La manifestation en soutien d'Yvan Colonna a viré à «l'émeute» à Bastia

Des manifestants lancent des projectiles lors d'affrontements avec la police à la suite d'un rassemblement de soutien à la figure nationaliste corse Yvan Colonna une semaine après son agression en prison, à Bastia, en Corse, le 13 mars 2022 (Photo, AFP).
Des manifestants lancent des projectiles lors d'affrontements avec la police à la suite d'un rassemblement de soutien à la figure nationaliste corse Yvan Colonna une semaine après son agression en prison, à Bastia, en Corse, le 13 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 14 mars 2022

La manifestation en soutien d'Yvan Colonna a viré à «l'émeute» à Bastia

  • La manifestation, partie à 15h00, s'était auparavant déroulée dans le calme
  • Ces heurts ont duré jusqu'à 22h30, selon le dernier communiqué de la Préfecture

BASTIA : Après une heure, de défilé au cri de "Etat français assassin", la manifestation en soutien à Yvan Colonna dimanche à Bastia a viré à "l'émeute", selon le procureur de Bastia, avec un bilan final de 67 blessés dont 44 membres des forces de l'ordre.

"Des émeutes ont lieu à Bastia depuis 16h30", a expliqué à l'AFP en début de soirée le procureur de la République de Bastia, Arnaud Viornery, "et les violences se poursuivent".

"Un incendie a été déclenché à l'hôtel des impôts" par les émeutiers avant d'être éteint par les pompiers, a-t-il ajouté.

La manifestation, partie à 15h00 sous une pluie fine et froide du palais de justice, s'était auparavant déroulée dans le calme. Le slogan "Statu Francese Assassinu", repris par les milliers de participants --7.000 selon les autorités,12.000 selon les organisateurs--, traduisait cependant la tension dans l'île depuis le 2 mars et l'agression de l'ancien berger à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône), qui l'a plongé dans le coma.

"Liberta, Liberta !": capuches sur la tête pour les plus jeunes, parapluie pour les plus âgés, toutes les générations étaient représentées dans une foule sur laquelle flottaient de nombreux drapeaux frappés de la tête de Maure, ainsi que des banderoles portant le visage de Colonna. 

La colère a débordé dès l'arrivée du cortège à la préfecture à 16h00, avec des échauffourées entre les forces de l'ordre et "300 manifestants encagoulés", selon les autorités, vêtus de noir et pour certains équipés de masques à gaz, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Ne filmez pas, salauds de Français": pour certains, la présence des journalistes sur place n'était visiblement pas souhaitée. 

Gaz lacrymogènes et canons à eau d'un côté, cocktails molotov, bombes agricoles et cailloux récupérés sur les voies ferrées de l'autre:  à 20h00, "les attaques se poursuivaient dans différents secteurs du centre-ville de Bastia, avec une violence extrême", avait précisé la préfecture, selon qui des "émeutiers" auraient tiré "à de nombreuses reprises à la carabine à plomb" sur des membres des forces de l’ordre.

Ces heurts ont duré jusqu'à 22h30, selon le dernier communiqué de la Préfecture, qui avait appelé "la population du centre-ville de Bastia à éviter de sortir de chez elle". 

Chez les manifestants, tous ne cautionnaient pas ces violences: "La manifestation c'était bien, tranquille, (...) il ne faut pas retenir que les débordements", a insisté Dominique Mannucci, 50 ans, auprès de l'AFP.

De fait, l'appel officiel à la manifestation était sobre, demandant "la vérité et la justice pour Yvan, la liberté pour les patriotes et la reconnaissance du peuple corse".

« Pas des casseurs »

Pour Gilles Simeoni, président autonomiste du conseil exécutif de Corse et ancien avocat d'Yvan Colonna, "il faut aller aujourd'hui au-delà des slogans".

"La colère et l'indignation s'expriment", a-t-il concédé auprès de l'AFP, pendant la marche: "Mais ce qui compte, c'est que le peuple corse tout entier est mobilisé contre l'injustice, l'exigence de vérité et au-delà pour une véritable solution politique" entre l'Etat et la Corse.

Pour Marité Costa, 58 ans, cette colère s'explique: "On dit +les jeunes, c'est des casseurs+, mais c'est pas des casseurs, ils se battent pour un idéal. C'est grâce à eux que ça a bougé".

