Les juges de la Cour suprême américaine divisés lors d'une audience cruciale pour le climat

La Cour suprême des Etats-Unis a examiné lundi un dossier environnemental aux énormes enjeux, susceptible de compliquer la lutte du gouvernement de Joe Biden contre le réchauffement climatique. Les juges, qui devront rendre leur décision avant juin, sont apparus divisés sur la question. (AFP)
La Cour suprême des Etats-Unis a examiné lundi un dossier environnemental aux énormes enjeux, susceptible de compliquer la lutte du gouvernement de Joe Biden contre le réchauffement climatique. Les juges, qui devront rendre leur décision avant juin, sont apparus divisés sur la question. (AFP)
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Publié le Mardi 01 mars 2022

Les juges de la Cour suprême américaine divisés lors d'une audience cruciale pour le climat

  • Ports et aéroports construits sur des terrains à la limite du niveau de la mer risquent d'être inondés. A 2°C de réchauffement, 338 aéroports seraient sous l'eau
  • Concrètement, le dossier trouve sa source dans un plan ambitieux adopté en 2015 par Barack Obama pour réduire les émissions de CO2

WASHINGTON: La Cour suprême des Etats-Unis a examiné lundi un dossier environnemental aux énormes enjeux, susceptible de compliquer la lutte du gouvernement de Joe Biden contre le réchauffement climatique. Les juges, qui devront rendre leur décision avant juin, sont apparus divisés sur la question. 


L'audience portait sur la capacité de l'Agence (fédérale) pour la protection de l'environnement (EPA) à réguler les émissions de gaz à effet de serre des centrales à charbon, qui produisent près de 20% de l'électricité aux Etats-Unis.


Cette mission est "exactement du ressort" de l'agence, a estimé la juge progressiste Sonia Sotomayor. Mais plusieurs juges conservateurs sont eux apparus sceptiques. 


Argumentant pour une entreprise d'exploitation de charbon, l'avocat Jacob Roth a estimé que les prérogatives de l'EPA allaient trop loin. "L'agence pose des questions comme: devons-nous sortir de l'industrie du charbon? Devons-nous construire davantage de panneaux solaires dans le pays? (...) Ce ne sont pas des questions auxquelles il appartient à une agence de répondre."


En 2007, la Cour suprême avait décidé, à une courte majorité, que l'EPA était compétente pour réguler les émissions de gaz responsables du réchauffement climatique, au même titre qu'elle est chargée par une loi des années 1960 de limiter la pollution de l'air.


Mais depuis, l'ex-président républicain Donald Trump, un climato-sceptique hostile à toute mesure contraignante pour l'industrie, a fait entrer trois magistrats au sein du temple du droit américain, cimentant sa majorité conservatrice (six juges sur neuf).


L'audience a eu lieu, hasard du calendrier, le jour de la publication d'un nouveau rapport des experts du climat de l'ONU, portant un constat sans appel sur les impacts catastrophiques du changement climatique.

Les villes, en première ligne face au changement climatique

Inondations, submersions marines, îlots de chaleur... Les villes, où vit la moitié de la population mondiale, font face à une myriade de risques liés au changement climatique, selon le rapport des experts climat de l'ONU (Giec) paru lundi. En voici les principaux.


- Les risques climatiques augmentent pour les 4,2 milliards de citadins, ainsi que pour les immeubles et les infrastructures.       


- Les principales menaces sont le "stress de chaleur"- quand la température dépasse ce que le corps humain peut supporter - et les inondations, ainsi que les conséquences de catastrophes climatiques pouvant impacter l'approvisionnement en nourriture, en eau ou d'autres ressources essentielles.


- D'ici 2050, la population urbaine devrait croître de 2,5 milliards, en particulier dans des zones "particulièrement exposées" au changement climatique, sur les littoraux, en Afrique, en Asie et dans de petites îles.


- Plus d'un milliard de personnes vivant sur des basses terres à proximité des littoraux pourraient être victimes d'inondation d'ici 2050, alors que le changement climatique entraîne hausse du niveau de la mer, pluies plus fréquentes et plus fortes et tempêtes tropicales plus puissantes.


