Le pouvoir d'achat, un argument de choix pour les syndicats d'agents publics

Des manifestants tiennent des drapeaux du syndicat Solidaires Fonction publique alors qu'ils participent à une manifestation d'agents des finances publiques contre les projets du gouvernement concernant leur administration, le 14 mars 2019, près du ministère français de l'Économie et des Finances, à Paris. (AFP)
Des manifestants tiennent des drapeaux du syndicat Solidaires Fonction publique alors qu'ils participent à une manifestation d'agents des finances publiques contre les projets du gouvernement concernant leur administration, le 14 mars 2019, près du ministère français de l'Économie et des Finances, à Paris. (AFP)
Short Url
Publié le Lundi 28 mars 2022

Le pouvoir d'achat, un argument de choix pour les syndicats d'agents publics

  • Le premier syndicat de la fonction publique milite pour que la valeur du point d'indice progresse exactement au même rythme que l'inflation, via des mécanismes d'indexation automatique
  • En s'engageant à procéder au dégel «avant l'été» - mais après l'élection présidentielle - la ministre Amélie de Montchalin a dégainé une mesure générale que le gouvernement refusait d'envisager jusque-là.

PARIS: Quelle ampleur pour l'augmentation générale du traitement des agents publics ? Pour peser sur le montant de la revalorisation promise "avant l'été", des syndicats tentent de calculer la perte de pouvoir d'achat subie depuis plusieurs années.


Un plongeon de 21% du pouvoir d'achat depuis 2000, calcule la CGT Fonction publique. Un revenu arbitrable toujours inférieur à son niveau de la fin des années 2000, ajoute la CFDT. Une rémunération rognée de 5 384 euros chaque année depuis 1995 pour les agents les moins bien payés, assène Solidaires Fonction publique.


Les estimations datent pour certaines de quelques mois, mais elles ont été remises au goût du jour par la récente annonce du dégel de la valeur du point d'indice, le chiffre qui sert à calculer la rémunération des 5,7 millions d'agents publics.


En s'engageant à procéder au dégel "avant l'été" - mais après l'élection présidentielle - la ministre Amélie de Montchalin a dégainé une mesure générale que le gouvernement refusait d'envisager jusque-là.


"Mais nous devons calibrer (son) montant lors d’une concertation avec les organisations syndicales et les employeurs — État, collectivités, hôpitaux — qui financent", a-t-elle précisé.


De quoi inciter les syndicats à sortir leur calculette pour étayer leurs demandes de revalorisation.

«Donner une idée»
Solidaires propose depuis décembre un simulateur pour mesurer l’impact de l’inflation.


Son principe: l'agent renseigne son indice (l'échelon où il se situe dans la grille salariale de la fonction publique), et le simulateur calcule le traitement mensuel qu'il devrait toucher si l'inflation et la valeur du point d'indice avaient progressé à la même vitesse depuis 1995.


Un hypothétique traitement mensuel auquel l'agent soustrait sa rémunération réelle pour estimer sa perte de pouvoir d'achat. Verdict: les agents au plus faible indice "perdent" près de 449 euros par mois (5.384 euros par an).


Sauf que le calcul se fait à indice constant, alors que les agents progressent dans la grille salariale au cours de leur carrière.


Le simulateur est "grossier", reconnaît son concepteur Brendan Chabannes.


"L'enjeu est de donner aux personnels une estimation réaliste de la perte de traitement indiciaire", plutôt qu'un "chiffrage exact", ajoute-t-il.


Le simulateur appuie la demande d'une "augmentation plus que conséquente" portée par Solidaires.


"Rapporter l’évolution du point à l’inflation, c’est une information parmi d’autres dans le paysage", insiste Nicolas Carnot, directeur des études et synthèses économiques à l'Insee.


Loin du seul point d'indice, le pouvoir d'achat des agents publics dépend d'une foule d'autres facteurs, souligne-t-il: prestations sociales, revenus du conjoint, primes...


Mais établir un lien direct entre point d'indice et pouvoir d'achat permet de porter des revendications, explique Jean-Marc Canon de la CGT.

Bataille de chiffres 
Le premier syndicat de la fonction publique milite pour que la valeur du point d'indice progresse exactement au même rythme que l'inflation, via des mécanismes d'indexation automatique.


Pour mesurer l'évolution du pouvoir d'achat, la CGT met donc en regard la progression de la valeur du point depuis 2000 et celle de l'inflation. 


Résultat: un "décrochage" salarial de "21 à 22%", nettement plus spectaculaire que les 10% d'augmentation de la valeur du point revendiqués par la centrale de Montreuil.


Dans une récente note sur le pouvoir d'achat, la CFDT se base elle sur le revenu arbitrable pour jauger l'évolution du pouvoir d'achat des travailleurs du public comme du privé.


Cet indicateur, qui soustrait au revenu des ménages les dépenses contraintes (loyer, factures d'électricité), "a crû de 8% depuis 2000, mais n’a en 2020 toujours pas retrouvé son point maximum de 2010", constate la CFDT.


Là encore, le choix du revenu arbitrable permet d'exprimer "un ressenti supplémentaire", note Nicolas Carnot.


Dans cette bataille de chiffres, les employeurs publics ne sont pas en reste. Les collectivités ont récemment pointé la charge que représente la revalorisation du point d'indice dans leur budget.


"Une augmentation de seulement 1% du point d’indice coûtera 650 millions d’euros aux collectivités", assurent-elles.


Rassemblement à Paris en mémoire d'Aboubakar Cissé et contre l'islamophobie

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
Short Url
  • "Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deu
  • Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion

PARIS: Au moins un millier de personnes se sont rassemblées à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, un musulman tué la semaine dernière dans une mosquée du Gard, et dénoncer l'"islamophobie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré.

"Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deux poids deux mesures", commente Yasmina, 52 ans, fonctionnaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

"On arrive encore à dire que ce n'était pas un musulman qui était visé mais on ne va pas se mentir il n'y a que les musulmans en France qui fréquentent les mosquées. À un moment il faut poser les mots comme on le fait à juste titre contre l'antisémitisme, et appeler ça de l'islamophobie", a souligné Myriam, 30 ans, assistante dentaire, qui n'a pas souhaité non plus donner son nom.

Aboubakar Cissé, un jeune Malien, a été lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, où il était venu tôt comme chaque semaine pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.

Son assassin, un Français d'origine bosnienne de 21 ans, s'est rendu à la police italienne.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée juste après son meurtre, le suspect a insulté la religion de sa victime.

Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion.

Outre une marche blanche à La Grand-Combe, un rassemblement en mémoire de la victime et contre l'islamophobie a déjà été organisé dimanche à Paris et une manifestation s'est déroulée mardi à Lyon.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Short Url
  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir.