Fuir ou rester, le déchirement des premiers réfugiés ukrainiens arrivés en France

Une fille tient une peluche Winnie l'ourson alors que des familles, qui ont fui l'Ukraine en raison de l'invasion russe, arrivent dans un camp de réfugiés dans la capitale moldave Chisinau le 3 mars 2022. (Photo, AFP)
Une fille tient une peluche Winnie l'ourson alors que des familles, qui ont fui l'Ukraine en raison de l'invasion russe, arrivent dans un camp de réfugiés dans la capitale moldave Chisinau le 3 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 mars 2022

Fuir ou rester, le déchirement des premiers réfugiés ukrainiens arrivés en France

  • Quelques jours après le début de l'invasion de leur pays par la Russie, une poignée d'Ukrainiens sont arrivés en France
  • Le trajet, «cauchemardesque», dure une semaine, dont cinq jours à la frontière entre Ukraine et Pologne

CALAIS : Certains cherchent un refuge durable, d'autres sont en transit, l'une est déjà prête à repartir... Quelques jours après le début de l'invasion de leur pays par la Russie, une poignée d'Ukrainiens sont arrivés en France.

«Un meilleur futur pour mes enfants»

Drapée dans un drapeau ukrainien, les yeux cernés par la fatigue, Vlada Michaelova, se dit rongée par la culpabilité.

"Je suis très fatiguée, et je me sens terriblement mal parce que toute ma famille est restée en Ukraine dans les villes les plus dangereuses", à Kharkiv, Kiev ou au Donbass, raconte la jeune femme de 20 ans. 

Son avion vient de se poser à l'aéroport de Beauvais (nord), où la préfecture a monté un centre d'accueil d'urgence pour les réfugiés qui arrivent le plus souvent de Pologne.

Un peu plus loin, Elemira Catasova, 38 ans, a fui accompagnée de sa fille et de son fils. "Ca ne va pas psychologiquement, j'aurais voulu rester à la maison mais avec mes enfants... J'ai besoin d'un meilleur futur pour eux", confie-t-elle. 

Refuge temporaire

Partis vendredi d'Odessa, neuf Ukrainiens d'une même famille, ont trouvé un refuge temporaire dans une auberge de jeunesse de Calais (nord) – que la ville a fait ouvrir pour eux – après avoir été refoulés à la frontière britannique lundi soir. Ils y attendent leur visa pour embarquer sur un ferry pour Douvres (sud de l'Angleterre).

Kostetsky et son beau-frère, qui habitent en Angleterre, sont partis récupérer leur famille "dès que les Russes ont concentré leur armée à la frontière" ukrainienne.

Les deux hommes ont donné rendez-vous à la frontière roumaine à leurs parents respectifs, à une belle-soeur et à des cousines. Ils ont ensuite traversé l'Europe en minibus.

"On nous avait dit que les résidents en Angleterre pouvaient amener leur famille" mais "les services d'immigration britanniques à Calais ont refusé lundi que nos parents, qui n'ont pas de visas, embarquent. Nous nous sommes retrouvés coincés et totalement perdus au port", rapporte le jeune Ukrainien.

Un trajet «cauchemardesque»

Voilà trois semaines que Tetiana, 50 ans, son mari Oleh et deux de leurs trois enfants ont quitté le Donbass pour les Ardennes (est), à Euilly-et-Lombut, un village de 110 habitants, où sa famille a une maison.

"Nous sommes habitués, depuis huit ans maintenant, à l'occupation russe. Mais là, j'ai vu qu'ils commençaient à appeler les hommes pour rejoindre l'armée", raconte-t-elle. "Nous étions terrifiés en voyant les bombardements à la télé."

D'autant plus que sa fille est d'abord restée à Kiev, avant qu'elle ne se décide à fuir en voiture avec son mari, Benjamin, et leurs quatre enfants âgés de un à sept ans.

"C'était la panique", confie Benjamin. "Tout le monde s'est rué sur la route, il y a eu de gros embouteillages à la sortie de la ville." 

Le trajet, "cauchemardesque", dure une semaine, dont cinq à la frontière entre Ukraine et Pologne.

"On était à six à vivre dans une vieille voiture pendant sept jours. On a vu des bombes tomber, loin dans les champs. Il fallait dire aux enfants que c'était le tonnerre, pour qu'ils ne paniquent pas."

Benjamin n'a "même pas envisagé" de rester pour combattre: "Il fallait sortir les enfants de là, c’était la priorité".

«Il faut que j'y retourne, c'est mon pays»

Valérie Sapega, 30 ans, a quitté Kiev le 24 février au matin, au moment de la première offensive russe. Passée par la Slovaquie puis la Hongrie, elle est arrivée à Lyon (sud-est) lundi soir.

"Je travaille en Ukraine pour un éditeur français de logiciels et je suis venue en France pour travailler sur un portail que nous avons lancé, standforukraine.com, et organiser des convois d'aide. Mais il faut que j'y retourne. C'est mon pays. Mon mari est resté là-bas après m'avoir laissée près de la frontière slovaque et je vais le rejoindre pour développer ce projet."

Elle repart dès jeudi: "C'est pas moi qui doit quitter ce pays, c'est les Russes qui doivent partir."

"On peut aider partout, même si on ne peut pas combattre", raconte-t-elle. "Dans le village de mon mari, à 300 km au sud de Kiev, ceux qui ne sont pas dans l'armée préparent les cocktails Molotov. Ma mère, à Odessa, est dans les 'troupes civiles'. A 57 ans, elle a préparé de la nourriture pour aider après l'attaque de l'aéroport.


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).