Un chef de l'ONU hors champ face à la guerre russo-ukrainienne

«Guterres est assez affecté, c'est son cauchemar», décrypte un ambassadeur sous couvert d'anonymat. (Photo, AFP)
«Guterres est assez affecté, c'est son cauchemar», décrypte un ambassadeur sous couvert d'anonymat. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 20 mars 2022

Un chef de l'ONU hors champ face à la guerre russo-ukrainienne

  • Resté silencieux face au long déploiement militaire russe aux portes de l'Ukraine, l'ex-Premier ministre portugais disait encore, peu avant l'invasion, être «convaincu» que le pire n'arriverait pas.
  • Déjà «très pessimiste» fin 2021 sur l'avenir du monde, Antonio Guterres, 73 ans le 30 avril, l'est encore davantage aujourd'hui

NATIONS UNIES : En mars 2020, le chef de l'ONU, Antonio Guterres, s'était montré percutant et très présent au début de la pandémie de Covid-19. Deux ans plus tard, il semble hors champ et désarmé face à la guerre menée par la Russie en Ukraine.

"Il est très perturbé", confirme un haut fonctionnaire onusien demandant l'anonymat. Resté silencieux face au long déploiement militaire russe aux portes de l'Ukraine, l'ex-Premier ministre portugais disait encore, peu avant l'invasion, être "convaincu" que le pire n'arriverait pas.

Le 23 février, lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité à New York, le secrétaire général de l'ONU supplie: "M. Poutine, n'envahissez pas". A la fin de cette session surréaliste au cours de laquelle les chars russes sont entrés en Ukraine, il implore: "M. Poutine, retirez vos troupes!"

Déjà "très pessimiste" fin 2021 sur l'avenir du monde, Antonio Guterres, 73 ans le 30 avril, l'est encore davantage aujourd'hui avec une "guerre insensée" au coeur de son continent d'origine, l'Europe, ajoute le même fonctionnaire.

"Guterres est assez affecté, c'est son cauchemar", décrypte un ambassadeur sous couvert d'anonymat.

Selon plusieurs diplomates, celui qui a permis "à l'ONU de survivre à quatre ans de Trump" et a enchainé avec la pandémie fait mouche en dénonçant rapidement une violation par la Russie de la Charte des Nations Unies qui interdit "l'emploi de la force (...) contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout Etat" (article 2).

Même si les pays baltes et l'Ukraine "trouvent qu’il devrait taper plus fort, avoir un langage beaucoup plus clair, offensif", dit un diplomate demandant à ne pas être identifié.

Grâce à son argument légal, lors d'un "vote historique" le 2 mars, 141 pays sur 193 membres condamnent la Russie à l'Assemblée générale de l'ONU. En quittant l'hémicycle, Antonio Guterres trébuche et tombe, sans conséquences, comme le signe annonciateur de difficultés insolubles.

La principale est un refus catégorique du maître du Kremlin de tout contact avec l'ONU sur l'Ukraine. Poutine était à quelques mètres de Guterres à Pékin lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques mais les deux responsables ne se sont pas parlé pour une raison inconnue. 

"Poutine n'est pas content" de sa réaction à l'invasion, confie le même ambassadeur.

«Style téléphone»

Coupé de Moscou, Guterres replonge dans la discrétion au risque d'être critiqué. Désemparé, un membre de son entourage dit "croiser les doigts" pour qu'un évènement extérieur arrête la guerre... 

Et si le chef des Nations Unies "se réveillait avant que le film ne s'achève?", ironise Bertrand Badie, professeur de relations internationales à Paris. "Où est Guterres?", renchérit l'historien Stephen Schlesinger à New York, dans une tribune pour le média Passblue spécialisé sur l'ONU. "Jusqu'à présent, il n'a réalisé aucune percée vers un arrêt de la guerre", déplore cet expert.

Envisage-t-il d'aller en Ukraine alors qu'il n'a échangé qu'une seule fois depuis l'invasion du 24 février avec le président Volodymyr Zelensky?

