Les investisseurs font les frais des décisions judiciaires ciblant les banques libanaises

Une femme passe devant une succursale de Creditbank à Beyrouth, au Liban, le 17 mars 2022. (Reuters)
Une femme passe devant une succursale de Creditbank à Beyrouth, au Liban, le 17 mars 2022. (Reuters)
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Publié le Vendredi 18 mars 2022

Les investisseurs font les frais des décisions judiciaires ciblant les banques libanaises

  • Le secteur bancaire s'insurge contre des «mesures arbitraires» après l’interdiction de voyager qui touche le patron de Creditbank
  • Le Premier ministre libanais s'inquiète des «procédures judiciaires irrationnelles»

BEYROUTH: Un juge libanais a émis une interdiction de voyager à l'encontre du président de Creditbank, Tarek Khalife, et il a gelé les actifs de la banque, y compris les propriétés et les véhicules, dans le cadre d'une enquête sur un blanchiment d'argent présumé.
La juge Ghada Aoun, procureure du Mont-Liban, a émis cette ordonnance après l’action en justice d’activistes contre plusieurs banques libanaises.
Creditbank est le sixième prêteur contre lequel Ghada Aoun prend des mesures après Bank of Beirut, SGBL (Société générale de banque au Liban, NDLR), Bankmed, Bank Audi et Blom Bank.
C'est la deuxième mesure judiciaire prise en vingt-quatre heures contre des banques au Liban.
Plus tôt, la juge Miriana Anani, chef du département de l'exécution à Beyrouth, a saisi toutes les actions, les propriétés et les actifs de l'une des plus grandes banques du Liban, Fransabank.
Les actifs seront vendus aux enchères si la banque ne restitue pas un dépôt appartenant à Ayad Garbawy Ibrahim, un ressortissant égyptien qui compte parmi les centaines de déposants qui ne peuvent accéder à leurs fonds à la Fransabank.
Ibrahim a engagé une action en justice contre la banque pour récupérer les 35 000 dollars (1 dollar = 0,90 euro) qu'il réclame.
Jeudi dernier, la juge Aoun a également émis un mandat d'arrêt à l'encontre de Raja Salamé, frère du gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, à la suite d'une enquête.
Le groupe d'activistes Pioneers of Truth («Pionniers de la vérité») déclare que Salamé a été arrêté sur la base d'une plainte déposée il y a dix jours qui l’accusait de blanchiment d'argent par le biais de sociétés-écrans.
Les procédures judiciaires ont provoqué la colère du secteur bancaire, et l'Association des banques devrait discuter d'une action de grève lors d'une assemblée générale vendredi.
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, qualifie les décisions des juges de «procédures judiciaires arbitraires et irrationnelles».
«Avec tout le respect dû au pouvoir judiciaire, l’impression générale qui se dégage est que certains des événements ne sont pas conformes aux normes judiciaires», déclare-t-il.
«Les droits des déposants sont notre priorité. Cependant, les droits judiciaires et les questions liées aux banques sont abordés de manière abusive et dangereuse, ce qui pourrait saper la confiance qui subsiste dans le système bancaire.»
Mikati affirme également: «Les déposants vont, une fois de plus, payer le prix, et je crains que les choses ne s'aggravent si les failles ne sont pas traitées.»
Tandis que la crise financière du Liban s'aggrave, on déplore l'absence de toute réforme pour y remédier.
Les banques ont continué à saisir les fonds des déposants en dollars et à empêcher les transferts; le Liban a cessé de payer toutes les euro-obligations qui arrivaient à échéance. Cependant, l'Association des banques déclare qu'elle rejette «les actions illégales et les pratiques abusives à leur encontre».
L'association avertit que «la poursuite des mesures arbitraires et illégales à l'encontre des banques porte préjudice au secteur bancaire et que les intérêts des déposants sont les plus touchés, notamment à la lumière des répercussions négatives de leurs relations avec les correspondants bancaires étrangers.»
Elle décrit ces mesures comme «le coup porté au reste de l'économie libanaise».
Selon les experts, la saisie des actifs de la Fransabank pourrait avoir des répercussions sur toutes les banques.
«Malheureusement, la victime de ce qui se passe est le déposant», regrette le Dr Walid Abousleiman, expert financier, à Arab News.
Les décisions judiciaires, si elles sont appliquées par les banques, «entraîneront la confiscation des fonds des déposants autorisés par la banque», poursuit-il.
Il fait savoir que le comité de supervision bancaire doit agir équitablement avec les déposants, précisant qu’il est nécessaire que les banques s'adressent aux déposants et les rassurent au sujet de leurs dépôts.
Abousleiman appelle à la fin des «fausses promesses et des slogans vagues», ajoutant: «Les dépôts sont confisqués, le contrôle des capitaux n'a pas été approuvé et les fonds de retrait du FMI ne sont pas clairs.»
Charles Arbid, chef du Conseil économique et social du Liban, soutient l'appel lancé aux banques pour qu'elles «s'ouvrent à leurs déposants au sujet de leurs dépôts et élaborent une feuille de route pour que leur restitution soit mise en œuvre».
Il affirme que le silence des banques est inacceptable. «L'obstination est blessante et irresponsable. Une compréhension juste et équilibrée est nécessaire.»
Dans sa déclaration, l'Association des déposants déclare que «les banques ne restitueront pas les dépôts de manière cordiale; il n’existe pas d'autre choix que de se tourner vers le système judiciaire et de saisir les biens des banques qui ont humilié et volé les déposants pendant deux ans».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Soudan: le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à cesser les combats «immédiatement»

