L'Assemblée générale de l'ONU «exige » massivement de la Russie l'arrêt de la guerre en Ukraine

L'Assemblée générale de l'ONU adopte une résolution qui «exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine», lors d'un vote approuvé massivement par 141 pays. (Photo, AFP)
L'Assemblée générale de l'ONU adopte une résolution qui «exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine», lors d'un vote approuvé massivement par 141 pays. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 02 mars 2022

L'Assemblée générale de l'ONU «exige » massivement de la Russie l'arrêt de la guerre en Ukraine

L'Assemblée générale de l'ONU adopte une résolution qui «exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine», lors d'un vote approuvé massivement par 141 pays. (Photo, AFP)
  • «Il est déjà clair que l'objectif de la Russie n'est pas seulement une occupation. C'est un génocide», a dénoncé l'ambassadeur de l'Ukraine à l'ONU, Sergiy Kyslytsya
  • L'Union européenne organise vendredi une réunion extraordinaire de ses ministres des Affaires étrangères à Bruxelles avec leurs homologues américain, ukrainien, britannique et canadien consacrée à l'invasion de l'Ukraine par la Russie

MONTRÉAL: L'Assemblée générale de l'ONU a adopté mercredi une résolution qui « exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine », lors d'un vote approuvé massivement par 141 pays, 5 s'y opposant, et 35 s'abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte l'Organisation. 

Le résultat a été salué par une salve d'applaudissements. 

Les cinq pays ayant voté contre sont la Russie, le Belarus, la Corée du Nord, l'Erythrée et la Syrie. 

La résolution, ponctuant plus de deux jours d'interventions à la tribune de l'ONU, réclame à Moscou qu'il « retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires » d'Ukraine et « condamne la décision de la Russie d'accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires ». 

Piloté par l'Union européenne en coordination avec l'Ukraine, le texte, qui bénéficiait d'une centaine de co-parrainages, « déplore » également « dans les termes les plus vifs l'agression de la Russie contre l'Ukraine » et affirme « son attachement à la souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale » de ce pays, y compris de « ses eaux territoriales ».  

« La Russie a choisi l'agression. Le monde a choisi la paix », a réagi après le vote devant des journalistes l'ambassadeur de l'Union européenne auprès de l'ONU, Olof Skoog. « C'est un vote historique. Il ne s'agit pas seulement de l'Ukraine. Pas seulement de l'Europe. Il s'agit de défendre un ordre international fondé sur des règles auxquelles nous avons tous adhéré », a-t-il ajouté. 

Intitulée « Agression contre l'Ukraine », la résolution appelle par ailleurs à accorder à l'aide humanitaire un accès sans entrave - sur fond de discussions ardues au Conseil de sécurité sur un projet franco-mexicain de résolution sur le même sujet - et « déplore l'implication du Belarus » dans l'attaque de l'Ukraine. 

Une délégation ukrainienne attendue au Bélarus pour des pourparlers jeudi

Une délégation ukrainienne est attendue pour des pourparlers russo-ukrainiens au Bélarus jeudi matin, a déclaré mercredi le négociateur russe Vladimir Medinski, en précisant qu'un cessez-le-feu serait au menu de ces nouvelles discussions entre Moscou et Kiev, en pleine invasion russe de l'Ukraine. 

« La délégation ukrainienne est déjà partie de Kiev. Nous nous attendons à ce qu'ils soient ici demain matin », a déclaré M. Medinski, en assurant que les deux parties avaient choisi « ensemble » pour les négociations un site au Bélarus situé « non loin de la frontière avec la Pologne ». 

« Génocide » ?  

L'ambassadeur de l'Ukraine à l'ONU, Sergiy Kyslytsya, avait dénoncé juste avant à la tribune de l'ONU un « génocide » en cours dans son pays, perpétré par la Russie, exhortant à « l'action » la communauté internationale pour ne pas rééditer ce qu'a fait Hitler. 

La Russie, par la voix de son homologue Vassily Nebenzia, s'est défendu d'attaquer des cibles civiles. 

Outre l'Amérique du Nord et l'Europe, la résolution a bénéficié d'un vote favorable de nombreux Etats africains et d'une grande majorité des pays d'Amérique latine, pourtant très éloignés du théâtre ukrainien.  

Les Emirats arabes unis, ont voté en faveur de la résolution. « La situation humanitaire s'aggrave de jour en jour et les EAU sont profondément préoccupés. Notre responsabilité est d'épuiser tous les efforts pour empêcher une nouvelle détérioration de la situation » a affirmé Lana Nusseibeh, représentante permanente des EAU auprès de l'ONU.

