Le Conseil de sécurité plus que jamais divisé sur les armes chimiques syriennes

Le Conseil de sécurité s'est réuni pour la 101e fois afin de discuter de la question des armes chimiques en Syrie. (ONU)
Le Conseil de sécurité s'est réuni pour la 101e fois afin de discuter de la question des armes chimiques en Syrie. (ONU)
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Publié le Vendredi 11 mars 2022

Le Conseil de sécurité plus que jamais divisé sur les armes chimiques syriennes

  • Le chef du désarmement de l'ONU a réitéré ses préoccupations concernant la déclaration du régime sur les armes et son refus d'accorder un visa à un membre de l'équipe d'inspection
  • L'envoyé russe a accusé le comité de surveillance des armes chimiques d'illégitimité, de falsification et de partialité; son homologue américain a déclaré que la Russie faisait de la désinformation et qu'on ne pouvait pas lui faire confiance

NEW YORK: Des lacunes et des incohérences subsistent dans la déclaration du gouvernement syrien concernant ses armes chimiques, a déclaré jeudi la responsable du désarmement de l'ONU aux membres du Conseil de sécurité.
Izumi Nakamitsu, la sous-secrétaire générale et haute représentante pour les affaires de désarmement, a souligné la nécessité de clarifier deux incidents. Tout d’abord, des preuves de la présence d'agents neurotoxiques dans une installation qui, selon les autorités syriennes, n'a jamais été utilisée pour produire des armes chimiques, et le «déplacement non autorisé» par le gouvernement de deux cylindres de chlore détruits, trouvés sur les lieux d'une attaque à l'arme chimique dans la ville de Douma en avril 2018.
Elle a appelé le gouvernement syrien à répondre aux demandes de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) de divulguer les types et les quantités d'agents chimiques produits ou militarisés dans l'installation en question et le lieu où se trouvent les deux cylindres «avec l'urgence nécessaire».
Le Conseil de sécurité se réunissait pour la 101e fois afin de discuter de la question des armes chimiques en Syrie. Nakamitsu a informé les membres de la mise en œuvre de la résolution 2118. Cette dernière a été adoptée à l'unanimité en septembre 2013 après une enquête de l'ONU qui a confirmé l'utilisation d'armes chimiques contre des civils dans une banlieue de Damas le mois précédent. Les images de victimes – parmi lesquelles des enfants – suffoquant après avoir respiré l'agent neurotoxique ont suscité l'indignation dans le monde entier.
La résolution appelait le régime syrien à détruire ses stocks d'armes chimiques avant la mi-2014 et prévoyait des mesures punitives en cas de non-respect. Elle interdisait aux autorités syriennes d'utiliser, de mettre au point, de fabriquer, d'acquérir, de stocker ou de conserver des armes chimiques, ou de les transférer à d'autres États ou à des acteurs non étatiques.
En octobre 2013, la Syrie a soumis à l'OIAC une déclaration initiale officielle concernant son programme d'armes chimiques, dont un plan de destruction des stocks.
Nakamitsu a déclaré jeudi au Conseil de sécurité que, plus de neuf ans plus tard, cette déclaration ne peut toujours pas être considérée comme exacte et complète, conformément à la Convention sur les armes chimiques.
«Des lacunes, des incohérences et des divergences» qui jettent un doute sur l'étendue réelle de la suppression des armes chimiques par le régime pendant la guerre civile ont été identifiées, a-t-elle déclaré.
L'OIAC tente depuis près de dix mois de programmer des pourparlers à Damas sur cette question, mais ses efforts continuent d'être bloqués par le «refus persistant» des autorités syriennes de délivrer un visa d'entrée à un membre de l'équipe d'évaluation de la déclaration, a déclaré Mme Nakamitsu.
Elle a réitéré son appel au gouvernement syrien afin qu'il facilite les arrangements pour le déploiement de l'équipe dès que possible, ajoutant que seule une coopération totale permettra de clore la question de la déclaration initiale.
Le représentant permanent adjoint de la Russie auprès des Nations unies, Dmitri Polianski, a condamné ce qu'il décrit comme «l'attention exagérée que nos [collègues occidentaux] accordent à la Syrie». Il a qualifié les réunions sur l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien de «complètement artificielles» et a accusé les pays occidentaux de les organiser «pour le plaisir de convoquer des réunions».
«Les délégations n'ont rien à discuter et nous répétons la même chose encore et encore», a poursuivi Polianski.
La Russie a fait pression pour réduire le nombre de réunions régulières du Conseil de sécurité sur la Syrie de trois par mois à une seule dans le cadre de sa campagne qui vise à présenter le régime du président Bachar al-Assad comme le vainqueur de la guerre et à pousser à une phase de reconstruction. D'autres membres du Conseil ont déclaré à plusieurs reprises qu'ils ne prendraient aucune part aux efforts de reconstruction tant que les crimes de guerre resteraient impunis.
M. Polianski a également réitéré ses accusations selon lesquelles l'OIAC politise la question des armes chimiques en Syrie, enfreint ses propres méthodologies et procède à une «falsification directe» à Douma. Il a qualifié l'équipe d'enquête d’«illégitime» et a déclaré qu'elle émettait «des conclusions biaisées sur la culpabilité de Damas, ignorant le fait que les armes chimiques ont été utilisées par des terroristes».
Richard Mills, l'ambassadeur adjoint américain auprès de l'ONU, a déclaré : «Malheureusement, le régime d'Al-Assad compte une aide au sein de ce conseil. La fédération russe n'a cessé de répandre la désinformation concernant l'utilisation répétée d'armes chimiques par la Syrie.»
«Le récent tissu de mensonges que la Russie a concocté pour tenter de justifier la guerre préméditée et injustifiée qu'elle a entreprise contre l'Ukraine devrait faire comprendre à tous que l'on ne peut pas non plus faire confiance à la Russie lorsqu'elle parle de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie.»
Mills a exhorté le régime syrien à cesser d'entraver le travail de l'OIAC et à se conformer à ses obligations en vertu du droit international.
«Le gouvernement syrien n'a pas le droit de choisir les experts de l'OIAC qui participent à l'évaluation», a-t-il déclaré, faisant référence au refus d'accorder un visa au membre de l'équipe d'évaluation. «Il est au contraire tenu de coopérer pleinement avec l'OIAC.»
Depuis le début de la guerre civile, en mars 2011, plus de 13 millions de Syriens ont été déplacés, au moins 580 000 tués et 130 000 détenus ou disparus, selon des estimations prudentes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.