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
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  • Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions
  • "Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire

GENEVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher.

"Nous ne pouvons rester silencieux face à cette nouvelle catastrophe", a déclaré Volker Türk dans un communiqué. "Ces combats doivent cesser immédiatement et l’aide humanitaire vitale doit parvenir aux personnes menacées de famine".

Les combats se sont intensifiés cette semaine dans la région du Kordofan, dans le sud du Soudan riche en pétrole, l'armée cherchant à repousser les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) loin de l'axe routier vital reliant la capitale Khartoum au Darfour.

Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions sommaires".

Et il affirme avoir relevé "des cas de représailles, de détentions arbitraires, d'enlèvements, de violences sexuelles et de recrutements forcés, y compris d'enfants".

"Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire, en référence aux exactions commises par les FSR après la prise fin octobre de la dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait à leur contrôle.

"Nous ne devons pas permettre que le Kordofan devienne un autre El-Facher", a insisté M. Türk.

Dans son communiqué, le Haut-Commissariat rapporte que le 3 novembre dernier, un drone des FSR avait frappé une tente où des personnes en deuil étaient rassemblées à El Obeid, dans le Kordofan du Nord, tuant 45 personnes, principalement des femmes.

Il indique aussi que le 29 novembre, une frappe aérienne des Forces armées soudanaises (SAF) à Kauda, dans le Kordofan du Sud, aurait fait au moins 48 morts, pour la plupart des civils.

Selon l'organisation, "de violents combats se poursuivent depuis dans les trois États du Kordofan". "La situation humanitaire est catastrophique : la famine est confirmée à Kadugli et un risque de famine persiste à Dilling", ajoute le Haut-Commissariat, affirmant que "toutes les parties entravent l’accès et les opérations humanitaires".

"Nous ne pouvons (...) laisser d’autres Soudanais devenir victimes de terribles violations des droits de l’homme. Nous devons agir", a insisté M. Türk.

Depuis avril 2023, les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.

 


Les dirigeants du CCG réaffirment le lien de «sécurité indivisible» lors du sommet de Bahreïn

Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG. (SPA)
Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG. (SPA)
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  • Toute atteinte à la souveraineté d'un État membre est considérée comme une menace pour la sécurité collective
  • Les pays soulignent l'objectif d'un Moyen-Orient exempt d'armes nucléaires

LONDRES: Les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe ont réaffirmé leur lien de sécurité indivisible, enraciné dans une foi, une lignée et une langue communes, ainsi que dans une destinée partagée, à l'issue de la 46e session du Conseil suprême au palais d'Al-Sakhir, à Bahreïn.

Les délégués ont déclaré que la sécurité des États du CCG était indivisible et que toute atteinte à la souveraineté d'un État membre constituait une menace directe pour leur sécurité collective.

"Respecter la souveraineté des États du CCG et de tous les pays de la région, ne pas s'ingérer dans leurs affaires intérieures et rejeter le recours à la force ou à la menace d'y recourir", ont-ils déclaré dans un communiqué.

Le secrétaire du CCG, Jasem Mohamed Albudaiwi, a déclaré que les États du Golfe étaient unis dans leur soutien au Qatar à la suite des attaques distinctes lancées cette année contre ce pays par l'Iran et Israël dans le cadre du conflit à Gaza.

L'attaque de missiles iraniens visant la base aérienne américaine d'Al-Udeid en juin était "une agression rejetée, une violation claire de sa souveraineté, de son espace aérien et des principes de bon voisinage", a-t-il déclaré.