"Le système des Nations Unies dans son ensemble, le secrétariat et ceux qui relèvent du secrétaire général sont en première ligne", répond son porte-parole, Stéphane Dujarric. Il est focalisé "sur la diplomatie", "l'aide humanitaire" et alerte sur "l'impact global de cette crise" dans le monde, précise-t-il.

Antonio Guterres "n'est pas un gesticulateur", fait valoir le haut fonctionnaire. Sa personnalité, c'est "un style téléphone", insiste-t-il, en soulignant la difficulté pour un patron de l'ONU d'interagir dans un conflit impliquant les deux premières puissances militaires, la Russie et les Etats-Unis.

Lorsqu'il "faudra renouer les fils du dialogue, trouver une solution, le secrétaire général pourra jouer un rôle de médiateur", veut croire un ambassadeur. Il a aussi l'occasion dès maintenant d'aiguiller la redéfinition d'un ordre mondial.

Après la guerre, "l'ordre international - en particulier l'ONU - sera confronté à de sérieuses questions quant à savoir s'il reste adapté à son objectif", estime Ashish Pradhan, du centre de réflexion International Crisis Group.

Selon lui, "les implications pour le Conseil de sécurité, par exemple, risquent d'être assez graves" si l'impasse qui s'y développe perdure.

Lors d’un discours le 10 mars, Antonio Guterres a reconnu que la guerre en Ukraine ramenait le monde "à la promesse fondatrice de la Charte des Nations Unies: préserver les générations futures du fléau de la guerre".

"Nous avons un important travail à faire pour améliorer la gouvernance mondiale" et "si nous n’agissons pas, ce sont peut-être nos enfants, ou leurs enfants, qui seront obligés de reconstruire l’ordre international au lendemain d’une catastrophe", a-t-il mis en garde.


Trump assure que l'économie va décoller mais reconnaît un risque de récession

Des camions transportant des conteneurs sont vus au port de Los Angeles le 30 avril 2025 dans le quartier de San Pedro à Los Angeles, en Californie. Dans le port de Los Angeles, la valse des grues déchargeant les conteneurs acheminés d'Asie par d'immenses navires s'est déréglée ces derniers jours : ce baromètre de l'économie américaine tourne au ralenti en raison de la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump. (AFP)
Des camions transportant des conteneurs sont vus au port de Los Angeles le 30 avril 2025 dans le quartier de San Pedro à Los Angeles, en Californie. Dans le port de Los Angeles, la valse des grues déchargeant les conteneurs acheminés d'Asie par d'immenses navires s'est déréglée ces derniers jours : ce baromètre de l'économie américaine tourne au ralenti en raison de la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump. (AFP)
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  • Donald Trump a assuré vendredi que ses choix politiques allaient, au bout du compte, doper l'économie américaine, tout en reconnaissant l’existence d'un risque de récession dans un premier temps
  • Le produit intérieur brut des Etats-Unis s'est contracté au premier trimestre 2025 (-0,3% en rythme annualisé), pour les débuts du second mandat du président

WASHINGTON: Donald Trump a assuré vendredi que ses choix politiques allaient, au bout du compte, doper l'économie américaine, tout en reconnaissant l’existence d'un risque de récession dans un premier temps.

Le produit intérieur brut des Etats-Unis s'est contracté au premier trimestre 2025 (-0,3% en rythme annualisé), pour les débuts du second mandat du président, selon des chiffres publiés mercredi.

"C'est une période de transition, et je pense que ça va super bien se passer", a déclaré Donald Trump à la chaîne NBC News, selon un extrait diffusé vendredi d'un entretien à paraître entièrement dimanche.

Interrogé sur le risque d'une récession aux Etats-Unis, le président américain a répondu que "tout peut se passer."

"Mais je pense que nous allons avoir la plus grande économie de l'histoire de notre pays. Je pense que nous allons observer le plus grand boom économique de l'histoire", a-t-il déclaré à NBC.