La quinquagénaire fait référence à la décision du Premier ministre Jean Castex de lever le statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS) de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, deux autres membres du "commando Erignac" encore détenus sur le continent. Statut qui bloquait le rapprochement des trois hommes dans une prison corse.

"C'est trop tard! Les Corses ne sont pas dupes. On se fout de notre gueule", a estimé Antoine Negretti, 29 ans. "S'il y a des violences, ça sera la responsabilité de l'Etat. En sept ans, rien n'a avancé, et en sept jours de violences, les choses ont bougé. La violence est nécessaire".

"Ce n'est qu'un petit pas, on souhaite plus d'avancées, de dialogue, la reconnaissance de notre peuple", a insisté Lelia Beretti, 27 ans.

La découverte juste avant la manifestation d'un stock d'environ 300 cocktails molotov avait déjà indiqué l'ambiance, malgré de nombreux appels au calme ces dernières 48 heures.

"Si l'émotion est légitime, elle ne peut et ne doit conduire à la violence", avaient ainsi estimé quelque 60 maires et élus de Haute-Corse dans une motion.


Rencontres Business France: élaboration du volet international du plan France 2030

Laurent Saint Martin, directeur général Business France; Olivier Becht, ministre délégué auprès du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, chargé du commerce extérieur; et Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’Investissement France 2030 (de g à d). (Photo fournie)
Laurent Saint Martin, directeur général Business France; Olivier Becht, ministre délégué auprès du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, chargé du commerce extérieur; et Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’Investissement France 2030 (de g à d). (Photo fournie)
Olivier Becht lors de son arrivée dans l'amphithéâtre. (Photo fournie)
Olivier Becht lors de son arrivée dans l'amphithéâtre. (Photo fournie)
Olivier Becht, durant son intervention (Photo fournie)
Olivier Becht, durant son intervention (Photo fournie)
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  • Une convention de partenariat stratégique entre les deux organismes va permettre, selon les initiateurs, de doter «le plan France 2030 d’une dimension internationale»
  • «Le programme d’accompagnement des entreprises lauréates de France 2030 à l’international est le bon chemin pour gagner le combat de la réindustrialisation de la France»

PARIS: Signée le 3 octobre 2023 entre Business France et le Secrétariat pour l’investissement (SGPI) dans le cadre des Rencontres Business France 2030, une convention de partenariat stratégique entre les deux organismes va permettre, selon les initiateurs, de doter «le plan France 2030 d’une dimension internationale». D’après les deux partenaires, cette initiative vise «à aligner la stratégie de commerce extérieur de la France avec les priorités sectorielles de réindustrialisation et les objectifs de France 2030, intégrant ainsi le commerce, attractivité et export dans la vision économique future du pays». Selon la même source, l’objectif consiste dans l’élaboration du plan France 2030 export via une offre d’accompagnement à l’international spécifique qui sera proposée à tous les lauréats des appels à candidatures de France 2030. 

Dans une interview accordée à Arab News en français, Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français à l’étranger, nous fait part de sa satisfaction après la signature de cette convention. «Le programme d’accompagnement des entreprises lauréates de France 2030 à l’international est le bon chemin pour gagner le combat de la réindustrialisation de la France», indique l’homme politique. 

«Avec ce partenariat, nous faisons de l’export un levier clé de cette politique», déclare Olivier Becht.

«Je voudrais me féliciter de la convention qui était passée ce matin entre le SGPI de Bruno Bonnell, chargé du plan France 2030, et Business France. Elle va consister à accompagner mille entreprises lauréates de France 2030 à l’international. Depuis plusieurs années, nous avons mis en place un politique en faveur de la réindustrialisation et de la compétitivité des entreprises françaises qui donne des résultats positifs. Et c’est fondamental: si on réindustrialise la France, on pourra réduire notre déficit commercial ainsi que l’appauvrissement du pays, qui est, lui aussi, lié à la désindustrialisation. Avec ce partenariat, nous faisons de l’export un levier clé de cette politique», explique Olivier Becht. 

