Libye: prudence de l'ONU et du Conseil de sécurité face à la crise politique

Libye: prudence de l'ONU et du Conseil de sécurité face à la crise politique
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Publié le Jeudi 17 mars 2022

Libye: prudence de l'ONU et du Conseil de sécurité face à la crise politique

  • L'Union africaine va proposer au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qu'un Africain soit nommé émissaire
  • Minée par les divisions entre institutions concurrentes dans l'Est et l'Ouest, la Libye compte depuis début mars deux gouvernements rivaux

NATIONS UNIES: Les principales puissances au Conseil de sécurité de l'ONU comme l'Organisation ont affiché mercredi lors d'une réunion une grande prudence à l'égard de la crise politique qui secoue la Libye, sans prendre parti - sauf la Russie - pour l'un des deux exécutifs concurrents dans ce pays.

"L'exécutif libyen est confronté à une crise qui pourrait, si elle n'est pas résolue, conduire à l'instabilité et à des gouvernements parallèles dans le pays", a averti en ouverture de la session la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo.

"L'ONU déploie des efforts considérables pour résoudre cette crise" afin de "convenir d'une base constitutionnelle pour la tenue d'élections dès que possible", a-t-elle précisé en louant le travail de la conseillère spéciale du chef de l'ONU, l'Américaine Stephanie Williams.

A défaut, le risque est une nouvelle division des institutions "et d'annuler les acquis des deux dernières années", a averti Rosemary DiCarlo.

La France a aussi appelé "à préserver les acquis", les Etats-Unis rappelant que les Libyens voulaient avant tout des élections et l'Albanie résumant la position occidentale en parlant de "prudence", "patience" et "retenue".

Du côté de l'Afrique, pas de choix non plus entre les deux exécutifs. 

"Nous avons exprimé notre grande inquiétude face à l'impasse politique et à la possibilité de revenir sur les gains réalisés jusqu'à présent", a déclaré après la réunion l'ambassadeur du Gabon, Michel Xavier Biang, qui s'est exprimé aussi au nom du Ghana et du Kenya, tous membres non permanents du Conseil de sécurité.

Au nom de la Russie, l'ambassadeur russe adjoint à l'ONU, Dmitry Polyanskiy, a au contraire affirmé le soutien de son pays au nouvel exécutif choisi par le Parlement siégeant à l'Est du pays et réfuté par Tripoli. "C'est un pas important vers le règlement de la crise qui n'a que trop duré", a-t-il dit.

Emissaire africain?

Alors que le Conseil de sécurité doit prolonger fin avril la mission politique de l'ONU en Libye, une échéance qui coïncide avec une fin de contrat renouvelable pour Stephanie Williams, le diplomate russe a vivement insisté pour une nomination "la plus rapide possible" d'un nouvel émissaire de l'ONU.

Les Nations unies n'en ont plus depuis la démission en novembre du Slovaque Jan Kubis.

L'Union africaine va proposer dans la journée de mercredi au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qu'un Africain soit nommé émissaire, a appris l'AFP de source diplomatique. 

Cette position est soutenue au Conseil de sécurité par la Russie et la Chine, selon la même source s'exprimant sous couvert d'anonymat. Plusieurs noms de personnalités devraient ainsi être proposés au chef de l'ONU afin qu'il arrête son choix et le soumette au Conseil de sécurité.

La revendication d'avoir un Africain comme émissaire de l'ONU en Libye est ancienne. En 2020, l'Afrique avait ainsi proposé coup sur coup un Algérien et une Ghanéenne, mais ces propositions avaient été rejetées par les Etats-Unis.

Déjà minée par les divisions entre institutions concurrentes dans l'Est et l'Ouest, la Libye compte depuis début mars deux gouvernements rivaux, comme entre 2014 et 2021, alors en pleine guerre civile après le renversement du régime de Kadhafi.

Un gouvernement formé par l'ancien ministre de l'Intérieur Fathi Bachagha, approuvé par le Parlement siégeant dans l'Est, est en concurrence avec le cabinet en place dans la capitale Tripoli, issu des accords politiques parrainés par l'ONU et dirigé par Abdelhamid Dbeibah qui refuse de céder le pouvoir.


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.