Grèce: sympathie pour Moscou, malgré la guerre en Ukraine

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis arrive au château de Versailles, le 11 mars 2022, pour le sommet des dirigeants européen,s afin de discuter des retombées de l'invasion russe en Ukraine. (Ludovic Marin/AFP)
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis arrive au château de Versailles, le 11 mars 2022, pour le sommet des dirigeants européen,s afin de discuter des retombées de l'invasion russe en Ukraine. (Ludovic Marin/AFP)
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Publié le Samedi 12 mars 2022

Grèce: sympathie pour Moscou, malgré la guerre en Ukraine

  • Selon un sondage du centre de recherche Kappa, 20% des Grecs interrogés après l'invasion russe de l'Ukraine se disent «plus proches» de Moscou et 45% soutiennent Kiev
  • Les Grecs ont combattu au côté de la Russie depuis le 18e siècle, l'État-ami orthodoxe étant considéré historiquement comme le contre-poids face au rival turc voisin

ATHÈNES : «Nous avons toujours été du bon côté de l'Histoire»: quand le Premier ministre grec prend la parole lors d'un débat parlementaire sur la guerre en Ukraine, nul doute sur la position de son gouvernement.

«On est soit du côté de la paix et du droit international, soit contre», a exhorté Kyriakos Mitsotakis, annonçant un convoi d'aide humanitaire en Ukraine.

Mais pour de nombreux Grecs, après des siècles de liens étroits religieux, culturels et même existentiels avec la Russie, le choix n'est pas aussi évident.

«L'opinion publique grecque a une dimension russophile, nourrie de sentiments amicaux liés à l'histoire, à une culture commune basée sur l'orthodoxie et pour certains, à une méfiance vis-à-vis de l'Occident», note Nikos Marantzidis, professeur d'études slaves, orientales et des Balkans, à l'Université de Macédoine.

Selon un sondage du centre de recherche Kappa, 20% des Grecs interrogés après l'invasion russe de l'Ukraine se disent «plus proches» de Moscou et 45% soutiennent Kiev.

A peine 8% promettent de boycotter les produits russes, 2% d'éviter tout contact avec les Russes. Et si 75% condamnent la position du président Vladimir Poutine, plus de 60% restent critiques vis-à-vis de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Poutine, «un grand dirigeant»

«Une minorité, pas insignifiante du tout, considère toujours Poutine positivement», observe M. Marantzidis.

Quelle que soit l'issue du conflit, «un noyau dur» de 10 à 15% de l'électorat «continuera de le voir comme un grand dirigeant», estime l'expert.

Les Grecs ont combattu au côté de la Russie depuis le 18e siècle, l'État-ami orthodoxe étant considéré historiquement comme le contre-poids protecteur et puissant contre le rival turc voisin.

En 1827, la Russie rejoint l'Angleterre et la France dans la bataille de Navarin, décisive pour l'indépendance grecque de l'empire ottoman.

Les souvenirs des bombardements de l'Otan sur le pays ami et voisin serbe en 1999 pendant la guerre du Kosovo restent vivaces, note M. Marantzidis.

De même que l'animosité résiduelle contre l'Occident née des cures d'austérité imposées par l'Allemagne et ses alliés européens pendant la crise de la dette grecque.

Les Russes sont aussi d'excellents clients de l'industrie du tourisme, avec des centaines de milliers de visiteurs chaque année en Grèce.

Il y a un an, le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine était invité d'honneur aux célébrations du bicentenaire de la révolution grecque de 1821.

Mais douze mois plus tard, les relations bilatérales sont gelées et des milliers de Grecs manifestent contre la guerre aux côtés des Ukrainiens vivant en Grèce.

«Menaces et insultes»

L'ambassade russe à Athènes a fustigé cette semaine les «menaces et insultes» à l'encontre de ses ressortissants en Grèce, appelant la police à enquêter.

Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias figure parmi les derniers chefs de la diplomatie à rencontrer son homologue russe Sergei Lavrov juste avant l'invasion du 24 février.

Mais la mort d'une dizaine de Grecs d'Ukraine, issus d'une diaspora de 100.000 âmes vivant dans la région de Marioupol, a porté un coup aux relations gréco-russes.

Pour Athènes, ces pertes humaines sont le fait de frappes aériennes russes, ce que dément Moscou, qui accuse Kiev.

Le 27 février, l'ambassade russe d'Athènes a appelé les hommes politiques et les médias grecs à «être raisonnables» et à cesser de disséminer «une propagande antirusse».

«Les Grecs ne sont pas historiquement naïfs et étourdis au point d'être impressionnés par des voix extérieures», a riposté le porte-parole du gouvernement Yiannis Economou, estimant que «personne ne peut semer la discorde parmi nous».

Sur la page Facebook de l'ambassade russe, des Grecs pro-russes et pro-ukrainiens échangent tous les jours des insultes.

La plupart sont choqués par les attaques russes contre des civils, alors que plus de 7.000 Ukrainiens ont trouvé refuge en Grèce.

«Votre peuple a résisté et combattu les nazis et maintenant vous marchez sur leurs pas», fustige Leila Rosaki.

Mais beaucoup restent ouvertement pro-Poutine.

«On se souviendra de Poutine dans l'Histoire comme d'un grand et valeureux dirigeant», écrit ainsi Stelios Markou.

«Bravo, poursuis-les tous jusqu'en Allemagne, comme par le passé», applaudit Ilias Karavitis.

«Zelensky supplie l'Europe et l'Otan de s'impliquer, il essaie de commencer la troisième guerre mondiale. Prions pour qu'il se taise», acquiesce Nelli Ign.

«Que Dieu protège le président Poutine et tous les Russes qui se battent pour la liberté», implore aussi Thiresia Sakel.


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.