- Si la température moyenne mondiale augmente de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, les dégâts causés aux infrastructures pourraient coûter 4.200 milliards de dollars d'ici 2100.


- Entre la moitié et les trois-quarts de la population mondiale, principalement urbaine, pourrait être exposée à des conditions invivables de chaleur extrême et d'humidité élevée d'ici 2100, selon le niveau du réchauffement climatique. La menace est particulièrement marquée dans les zones tropicales.


- Le "stress de chaleur" pourrait réduire les capacités de travail de 20% d'ici 2050 lors des mois les plus chauds.


- Les aires urbaines exposées aux inondations et aux sécheresses pourraient plus que doubler entre 2000 et 2030.


- 350 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir du manque d'eau si la température mondiale augmente de 1,5°C et 410,7 millions à 2°C.


- Pour de nombreuses villes, la menace est multiple. Sur 571 villes analysées en Europe, plus d'une centaine sont exposées à deux impacts climatiques ou plus.


- Si le réchauffement climatique atteint 2°C à 2,5°C, au moins 25 mégalopoles seront affectées par la hausse du niveau de la mer.


- Une hausse de 15 centimètres du niveau de la mer suffirait à augmenter le nombre de personnes exposées à une submersion marine centennale d'environ 20%.


- Ports et aéroports construits sur des terrains à la limite du niveau de la mer risquent d'être inondés. A 2°C de réchauffement, 338 aéroports seraient sous l'eau.


- Avec l'urbanisation en Asie, des villes du continent sont "très exposées" aux inondations futures. En Indonésie, le risque de crue augmentera jusqu'à 120% entre 2000 et 2030.


- Ce risque accru touchant villes côtières et petites îles va conduire à devoir planifier des déplacements de populations.


- 122 millions de personnes supplémentaires souffriront de pauvreté extrême d'ici 2030, selon un scénario où les inégalités vont s'accroître.


- Au sein des villes, les habitants et communautés les plus marginalisés socialement et économiquement sont les plus durement frappés. Le nombre de personnes vivant dans des campements sur les littoraux pourrait enfler si les Etats échouent à réduire pauvreté et inégalités.


- Un développement des villes axé sur une forte demande en énergie les rend encore plus vulnérables au changement climatique et dépendantes des énergies fossiles.


- L'adaptation au changement climatique dans les zones urbaines est essentielle pour la santé et le bien-être de la majorité de la population mondiale.


- Selon le rapport, un phénomène de "gentrification climatique" a vu les communautés pauvres remplacées dans les zones les moins exposées par des populations plus aisées.


- Fixer des normes d'efficacité pour les bâtiments et repenser l'urbanisme, avec par exemple des zones piétonnes, peut augmenter l'efficience des mesures d'adaptation.


- Des solutions s'inspirant de la nature, comme des arbres, des toits végétalisés et des parcs permettent d'absorber l'excès d'eau en cas de fortes pluies, sont efficaces, bénéfiques pour la santé et créent des emplois si elles sont mises en place à grande échelle.


- Le corps humain ne pourra pas s'adapter à certaines conditions climatiques extrêmes, entraînant des impacts "irréversibles".

Restreindre l'autorité 
Concrètement, le dossier trouve sa source dans un plan ambitieux adopté en 2015 par Barack Obama pour réduire les émissions de CO2. Ce "Clean Power Plan", dont la mise en oeuvre revenait à l'EPA, avait été bloqué avant d'entrer en vigueur. 


En 2019, Donald Trump avait publié sa propre "règle pour une énergie propre abordable", limitant le champ d'action de l'EPA au sein de chaque site, sans l'autoriser à remodeler tout le réseau. 


Un tribunal fédéral ayant invalidé cette mouture, plusieurs Etats conservateurs et l'industrie du charbon ont demandé à la Cour suprême d'intervenir et de préciser les pouvoirs de l'EPA.


Selon Elizabeth Prelogar, qui défendait l'administration de Joe Biden lundi, les juges devraient attendre la publication des nouvelles règles de l'EPA, attendues avant la fin de l'année. 


