Après les crues, le début d'une «difficile» reconstruction dans les Alpes-Maritimes

 Vue aérienne de Nice, dans le sud-est de la France, après les inondations. (ChristopheSIMON/AFP)
Vue aérienne de Nice, dans le sud-est de la France, après les inondations. (ChristopheSIMON/AFP)
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Publié le Vendredi 09 octobre 2020

Après les crues, le début d'une «difficile» reconstruction dans les Alpes-Maritimes

  • Une "longue et difficile" reconstruction après les crues dévastatrices attend les habitants de la Côte d'Azur
  • "Une dame m'a conduit à l'emplacement de sa maison où il ne reste qu'un arbre. Le relogement sera long", constate un agent d'assurances

NICE: Atout majeur de la Côte d'Azur avec le bord de mer, les montagnes près de Nice et de Menton se préparent à une «longue et difficile» reconstruction, une semaine après les crues dévastatrices «hors normes» qui ont fait au moins cinq morts.

Neuf personnes sont toujours portées disparues et 13 autres «supposées disparues», selon les pompiers des Alpes-Maritimes. 

Des levées de doutes sont aussi en cours pour des centaines de signalements, selon Charles-Ange Ginesy, président du Conseil départemental dont les élus se sont réunis vendredi en session extraordinaire.

Une minute de silence a été observée à la mémoire du capitaine de sapeur-pompiers Bruno Kohlhuber, 49 ans, dont le corps a été identifié jeudi. Il avait été emporté par les eaux aux premières heures de la catastrophe avec un jeune pompier volontaire Loïc Millo, qui n'a pas encore été retrouvé.

Si l'heure est toujours aux urgences, avec des rotations d'hélicoptères incessantes vers les vallées de la Vésubie et de la Roya, les plus touchées, pour ravitailler les sinistrés et envoyer des renforts dans les communes sans accès routier ou ferré, un chantier colossal a déjà commencé pour rebâtir.

En quelques heures, un déluge d'eau équivalent à la pluviométrie de la moitié de l'année 2019 s'est abattu le 2 octobre sur le département et de nombreuses infrastructures vitales sont anéanties comme après un bombardement.

«Refondation?» 

«Ces vallées seront marquées pour des années et la reconstruction sera longue et difficile», a déploré M. Ginesy avant le vote d'une enveloppe départementale immédiate de 17 millions d'euros, et une décision d'engagement d'emprunt en 2020 et 2021 pour un montant total de 200 millions d'euros.

Un début comparé au milliard d'euros de dégâts matériels estimé par certains élus, davantage selon d'autres. En visite sur place mercredi, le président Emmanuel Macron a promis que l'Etat mettrait sur la table «à coup sûr plusieurs centaines de millions d'euros» pour la reconstruction. La Région Provence-Alpes-Côte d'Azur a elle promis 50 millions d'euros d'aides.

«Devant la répétition à un rythme de plus en plus rapide des phénomènes climatiques violents qui impactent notre département, est-ce d’ailleurs de reconstruction qu’il faut parler ou plutôt de refondation?», a interrogé un des rares élus de gauche du département, le communiste Francis Tujagues.

Dans la Roya, au nord de Menton, la route panoramique franco-italienne «n'est plus qu'un amas de gravats», selon M. Ginesy.

La Vésubie, au nord de Nice, berceau historique du tourisme de montagne dans la région et surnommée à ce titre «la petite Suisse niçoise», déplore 80 maisons détruites ou endommagées, dont des villas à colombage datant d'avant 1914.

Au milieu du village de Saint-Martin-Vésubie, s'est formée une immense crevasse. «En trente ans de carrière d'assureur, je n'ai jamais vu un événement naturel d'une intensité aussi incroyable, capable de transformer une rivière en un tel cratère», indique à l'AFP Jacques de Peretti, PDG d'Axa France, venu sur place vendredi.

«Il ne reste qu'un arbre»

Seul assureur de la commune, l'agence ne désemplit pas. «Des gens ont dû partir très vite et n'ont plus rien. J'ai croisé une dame me disant ce pantalon que je porte, n'est pas le mien. Une autre m'a conduit à l'emplacement de sa maison et il ne reste qu'un arbre. Le relogement sera long (...)», ajoute M. de Peretti.

Axa a débloqué «un fonds de solidarité d'un million d'euros minimum», annonce des avances de 5.000 euros aux particuliers ayant notamment perdu leur domicile et l'extension du relogement d'urgence de sept jours à six mois.

Côté SNCF, la réparation de l'étonnante voie ferrée montant vers Tende, dernière localité avant l'Italie sera longue. La gare des villages de Fontan et Saorge a été rétablie pour un service voyageurs au ralenti deux fois par jour.

Mais au-delà, la ligne caractéristique du génie italien avec sa succession de tunnels et de viaducs gravissant 1.000 mètres de dénivelé en 100 km, est endommagée.

