Dans les coulisses du travail diplomatique avec Estelle Pagnon-Pouille, épouse de l’ambassadeur de France

Estelle Pagnon-Pouille, épouse de l’ambassadeur de France en Arabie Saoudite (Photo, Arab News/ Sarah Sfeir).
Estelle Pagnon-Pouille, épouse de l’ambassadeur de France en Arabie Saoudite (Photo, Arab News/ Sarah Sfeir).
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Publié le Lundi 04 avril 2022

Dans les coulisses du travail diplomatique avec Estelle Pagnon-Pouille, épouse de l’ambassadeur de France

  • «C’est un pays avec des traditions qui sont différentes selon les régions. On n’a pas du tout les mêmes costumes et architectures d’une région à l’autre», explique Mme Pagnon-Pouille
  • «J’essaie, à mon échelle, de faire en sorte qu’il y ait une fluidité entre les relations diplomatiques», précise l’épouse de l’ambassadeur de France en Arabie saoudite

RIYAD: Le travail des diplomates et de leurs conjoints a pour objectif de préserver de bonnes relations professionnelles et amicales entre les pays. Abordant à la fois les relations bilatérales et les projets à venir, nous avons cette fois interrogé non pas l’ambassadeur, mais son épouse, Estelle Pagnon-Pouille, qui nous a révélé qu’elle avait tout de suite apprécié et aimé l’Arabie saoudite grâce à l’hospitalité du peuple saoudien, incarnée par ce petit café qui a des parfums différents selon les régions et que l’on sert avec des dattes.

Arab News en français a décidé, en effet, de se rendre dans les coulisses avec Mme Estelle Pagnon-Pouille. L’épouse de l’ambassadeur de France à Riyad nous a raconté comment elle avait fait la découverte de ce pays en rencontrant les Saoudiennes et les Saoudiens, en prenant connaissance des projets mis en place par la génération 2030 et, bien sûr, en voyageant dans plusieurs régions. «Un pays vraiment passionnant», nous confie-t-elle.

«C’est un pays avec des traditions qui sont différentes selon les régions. On n’a pas du tout les mêmes costumes et architectures d’une région à l’autre», nous explique-t-elle, ajoutant qu’il y a des choses tout à fait typiques, comme les hommes-fleurs de la région d’Asir. «Ce qui m’a impressionnée le plus, ce sont les paysages», raconte Mme Pagnon-Pouille. «Vous pouvez passer de la montagne au désert et à la mer. Vous avez donc à la fois des merveilles, comme ce joyau caché pendant longtemps, AlUla, où j’ai eu la chance d’aller trois fois. Vous découvrez les régions de Tabouk, qui sont montagneuses. Il y a un endroit où je dois me rendre aussi, où mon mari est allé l’année dernière, mais je n’étais pas disponible à ce moment-là, le Festival des roses à Taïf. Nous avons découvert récemment Hofuf et son lac Jaune, et puis la magnifique oasis, qui est une des plus anciennes et une des plus grandes au monde, Al-Hassa.»

Elle invite les touristes français à venir découvrir l’Arabie saoudite, qui offre une richesse culturelle, historique et paysagère. «C’est très important de changer son regard sur ce pays, où il y a des changements sociétaux énormes; il faut le découvrir pour connaître son patrimoine culturel et historique, et aussi cette hospitalité dont je parlais. Par ailleurs, beaucoup de Saoudiens voyagent à l’étranger. Ils adorent la France et je rencontre souvent des francophones ou des personnes qui souhaitent apprendre le français.»

Elle ne nous cache pas que sa région favorite est AlUla. «C’est une région un peu mystique, parce qu’on a l’impression que les montagnes incarnent des personnages qui veillent, justement, sur cette vallée. On a cette oasis, qui est luxuriante. Et puis, évidemment, on a tous ces projets qui sortent, avec les découvertes archéologiques qui ont été réalisées par de nombreuses équipes franco-saoudiennes depuis la mission de Laïla Nehmé (CNRS) à Hégra en 2002. Nous célébrons cette année les 20 ans de la coopération archéologique franco-saoudienne, et au cœur de cette collaboration se trouve aujourd’hui la région de AlUla, qui fait l’objet d’un partenariat exceptionnel entre la commission royale pour AlUla et AFALULA, l’agence française pour le développement d’AlUla.; donc on découvre ces civilisations qui ont disparu», nous explique-t-elle, ajoutant que les peuples lihyanites, dadanites et nabatéens qui ont vécu à AlUla révèlent ce qu’a toujours été l’Arabie, un lieu de contact et d’échange à la fois entre l’Asie, l’Afrique, le monde arabe et l’Occident. «On voit ces routes de caravanes qui se redessinent peu à peu et qui nous emmènent vers des lieux chargés d’histoire tels que Hégra».

Mme Pagnon-Pouille indique que l’ambassade de France en Arabie travaille sur une résidence des arts française « La Villa Hégra » couplée avec l’Alliance française qui va très prochainement se mettre en place et permettra l’éclosion de beaucoup de projets franco-saoudiens. «Si j’avais un autre métier, je rêverais de travailler avec la RCU (Royal Commission For AlUla, NDLR) dans le domaine de l’archéologie, de l’histoire – l’une de mes passions.»