À la question relative à la stratégie de réindustrialisation de la France contenue dans le programme du plan France 2030, M. Becht nous fait savoir que l’objectif de ce programme répond à un impératif qui concerne «la capacité de la France de demain non seulement à ne plus importer les produits dont on a besoin, mais d’être capable de les fabriquer en France et de les vendre au monde entier».

Interrogé sur les modalités de mise en œuvre du programme d’accompagnement des entreprises lauréates du plan France 2030 à l’international, Olivier Becht précise que «l’objectif de ce programme qui se déroulera sur trente mois pour chacune des entreprises lauréates sera mis en œuvre avec une prise en charge de 50% par l’État».

Il conclut par ces termes: «En misant sur les petites et moyennes entreprises [PME] et sur nos capacités d’innovation dans les secteurs d’avenir, nous pourrons reconquérir des parts de marché à l’international et positionner notre pays comme un leader dans les secteurs clés de notre économie.»

 


Deux morts et trois blessés légers à Lyon dans un incendie d'immeuble

Le feu est parti du rez-de-chaussée avant de parcourir la cage d'escalier. Son origine reste à cette heure indéterminée. (Photo d'illustration, AFP)
Le feu est parti du rez-de-chaussée avant de parcourir la cage d'escalier. Son origine reste à cette heure indéterminée. (Photo d'illustration, AFP)
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  • Les pompiers ont été alertés vers 03H30 pour ce sinistre qui s'est déclaré dans un bâtiment de trois étages, situé place Dumas de Loire dans le 9e arrondissement de la ville
  • La préfète déléguée pour la défense et la sécurité du Rhône, Juliette Bossart-Trignat, s'est rendue sur place avec des élus dont Mohamed Chihi, l'adjoint à la mairie écologiste en charge de la sûreté

LYON: Un incendie dans un immeuble d'habitation à Lyon a fait deux morts et trois blessés légers dans la nuit de lundi à mardi, a annoncé la préfecture Rhône.

Un premier bilan en début de matinée faisait état d'une personne décédée et de trois en urgence relative, selon la même source.

Les pompiers ont été alertés vers 03H30 pour ce sinistre qui s'est déclaré dans un bâtiment de trois étages, situé place Dumas de Loire dans le 9e arrondissement de la ville.

"Le feu est parti du rez-de-chaussée avant de parcourir la cage d'escalier. Son origine reste à cette heure indéterminée", a précisé à l'AFP la préfecture en matinée, ajoutant que le feu avait été circonscrit vers 06H00.

Parmi les victimes du sinistre, outre les "deux personnes décédées et trois personnes en urgence relative transportées à l’hôpital", dont l'identité et la nature des blessures n'ont pas été communiquées, "32 personnes impliquées" ont été accueillies "au point de regroupement ouvert par la Mairie de Lyon et armé par la Croix Rouge", précise-t-on de même source dans un dernier communiqué à la mi-journée.

"Les opération d’extinction des foyers résiduels et de déblaiement se poursuivent. Dès cet après-midi, une expertise technique de la structure de bâtiment sera réalisée", ajoute-t-on.

La préfète déléguée pour la défense et la sécurité du Rhône, Juliette Bossart-Trignat, s'est rendue sur place avec des élus dont Mohamed Chihi, l'adjoint à la mairie écologiste en charge de la sûreté.

"Plusieurs personnes ont perdu leur logement, ils seront relogés. La Ville de Lyon se tient à leurs cotés", a-t-il assuré sur X (anciennement Twitter), tout en présentant ses condoléances aux proches des victimes.

"Un dispositif d’accompagnement des personnes impliquées vers un hébergement puis un relogement pérenne est assuré par la mobilisation des assurances et du bailleur", précise encore la préfecture à la mi-journée.

Un accompagnement psychologique de ces personnes leur a été proposé dès leurs prises en charge au point de rassemblement, selon la même source.