Éboulements, parois fissurées, fondations d'ouvrages fragilisées: il est «beaucoup trop tôt pour dire» quand la voie reliera à nouveau l'Italie, selon SNCF Réseau.

Pour désenclaver Tende, sans accès routier, les cheminots espèrent rétablir une liaison via le Piémont, parallèlement à des efforts pour ouvrir des pistes praticables en quads et 4x4 vers Limone, station de l'autre côté de la frontière, dans une Italie également meurtrie par les intempéries, avec deux morts et des dégâts matériels.


Tempête Benjamin: gros coup de vent jeudi sur le littoral et l'intérieur du pays

Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs. (AFP)
Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs. (AFP)
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  • La trajectoire et l'intensité de cette dépression automnale, qui survient "après une longue période de temps calme", sont encore incertaines, indique l'institut national dans son dernier bulletin
  • Les rafales atteindront 160 à 170 km/h sur le cap Corse, ce vent violent se maintenant dans la nuit de jeudi à vendredi

BORDEAUX: La tempête Benjamin occasionne de "fortes rafales" de vent sur une "bonne partie du territoire" jeudi, avec de grosses vagues sur le littoral atlantique et les côtes de la Manche, selon Météo France qui a placé 19 départements au total en vigilance orange.

Les départements concernés jeudi par la vigilance orange pour épisode venteux, à des heures diverses, sont le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, la Manche, la Vendée, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime, la Charente, la Gironde, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, l'Aude et les deux départements de Corse, auxquels Météo-France a ajouté la Seine-Maritime et les Alpes-Maritimes dans son dernier bulletin jeudi matin.

Cette même vigilance a en revanche été levée dans le Puy-de-Dôme.

La trajectoire et l'intensité de cette dépression automnale, qui survient "après une longue période de temps calme", sont encore incertaines, indique l'institut national dans son dernier bulletin.

Des rafales de 100 à 130 km/h sont néanmoins attendues sur la côte atlantique et les côtes de Manche, et de 90 à 110 km/h à l'intérieur des terres, le vent pouvant localement souffler plus fort encore sur les reliefs du Puy-de-Dôme, les Corbières ou les plaines des Pyrénées-Orientales, avertit le prévisionniste.

Les rafales atteindront 160 à 170 km/h sur le cap Corse, ce vent violent se maintenant dans la nuit de jeudi à vendredi.

Sur les côtes de la Gironde, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, ainsi qu'en Seine-Maritime, les vents forts soufflant d'ouest à nord-ouest, qui se sont renforcés en cours de nuit dans le golfe de Gascogne puis en Manche jeudi matin, engendreront "de très fortes vagues et une surélévation temporaire du niveau de la mer", ajoute Météo-France.

Ce phénomène, combiné à des coefficients de marée "de vive-eau" (autour de 80), pourrait provoquer des "submersions marines" sur le littoral de ces quatre départements placés en vigilance orange à ce titre, le risque étant le plus marqué au moment des pleines mers.

Enfin, après plusieurs jours de précipitations abondantes avec des cumuls compris entre 40 et 90 mm (soit 40 à 90 litres d'eau par mètre carré), les départements de la Corrèze et du Cantal sont placés quant à eux en vigilance orange pour le risque d'inondation.


En prison, Sarkozy protégé par deux policiers armés, «folie sécuritaire» dénonce un syndicat

Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants. (AFP)
Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants. (AFP)
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  • L'ancien chef de l'Etat bénéficie en temps normal "d'un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui" et ces mesures ont "été maintenues en détention"
  • Deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy au quartier d'isolement de la prison parisienne. Ils sont armés mais ne sont pas équipés de téléphones portables, selon une source proche du dossier

PARIS: Deux policiers autour de Nicolas Sarkozy: l'ancien président, incarcéré depuis mardi à la prison de la Santé, est accompagné par deux officiers de sécurité "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui", un "dispositif insensé, une folie sécuritaire", dénonce un syndicat de surveillants.

L'ancien chef de l'Etat bénéficie en temps normal "d'un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui" et ces mesures ont "été maintenues en détention", a indiqué mercredi le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez sur CNews/Europe 1.

Deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de celle de Nicolas Sarkozy au quartier d'isolement de la prison parisienne. Ils sont armés mais ne sont pas équipés de téléphones portables, selon une source proche du dossier.

Ce dispositif, qui relève du ministère de l'Intérieur, a été établi "en lien avec le garde des Sceaux" et "sera maintenu tant que le besoin sera jugé utile", selon Beauvau qui précise que "cette situation inédite impose de prendre les mesures de sécurité adéquates, adaptées à la spécificité de la personnalité et du contexte".

S'il est "un citoyen comme les autres", "des menaces un peu plus importantes" pèsent sur "l'ancien président de la République qu'est Nicolas Sarkozy. "La décision a été prise et donc elle a été appliquée immédiatement", a précisé Laurent Nuñez.

