La tournée caribéenne du prince William confronte la monarchie à son passé

Sur cette photo d'archive prise le 20 mars 2022, le prince William, duc de Cambridge, et Catherine, duchesse de Cambridge, sourient à leur arrivée à Hopkins Village, au Belize. (AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 20 mars 2022, le prince William, duc de Cambridge, et Catherine, duchesse de Cambridge, sourient à leur arrivée à Hopkins Village, au Belize. (AFP)
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Publié le Samedi 26 mars 2022

La tournée caribéenne du prince William confronte la monarchie à son passé

  • Les critiques qui entourent la visite princière aux Caraïbes illustrent le récent travail d'introspection du Royaume-Uni sur son passé colonial
  • Le rôle joué par la monarchie britannique dans le commerce d'esclaves remonte au XVIe siècle, quand la reine Elizabeth Ière avait financé un des grands esclavagistes de l'époque, John Hawkins

LONDRES: L'événement devait célébrer l'attachement de la monarchie britannique aux anciennes colonies, à l'occasion des 70 ans de règne d'Elizabeth II. La tournée du prince William aux Caraïbes a donné lieu à une confrontation difficile, signe des difficultés attendant la royauté.


Au Belize, en Jamaïque et aux Bahamas, trois pays indépendants membres du Commonwealth dont Elizabeth II est la cheffe d'Etat, le prince de 39 ans et son épouse Kate ont été appelés à s'excuser pour le passé esclavagiste du Royaume-Uni. Manifestations et velléités de couper le cordon ont souvent éclipsé les belles images et articles élogieux marquant généralement les déplacements du couple adoré des Britanniques et de leurs redoutables tabloïds.


La famille royale britannique a bénéficié "du sang, de la sueur et des larmes" des esclaves, a ainsi affirmé le Comité national de réparations des Bahamas, appelant à des dédommagements après que les territoires et peuples colonisés ont été "pillés" pendant des siècles.


De son côté, le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness a estimé "inévitable" la transition de son pays vers un régime républicain, comme l'a fait la Barbade en novembre dernier.


Selon le poète et militant rastafari jamaïcain Mutabaruka, l'indépendance permettrait de changer la façon dont le peuple "se perçoit lui-même". "Ca ne va pas changer le prix de la nourriture mais ça a des implications psychologiques dans les esprits et la conscience du peuple", a-t-il affirmé au journal The Jamaican Observer.


"La reine Elizabeth est la reine d'Angleterre, pas de la Jamaïque. Elle devrait rester en Angleterre", abonde Tameka Thomas, vendeuse rencontrée par l'AFP en marge de la visite princière.

Pas d'excuses 
Ces revendications semblent annoncer des temps difficiles pour la monarchie, surtout quand Charles deviendra roi à la mort d'Elizabeth II, bientôt 96 ans, très populaire et très attachée au Commonwealth.


Le rôle joué par la monarchie britannique dans le commerce d'esclaves remonte au XVIe siècle, quand la reine Elizabeth Ière avait financé un des grands esclavagistes de l'époque, John Hawkins. 


Au XVIIe siècle, le roi Charles II avait encouragé le commerce esclavagiste, investissant des fonds privés dans la Compagnie royale d'Afrique, qui a transporté des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants d'un côté à l'autre de l'Atlantique dans des conditions inhumaines.


Plus tard, le futur roi William IV tentera de s'opposer au mouvement abolitionniste. En vain. Le commerce transatlantique des esclaves est interdit en 1807 au Royaume-Uni, en 1833 dans tous les territoires britanniques.


Si elle est revenue ces dernières années sur son passé esclavagiste, Charles qualifiant l'esclavage de "terrible atrocité" et son fils William exprimant cette semaine sa "profonde tristesse", la famille royale n'a formellement prononcé aucune excuse.


Les critiques qui entourent la visite princière aux Caraïbes illustrent le récent travail d'introspection du Royaume-Uni sur son passé colonial, dans la foulée du mouvement Black Lives Matter. Les appels à retirer les statues et les monuments de personnages historiques liés à l'esclavage et au racisme s'y sont multipliés, donnant lieu à des débats parfois difficiles.

«Inégalité, pauvreté, héritage»
Pour Olivette Otele, professeure d'histoire et de mémoire de l'esclavage à l'université de Bristol, les manifestations aux Caraïbes étaient prévisibles, surtout après le scandale ces dernières années concernant le sort de la "génération Windrush" venue aider à la reconstruction du Royaume-Uni après la Seconde Guerre mondiale. 


Ces dizaines de milliers d'immigrés caribéens arrivés légalement avaient ensuite été privés de droits, voire renvoyés faute de documents nécessaires. 


"Les excuses n'ont jamais été suffisantes", affirme la professeure Otele. "Elles sont une étape importante (...) mais de nos jours, les gens veulent plus. Ils veulent du changement".


"Si le but de la visite est de garder ces pays (sous la couronne britannique) et de garder la reine à la tête de ces Etats, (la famille royale) n'a peut-être pas compris que le débat est plus large ici", affirme-t-elle. "Il s'agit d'inégalité, de pauvreté et d'héritage du passé".


A l'approche des festivités prévues en juin au Royaume-Uni pour célébrer les 70 ans de règne d'Elizabeth II, elle avertit: "Aussi magnifique que le jubilé soit (au Royaume-Uni), il semble gênant d'attendre que les gens le célèbrent sans regarder ce qui se passe là-bas".


Le prince William n'est en tout cas pas resté à l'écart du débat, vendredi, lors d'une réception à Nassau. "L'an prochain, je sais que vous êtes tous impatients de célébrer les 50 ans de votre indépendance - vos noces d'or. Et avec la Jamaïque qui célèbre cette année ses 60 ans d'indépéndance et le Belize qui a fêté l'an dernier ses 40 ans d'indépendance, je veux vous dire ceci: nous soutenons avec fierté et respect vos décisions concernant votre avenir. Les relations évoluent. L'amitié demeure", a-t-il déclaré.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.