Enterrée par Macron, une centrale à charbon entame sa transition

Cette photographie prise le 12 septembre 2022 montre la centrale thermique Emile-Huchet, centrale à charbon et centrale à gaz, située à Saint-Avold et Carling, dans l'est de la France. (AFP).
Cette photographie prise le 12 septembre 2022 montre la centrale thermique Emile-Huchet, centrale à charbon et centrale à gaz, située à Saint-Avold et Carling, dans l'est de la France. (AFP).
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  • Emmanuel Macron a annoncé fin septembre que la France sortirait du charbon "d'ici à 2027"
  • GazelEnergie n'a pas attendu le feu vert du gouvernement, en août, pour prolonger le contrat de travail des salariés, qui devait prendre fin en avril dernier

SAINT-AVOLD: Autour de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle), d'énormes tas de charbon, prêts pour l'hiver, côtoient, pour la première fois, un amas plus modeste de pellets de bois. L'usine prépare sa conversion à la biomasse.

Emmanuel Macron a annoncé fin septembre que la France sortirait du charbon "d'ici à 2027", en convertissant les deux dernières centrales du pays à l'énergie renouvelable: "On doit sortir du charbon, c'est une énergie fossile et la plus polluante".

Le projet était dans les tuyaux depuis plusieurs années, rappelle à l'AFP Camille Jaffrelo, porte-parole de GazelEnergie, propriétaire de l'installation. Maintenant que le président de la République a fixé un cap, "on rouvre les cartons".

Car la situation a longtemps été incertaine pour les quelque 150 salariés de la centrale: grosse émettrice de CO2, elle devait fermer en mars 2022. Mais entre guerre en Ukraine et déboires du parc nucléaire, elle a repris du service l'hiver dernier et va à nouveau jouer les prolongations l'hiver prochain.

GazelEnergie n'a pas attendu le feu vert du gouvernement, en août, pour prolonger le contrat de travail des salariés, qui devait prendre fin en avril dernier. Camille Jaffrelo l'assure, "tous" ont été prolongés.

« Un vrai pas en avant »

Sylvain Krebs, 47 ans, est responsable du parc charbon. Il explique que si les stocks vont permettre de "faire la saison", une nouveauté cette année est le tas de pellets, situé derrière lui: "C'est l'avenir (...) donc on va travailler dessus, on va regarder comment ils se comportent".

Le stockage de ces petits morceaux de bois séché et torréfié sera particulièrement étudié, pour vérifier qu'ils sont bien hydrophobes, explique Antonin Arnoux, le directeur de la centrale.

Au total, 300.000 tonnes de charbon sont entreposées, et 500 tonnes de pellets: au long de l'hiver, leur combustion sera elle aussi testée par les employés.

Le choix de ces pellets de bois, différents de ceux utilisés dans les habitations, s'explique par leurs propriétés, notamment calorifiques, qui sont très proches du charbon.

"C'est un vrai pas en avant", se réjouit M. Krebs, selon qui, avec cette transition, "je ne suis plus un pollueur". Au quotidien, le travail des employés ne sera pas modifié: "les compétences du personnel sont les mêmes", avec le charbon ou les pellets. Elles sont néanmoins rares et précieuses: il faut en moyenne un an et demi de formation.

Réindustrialisation

Les grues s'activent sur le site de Saint-Avold. Une chaudière biomasse, un stockage d'électricité sur batteries et une unité de production d'hydrogène renouvelable sont prévus, de sorte que le site devienne une "éco-plateforme de valorisation énergétique", selon GazelEnergie.

Ces projets permettent non seulement de générer de l'emploi, mais aussi de faire venir des usines. C'est "tout un territoire qui pousse" pour réindustrialiser ce site et le transformer, après que le charbon l'a fait vivre pendant deux siècles.

L'unique autre centrale à charbon de France encore en activité est située à Cordemais, en Loire-Atlantique. EDF, sollicité par l'AFP, a indiqué par courriel que "l'ambition industrielle pour (sa) décarbonation progressive (...) se déploie dès 2023 en proposant une production d'électricité moins carbonée grâce à l'utilisation de jusqu'à 20% de biomasse en substitution du charbon".

Tout en précisant "qu'une conversion totale à la biomasse d'ici 2027 nécessite de définir les modalités de régulation d'un tel fonctionnement". En attendant, la centrale reste, selon RTE, "nécessaire pour la sécurisation de l'alimentation du Grand Ouest tant que (le réacteur nucléaire) de Flamanville n'a pas atteint son fonctionnement nominal".

La production de ces deux centrales a représenté l'an passé 0,6% du mix électrique français, largement dominé par l'énergie nucléaire.