Cette annonce a provoqué l'ire du syndicat de surveillants pénitentiaires Ufap-Unsa Justice, qui a dénoncé, dans un communiqué, "un dispositif insensé, une folie sécuritaire".

"Introduire des armes dans une détention, même sous prétexte de protection, c'est franchir une ligne rouge", écrit Alexandre Caby, le secrétaire général du syndicat, dans un communiqué particulièrement courroucé.

"En installant des policiers au cœur de la détention, l'État dit clairement: les personnels pénitentiaires ne seraient pas capables d'assurer la sécurité d'un seul détenu, fût-il un ancien Président", s'estomaque-t-il, parlant de "trahison du service public pénitentiaire", de "gifle monumentale".

Pour le ministre de l'Intérieur, "c'est une décision visant à assurer sa sécurité", "en plus, évidemment, de tout ce qui est mis en œuvre par l'administration pénitentiaire".

L'Ufap-Unsa Justice exige notamment "la fin de la présence armée en détention" et "des excuses publiques".

"Justiciable comme un autre" 

Nicolas Sarkozy, 70 ans, a été condamné le 25 septembre pour association de malfaiteurs dans le procès libyen à cinq ans de prison, une détention inédite dans l'histoire de la République. Il a fait appel de cette décision.

Salué par les vivats de ses supporters quand il a quitté son domicile de l'ouest parisien vers 09H15 mardi matin, l'ancien président est arrivé une vingtaine de minutes plus tard à la Santé.

Trois Français sur quatre estiment qu'il est "un justiciable comme un autre, qui ne doit pas être traité différemment des autres personnes condamnées", selon un sondage RTL-Toluna Harris Interactive publié mercredi.

Un chiffre qui tombe à 52% chez les sympathisants des Républicains, ajoute le sondage.

Nicolas Sarkozy devrait rester "un minimum de trois semaines ou d'un mois" en prison, avait indiqué mardi son avocat Christophe Ingrain. La cour d'appel de Paris a deux mois pour statuer sur la demande de mise en liberté déposée dans la foulée du placement sous écrou.

Reçu par le président Emmanuel Macron vendredi dernier à l'Elysée, l'ex-chef de l'Etat pourrait aussi recevoir la visite en prison du ministre de la Justice, Gérald Darmanin.

Des visites désapprouvées par "une majorité de Français", tout comme le rassemblement de soutien qui s'est tenu mardi matin devant son domicile, d'après le sondage RTL-Toluna Harris Interactive.

Ils sont ainsi 53% à désapprouver ce rassemblement, et 57% la visite annoncée de Gérald Darmanin, selon cette enquête réalisée en ligne mardi auprès d'un échantillon de 1.025 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Le garde des Sceaux avait déclaré lundi qu'il irait "voir en prison" Nicolas Sarkozy, assurant qu'en tant que ministre de la Justice il pouvait "aller voir n'importe quelle prison et n'importe quel détenu".

Ce projet a été critiqué par le plus haut parquetier de France, le procureur général près la Cour de cassation Rémi Heitz, qui y a vu un risque "d'atteinte à l'indépendance des magistrats".


Les parents de Sébastien Lecornu placés sous protection policière

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  • Cette mise sous protection a une "raison évidente", "ils en ont besoin", a ajouté le ministère, qui s'est refusé à donner des éléments plus précis sur la nature des risques pesant sur les parents de M. Lecornu
  • Une source proche du dossier a assuré à l'AFP que ce couple de personnes âgées n'était pas demandeur et que ce n'était "pas pour leur confort personnel" que cette décision avait été prise

PARIS: Les parents du Premier ministre Sébastien Lecornu ont été placés sous protection policière pour des raisons de sécurité dans leur lieu de résidence, a appris mercredi l'AFP auprès du ministère de l'Intérieur, confirmant une information du Parisien.

Cette mise sous protection a une "raison évidente", "ils en ont besoin", a ajouté le ministère, qui s'est refusé à donner des éléments plus précis sur la nature des risques pesant sur les parents de M. Lecornu.

Une source proche du dossier a assuré à l'AFP que ce couple de personnes âgées n'était pas demandeur et que ce n'était "pas pour leur confort personnel" que cette décision avait été prise.

Selon Le Parisien, ils sont accompagnés de trois policiers 24 heures sur 24, "un chauffeur et deux officiers de sécurité".

Le quotidien ajoute que ce couple a "fait l'objet d'une évaluation" par l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) au sein de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et qu'à l'issue, ils ont été classés en T4, "soit le plus bas niveau de menace sur une échelle qui en compte quatre".

L'attribution de cette protection policière à des personnalités fait régulièrement polémique, toujours selon le quotidien.

En septembre, Sébastien Lecornu a publié un décret supprimant les derniers avantages "à vie" des anciens Premiers ministres, qui concernaient l'usage d'un véhicule et d'un chauffeur, et la protection policière, limitant à 10 ans cette attribution.

Ce décret entrera en vigueur le 1er janvier 2026.