L'angoisse des Ukrainiens d'Arabie saoudite

Face à l'invasion russe de l'Ukraine, de nombreuses personnes fuient le pays par la frontière polonaise (Photo, Reuters).
Face à l'invasion russe de l'Ukraine, de nombreuses personnes fuient le pays par la frontière polonaise (Photo, Reuters).
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Publié le Lundi 28 février 2022

L'angoisse des Ukrainiens d'Arabie saoudite

  • «On se rend compte que chaque message qu’on envoie à une personne qui nous est chère pourrait être le dernier»
  • «Nous ne sommes pas vaincus. Nous sommes de braves combattants» affirme une ukrainienne vivant à Riyad

RIYAD/DJEDDAH: Les Ukrainiens qui vivent en Arabie saoudite scrutent les informations depuis que la guerre a commencé. Inquiets pour leurs famille et amis, ils s'alarment de ce conflit qui s'est emparé de leur pays natal.
 «Missiles, sirènes d’alarme, explosions dans la région, abris antiaériens. C’est tout ce dont nous entendons parler depuis que l’invasion a commencé», raconte Kateryna Tkachenko, jeune ukrainienne de 23 ans vivant à Djeddah.
La crise russo-ukrainienne a provoqué le déplacement de nombreuses personnes. Des explosions éclatent dans le ciel et des sirènes annonciatrices de raid aérien retentissent à travers le pays.
Interrogés par Arab News, certains Ukrainiens partagent leur peur et leur angoisse à la suite d'appels de leurs proches qui ont qualifié la situation de «désastreuse».
La famille et les amis de Tkachenko qui ont décidé de rester chez eux ont placé des draps et des matelas dans les couloirs et ont mis du ruban adhésif sur les fenêtres pour que les vitres ne se brisent pas en cas d’explosion.
«Mon compagnon est au centre de Kiev en ce moment. Il n’a pas pu se réfugier parce que sa clavicule est cassée», révèle Tkachenko à Arab News. «Il est resté à la maison, seul. C’est l’endroit le plus sûr pour lui jusqu’à présent.»
Espérant que la pandémie de Covid-19 se terminerait bientôt, la jeune femme et ses amis avaient commencé à planifier leur avenir et à choisir leur carrière, mais tout cela a été interrompu.
Olena Solodovnyk, 28 ans, travaille dans un institut de beauté à Djeddah. Comme sa famille, elle ne parvient pas à croire que la guerre a éclaté et éprouve un sentiment d’impuissance totale.
«Chaque membre de ma famille est dans une ville différente, je m’inquiète beaucoup pour chacun d’entre eux. Ce n’est pas facile de comprendre ce qui se passe et nous ne pouvons rien faire», se confie-t-elle à Arab News. «Dieu merci mes parents sont à présent en sécurité à Pavlograd, mais je m’inquiète et je prie pour ma sœur et ses enfants qui vivent près de Kiev.»
Pavlograd est une ville et une municipalité située au centre-est de l’Ukraine, au sein de l’oblast de Dnipropetrovsk, le centre de Pavlograd Raion qui compte environ 100 000 habitants.
«Certains de mes proches pourraient quitter le pays ou aller à l'ouest, dans les Carpates (une chaîne de montagnes qui traverse l'Europe centrale et orientale)», a déclaré Solodovnyk. «Je pense surtout à mes amis qui sont maintenant à Kiev et qui se cachent dans des abris antiaériens et passent la nuit dans le métro.»
 «Chaque jour, dès que je me lève, j’appelle et j’écris à mes proches pour m’assurer qu’ils sont vivants. Ce qui se passe en ce moment est terrible. La guerre change notre façon de voir les choses.»
 «C’est tellement effrayant parce qu’on se rend compte que chaque message qu’on envoie à une personne qui nous est chère pourrait être le dernier. Les mots ‘bonne nuit’ ou ‘prends soin de toi’ risquent d’être les derniers adressés à une personne qu’on aime», explique Tkachenko.
Irina Bloxham, qui vit au Royaume depuis 22 ans, suit les nouvelles de près depuis Riyad. «Nous sommes très inquiets de ce qui pourrait arriver à nos familles et à l’Ukraine en général; et nous nous demandons ce que nous pourrions bien faire pour notre pays», révèle-t-elle à Arab News.
Bloxham, gestionnaire des activités récréatives de la station balnéaire de Braira, à Riyad, ajoute qu'«à part le fait que je m’inquiète pour ma famille, j’ai peur que le pays ne soit entièrement détruit. Mais nous sommes forts et l’Ukraine sera bientôt libérée.»
Originaire de Kharkiv, ville du nord-est de l’Ukraine située à proximité de la frontière russe, Bloxham déplore l'éloignement avec sa famille, si difficile en cette période. Et d’ajouter: «Bien que nous ayons peur, nous sommes fiers de la façon dont le peuple ukrainien, les hommes de l’armée, les femmes et les enfants réagissent face à la menace.»
«Nous ne sommes pas vaincus. Nous sommes de braves combattants», affirme-t-elle.
Pour Alyona Malinovskaya, une résidente de Djeddah, personne ne s’attendait à ce que la guerre éclate.
Alors qu’elle a quitté le pays depuis trois ans, sa famille et ses amis vivent toujours en Ukraine. Depuis que le conflit entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifié, elle s’assure que sa famille va bien chaque trois heures.
«Jusqu’à présent, tout le monde va bien et cela me fait plaisir» souri-t-elle. «Toutefois, il s’agit là d’une véritable guerre. Nous essayons de survivre et j’espère que nous pourrons bientôt nous en sortir.»
Bloxham et Malinovskaya ont toutes les deux ressenti le besoin d’être aux côtés des Ukrainiens et de les aider par tous les moyens possibles, alors que la situation devient critique.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.