Joe Biden a en effet fait savoir qu'il ne comptait pas ressusciter le plan de Barack Obama, et son administration avait demandé à la haute Cour de déclarer le dossier caduc.


Les Etats conservateurs et les industriels cherchent ainsi en réalité à "restreindre l'autorité de l'EPA dans la réglementation à venir", a estimé Elizabeth Prelogar.

«Ressentiment»
Lundi, la majorité conservatrice de la haute Cour "a semblé intéressée par la possibilité de faire passer un message (...), en empêchant les agences gouvernementales d'adopter des régulations ayant de vastes répercussions économiques et politiques", a jugé Robert Percival, professeur de droit de l'environnement à l'Université du Maryland.


Dans un argumentaire transmis en amont de l'audience, la Virginie-Occidentale, qui porte le recours, reprochait à l'EPA de se conduire comme "l'autorité de planification centrale de l'énergie". Cela "prive les Etats de leur autorité traditionnelle, sans signe clair d'une approbation du Congrès", avait-elle écrit. 


Avant l'audience, Richard Lazarus, professeur de droit environnemental à l'université d'Harvard, avait estimé qu'il y avait "de bonnes raisons" de penser que la Cour suive ce raisonnement, et dise "que le Congrès n'a pas le droit de déléguer son pouvoir de régulation (...) ou seulement en utilisant un langage très précis".


Compte tenu de la paralysie du Congrès, où vient d'échouer un énorme projet de dépenses sociales et environnementales porté par Joe Biden, "un tel arrêt menacerait la capacité du gouvernement à répondre aux problèmes les plus pressants, et pas seulement au réchauffement climatique", avait-il souligné.


Pour éviter ce scénario, plusieurs défenseurs de l'environnement avaient écrit à la Cour. "Sans effort pour réduire les gaz à effet de serre, les températures pourraient augmenter jusqu'à 5,6 degrés", lui ont rappelé des climatologues. Et minimiser l'impact du changement climatique "nécessite une coordination au niveau fédéral".


Des élus de gauche, dont le sénateur Bernie Sanders, se sont montrés plus offensifs. Pour eux, les progrès engrangés au XXe siècle en termes d'allongement de la durée de la vie ont été rendus possible par les agences administratives qui ont "freiné les excès de l'industrie". Selon eux, ce dossier "est le produit du ressentiment" de l'industrie.


Après son sommet avec Poutine, Trump veut un plan de paix en Ukraine, plus de cessez-le-feu

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky prévoit de rencontrer le président américain Donald Trump à Washington la semaine prochaine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky prévoit de rencontrer le président américain Donald Trump à Washington la semaine prochaine. (AFP)
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  • Lors de son sommet en Alaska, Donald Trump a exclu un cessez-le-feu immédiat entre Russie et Ukraine, préférant viser un accord de paix global, et prévoit de rencontrer Zelensky lundi à la Maison Blanche
  • Les combats se poursuivent sur le terrain, tandis que les dirigeants européens expriment leur soutien à un sommet trilatéral

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a exclu samedi un cessez-le-feu immédiat entre la Russie et l'Ukraine et réclame désormais directement un "accord de paix", au lendemain de son sommet en Alaska avec son homologue russe Vladimir Poutine.

Donald Trump avait assuré vouloir obtenir un cessez-le-feu en Ukraine avant ce sommet annoncé comme décisif vendredi, à l'issue duquel les deux dirigeants n'ont rien dévoilé de leurs discussions pour mettre fin à un conflit meurtrier qui dure depuis trois ans et demi.

"Il a été jugé par tous que la meilleure façon de mettre fin à la guerre horrible entre la Russie et l'Ukraine est d'aller directement à un accord de paix, qui mettrait fin à la guerre, et non à un simple accord de cessez-le-feu, qui souvent ne tient pas," a déclaré M. Trump sur son réseau Truth Social, une fois rentré à Washington.

Il a également confirmé qu'il recevrait le président ukrainien Volodymyr Zelensky lundi après-midi à la Maison Blanche. "Si tout marche bien, nous programmerons alors une rencontre avec le président Poutine", a ajouté Donald Trump, laissant envisager un sommet tripartite.

