélienne procèdent à des fouilles et ont mis en place des barrages routiers encerclant la zone", a-t-elle précisé.

L'Autorité générale des affaires civiles palestiniennes a identifié les assaillants comme Imran al-Atrash et Walid Sabbarna, tous les deux âgés de 18 ans et originaires de la région d'Hébron.

"Il s'agit de la deuxième attaque au carrefour du Goush Etzion en un an qui se solde par de graves conséquences", a déclaré à la presse Yaron Rosental, président du conseil régional du Goush Etzion, un bloc de colonies dans la zone du lieu de l'attaque.

Violences records 

Plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

"Avec l'armée, nous ferons également payer un prix très élevé aux terroristes et à tout leur entourage, et nous renforcerons également la colonisation", a ajouté M. Rosental.

La veille, des colons extrémistes avaient attaqué le village palestinien de Jabaa, près de Bethléem, après que les forces de sécurité israéliennes ont fait démolir et évacuer l'avant-poste de colonisation juive dit de Tzour Misgavi, dans le bloc de colonies du Goush Etzion.

Les mouvements palestiniens du Hamas et du Jihad islamique, considérés comme des organisations terroristes par les Etats-Unis, l'Union européenne, et Israël, ont salué l'attaque dans des communiqués distincts.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

Selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, civils et soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Dans le même temps, au moins 1.006 Palestiniens, combattants et civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Ces violences n'ont pas cessé avec la trêve en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Selon l'ONU, la Cisjordanie a d'ailleurs connu en octobre un pic inédit de violences en près de deux décennies.