« Cette résolution n'est pas suffisante pour une paix durable. La résolution du conflit passe par le dialogue et une diplomatie efficace. Nous devons maintenant essayer de trouver des moyens pour y parvenir » a-t-elle ajouté. 

Bahreïn a voté en faveur de la résolution, son ambassadeur a déclaré que le vote était basé sur la conviction du pays de l'importance de la Charte de l'ONU, du bon voisinage, de la résolution pacifique des conflits et du respect de l'indépendance de tous les pays.

La Jordanie a voté en faveur de la résolution et a déclaré que le pays espère une intensification des efforts internationaux pour éviter les conséquences désastreuses de la guerre russo-ukrainienne

L'Algérie a voté en faveur de la résolution et s'est déclarée attachée aux principes de l'ONU qui doivent rester la base du droit et des relations internationales, en particulier le respect de l'indépendance et de la souveraineté territoriale des États.

L'Egypte a voté en faveur de la résolution et a appelé à ce que la diplomatie soit l'objectif commun de la communauté internationale. Le pays rejette l'exploitation des sanctions en dehors des mécanismes internationaux multilatéraux.

L'Iran s'est abstenu de voter. Le représentant permanent du pays auprès de l'ONU a déclaré que les causes profondes de la crise en Ukraine sont des actions provocatrices des États-Unis et de l'OTAN, la sécurité de la Russie doit être respectée. 

L'Iraq s'est abstenu de voter et a appelé toutes les parties à donner la priorité au dialogue. Le pays a exprimé de vives inquiétudes quant à la possibilité que des terroristes exploitent cette crise et les divisions au sein de la communauté internationale.

Réunion des chefs de la diplomatie de l'UE vendredi avec Blinken

L'Union européenne organise vendredi une réunion extraordinaire de ses ministres des Affaires étrangères à Bruxelles avec leurs homologues américain, ukrainien, britannique et canadien consacrée à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a annoncé mercredi le chef de la diplomatie européenne. 

« J'ai convoqué un conseil extraordinaire des Affaires étrangères vendredi et j'ai invité les ministres ukrainien Dmytro Kouleba, américain Antony Blinken, britannique Liz Truss, canadien Melanie Joly et le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg à nous rejoindre », a précisé Josep Borrell sur Twitter. Une réunion des 30 ministres des Affaires étrangères de l'Otan a été convoquée vendredi matin au siège de l'Alliance à Bruxelles. 

Sur le continent asiatique, l'abstention de la Chine est fidèle à sa position adoptée depuis une semaine au Conseil de sécurité. L'Inde, membre non permanent de ce Conseil depuis plus d'un an et demi, et aux relations militaires étroites avec la Russie, s'est aussi abstenue, malgré de fortes pressions des Etats-Unis. Le Pakistan, aussi sous forte pression notamment des Européens pour un vote favorable, s’est abstenu. 

La résolution à l'Assemblée était inspirée d'un texte rejeté la semaine dernière au Conseil de sécurité de l'ONU en raison d'un veto posé par la Russie qui a scandalisé les Occidentaux. 

Au sein de l'Assemblée générale, le droit de veto, privilège des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni), n'existe pas. Ses résolutions ne sont pas contraignantes légalement comme celles du Conseil, mais elles revêtent une forte valeur politique selon le nombre de pays qui l'approuvent. 

En 2014, une condamnation similaire de la Russie pour l'annexion de la Crimée, qui s'était faite sans effusion de sang à la différence de l'invasion actuelle, avait obtenu 100 voix pour, 11 contre, tandis que 58 pays s'étaient abstenus et que le reste des 193 membres n'avait pas participé au scrutin.   

(Avec AFP)


La Corée du Nord affirme que tout nouveau comité de surveillance des sanctions est voué à l'échec

L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
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  • La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire
  • Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique

SEOUL: Les efforts visant à mettre en place un nouveau comité d'experts pour surveiller l'application des sanctions internationales visant la Corée du Nord sont voués à l'échec, a déclaré son ambassadeur à l'ONU dans des propos rapportés par un média d'Etat dimanche.

"Les forces hostiles pourraient installer (un) deuxième et (un) troisième comités d'experts à l'avenir mais ils sont tous destinés à connaître l'autodestruction", a lancé l'ambassadeur Kim Song dans un communiqué en langue anglaise diffusé par l'agence de presse officielle KCNA.

En mars, la Russie a mis son veto au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution prolongeant d'un an le mandat du comité d'experts chargé de surveiller l'application des sanctions des Nations Unies visant Pyongyang.