M. Zelensky -- qui n'avait pas été invité à Anchorage et souhaitait d'abord un accord de cessez-le-feu, comme les Européens -- avait annoncé peu avant qu'il irait lundi rencontrer Donald Trump, et que celui-ci l'avait informé des "principaux points" de ses échanges avec son homologue russe.

"Lundi, je rencontrerai le président Trump à Washington pour discuter de l'ensemble des détails pour mettre fin aux tueries et à la guerre", a indiqué M. Zelensky sur X. "Je suis reconnaissant de l'invitation. Il est important que les Européens soient impliqués à chaque étape afin d'apporter des garanties de sécurité fiables, aux côtés des États-Unis".

Au cours de son vol retour d'Anchorage, M. Trump a eu un "long appel" avec M. Zelensky, selon sa porte-parole. Le président américain s'est également entretenu avec des dirigeants de l'Otan, a précisé la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt.

Cet appel, auquel ont notamment participé la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte, a duré "un peu plus d'une heure", selon une porte-parole de la Commission européenne.

- "Nous n'y sommes pas" -

Dans un communiqué commun, les dirigeants européens ont ensuite affirmé être "prêts à travailler avec M. Trump et M. Zelensky en vue d’un sommet trilatéral, avec le soutien de l'Europe", tout en maintenant la pression sur Moscou.

"Nous continuerons à renforcer les sanctions et les mesures économiques ciblées pour peser sur l'économie de guerre de la Russie, jusqu'à l'établissement d’une paix juste et durable", ont-ils déclaré.

M. Macron a mis en garde contre "la propension" de la Russie "à ne pas tenir ses propres engagements". Plus optimiste, M. Starmer a estimé que "les efforts" de M. Trump "nous rapprochent plus que jamais" de la fin de la guerre en Ukraine.

Avant de quitter Anchorage, le président américain avait évoqué une réunion "très productive" et Vladimir Poutine un entretien "constructif".

Donald Trump a assuré pendant des déclarations conjointes à la presse qu'il restait "très peu" de points à régler pour trouver une issue à la guerre déclenchée par l'invasion russe de l'Ukraine. "L'un d'entre eux (ces points) est probablement le plus important", a-t-il ajouté, mais sans préciser lequel.

"Nous n'y sommes pas, mais nous avons fait des progrès. Il n'y a pas d'accord jusqu'à ce qu'il y ait un accord", a averti le président des Etats-Unis.

M. Trump s'était fixé pour ambition d'organiser très vite un sommet tripartite avec les chefs d'Etat russe et ukrainien, tout en décrochant un cessez-le-feu.

Dans un entretien sur la chaîne Fox News enregistré juste après les déclarations à la presse, Donald Trump a estimé qu'un accord pour mettre fin à la guerre "dépendait vraiment du président" ukrainien.

- La guerre continue -

Avec son homologue russe, le président américain n'a plus eu le ton quelque peu bravache d'avant la rencontre, lorsqu'il menaçait de claquer la porte en cas d'impasse.

M. Trump, qui avait menacé la Russie de "conséquences très graves" si elle n'acceptait pas de mettre un terme à la guerre, a précisé ne plus envisager de mesures dans l'immédiat. "Vu comme cela s'est passé aujourd'hui, je ne pense pas que je doive penser à cela maintenant", a-t-il déclaré.

M. Poutine, sur la même tonalité engageante et cordiale, a dit espérer que "l'entente" trouvée en Alaska apporterait "la paix" en Ukraine.

Avec ce sommet, Poutine signe un spectaculaire retour sur la scène internationale, alors que le conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale continue.

L'armée russe a lancé 85 drones et un missile sur l'Ukraine pendant la nuit de vendredi à samedi, a affirmé Kiev, assurant en avoir abattu 61, dans les régions de Soumy (nord-est), Donetsk (est), Tcherniguiv (nord) et Dnipropetrovsk (centre-est).

Parallèlement, les forces du Kremlin ont revendiqué samedi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine, autre signe de la poursuite sans relâche des combats.


