Un ambassadeur esseulé, visage à l'ONU d'une diplomatie russe sur la défensive

L'ambassadeur de Russie auprès de l'ONU Vassily Nebenzia attend une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, à New York le 11 mars 2022. (Timothy A. Clary/AFP)
L'ambassadeur de Russie auprès de l'ONU Vassily Nebenzia attend une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, à New York le 11 mars 2022. (Timothy A. Clary/AFP)
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Publié le Dimanche 13 mars 2022

Un ambassadeur esseulé, visage à l'ONU d'une diplomatie russe sur la défensive

  • Du jamais vu à l'ONU: un président de l'instance défendant la paix internationale et dont le pays fait la guerre à une démocratie
  • Depuis fin février, L'ambassadeur de Russie auprès de l'ONU Vassily Nebenzia courbe l'échine à chaque session d'urgence du Conseil de sécurité, et lit des discours niant la destruction de sites civils rapportée par des médias

NATIONS UNIES, États-Unis : Au beau milieu d'une session d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, au soir du 23 février, son visage blêmit, son dos se voûte. La Russie, le pays qu'il représente comme ambassadeur à New York, vient d'envahir l'Ukraine, provoquant un séisme mondial sans fin.

A presque 60 ans, Vassily Alekseevich Nebenzia, calvitie, carrure massive, portant des lunettes fines et manipulant souvent sa montre, dirige alors le Conseil.

Du jamais vu à l'ONU: un président de l'instance défendant la paix internationale dont le pays, puissance nucléaire et pilier onusien comme membre permanent doté du droit de veto, fait la guerre à une démocratie...

Était-il au courant, lorsqu'il a ouvert cette session presque ubuesque avec de multiples discours appelant Moscou à retenir son bras armé alors qu'il s'étend déjà sur l'Ukraine? Croit-il aux discours qu'il lit?

«Je ne sais pas, mais je ne pense pas», confie un haut responsable de l'ONU sous couvert d'anonymat. Plusieurs ambassadeurs partagent cette impression. «Etes-vous connecté avec Moscou?», l'interroge souvent l'Ukrainien Sergiy Kyslytsya.

«Vassily Alekseevich, le grand écrivain russe Alexandre Soljenitsyne a écrit: +L'homme n'a pas seulement une vie, il a aussi une conscience+», lui a rappelé en le fixant la Britannique Barbara Woodward. «Je sais que vous avez parlé aujourd'hui sur instructions, mais je vous demande de rapporter fidèlement à Moscou ce que vous avez entendu aujourd'hui de ce Conseil - l'urgence des appels à la paix», a ajouté cette spécialiste de la Russie et de la Chine.

Depuis fin février, il courbe l'échine à chaque session d'urgence du Conseil de sécurité, qui devrait en organiser de nouvelles cette semaine. Sous l'oeil exaspéré de ses homologues, il y lit des discours niant la destruction de sites civils rapportée par des médias.

Dans des réponses improvisées, il lui arrive d'utiliser le mot «guerre», banni à Moscou. Il prend alors soin de préciser aussitôt qu'il cite son patron, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

«Le système russe n'a jamais été aussi centralisé», estime un ambassadeur occidental, parlant sous couvert de l'anonymat. Les diplomates russes «sont d'excellents professionnels mais ils ne sont pas dans une position d'interaction avec le pouvoir, ce sont juste des exécutants d'oukases, associés à leur préparation ou pas - souvent pas», ajoute-t-il.

Hobby de solitaire

A l'ONU, la maîtrise des dossiers par Vassily Nebenzia est saluée. Sa carrière l'a mené à Bangkok et Genève avec une spécialité, les organisations internationales. Il est rompu aux arcanes multilatérales et se joue des procédures au bénéfice de son pays.

Au-delà des joutes oratoires dans le «théâtre» du Conseil de sécurité, les relations sont, côté jardin, cordiales et polies avec ses homologues. Depuis l'invasion, elles le sont restées, selon plusieurs sources.

Cet ambassadeur a des lettres et de l'esprit. «Je suis capable de faire deux choses à la fois», répond-il à l'AFP, sourire en coin, après avoir été surpris, alors qu'il prononçait un discours en russe, à écouter en même temps sur écouteur sa traduction en anglais.

Les Russes sont entraînés à ce double travail, précise son entourage. Cela leur permet de vérifier dans la langue destinée au plus grand nombre l'exactitude de l'interprétation, quitte à la corriger en direct, selon des diplomates.

Dans les réceptions diplomatiques, Vassily Nebenzia se montre convivial. Son cocktail préféré? «Moitié vodka, moitié champagne!», dit-il un jour à deux journalistes français.

Marié et père d’un fils, l'ambassadeur aime s'évader le week-end au guidon de sa moto sportive européenne. Un hobby de… solitaire qui semble aller de pair avec son nouveau statut de «seul contre tous».

Sans qu'il se prive de mises en scène. Le 28 février, lors d'une conférence de presse clôturant son mois de présidence, il s'interrompt brusquement pour prendre son téléphone portable. Après avoir écouté son interlocuteur sans parler, il raccroche et annonce en se posant en victime que les Etats-Unis expulsent 12 membres de sa mission diplomatique.

Douze espions et sans lien avec la guerre, précise dans la foulée Washington. Douze militaires, ont toutefois révélé récemment des diplomates.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.