L’art engagé de l’artiste Zoulikha Bouabdellah exposé à l’Institut du monde arabe

Zoulikha Bouabdellah, une artiste franco-algérienne qui présente ses oeuvres à l'IMA dans le cadre de l'exposition Algérie mon amour. (Photo fournie).
Zoulikha Bouabdellah, une artiste franco-algérienne qui présente ses oeuvres à l'IMA dans le cadre de l'exposition Algérie mon amour. (Photo fournie).
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Publié le Jeudi 24 mars 2022

L’art engagé de l’artiste Zoulikha Bouabdellah exposé à l’Institut du monde arabe

  • Zoulikha Bouabdellah, artiste franco-algérienne, présente ses œuvres dans le cadre de l’exposition «Algérie mon amour» qui se tient du 18 mars au 31 juillet 2022
  • Son but est de transmettre et de traduire, par le langage plastique, le récit des mobilités contemporaines qui mettent les cultures et les populations en contact

PARIS: Zoulikha Bouabdellah est une artiste franco-algérienne. Elle présente ses œuvres dans le cadre de l’exposition «Algérie mon amour» qui se tient du 18 mars au 31 juillet 2022 à l’Institut du monde arabe (IMA).

Nous avons rencontré la créatrice à l’occasion du vernissage. «Algérie mon amour» met en lumière une collection exceptionnelle d’art moderne et contemporain d’Algérie et de la diaspora. Zoulikha Bouabdellah, plasticienne et vidéaste, adepte de la «soft transgression», a répondu aux questions d’Arab News en français, qui portent sur son parcours, sur ses inspirations et sur ses œuvres.

Cette artiste a exposé dans de prestigieux musées et galeries et a remporté plusieurs prix pour ses recherches et ses réalisations.

Elle grandit à Alger, dans un milieu où règne l’art et la culture. À 16 ans, devant la menace que représente le terrorisme islamiste pendant la décennie noire, elle s’installe à Paris avec sa famille.

«Je suis très heureuse d’être présente à cette exposition qui rend hommage à l’Algérie, aux “artistes de la fraternité”, comme le dit le collectionneur Claude Lemand, qui a réuni pour cet événement les créateurs algériens, et de montrer que ce sont des artistes du passage, du lien entre l’Algérie et la France, entre les cultures et les idées», confie Zoulikha Bouabdellah à Arab News en français.

 

L’artiste travaille entre la France et le Maghreb. Sa volonté est de mettre en commun leurs singularités et leurs différences culturelles, et de les partager. «Enfant, j’ai côtoyé les œuvres dans le Musée des beaux-arts [d’Alger], l’un des plus grands musées d’Afrique. À travers mon regard d’enfant, j’observais les œuvres de l’art européen, de l’école italienne et de l’école hollandaise ainsi que de nombreuses sculptures. J’ai la certitude d’avoir nourri mon regard de ces œuvres. Il ressurgit, malgré moi, dans mon travail d’aujourd’hui», nous révèle-t-elle.

Ses œuvres se font l’écho de ses préoccupations politiques et sociales et de sa position de passeuse entre les mondes dans lesquels elle évolue. Lorsqu’elle évoque son héritage culturel arabo-musulman, à travers l’usage de la calligraphie ou encore l’art décoratif arabe, Zoulikha Bouabdellah ne le fait pas dans une logique de repli identitaire. Tout au contraire, son but est de transmettre et de traduire, par le langage plastique, le récit des mobilités contemporaines qui mettent les cultures et les populations en contact.

«L’art de Zoulikha Bouabdellah est un moyen non neutre de parler de notre monde, d’en contester certains aspects, de vouloir le transformer. Un art transgressif que l’on perçoit notamment à travers les œuvres qui dénoncent des situations longtemps tenues pour normatives, comme la question du genre ou la place dévolue aux femmes dans l’ordre patriarcal dominant», précise le document qui présente les artistes de cette exposition.

 

Hommage à Gustave Courbet

Dans Le Sommeil, composé de dessins, une laque rouge est présente sur huit papiers. Cette œuvre témoigne de l’attention que porte l’artiste à l’histoire de l’art européen. Interrogée par Arab News en français sur la conception de cette création et sur ses sources d’inspiration, Zoulikha Bouabdellah explique qu’elle constitue un hommage à Gustave Courbet. «J’admire l’œuvre de ce peintre, et en particulier sa modernité: Courbet s’est donné le droit d’évoquer des sujets qui étaient tabous à son époque. J’ai trouvé intéressant de revenir sur ce sujet qui concerne le corps. J’ai dépouillé les modèles des tableaux de leurs chairs, je me suis arrêtée aux traits, à leurs silhouettes», nous confie l’artiste.

En effet, ajoute-t-elle, le pouvoir du trait dans le traitement plastique, c’est quelque chose qui n’appartient pas au corps. «Cela représente le pouvoir qu’a l’artiste d’utiliser le tracé», explique-t-elle. «J’ai essayé de faire un lien, de faire que se rencontrent le pouvoir de l’artiste et le pouvoir des corps de ces deux femmes, pour qu’ils soient ensemble dans le même espace, ce qui peut induire tout un discours sur la question de la liberté, celle des choix personnels – tous ces questionnements qui sont toujours d’actualité», souligne la plasticienne.

