Dans un Liban en crise, la viande rouge rayée du menu

Sur cette photo d'archives prise le 24 janvier 2019, un chat fixe de la viande suspendue dans la vitrine d'un réfrigérateur d'une boucherie à Beyrouth, la capitale du Liban. (AFP)
Sur cette photo d'archives prise le 24 janvier 2019, un chat fixe de la viande suspendue dans la vitrine d'un réfrigérateur d'une boucherie à Beyrouth, la capitale du Liban. (AFP)
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Publié le Dimanche 27 mars 2022

Dans un Liban en crise, la viande rouge rayée du menu

  • Après la levée des subventions sur certains aliments importés, la demande pour la viande rouge a baissé, explique M. Fahed, les ventes dans les grandes surfaces diminuant même d'environ 70%
  • La monnaie locale a perdu près de 90% de sa valeur et le salaire minimum mensuel, de 675 000 livres libanaises, ne vaut guère plus de 30 dollars (environ 27 euros) au marché noir

BEYROUTH: Layla Ibrahim a choisi de réduire drastiquement sa consommation de viande, non par souhait de devenir végétarienne, mais à cause de la flambée des prix dans un Liban en pleine crise économique.

"Je mangeais de la viande rouge, du poulet ou du poisson tous les jours... mais le prix de ces aliments est devenu exorbitant," explique Mme Ibrahim, 44 ans.

"On a réduit notre consommation de viande rouge à une fois par semaine, en pratique je suis presque devenue végétarienne," ajoute-t-elle.

Le Liban est en proie depuis 2019 à une une crise économique inédite, qualifiée par la Banque mondiale comme l'une des pires de l'Histoire moderne.

La monnaie locale a perdu près de 90% de sa valeur et le salaire minimum mensuel, de 675 000 livres libanaises, ne vaut guère plus de 30 dollars (environ 27 euros) au marché noir. 

Environ 80% de la population au Liban vit désormais en dessous du seuil de pauvreté de l'ONU.

Sur fond d'une inflation galopante, les prix de la viande rouge australienne et sud-américaine ont plus que quintuplé. 

"On consomme de petites quantités de viande hachée dans les farces ou les ragoûts," explique Mme Ibrahim. "Même le barbecue du dimanche en famille a été annulé," regrette cette mère de deux enfants.

Les Libanais doivent ainsi trouver une substitution à la viande rouge, aliment principal de nombreux plats libanais.

Substitution 
"Les consommateurs remplacent la viande rouge par des alternatives moins chères, comme le poulet ou les légumineuses", explique Nabil Fahed, président du syndicat des propriétaires de supermarchés au Liban.


Le prix moyen d'un kilogramme de poulet est de 120 000 livres libanaises (environ 4,5 euros) et celui d'un filet de bœuf coûte environ 300 000 livres (environ 13,7 euros), presque la moitié du salaire minimum mensuel.

Après la levée des subventions sur certains aliments importés, la demande pour la viande rouge a baissé, explique M. Fahed, les ventes dans les grandes surfaces diminuant même d'environ 70%.


Cette tendance est encore plus importante dans les marchés populaires et les petits commerces fréquentés par des personnes aux revenus modestes, remarque M. Fahed.

Et en raison des hausses du prix de l'électricité, le coût du stockage ne cesse d'augmenter. Les importateurs doivent s'abonner à des générateurs privés pour garder les réfrigérateurs en marche, ce qui affecte la demande de viande.

Le gouvernement libanais peine à financer l'importation de carburant nécessaire pour alimenter ses centrales électriques, les coupures dépassant 22 heures par jour dans la plupart des régions. 

«Importée en dollars»
Selon Imad Harrouk, directeur de Fed Distribution, entreprise importatrice de viande, beaucoup de consommateurs achètent désormais de la viande au besoin.

"Même ceux qui ont les moyens n'achètent plus autant qu'avant", ajoute-t-il.

L'aversion croissante pour la viande a également touché les restaurants qui ont perdu leurs clients principaux, issus de la classe moyenne, selon le président du syndicat des restaurateurs, Tony Al-Rami.

"Seuls 5% des gens peuvent se permettre de garder la même habitude de consommation qu'avant", déclare à l'AFP, M. Al-Rami.

Du côté de la restauration rapide, la viande rouge du sandwich "shawarma" - équivalent arabe du kebab - a été boudée au profit du poulet, moins cher, selon lui.

"La crise économique ainsi que la crise sanitaire du Covid-19 ont mené à une baisse drastique des ventes sur la totalité du menu, surtout les plats avec de la viande", dit Hala Jebai, directrice du département service client chez Kababji, réputé au Liban pour ses kebabs.

"Le prix de la viande que nous proposons est devenu très élevé (...) car nous l'importons et la payons en dollars", ajoute-t-elle.

"Les bouchers se contentent d'abattre un seul veau par jour, au lieu de deux ou trois", explique Nancy Awada, inspectrice alimentaire travaillant pour la municipalité de Beyrouth.

Conséquence indirecte de cette tendance, malgré l'absence d'amélioration des conditions sanitaires, "le nombre de plaintes relatives à la qualité de la viande a diminué de 75%", ajoute Mme Awada.


Monnaie numérique, IA et santé mentale au programme de l’Open Forum Riyadh

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
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  • Cet événement se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale
  • «Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions»

LONDRES: L'Open Forum Riyadh, une série de tables rondes publiques qui se tiendront dans la capitale saoudienne dimanche et lundi, «mettra l’accent sur les défis et les opportunités au niveau mondial», selon les organisateurs.

Cet événement, fruit d’une collaboration entre le Forum économique mondial (WEF) et le ministère saoudien de l’Économie et de la Planification, se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale, la croissance et l’énergie pour le développement, qui aura lieu à Riyad les 28 et 29 avril.

«Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions, favorisant l’échange de connaissances et d’idées innovantes», affirme dans un communiqué de presse Faisal F. Alibrahim, ministre saoudien de l’Économie et de la Planification. Ce dernier précise que l’organisation de l’Open Forum de cette année à Riyad «témoigne de l’influence et du rôle croissants de la ville sur la scène internationale».

Le forum est ouvert au public et «vise à faciliter le dialogue entre les leaders éclairés et le grand public sur une série de sujets, notamment les défis environnementaux, la santé mentale, les monnaies numériques, l’intelligence artificielle [IA], le rôle des arts dans la société, l’entrepreneuriat moderne et les villes intelligentes», indique un communiqué.

Au programme, des tables rondes qui portent sur l’impact des monnaies numériques au Moyen-Orient, sur le rôle de la culture dans la diplomatie publique, sur le développement urbain pour les villes intelligentes ainsi que sur les actions qui ont pour objectif d’améliorer le bien-être mental dans le monde.

L’Open Forum, qui a lieu chaque année, a été créé en 2003 dans le but de permettre à un public plus large de participer aux activités du WEF. Il a été organisé dans plusieurs pays, dont le Cambodge, l’Inde, la Jordanie et le Vietnam.

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes.

Parmi les intervenants de cette année figurent Yazid A. al-Humied, gouverneur adjoint et responsable des investissements dans la région Mena au Fonds public d’investissement saoudien (PIF), la princesse Rima bent Bandar al-Saoud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis, et la princesse Beatrice, fondatrice du Big Change Charitable Trust et membre de la famille royale britannique.

Michèle Mischler, responsable des affaires publiques suisses et de la durabilité au WEF, a fait savoir dans un communiqué de presse que la participation du public aux tables rondes de l’Open Forum «favorise la diversité des points de vue, enrichit le dialogue mondial et renforce les solutions collectives pour un avenir plus inclusif et durable».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le FMI ouvre son premier bureau dans la région Mena à Riyad

Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
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  • Ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication
  • Il permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes

RIYAD: Le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert son premier bureau dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) à Riyad.

Le bureau a été inauguré lors de la Conférence régionale conjointe sur les politiques industrielles de diversification, organisée conjointement par le FMI et le ministère des Finances le 24 avril.

Selon l’agence de presse saoudienne (SPA), ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication afin de favoriser la stabilité, la croissance et l’intégration régionale, promouvant ainsi les partenariats au Moyen-Orient et au-delà.

En outre, le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes, indique la SPA. Cette dernière indique que le FMI a remercié l’Arabie saoudite de sa contribution financière visant à renforcer le développement des capacités dans ses États membres, y compris les pays fragiles.

Abdoul Aziz Wane, chef de mission chevronné du FMI qui a une connaissance approfondie de l’institution et dispose d’un vaste réseau de décideurs et d’universitaires dans le monde entier, sera le premier directeur du bureau de Riyad.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'UE impose des règles renforcées au champion chinois du prêt à porter Shein

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
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  • L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes
  • Shein revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée

BRUXELLES: Bruxelles a ajouté vendredi le champion du prêt-à-porter bon marché Shein à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes pour "protéger les consommateurs contre les contenus illégaux", a annoncé la Commission européenne dans un communiqué.

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. Elle revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée.

Ces entreprises doivent notamment analyser les risques liés à leurs services en matière de diffusion de contenus ou produits illégaux et mettre en place les moyens pour les atténuer. Cette analyse doit faire l'objet d'un rapport annuel remis à la Commission européenne qui assume désormais un rôle de gendarme du numérique dans l'UE.

"Des mesures devront être mises en œuvre pour protéger les consommateurs contre l'achat de produits dangereux ou illégaux, en mettant particulièrement l'accent sur la prévention de la vente et de la distribution de produits qui pourraient être nocifs pour les mineurs", a expliqué la Commission.

Les très grandes plateformes doivent aussi fournir au régulateur un accès à leurs algorithmes pour que le respect du règlement puisse être contrôlé. Elles doivent se soumettre une fois par an à un audit externe indépendant, à leurs propres frais.

Ces obligations s'appliqueront à Shein à partir de fin août.

Les contrevenants aux règles peuvent se voir infliger des amendes jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires annuel mondial, voire une interdiction d'opérer en Europe en cas de violations graves et répétées.

Réagissant à sa désignation comme très grande plateforme vendredi, Shein a affirmé sa volonté de se conformer aux règles européennes. "Nous partageons l'ambition de la Commission de faire en sorte que les consommateurs de l'UE puissent faire leurs achats en ligne en toute sérénité et nous nous engageons à jouer notre rôle", a déclaré Leonard Lin, responsable mondial des affaires publiques du groupe.

Les très grandes plateformes concernées par les contrôles européens renforcés incluent aussi le géant du commerce en ligne Amazon et son concurrent AliExpress, filiale du géant chinois Alibaba.

Une autre application chinoise de e-commerce, Temu, devrait s'ajouter prochainement à cette liste après avoir annoncé en avril qu'elle comptait environ 75 millions d'utilisateurs mensuels dans l'Union européenne.

Le DSA a montré son efficacité cette semaine en imposant à TikTok de suspendre dans l'UE la fonctionnalité de sa nouvelle application TikTok Lite qui récompense les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans.

La Commission craignait des risques d'addiction, notamment pour les adolescents, et a ouvert une enquête. Elle soupçonne le réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, de ne pas avoir conduit l'analyse obligatoire des risques, en particulier pour la santé mentale des utilisateurs.

Toujours dans le cadre du DSA, Bruxelles a aussi ouvert en décembre une enquête visant le réseau social X pour des manquements présumés aux obligations de modération des contenus.