Combats au Nagorny Karabakh: Moscou réclame une application «stricte» de la trêve

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, recevant son homologue arménien, estime que les négociations d'une trêve humanitaire entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan n'ont « pas été vaines », alors que séparatistes arméniens et Azerbaïdjanais continuent de s'affronter dans le Nagorny Karabakh (Photo, AFP-TV)
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, recevant son homologue arménien, estime que les négociations d'une trêve humanitaire entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan n'ont « pas été vaines », alors que séparatistes arméniens et Azerbaïdjanais continuent de s'affronter dans le Nagorny Karabakh (Photo, AFP-TV)
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Publié le Mardi 13 octobre 2020

Combats au Nagorny Karabakh: Moscou réclame une application «stricte» de la trêve

  • La France a condamné la poursuite des violences, estimant « indispensable et urgent » que la trêve soit « strictement » respectée
  • La Turquie est en outre accusée d'avoir envoyé des combattants pro-turcs de Syrie se battre aux côtés des Azerbaïdjanais

STEPANAKERT : Séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh et armée azerbaïdjanaise s'affrontaient toujours lundi, en violation d'une trêve humanitaire négociée sous l'égide de la Russie, qui a appelé les belligérants à enfin respecter « strictement » le cessez-le-feu.

Le ministre arménien des Affaires étrangères était à Moscou lundi pour une rencontre avec le médiateur historique du conflit, le Groupe de Minsk de l'OSCE co-présidé par la Russie, la France et les Etats-Unis. Son homologue azerbaïdjanais avait participé à une réunion similaire la semaine passée à Genève (Suisse).

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, recevant son homologue arménien, a appelé à ce que la trêve censée être en vigueur depuis samedi midi soit « strictement observée par les deux parties ».

Malgré la poursuite des combats, il a néanmoins estimé que les « efforts n'étaient pas vains » et appelé à la création d'un mécanisme de vérification du respect du cessez-le-feu, alors que séparatistes et Azerbaïdjanais se rejettent la responsabilité des hostilités.

Des « consultations » sont en cours à ce sujet, selon le ministre arménien, notamment avec la Croix-Rouge. 

Les deux camps ont aussi échoué jusqu'ici à procéder aux échanges de prisonniers et de corps prévus par l'accord de trêve.

Malgré l'échec de près de trois décennies de médiation, les diplomates russes, américains et français en charge du dossier veulent convaincre Arméniens et Azerbaïdjanais de revenir aux négociations sur le statut du Nagorny Karabakh, et de mettre un terme aux combats en cours, les plus meurtriers depuis 1994.

La France a condamné la poursuite des violences, estimant « indispensable et urgent » que la trêve soit « strictement » respectée. La Turquie, soutien majeur de Bakou, a elle exhorté Moscou à convaincre l'Arménie de retirer ses troupes du Nagorny Karabakh, disputé depuis des décennies.

« C'est la guerre »

Depuis Stepanakert, capitale séparatiste, un journaliste pouvait entendre dans la matinée les tirs d'artillerie provenant du sud-ouest de la république autoproclamée. Mais contrairement aux nuits précédentes, la ville a été épargnée par les bombardements.

D'autres reporters, en Azerbaïdjan, entendaient eux le bruit sourd de l'artillerie depuis le district de Terter, situé au nord-est du Karabakh. Les bombardements ont commencé dans la matinée et se sont intensifiés en fin d'après-midi.

« Mon frère est là-bas, en train de combattre », a déclaré Sakhir Housseïnov, berçant son enfant dans un camp de réfugiés du côté azerbaïdjanais. « Je dis à mes enfants: c'est la guerre, les Arméniens nous bombardent. C'est pourquoi nos frères se battent et nos coeurs sont avec eux ».

Après l'Union européenne et le pape dimanche, l'Iran, pays frontalier des belligérants, a « regretté les violations du cessez-le-feu » et a appelé lundi « les deux parties à la retenue ».

Comme à leur habitude depuis la reprise des combats le 27 septembre, les belligérants se rejetaient la responsabilité des combats et revendiquaient des succès sur le champ de bataille, invérifiables de source indépendante. 

La réalité sur le terrain restait donc floue.

Le ministère de la Défense de l'Azerbaïdjan a affirmé lundi sur Twitter que les forces séparatistes bombardaient les districts de Goranboy, Terter et Agdam et qu'elles étaient « exténuées » et en retraite dans la région de Hadrout.

Le centre d'information du gouvernement arménien a lui assuré que l'armée azerbaïdjanaise avait été repoussée, et qu'elle a subi « de lourdes pertes humaines et en équipement militaire ».

500 morts

Le Nagorny Karabakh, territoire majoritairement peuplé d'Arméniens, a fait sécession de l'Azerbaïdjan, entraînant une guerre ayant fait 30.000 morts dans les années 1990. Bakou accuse depuis l'Arménie d'occuper son territoire, et les heurts armés y sont réguliers.

Les combats qui opposent depuis le 27 septembre les troupes séparatistes, soutenues par l'Arménie, et l'Azerbaïdjan sont cependant les plus graves depuis le cessez-le-feu de 1994. 

Près de 500 morts ont été comptabilisés, dont une soixantaine de civils, un bilan qui pourrait être en réalité bien plus lourd, l'Azerbaïdjan n'ayant pas révélé le nombre de ses militaires tués. 

L'Azerbaïdjan, qui a dépensé sans compter en armement ces dernières années et dispose du soutien de la Turquie, a prévenu que ses opérations militaires ne cesseront définitivement qu'en cas de retrait arménien du Nagorny Karabakh.

La crainte de la communauté internationale est de voir ce conflit s'internationaliser, Ankara encourageant Bakou à l'offensive et Moscou étant lié par un traité militaire à Erevan.

La Turquie est en outre accusée d'avoir envoyé des combattants pro-turcs de Syrie se battre aux côtés des Azerbaïdjanais, ce que Bakou dément.


Le président russe Vladimir Poutine reçoit le ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis 

Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis. (WAM)
Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis. (WAM)
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  • Les deux parties discutent d'initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police
  • Elles ont également examiné des initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police

DUBAI : Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur des Émirats arabes unis, lors d'une réunion officielle, a rapporté jeudi l'Agence de presse des Émirats.

Les deux parties ont discuté des relations bilatérales, soulignant leur engagement commun à promouvoir la paix et la coopération mondiale.

Elles ont également examiné des initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police, notamment les progrès réalisés dans le cadre du dialogue stratégique entre les services de police, les programmes de formation en matière de protection de l'enfance et d'autres efforts de collaboration.

Mohammed Ahmed Al-Jaber, ambassadeur des Émirats arabes unis auprès de la Fédération de Russie.


Ukraine: 7 morts après une frappe ukrainienne sur une ville occupée par Moscou

 Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local. (AFP)
Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local. (AFP)
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  • La ville d'Olechky, qui comptait environ 20.000 habitants avant l'offensive russe à grande échelle en Ukraine lancée en 2022, se trouve sur la rive orientale du fleuve Dnipro, qui est occupée dans ce secteur par Moscou
  • Elle est située à quelques kilomètres à l'est de Kherson, la capitale régionale, qui avait été également conquise par Moscou avant d'être reprise à l'automne 2022 par l'armée ukrainienne

MOSCOU: Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local.

"Vers 09H30, à Olechky, dans la zone du marché central, des soldats ukrainiens ont mené une frappe massive de drones (...) sur des civils. Beaucoup de gens se trouvaient au marché au moment de l'attaque", a affirmé sur Telegram Vladimir Saldo, le dirigeant régional nommé par Moscou.

"Selon des données préléminaires, il y a au moins sept morts et plus de 20 blessés", a-t-il ajouté.

Dans un message distinct, toujours sur Telegram, il a accusé l'armée ukrainienne d'avoir envoyé de nouveaux drones après la première vague de l'attaque pour "achever les survivants" sur place.

Il a publié une vidéo présumée des lieux de l'attaque, filmée depuis les airs et non authentifiée, montrant des volutes de fumée s'échappant de petits batîments.

La ville d'Olechky, qui comptait environ 20.000 habitants avant l'offensive russe à grande échelle en Ukraine lancée en 2022, se trouve sur la rive orientale du fleuve Dnipro, qui est occupée dans ce secteur par Moscou.

Elle est située à quelques kilomètres à l'est de Kherson, la capitale régionale, qui avait été également conquise par Moscou avant d'être reprise à l'automne 2022 par l'armée ukrainienne.

Le fleuve Dnipro marque dans cette zone la ligne de front et les attaques de drones, de part et d'autre, sont constantes et font très régulièrement des victimes civiles.


Vaste partenariat entre Washington et Kiev, attaque russe à Odessa

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky rencontre le président américain Donald Trump en marge des funérailles du pape François à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 26 avril 2025. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky rencontre le président américain Donald Trump en marge des funérailles du pape François à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 26 avril 2025. (AFP)
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  • Cet accord américano-ukrainien intervient en parallèle à de multiples tractations diplomatiques en cours pour trouver une issue au conflit, trois ans après son déclenchement par la Russie
  • La ministre ukrainienne de l'Economie, Ioulia Svyrydenko, qui a fait le déplacement à Washington pour signer le document, a estimé mercredi que le fonds créé avec les Etats-Unis "attirera des investissements mondiaux dans notre pays"

WASHINGTON: Les Etats-Unis et l'Ukraine ont signé à Washington un vaste partenariat mettant en place un fonds d'investissement pour la reconstruction de ce pays ravagé par la guerre et donnant aux Américains un accès à ses ressources naturelles, un accord qui a été suivi jeudi par une frappe russe meurtrière dans la ville méridionale d'Odessa.

Cet accord américano-ukrainien intervient en parallèle à de multiples tractations diplomatiques en cours pour trouver une issue au conflit, trois ans après son déclenchement par la Russie.

La ministre ukrainienne de l'Economie, Ioulia Svyrydenko, qui a fait le déplacement à Washington pour signer le document, a estimé mercredi que le fonds créé avec les Etats-Unis "attirera des investissements mondiaux dans notre pays".

L'accord avec Washington financera des "projets d'extraction de minerais, de pétrole et de gaz", a-t-elle précisé sur Facebook. Mais l'Ukraine "conserve l'entière propriété et le contrôle de ces ressources" y compris le sous-sol, et ce sera "l'Etat ukrainien qui détermine où et quoi extraire", a assuré la ministre.

Selon le Trésor américain, cet accord "reconnaît l'importante aide financière et matérielle que le peuple américain a fournie à la défense de l'Ukraine depuis l'invasion à grande échelle de la Russie" -- une expression très rarement utilisée par Washington depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.

"Très bonne chose" 

Les Etats-Unis ont fourni, sous le précédent gouvernement de Joe Biden, des dizaines de milliards de dollars d'aide à l'Ukraine.

Donald Trump "veut que les deux parties s'assoient à la table, maintenant, en montrant que les États-Unis ont un intérêt économique en Ukraine", a souligné le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent sur Fox News.

"C'est un signal pour les dirigeants russes. C'est aussi un signal pour le peuple américain que nous avons une chance de participer, d'obtenir (...) une compensation" pour les financements et armes fournies à l'Ukraine, a-t-il poursuivi.

Le projet d'accord a été depuis des semaines au coeur de tensions entre Kiev et Washington, dont le soutien est crucial pour l'Ukraine.

Une précédente mouture de ce texte aurait dû être signée lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février, mais son altercation inédite avec son homologue américain, sous les caméras, avait précipité son départ et annulé la signature de l'accord.

Une nouvelle version, proposée par Washington en mars, avait été jugée très défavorable par des députés ukrainiens et des médias.

Au fil des négociations, ce document a pu être transformé en une version plus acceptable pour Kiev, selon des responsables ukrainiens.

Un démocrate américain du Congrès, Gregory Meeks, a cependant dénoncé mercredi soir une "extorsion" de Donald Trump.

"Bel accord" 

"C'est vraiment un bel accord international équitable entre les gouvernements américain et ukrainien concernant des investissements communs dans le développement et la reconstruction de l'Ukraine", s'était félicité à la télévision nationale le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal avant l'annonce de la signature du texte.

"Aucune dette, aucune aide" accordée avant la signature "ne fait partie de cet accord", avait assuré Denys Chmygal.

Le document doit encore être ratifié par le Parlement ukrainien après sa signature.

Il ne semble pas comporter de garanties de sécurité américaines face à la Russie, pourtant demandées par l'Ukraine, un point sur lequel insistait Volodymyr Zelensky.

"Cet accord montre clairement à la Russie que l'administration Trump est engagée à un processus de paix centré sur une Ukraine libre, souveraine et prospère sur le long terme", écrit le secrétaire au Trésor Scott Bessent dans le communiqué.

Le texte met en place un "fonds d'investissement pour investir dans la reconstruction" de l'Ukraine, lequel fonds sera financé et géré à parts égales par Ukrainiens et Américains.

La quantité de richesses minières que renferme le sol ukrainien reste peu claire, la plupart de ces ressources étant inexploitées, difficiles à extraire ou de facto sous contrôle russe, car se trouvant dans des territoires occupés par l'armée russe.

"Désir de tuer" 

Cette dernière a tiré un drone sur une zone résidentielle à Odessa, dans le sud de l'Ukraine, tuant deux personnes et blessant cinq autres, a annoncé tôt jeudi le gouverneur de la région sur Telegram. Les services d'urgence ukrainiens ont dénoncé une "attaque russe massive".

Simultanément, des explosions ont été entendues dans un quartier de la ville de Soumy et des alertes anti-aériennes déclenchées, entre autres, dans les régions de Kiev, Kharkiv, Tcherniguiv, Soumy, Donetsk, Dnipropetrovsk, Zaporijjia.

A Odessa, une "attaque ennemie a endommagé, des immeubles résidentiels, des maisons, un supermarché, une école et des voitures", a annoncé sur son compte Telegram le gouverneur local Oleg Kiper, mentionnant deux personnes tuées et cinq autres blessées par une frappe de drone russe.

Le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermark, a appelé sur Telegram à pousser avec les Etats-Unis "pour un cessez-le-feu complet".

Le président russe Vladimir Poutine "aura constamment le désir de tuer, jusqu'à la fin de ses jours, mais la diplomatie couplée à des moyens économiques énergiques d'influence contraindront la Russie à arrêter la guerre", a écrit M. Iermark.