«Le choix de la matière – en l’occurrence le vernis à ongles –, très connotée, renvoie à la superficialité de la femme; elle la réduit à un objet de mode dénué d’intérêt. Or, cette matière est intéressante, parce qu’elle sa texture, par sa lourdeur, détient une forme de puissance. Elle permet la coulure, que l’on peut interpréter comme la passion, le sang qui coule. En utilisant cette matière, je voulais combiner ces sujets forts», conclut-elle.


The Voice France: Marilyne Naaman, l'étoile montante de la scène artistique franco-libanaise

Marilyne Naaman participant à l'émission The Voice France (Photo, @instagram Marilyne Naaman).
Marilyne Naaman participant à l'émission The Voice France (Photo, @instagram Marilyne Naaman).
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  • Marilyne Naaman a su conquérir les cœurs du public et des jurés lors de son passage dans l'émission de télévision The Voice France ce samedi 25 mars sur TF1
  • Les internautes ont été nombreux à partager des extraits de sa prestation

CASABLANCA: La jeune chanteuse et actrice libanaise Marilyne Naaman a su conquérir les cœurs du public et des jurés lors de son passage dans l'émission de télévision The Voice France ce samedi 25 mars sur TF1.

Âgée de 24 ans, elle a interprété la chanson française "Je suis malade" de Serge Lama avec une touche orientale qui a séduit l'ensemble des membres du jury. 

Marilyne Naaman, déjà bien connue dans son pays natal pour ses talents de comédienne et de chanteuse, avait pour ambition de se faire connaître en France comme artiste complète aux influences musicales orientales et occidentales.

Virale

Après sa performance unanimement saluée sur le plateau de The Voice France, Marilyne Naaman a été largement relayée sur les réseaux sociaux. Les internautes ont été nombreux à partager des extraits de sa prestation, témoignant ainsi de leur admiration pour sa voix cristalline et sa capacité à transmettre de l'émotion à travers l’épure de son timbre vocal. Les membres du jury, également, n’ont pas été avare d’éloges et ont unanimement salué la qualité de sa prestation.

Sur les planches, face caméra, du théâtre à la scène

Le parcours de Marilyne Naaman est marqué par son amour pour la musique et le théâtre. Née au Liban, elle a commencé à chanter dès son plus jeune âge, avant de se lancer dans une carrière d'actrice en France., avant de jouer dans plusieurs autres productions libanaises.

Dans un entretien accordé à nos confrères de TF1, elle a confié : "Je viens de débuter ma carrière d'actrice en France avec le film La Nuit du verre d'eau de de Carlos Chahine. Je considère vraiment la France comme mon deuxième pays. Alors, j'ai tout naturellement eu envie de participer à The Voice ici pour qu'on me connaisse aussi en tant que chanteuse car je chante depuis que je suis toute petite." 

En 2023, elle franchit une nouvelle étape en participant à The Voice France, où elle souhaite mettre en avant sa double culture orientale et occidentale. Son interprétation de "Je suis malade" de Serge Lama lors des auditions à l'aveugle a séduit les membres du jury, en particulier Vianney, qui est devenu son coach. 

Avec sa voix douce et puissante, Marilyne Naaman compte bien conquérir le public français et faire découvrir son univers musical singulier, mêlant les sonorités orientales et françaises.

 


Au Soudan, le «doux-amer», la boisson préférée du ramadan

Au Soudan, le «doux-amer» est une récompense rafraîchissante qui se mérite (Photo, capture d'écran/AFP).
Au Soudan, le «doux-amer» est une récompense rafraîchissante qui se mérite (Photo, capture d'écran/AFP).
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  • Plusieurs semaines avant le ramadan, il faut planter puis récolter du maïs, le faire sécher au soleil, puis le moudre avant de le mélanger à des épices comme du fenugrec, du cumin ou même de l'hibiscus
  • Le mélange macère ensuite plusieurs jours avec du sucre et de l'eau avant de passer par l'épreuve du feu

OUM ECHER: Quand Wissal étale l'épaisse pâte marron sur sa plaque au-dessus du feu, difficile d'imaginer qu'elle sera bientôt une boisson du ramadan. Au Soudan, le "doux-amer" est une récompense rafraîchissante qui se mérite.

Au milieu de femmes aux longs voiles bariolés et de leurs enfants dans son village d'Oum Echer, qui borde Khartoum au sud, Wissal Abdelghani étale avec une petite planche de bois son épais mélange sur une plaque de fer posée à même un feu de bois.

Bientôt il deviendra le "helou mor", le doux-amer en arabe, un breuvage qui n'existe qu'au Soudan et seulement pendant le mois de jeûne musulman.

"On a hérité le doux-amer de nos mères et de nos grand-mères, c'est une boisson incontournable, sans lui, c'est comme si notre table était vide", affirme cette Soudanaise de 43 ans, le corps drapé dans un grand voile orange.