Netanyahu est "un problème en soi", estime la Première ministre danoise

Le Premier ministre danois, Mette Frederiksen, a déclaré samedi que le dirigeant israélien Benjamin Netanyahu était devenu un "problème", ajoutant qu'elle essaierait de faire pression sur Israël au sujet de la guerre de Gaza. (AFP)
Le Premier ministre danois, Mette Frederiksen, a déclaré samedi que le dirigeant israélien Benjamin Netanyahu était devenu un "problème", ajoutant qu'elle essaierait de faire pression sur Israël au sujet de la guerre de Gaza. (AFP)
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  • La Première ministre danoise Mette Frederiksen a estimé samedi que son homologue israélien Benjamin Netanyahu constituait un "problème en soi"
  • Elle a affirmé vouloir utiliser son rôle à la présidence tournante de l'Union européenne pour accroître la pression sur Israël

COPENHAGUE: La Première ministre danoise Mette Frederiksen a estimé samedi que son homologue israélien Benjamin Netanyahu constituait un "problème en soi" et affirmé vouloir utiliser son rôle à la présidence tournante de l'Union européenne pour accroître la pression sur Israël.

"Netanyahu est désormais un problème en soi", a-t-elle déclaré dans une interview avec le quotidien Jyllands-Posten, estimant que son gouvernement allait "trop loin".

La dirigeante sociale-démocrate a déploré une situation humanitaire "absolument épouvantable et catastrophique" à Gaza et le nouveau projet de colonisation en Cisjordanie.

"Nous sommes l'un des pays qui souhaitent augmenter la pression sur Israël, mais nous n'avons pas encore obtenu le soutien des membres de l'UE", a-t-elle dit.

Selon la cheffe du gouvernement danois, il s'agit d'exercer une "pression politique, des sanctions, que ce soit envers les colons, les ministres ou même Israël dans son ensemble", évoquant des sanctions commerciales ou en matière de recherche.

"Nous n'excluons rien à l'avance. Tout comme avec la Russie, nous construisons les sanctions de manière à cibler là où nous pensons qu'elles auront le plus grand effet", a ajouté Mme Frederiksen, dont le pays n'envisage pas de reconnaître l'Etat palestinien.

L'attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné, côté israélien, la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont déjà fait 61.430 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Trump et Poutine se séparent sans dévoiler de plan pour l'Ukraine

Le président Donald Trump rencontre le président russe Vladimir Poutine le 15 août 2025 à la base conjointe d'Elmendorf-Richardson, en Alaska. À gauche, le ministre russe des affaires étrangères Sergey Lavrov et, deuxième à partir de la droite, le secrétaire d'État Marco Rubio. (AP Photo)
Le président Donald Trump rencontre le président russe Vladimir Poutine le 15 août 2025 à la base conjointe d'Elmendorf-Richardson, en Alaska. À gauche, le ministre russe des affaires étrangères Sergey Lavrov et, deuxième à partir de la droite, le secrétaire d'État Marco Rubio. (AP Photo)
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  • Trump et Poutine ont eu une rencontre "constructive" en Alaska, mais aucun accord de paix concret pour l’Ukraine n’a été annoncé
  • Zelensky reste absent du sommet, alors que l’Ukraine rejette toute concession territoriale ; les combats se poursuivent sur le terrain

Anchorage, États-Unis: Donald Trump et Vladimir Poutine se sont séparés vendredi en Alaska sans rien dévoiler d'un possible plan de paix pour l'Ukraine, tout en multipliant les déclarations engageantes et les gestes amicaux.

Le président américain a parlé d'une réunion "très productive", Vladimir Poutine d'un entretien "constructif", mais en réalité rien n'a filtré immédiatement de leurs trois heures de discussion sur une base militaire de l'Alaska.

Le président américain, qui aime tant à se présenter en négociateur décisif, a assuré pendant des déclarations conjointes à la presse qu'il restait "très peu" de points à régler pour trouver une issue à la guerre déclenchée il y a plus de trois ans par l'invasion russe de l'Ukraine.

"L'un d'entre eux (ces points) est probablement le plus important", a ajouté Donald Trump, mais sans dire lequel.