Cette dissolution est un "jugement historique à l'encontre d'une organisation illégale et fomenteuse de complots (...) en vue d'éliminer le droit à l'existence d'un Etat souverain", selon Kim Song.

La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire, renforcées plusieurs fois en 2016 et 2017. Depuis 2019, la Russie et la Chine, mettant notamment en avant la situation humanitaire en Corée du Nord, réclament l'allègement de ces sanctions, qui n'ont pas de date de fin.

Armes 

N'ayant pas obtenu gain de cause, Moscou a pris pour cible le comité d'experts chargé de surveiller l'application de ces mesures, comité dont les rapports font référence.

Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique pour son programme de satellites espions.

Lors d'une visite en Corée du Sud en avril, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a souligné l'importance de garantir l'application des sanctions en Corée du Nord.

D'après l'ambassadrice, Washington travaille avec Séoul, Tokyo et d'autres capitales à trouver "des moyens créatifs" pour reprendre la surveillance des sanctions.

En 2023, la Corée du Nord a conduit un nombre record d'essais de missiles en dépit des sanctions. L'année précédente, Pyongyang a déclaré son statut de puissance nucléaire "irréversible".


Attaque au couteau en Australie, un adolescent de 16 ans «radicalisé» abattu par la police

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
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  • L'homme «d'âge mûr» blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état «grave» mais stable
  • Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé

SYDNEY: Un adolescent de 16 ans "radicalisé" et atteint de troubles mentaux a été abattu samedi soir par la police dans la banlieue de Perth, dans l'ouest de l'Australie, après avoir blessé une personne lors d'une attaque au couteau, ont rapporté les autorités dimanche.

L'adolescent, armé d'un couteau, "s'est précipité" sur les forces de l'ordre et a été mortellement touché par le tir d'un agent, a indiqué le Premier ministre de l'Etat d'Australie-Occidentale Roger Cook lors d'une conférence de presse.

"Il y a des indications selon lesquelles il s'était radicalisé en ligne. Mais je tiens à rassurer la population, à ce stade il semble qu'il ait agi seul", a déclaré M. Cook.

La police a reçu un appel samedi soir de la part d'un homme avertissant qu'il allait commettre "des actes de violence" mais sans donner son nom ni sa localisation, a fait part aux journalistes le responsable de la police de l'Etat, Col Blanch.

Quelques minutes plus tard, a-t-il ajouté, la police a reçu un appel d'urgence pour les avertir qu'un "homme avec un couteau courait" au niveau d'un parking de Willetton, dans la banlieue sud de Perth.

L'individu était armé d'un couteau de cuisine de 30 centimètres de long et d'après des images d'une caméra-piéton de la police, l'adolescent a refusé de le poser à terre comme le demandaient les forces de l'ordre, a indiqué M. Blanch.

Les agents ont tiré au moyen de deux pistolets à impulsion électrique mais "aucun des deux n'a eu totalement l'effet escompté", a-t-il relaté.

"L'homme a continué à avancer vers (un agent) muni d'une arme à feu qui a tiré un seul coup et mortellement blessé" l'individu, a raconté le responsable de la police. L'adolescent est décédé à l'hôpital plus tard dans la nuit.

«Radicalisation en ligne»

L'homme "d'âge mûr" blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état "grave" mais stable, a dit le responsable policier.

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police, a-t-il expliqué sans divulguer d'informations sur leur contenu.

L'adolescent avait "des problèmes de santé mentale mais aussi des problèmes de radicalisation en ligne", d'après la même source.

Ces dernières années, l'assaillant était suivi dans le cadre d'un programme de lutte contre la violence et l'extrémisme.

"Il ne s'agit pas d'une approche fondée sur la dimension criminelle, c'est un programme visant à aider des individus qui expriment des idéologies préoccupantes pour notre communauté", a expliqué M. Blanch.

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a expliqué avoir été tenu au courant des faits par la police et les services de renseignement selon qui il n'y a pas de "menace en cours".

"Nous sommes une nation attachée à la paix et il n'y a pas de place pour l'extrémisme violent en Australie", a écrit M. Albanese sur les réseaux sociaux.

Les crimes violents sont rares en Australie, mais cet incident survient moins d'un mois après une autre attaque au couteau qui a fait six morts dans un centre commercial de Sydney (sud-est).

L'auteur de cette attaque, Joel Cauchi, un homme de 40 ans souffrant de troubles mentaux, avait été abattu par la police. Ses parents ont indiqué que leur fils a été diagnostiqué schizophrène à l'âge de 17 ans, puis qu'il a quitté leur domicile du Queensland (nord-est) et abandonné son traitement.

Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé lors d'un sermon diffusé en direct dans une église de Sydney. La victime a survécu à ses blessures. Un adolescent de 16 ans a depuis été inculpé d'"acte terroriste".


Comme un «air de révolution» en Hongrie face au système Orban

Ervin Nagy lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest, en Hongrie (Photo, AFP).
Ervin Nagy lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest, en Hongrie (Photo, AFP).
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  • Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation
  • Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix

DEBRECEN: Acteur en vue en Hongrie, Ervin Nagy a délaissé les planches et studios de tournage pour battre le pavé. Comme des milliers d'autres, il est saisi par la fièvre Magyar, du nom de ce dissident qui défie Viktor Orban.

Dimanche, il participera à un grand rassemblement dans la ville de Debrecen (est), bastion du parti Fidesz du Premier ministre nationaliste, à un mois des élections européennes.

Depuis l'irruption en février sur la scène politique de Peter Magyar, ex-haut fonctionnaire entré en rébellion, le comédien de 47 ans s'est lancé à ses côtés dans ce combat "pour un renouveau" du pays d'Europe centrale.

Il a même mis à disposition son camion à plateau d'où le tribun s'est adressé à la foule un soir, de manière spontanée.

"Nous n'avions pas le temps de trouver un podium", raconte Ervin Nagy à l'AFP. "Il flottait comme un air de la révolution de 1956", s'enflamme-t-il, en allusion au soulèvement de la Hongrie contre la mainmise soviétique.

«Galvanisés»

Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation, de l'avis des experts, qui évoquent un défi sans précédent pour le dirigeant.

Après le scandale provoqué par la grâce accordée à un homme condamné dans une affaire de pédocriminalité, Peter Magyar a su capitaliser sur la colère pour drainer des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Budapest.

"Apathiques et frustrés" par un pouvoir indéboulonnable, "ils ont été soudainement galvanisés par l'arrivée de cet homme sensé et téméraire", lance l'acteur.

S'il a adhéré par le passé à la cause des enseignants, il n'avait pas d'ambitions politiques jusqu'à ce que Peter Magyar le contacte. "Il m'a convaincu en une heure", se souvient-il.

En trois mois à peine, cette nouvelle figure de l'opposition a évincé les partis existants, avec son discours conservateur pourfendant la corruption qui ruine à ses yeux le pays.

Son mouvement Tisza (Respect et liberté), qui se veut "ni à gauche ni à droite", est désormais crédité de 25% d'intentions de vote auprès des électeurs sûrs de leur choix, selon un récent sondage réalisé par l'institut Median auprès de 1.000 personnes en vue du scrutin européen du 9 juin.

Sa force, pour ses partisans: connaître le système de l'intérieur. Longtemps diplomate à Bruxelles, le charismatique avocat de 43 ans a aussi partagé pendant des années la vie de Judit Varga, ancienne ministre de la Justice, avec laquelle il a eu trois enfants.

«Mini-dictature»

Si Viktor Orban balaie l'arrivée de ce concurrent d'un revers de la main, son parti "se démène pour tuer dans l'oeuf" cette vague de contestation, décrypte pour l'AFP l'analyste Zoltan Lakner.

Des affiches le taxant de "serviteur de Bruxelles" ont fleuri dans le pays, tandis que les journaux pro-gouvernementaux ont publié des dizaines d'articles pour salir sa réputation, d'accusations de violences conjugales - qu'il nie fermement - à des remarques sur ses "lunettes de soleil de femme".

Une nouvelle autorité de surveillance, créée pour prévenir "les interférences étrangères" dans le processus électoral, a également lancé une enquête à son encontre.

"Si Magyar parvient à unir les électeurs de l'opposition", aujourd'hui fragmentée en plusieurs partis sans envergure, il pourrait alors présenter un réel danger pour le pouvoir, estime le politologue.

Même si d'autres jugent le mouvement éphémère et incapable de déstabiliser la solide assise construite par le Premier ministre, qui a progressivement mis au pas les contre-pouvoirs en 14 ans et installé une redoutable propagande selon l'Union européenne, l'ONU et l'OSCE.

Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix, son passage à Debrecen lui permettant tester sa popularité.

Sur scène, il sera entouré de plusieurs célébrités hongroises "suffisamment courageuses" pour s'afficher à ses côtés, souligne Ervin Nagy, qui affirme avoir été "placé sur une liste noire" pour avoir osé un jour critiquer un membre du Fidesz.

La Hongrie est devenue "une sorte de mini-dictature", assène-t-il. "Ils ne vous battent pas à mort, mais si vous vous élevez contre les autorités, il y aura des conséquences".