Avant chaque ramadan, "on réunit nos soeurs et nos amies et on le fait ensemble avant de le partager entre nous", raconte-t-elle à l'AFP.

Ailleurs, dans les villes, "il y a des femmes qui ne le font pas, mais elles doivent quand même l'offrir au dîner, donc elles l'achètent tout fait".

Car le doux-amer demande du temps. Plusieurs semaines avant le ramadan, il faut planter puis récolter du maïs, le faire sécher au soleil, puis le moudre avant de le mélanger à des épices comme du fenugrec, du cumin ou même de l'hibiscus – l'autre boisson emblématique du Soudan.

Le mélange macère ensuite plusieurs jours avec du sucre et de l'eau avant de passer par l'épreuve du feu.

Sur la plaque de Wissal, la fine pellicule désormais couleur cuir est prête: la mère de famille aux traits fins la décolle comme une grande crêpe carrée avant de la plier plusieurs fois.

Une fois refroidie, elle la plonge dans l'eau fraîche. Après une nouvelle macération, elle donne une boisson foncée qui rafraîchira les jeûneurs au moment du coucher du soleil.

Apaiser sa soif et se rafraîchir est une gageure au Soudan, l'un des pays les plus chauds au monde – à la fin du siècle, selon l'ONU, Khartoum figurera parmi les cinq villes africaines où la chaleur sera la plus mortelle.

Sûrement le signe que le "doux-amer" fait l'unanimité au Soudan, même l'ambassade américaine s'est récemment vantée sur Twitter d'avoir organisé sa propre "Journée de fabrication du helou mor".

Avec photos à l'appui de diplomates maniant la spatule en bois et la plaque en fer sur les braises ou sirotant le produit final.

Car, affirme Wissal, même pour ceux qui ne connaissent pas la recette ou l'histoire du doux-amer, "il suffit de sentir ses effluves sortir de chez nous pour savoir que le ramadan est là".


Egypte: 2 000 têtes de béliers momifiées découvertes dans le temple de Ramsès II

Cette photo publiée par le ministère égyptien des Antiquités le 25 mars 2023 montre des têtes de bélier momifiées découvertes lors de récentes fouilles au temple de Ramsès II à Abydos. (Photo, AFP)
Cette photo publiée par le ministère égyptien des Antiquités le 25 mars 2023 montre des têtes de bélier momifiées découvertes lors de récentes fouilles au temple de Ramsès II à Abydos. (Photo, AFP)
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  • Des momies de brebis, de chiens, de chèvres, de vaches, de gazelle et de mangoustes ont été également exhumées par une équipe d'archéologues américains de l'Université de New York
  • Les autorités égyptiennes annoncent régulièrement des découvertes archéologiques ces derniers temps, qualifiés par certains experts d'effets d'annonce ayant une portée politique et économique plus que scientifique

LE CAIRE: Plus de 2.000 têtes de béliers momifiées datant de l'ère ptolémaïque ont été découvertes dans le temple de Ramsès II, dans la cité antique d'Abydos, dans le sud de l'Egypte, ont annoncé dimanche les autorités.

Des momies de brebis, de chiens, de chèvres, de vaches, de gazelle et de mangoustes ont été également exhumées par une équipe d'archéologues américains de l'Université de New York sur ce site célèbre pour ses temples et ses nécropoles, a annoncé le ministère des Antiquités et du Tourisme dans un communiqué.

Selon le directeur du Conseil suprême des Antiquités, Mostafa Waziri, ces découvertes vont permettre d'en savoir plus sur le temple de Ramsès II et les activités qui s'y déroulaient entre sa construction sous la sixième dynastie de l'Ancien Empire (entre 2.374 et 2.140 av. J.-C.) et la période ptolémaïque (323 à 30 avant J.-C.).

Pour le professeur Sameh Iskandar, à la tête de la mission américaine et cité dans le même communiqué, ces têtes de béliers sont "des offrandes", indiquant "un culte à Ramsès II célébré 1 000 ans après sa mort".

Outre les restes d'animaux momifiés, l'équipe a découvert les restes d'un palais aux murs d'environ cinq mètres d'épaisseur datant de la sixième dynastie, ainsi que plusieurs statues, des papyrus, des restes d'arbres anciens, des vêtements en cuir et des chaussures.

A 550 km au sud du Caire et célèbre dans l'antiquité pour avoir abrité le tombeau d'Osiris, le dieu des morts, le site prédynastique d'Abydos est connu pour ses temples, notamment celui de Séti 1er et ses nécropoles.

Les autorités égyptiennes annoncent régulièrement des découvertes archéologiques ces derniers temps, qualifiés par certains experts d'effets d'annonce ayant une portée politique et économique plus que scientifique.

Car le pays de près de 105 millions d'habitants en grave crise économique compte sur le tourisme, qui emploie deux millions de personnes et génère plus de 10% du PIB, pour redresser ses finances: son gouvernement vise 30 millions de touristes par an d'ici 2028, contre 13 millions avant le Covid-19.

Nombre de critiques évoquent cependant l'état de délabrement de certains sites archéologiques et musées.