"Nous n'y sommes pas, mais nous avons fait des progrès. Il n'y a pas d'accord jusqu'à ce qu'il y ait un accord", a averti le président des Etats-Unis, avant de redécoller pour Washington.

Donald Trump et Vladimir Poutine ont passé, en tout et pour tout, six heures en Alaska.

Le milliardaire de 79 ans s'était fixé pour ambition d'organiser très vite un sommet tripartite avec le chef d'Etat russe et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, et de décrocher un cessez-le-feu.

Il n'a rien évoqué de tout cela aux côtés de Vladimir Poutine, face aux journalistes.

Mais dans un entretien sur la chaîne Fox News enregistré juste après les déclarations à la presse, Donald Trump a estimé qu'un accord pour mettre fin à la guerre "dépendait vraiment du président" ukrainien.

Au contraire, avec son homologue russe, le président américain n'a plus eu le ton quelque peu bravache d'avant la rencontre, lorsqu'il menaçait de claquer la porte en cas d'impasse, ou assurait qu'avec lui Vladimir Poutine ne "ferait pas le malin".

M. Trump, qui avait menacé la Russie de "conséquences très graves" si elle n'acceptait pas de mettre un terme à la guerre, a précisé ne plus envisager de mesures dans l'immédiat.

"Vu comme cela s'est passé aujourd'hui, je ne pense pas que je doive penser à cela maintenant", a-t-il déclaré, en réponse à une question de Fox Nexs.

M. Poutine, sur la même tonalité engageante et cordiale, a dit espérer que "l'entente" trouvée en Alaska apportera "la paix" en Ukraine.

Les deux hommes, qui s'exprimaient devant un fond bleu portant l'inscription "Pursuing Peace" ("Oeuvrer pour la paix"), avaient promis une conférence de presse. Mais ils se sont seulement serré la main après avoir fini leurs discours et sont partis sans répondre aux journalistes qui, debout, les assaillaient de questions.

- Applaudissements -

L'Ukraine et les Européens redoutaient par-dessus tout que ce sommet ne permette à Vladimir Poutine de manipuler son homologue américain, qui avait évoqué en amont la possibilité de concessions territoriales.

Donald Trump a affirmé qu'il appellerait dans la foulée les dirigeants de pays de l'Otan ainsi que Volodymyr Zelensky, disant à propos des Ukrainiens: "En dernier ressort, cela dépend d'eux".

Il a aussi estimé qu'il pourrait revoir "très bientôt" le président russe. Ce à quoi Vladimir Poutine a réagi en lançant, en anglais, "la prochaine fois à Moscou", sur un ton léger.

"J'imagine que cela pourrait arriver", a rétorqué le président américain, amusé.

Ave ce sommet au ton chaleureux, Poutine signe un spectaculaire retour sur la scène internationale, alors que le conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale continue.

Donald Trump a brièvement applaudi pendant que son homologue russe s'avançait vers lui sur le tarmac.

Ont suivi des poignées de mains et des sourires dans une mise en scène exposant toute la puissance militaire américaine, avec des avions de combat de pointe rangés auprès du tapis rouge et survolant les deux hommes.

Vladimir Poutine est ensuite monté dans la voiture blindée de Donald Trump où ils ont eu un court tête-à-tête, avant leur réunion en compagnie de quelques conseillers.

- Les Russes "continuent à tuer" -

Premier concerné mais grand absent de ce rendez-vous, Volodymyr Zelensky avait déclaré "compter" sur Donald Trump pour mettre un terme au conflit.

Les soldats russes "continuent à tuer le jour des négociations", avait-il déploré, tandis que l'armée ukrainienne annonçait vendredi avoir repris six villages dont des unités russes s'étaient emparées ces derniers jours, lors d'une avancée particulièrement rapide.

Le président ukrainien et les dirigeants européens attendent donc maintenant que l'imprévisible président américain les informe de la teneur de son entrevue.

La Russie réclame que l'Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu'elle renonce aux livraisons d'armes occidentales et à toute adhésion à l'Otan.

C'est inacceptable pour Kiev, qui veut un cessez-le-feu inconditionnel et immédiat, ainsi que des garanties de sécurité futures.