Médiation d'Erdogan entre Kiev et Moscou: la Turquie revient dans le jeu diplomatique

La photo est prise après un appel téléphonique le 6 mars entre Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine (Photo, Reuters).
La photo est prise après un appel téléphonique le 6 mars entre Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 10 mars 2022

Médiation d'Erdogan entre Kiev et Moscou: la Turquie revient dans le jeu diplomatique

  • «N'abandonner ni Kiev, ni Moscou» et «ne pas céder sur les intérêts de la Turquie», a résumé Recep Tayyip Erdogan aux premiers jours du conflit
  • «Cette neutralité active a permis de mettre la Turquie au centre du jeu diplomatique», estime Berk Esen

ANTALYA: La Turquie accueille jeudi les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères pour leur premier face-à-face depuis le début de l'offensive russe en Ukraine. 

Serguei Lavrov et son homologue ukrainien Dmytro Kuleba seront reçus par le ministre turc Mevlut Cavusoglu à Antalya (Sud), station balnéaire prisée des touristes russes. 

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a multiplié les efforts de médiation depuis le début de la crise, a fait valoir mercredi que « la Turquie peut parler à la fois à l'Ukraine et à la Russie ».  

Lors d'un appel téléphonique le 6 mars entre le président turc et son homologue russe, le dirigeant turc a exprimé ses inquiétudes face à la montée du sentiment anti-russe dans le monde et a proposé de servir de médiateur dans les pourparlers de paix.

« Nous travaillons pour éviter que la crise ne se transforme en tragédie », a-t-il insisté. 

Les deux belligérants se sont accordés mercredi pour un cessez-le feu de 12 heures autour d'une série de couloirs humanitaires afin d'évacuer les civils. 

Mercredi, M. Kuleba  a assuré dans une vidéo sur Facebook qu'il ferait tout pour que les « pourparlers (soient) les plus efficaces possible » tout en confiant avoir des « attentes limitées ». 

« Je n'ai pas grand espoir mais nous ferons tout pour en retirer le maximum », a-t-il dit, affirmant que « tout dépendra des instructions que Lavrov aura reçues avant ces discussions ». 

Les deux ministres étaient attendus mercredi en Turquie. 

Mais l'ambiance risque d'être tendue, le ministre ukrainien ayant qualifié récemment sur CNN son homologue russe de « Ribbentrop contemporain », du nom du ministre de Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Antalya constitue la première sortie de M. Lavrov hors de Russie, de plus en plus isolée par les sanctions occidentales qui la visent, depuis le début de la guerre le 24 février. 

Prudence  

La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a confirmé la venue de M. Lavrov pour ces discussions qui se tiendront en marge d'un forum diplomatique régional. 

La Turquie, membre de l'Otan, est un allié de l'Ukraine à qui elle fournit des drones de combats. Tout en veillant à maintenir ses relations avec la Russie dont dépend étroitement son tourisme et ses approvisionnements en blé et énergie. 

M. Erdogan s'est d'ailleurs entretenu dimanche au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine pour réclamer un cessez-le-feu. 

Les pourparlers d'Antalya interviennent alors que la Russie a fait état mercredi de « progrès » dans ses discussions avec l'Ukraine à la frontière du Belarus, selon la porte-parole de la diplomatie russe. 

Mme Zakharova a également affirmé que la Russie ne cherchait pas à « renverser le gouvernement » ukrainien. 

Les analystes restent cependant prudents alors que la guerre a déjà jeté plus de deux millions de réfugiés ukrainiens hors de leur pays. 

« Chaque effort peut aider mais je ne crois pas qu'il faille s'attendre à une percée immédiate » dans les négociations, a indiqué Aaron Stein, directeur du programme Moyen-Orient au Foreign Policy Research Institute. 

« Pour parvenir à un accord, les deux parties devront consentir des compromis douloureux », met également en garde Berk Esen, de l'Institut allemand des affaires internationales et de sécurité. 

M. Erdogan peut se targuer d'être parvenu à organiser cette rencontre « en territoire neutre », poursuit Soner Cagaptay, chercheur associé au Washington Institute qui se dirait « vraiment surpris » si Antalya aboutissait à un accord.  

Il rappelle que d'autres dirigeants se sont impliqués dans le dossier dont le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien Naftali Bennett. Sans résultat pour le moment. 

« Succès diplomatique »  

Ankara s'en tient depuis le début à un délicat exercice d'équilibre entre les deux belligérants et maintient les canaux de discussion ouverts. 

Partageant une frontière maritime avec la Russie et l'Ukraine, la Turquie a longtemps essayé d’intervenir en tant que médiateur neutre et équilibré entre les deux pays en se prévalant de  son rôle au sein de  l'OTAN avec la volonté manifeste de ne pas  la Russie.

Ankara a également fermé les détroits du Bosphore et des Dardanelles dans le cadre du pacte de Montreux de 1936, lui permettant d'empêcher certains navires russes de traverser la mer Noire mais limitant également l'accès des forces occidentales à la zone.

« N'abandonner ni Kiev, ni Moscou » et « ne pas céder sur les intérêts de la Turquie », a résumé M. Erdogan aux premiers jours du conflit, tout en dénonçant une invasion « inacceptable » de l'Ukraine par la Russie. 

Il ne s'est en revanche pas joint aux sanctions occidentales, maintient son espace aérien et les voies maritimes ouverts à la Russie. 

« Cette neutralité active a permis de mettre la Turquie au centre du jeu diplomatique », estime Berk Esen.   

Quels que soient les résultats de cette rencontre, elle constitue déjà « un succès diplomatique majeur » pour le gouvernement turc, en délicatesse avec les Occidentaux ces dernières années, ajoute-t-il. 


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.