Le milliardaire républicain a déclenché une guerre commerciale en imposant d'importants droits de douane à de très nombreux pays, faisant initialement chuter les cours à Wall Street.

Mais les marchés ont terminé vendredi la semaine en hausse après des chiffres de l'emploi meilleurs qu'attendu.


Vatican: la cheminée sur la chapelle Sixtine installée en vue du conclave

Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
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  • Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans
  • À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle

CITE DU VATICAN: Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai, a constaté une journaliste de l'AFP.

À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle. La cheminée, visible depuis la place Saint-Pierre, émet alors une fumée noire si aucun pape n'a été élu, ou une fumée blanche en cas d'élection, par ajout de produits chimiques.

Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans.

Les 133 "Princes de l'Eglise" âgés de moins de 80 ans et donc habilités à élire son successeur - il y en a 135 mais deux se sont fait porter pâle - se réuniront à partir du 7 mai pour commencer à voter en secret, au cours d'un processus qui devrait durer plusieurs jours.

Le premier jour, ils voteront une fois, puis deux fois le matin et deux fois l'après-midi.

Pour qu'un cardinal soit élu, il doit obtenir la majorité des deux tiers requise, soit au moins 89 voix.

Si aucun candidat n'obtient suffisamment de voix lors du premier vote du matin, les cardinaux procéderont à un second vote, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'il y aura de la fumée.

Il en va de même pour la session de l'après-midi : si un pape est élu lors du premier vote, il y aura de la fumée blanche, mais si ce n'est pas le cas, les cardinaux procéderont à un second vote sans brûler les bulletins.

Après trois journées sans résultat, le scrutin est interrompu pour une journée de prières. Puis d'autres séries de scrutins sont organisées jusqu'à l'élection définitive.


Washington condamne les violences contre les Druzes en Syrie

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, rencontre d'autres diplomates au siège des Nations Unies à New York, le 29 avril 2025. (Getty Images via AFP)
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, rencontre d'autres diplomates au siège des Nations Unies à New York, le 29 avril 2025. (Getty Images via AFP)
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  • Vendredi dernier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a hissé le drapeau de son nouveau pays au siège des Nations unies, marquant ainsi un nouveau chapitre après le renversement, en décembre, de Bachar al-Assadr
  • Les Etats-Unis ont confirmé par ailleurs jeudi avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne et ont appelé les autorités intérimaires à prendre des mesures contre le sectarisme, alors que la minorité druze est victime d'une flambée de violence

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont condamné jeudi les violences contre la communauté druze en Syrie, parlant d'actes "répréhensibles et inacceptables".

"Les violences récentes et la rhétorique incendiaire visant les membres de la communauté druze en Syrie sont répréhensibles et inacceptables", a déclaré Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat, dans un communiqué.

"Les autorités intérimaires doivent faire cesser les combats, tenir les auteurs de violences et de dommages aux civils responsables de leurs actes et assurer la sécurité de tous les Syriens", a-t-elle ajouté.

Le plus influent chef religieux druze en Syrie s'en est pris au pouvoir du président Ahmad al-Chareh jeudi, dénonçant une "campagne génocidaire" contre sa communauté, après que des affrontements confessionnels ont fait plus de 100 morts en début de semaine selon une ONG.

Les Etats-Unis ont confirmé par ailleurs jeudi avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne et ont appelé les autorités intérimaires à prendre des mesures contre le sectarisme, alors que la minorité druze est victime d'une flambée de violence.

Vendredi dernier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a hissé le drapeau de son nouveau pays au siège des Nations unies, marquant ainsi un nouveau chapitre après le renversement, en décembre, du dirigeant de longue date Bachar al-Assad.

La porte-parole du département d'Etat a confirmé que des représentants américains avaient rencontré la délégation syrienne à New York mardi.

Elle a indiqué que les Etats-Unis ont exhorté les autorités post-Assad à "choisir des politiques qui renforcent la stabilité", sans fournir d'évaluation sur les progrès accomplis.