Irak: L’augmentation de la population jeune menace une économie déjà affaiblie

Le gouvernement irakien n'a pas non plus été en mesure de préparer sa population à la révolution numérique qui a déferlé sur le monde au cours des deux dernières décennies, aggravant ainsi le chômage. (AP)
Le gouvernement irakien n'a pas non plus été en mesure de préparer sa population à la révolution numérique qui a déferlé sur le monde au cours des deux dernières décennies, aggravant ainsi le chômage. (AP)
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Publié le Vendredi 11 mars 2022

Irak: L’augmentation de la population jeune menace une économie déjà affaiblie

  • Pour préparer le pays à l’accroissement de sa population, le gouvernement irakien est confronté à d'énormes défis sur toute une série de fronts
  • «Le système juridique ne facilite pas la réexportation, ce qui entrave les capacités de l'Irak à devenir une plate-forme de transfert pour la région»

RIYAD: La population de l’Irak est les plus jeunes du monde, avec sept millions de personnes âgées de 14 à 29 ans, mais le pays ne parvient pas à les mettre au travail.
Cette nation se trouve confrontée à une importante augmentation de sa population jeune, que les administrations successives n'ont pas réussi à exploiter pour relancer sa faible économie.
Plus de 60% de la population irakienne a moins de 25 ans et, selon un rapport de Save The Children, le nombre de jeunes devrait passer de sept à dix millions entre 2015 et 2030.
«Cela signifie que le gouvernement doit de toute urgence créer des emplois à un rythme infernal, en particulier dans le secteur privé», a déclaré Massaab Alousy, un analyste irakien, dans une interview accordée à Arab News.
Il ajoute: «Les jeunes ne sont pas préparés à postuler pour des emplois au niveau régional ou international, car ils n’ont pas les compétences nécessaires que les entreprises privées recherchent.»
Pour préparer le pays à l’accroissement de sa population, le gouvernement irakien est confronté à d'énormes défis sur toute une série de fronts, tels que la sécurité alimentaire, la diversification économique et le développement des infrastructures, notent les commentateurs.
Nourrir le pays constitue déjà un problème majeur, malgré les grandes étendues de terres agricoles qu’il possède.
Entre 2014 et 2017, les revenus agricoles ont chuté de près de la moitié, passant d'environ 15 milliards de dollars (1 dollar = 0,91 euro) à quelque 7,6 milliards de dollars en raison de la guerre de l'Irak et de ses alliés contre Daech, selon un rapport de l'organisme de recherche américain Atlantic Council. La valeur de l'agriculture pour l'économie irakienne en pourcentage du produit intérieur brut a dégringolé, passant de 20% environ avant 2003 à 3,3% en 2019, selon le groupe de réflexion. «Il y a également eu un déclin des terres fertiles. Nous avons plus de 3 millions de dounams [ou acres] de terres agricoles qui ont été négligées et qui pourraient produire des aliments pour la population irakienne», souligne Hussein Thagab, un journaliste irakien spécialisé dans les questions économiques, dans une interview accordée à Arab News.
Selon les rapports de l'ONU, 4,1 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire dans le pays.
Après des années de combats, le pays regorge d'armes et de milices armées, ce qui rend difficile pour l'État irakien, déjà faible, d’élaborer un plan de reconstruction crédible.
L'économie irakienne est fortement dépendante du pétrole, qui représente 96% des exportations de l'Irak, 92% des recettes publiques et 43% du PIB en 2019, selon Alousy.
Le fait que l'économie rentière de l'Irak soit basée sur le pétrole est malsain et peu constructif, fait observer Thagab. Une économie rentière est une économie organisée autour d'actifs générateurs de revenus, où les revenus globaux sont dominés par les rentes et ceux qui les contrôlent.
Thagab souligne: «L'Irak n’est pas parvenu à organiser, à diversifier ses exportations ni à exploiter ses nombreuses ressources telles que le gaz, les minéraux et les gisements de pétrole qui doivent encore être mis en service.»
«Le système juridique ne facilite pas la réexportation, ce qui entrave les capacités de l'Irak à devenir une plate-forme de transfert pour la région.»
Le gouvernement irakien n'a pas non plus été en mesure de préparer sa population à la révolution numérique qui a déferlé sur le monde au cours des deux dernières décennies, ce qui aggrave le chômage. «L'aspect le plus menaçant de l'explosion de la jeunesse réside dans le taux de chômage élevé, qui est de 36% pour cette partie de la société», ajoute M. Alousy. Selon l'Unicef, près de 3,2 millions d'enfants irakiens en âge d’aller à l’école ne sont pas scolarisés.
La situation est chronique dans les gouvernorats touchés par le conflit, comme Salah ad-Din et Diyala, où plus de 90% des enfants ne vont pas en classe.
«Comme la population irakienne augmente alors que ses conditions se détériorent, le fossé entre les demandes de la société et la capacité du gouvernement à y répondre se creuse», déplore M. Alousy.
L'augmentation de la population exerce une pression supplémentaire sur les infrastructures irakiennes délabrées.
Au cours des quatre dernières décennies, la guerre, les conflits internes et les sanctions économiques internationales ont dévasté les infrastructures du pays. Le secteur de la santé a souffert non seulement pendant les périodes de conflit, mais aussi en raison d'un manque de financement pendant les périodes de relative stabilité.
On estime que la seule ville de Bagdad a besoin de soixante-dix nouveaux hôpitaux pour faire face à l'augmentation prévue de la population de la capitale. Le nombre d'hôpitaux supplémentaires nécessaires sera bien plus élevé dans les autres régions moins développées, notent les experts.
Les routes sont dans un état un peu meilleur. À l'exception de la route de l'aéroport, les autoroutes de Bagdad ressemblent beaucoup à ce qu'elles étaient il y a vingt ans sous le président Saddam Hussein, expliquent les habitants.
«Le gouvernement devrait mettre en place un plan à court terme de reconstruction massive qui emploierait de nombreux jeunes», suggère Alousy.
L'augmentation de la population accroît la pression sur une économie irakienne déjà mise à rude épreuve. Elle compte de nombreux jeunes, mais n'est pas en mesure de leur donner les compétences nécessaires pour trouver du travail.
M. Thagab ajoute: «Nous manquons de centres de formation qui permettent à nos jeunes d'apprendre les nouvelles technologies et d'accroître leurs capacités. On ne peut pas ignorer les jeunes, il faudrait des plans pour les préparer à un futur emploi.»
En embauchant dans le secteur public, le gouvernement ne s'attaque pas vraiment au problème et ne soutient pas correctement la croissance des entreprises privées, souligne Thagab.
Il poursuit: «Le gouvernement n'a pas réussi à promouvoir les lois qui peuvent rendre le secteur privé plus efficace.»
Pour Alousy, les premières mesures que le gouvernement irakien doit prendre sont de s'attaquer à la corruption endémique dans le pays et de dissoudre ses milices. «Cela permettrait d'accroître les investissements privés dans le pays en mettant en œuvre les réformes nécessaires et la planification à long terme», explique-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com