En septembre, Israël a lancé une attaque aérienne contre des figures du Hamas à Doha, qui a fait six morts, dont un citoyen qatari.

"L'agression israélienne brutale (...) représente une attaque flagrante contre les efforts internationaux visant à obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages", a déclaré M. Albudaiwi.

Les dirigeants du Golfe ont salué les résultats du sommet de la paix de Charm el-Cheikh en octobre et les efforts internationaux visant à mettre fin à la guerre de Gaza, à faciliter l'aide humanitaire et à soutenir un État palestinien indépendant le long des frontières d'avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à la solution à deux États et à l'initiative de paix arabe.

Ils ont déclaré que leur objectif était de consolider une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient, tout en s'efforçant de résoudre les conflits régionaux et internationaux par des moyens pacifiques.

M. Albudaiwi a félicité l'Arabie saoudite et la France d'avoir coprésidé une conférence organisée en septembre à New York, qui a abouti à la reconnaissance du statut d'État palestinien par plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie. Il a également salué les efforts constants du Qatar, de l'Égypte et de la Turquie pour faciliter les discussions qui ont abouti à l'accord de Gaza.


Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG et a coprésidé la quatrième réunion du Conseil de coordination saoudo-bahreïnien.

Le roi de Bahreïn, Hamad bin Isa bin Salman Al-Khalifa, a déclaré que le sommet avait abordé des questions régionales et diverses méthodes pour renforcer la solidarité et l'intégration du CCG.

L'émir du Koweït, Cheikh Mishal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, a déclaré que le CCG avait surmonté des circonstances régionales et internationales complexes et a réitéré la condamnation par le CCG de l'agression israélienne contre le Qatar.

Les dirigeants ont insisté sur l'objectif consistant à débarrasser le Moyen-Orient des armes nucléaires et des armes de destruction massive. Ils ont souligné les efforts déployés par les forces navales conjointes basées à Bahreïn pour renforcer la sécurité énergétique, protéger la navigation maritime et préserver le commerce international.

Ils ont également souligné la nécessité de satisfaire aux exigences du marché commun et de l'union douanière du CCG, de stimuler le commerce et le tourisme et d'investir dans des domaines clés tels que les infrastructures, les transports, l'énergie, les communications, l'eau et l'alimentation.

Les dirigeants ont accueilli le premier ministre italien, Giorgia Meloni, qui a participé au sommet en tant qu'invitée d'honneur.

Le CCG a été créé en 1981 et se compose de six membres : Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Oman, Bahreïn, Qatar et Koweït. Son siège est situé à Riyad.


Yémen: les marins d'un navire coulé par les Houthis libérés 

Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts. (AFP)
Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts. (AFP)
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  • "L'équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate"
  • Dix membres ont quitté l'aéroport mercredi après-midi, a-t-elle précisé plus tard sur le réseau social X

SANAA: Les membres d'équipage d'un cargo coulé par les rebelles yéménites houthis en juillet ont été libérés, a annoncé mercredi un média de ces insurgés, ajoutant qu'ils avaient été transportés par avion de Sanaa à Mascate, la capitale omanaise.

"L'équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate", a déclaré la chaîne de télévision rebelle Al-Massirah.

Dix membres ont quitté l'aéroport mercredi après-midi, a-t-elle précisé plus tard sur le réseau social X.

Des images de la chaîne Oman TV ont ensuite montré les marins arriver à Mascate, où ils ont été reçus par des responsables omanais et philippins.

Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts.

Un responsable houthi a indiqué à l'AFP que la remise en liberté de l'équipage faisait partie d'un accord conclu avec Oman, visant à rapatrier 35 Yéménites, "des malades et des blessés" qui se trouvent "bloqués à l'étranger".

"Ils seront remis à Sanaa" et en échange, les marins du navire doivent être "remis à la partie omanaise", a expliqué cette source sécuritaire, sous couvert d'anonymat.

L'Eternity C, battant pavillon libérien, avait été coulé en juillet dernier en mer Rouge.

Les Houthis avaient publié à l'époque une vidéo de l'attaque, en déclarant avoir "sauvé" un nombre non précisé de marins et les avoir transférés en lieu sûr.

Après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis pro-iraniens, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des attaques contre des navires qu'ils estimaient liés à Israël.

Ils n'ont revendiqué aucune attaque de ce type depuis la trêve conclue à Gaza en octobre.