Le travail diplomatique suppose une pratique de haut niveau de la gestion de son image, des relations personnelles, de la convivialité et de l’hospitalité. Concernant sa mission en tant qu’épouse d’ambassadeur, Mme Pagnon-Pouille nous confie qu’elle accompagne souvent son mari et participe à beaucoup de déjeuners, de dîners, et qu’elle participe à un grand nombre de réceptions et de concerts organisés à la résidence de France dans le cadre de la coopération bilatérale franco-saoudienne, avec notamment le service culturel de l’Ambassade de France.

«J’essaie, à mon échelle, de faire en sorte qu’il y ait une fluidité entre les relations diplomatiques. J’ai donc la chance de rencontrer beaucoup de Saoudiennes, mais aussi de Saoudiens, et j’apprécie fortement la mixité hommes-femmes qui a été mise en place depuis quelques années; on a l’impression que les choses ont toujours été comme ça», explique-t-elle.

 

Mme Pagnon-Pouille ajoute qu’elle fait partie du WHOM (Wives of Head of Mission), structure dans laquelle elle représente la France au sein du Groupe des épouses d’ambassadeurs. Cela lui permet de faire rayonner la France au niveau multilatéral. «Le WHOM a récemment organisé, à l’ambassade de l’Inde, avec la participation et le soutien de la plupart des épouses d’ambassadeurs, un événement pour la Journée des droits de la femme.» À cette occasion ont été mis en place «un débat sur la place des femmes saoudiennes sur le marché du travail» ainsi qu’une réflexion sur la manière dont «elles incarnent des modèles pour leurs compatriotes telles que Muneera Al-Dossary, directrice des investissements à HSBC et Présidente de la commission de la Capital Market Institution, Son altesse Princesse Reema AlRuwaysan (panellistes de l’évènement du 9 mars), Hoda Abdulrahman Alhelaissi, parfaitement francophone, membre du Majlis Al Shura (l’assemblée consultative d’Arabie Saoudite), avec un bazar, une exposition de peintures, un défilé de costumes, de danses et de chants multiculturels».

Une association a été créée en 2019 par de jeunes Saoudiens et de jeunes Français, «Génération 2030» (Generation2030.com), association d’amitié franco-saoudienne, à l'initiative de Yousef Alhammadi, de Timothée Dufour, de Soha Alharbi convaincus que les jeunes Saoudiens et Français ont énormément à partager et à construire ensemble, à mille lieues des clichés tenaces qui pèsent sur les deux nationalités.

Mme Pagnon-Pouille explique à Arab News en français les projets de coopération à tous les niveaux, par exemple entre des jeunes talents saoudiens et français qui coopèrent dans des domaines variés tels que le design, le sport, la musique, la gastronomie avec Mayada Badr. «[La collaboration] peut être sur le plan culturel, entrepreneurial et [sur le plan de] l’hospitalité… comme par exemple la collaboration entre la styliste saoudienne Shahd Alshehail et la styliste française Hanane Hotait. Nous avons aussi le jeune Saoudien Jameel Hareedi, qui a été formé par Cordon Bleu et qui est revenu ici ouvrir son restaurant. Il propose des plats très “fusion”. Donc beaucoup de choses se mettent en place, c’est extrêmement intéressant de voir tout ce qu’il y a à faire entre Saoudiens et Français», se réjouit-elle.

Au sujet de la situation des femmes en Arabie, l’épouse de l’ambassadeur de France note que les Saoudiennes se sont emparées de leurs droits et qu’elles font preuve d’une motivation intense. Elles se lancent dans l’entrepreneuriat, la finance, la culture, l’art et le cinéma. « Il faut voir ce magnifique film « The Perfect Candidate » (2019) de la réalisatrice saoudienne Haifaa Al-Mansour, où une femme médecin décide de devenir candidat aux élections municipales envers et contre tout, » nous dit-elle.

Mme Pagnon-Pouille donne aussi l’exemple de Noura Bin Saidan, qui, avec sa petite équipe, a créé plusieurs œuvres au Riyadh Boulevard. «Elles sont prêtes à s’engager dans de nombreux défis, et là on les voit dans tous les domaines, économique et politique – sur le plan économique je pense à Muneera al-Dossari; sur le plan diplomatique, on a la princesse Reema bent Bandar, qui est ambassadrice aux États-Unis, et son excellence la Princesse Haifa Al Mogrin, qui est ambassadrice à l’UNESCO. Donc, elles sont extrêmement actives et font porter la voix des femmes saoudiennes à tous les niveaux.»

Mme Pagnon-Pouille nous raconte en outre qu’elle a eu la chance d’accueillir trois artistes saoudiennes: Fatimah al-Nemer, Taghrid al-Bakchi et Najla al-Salim, qui ont exposé une quarantaine d’œuvres. «On voit que ces femmes sont effectivement très créatives et s’affirment. On a été tout à fait ravis de pouvoir accueillir de nombreuses personnes et de pouvoir montrer leurs œuvres, qui portaient sur la thématique du portrait, avec le titre: “Où qu’elles soient”.»

L’épouse de l’Ambassadeur de France évoque la visite d’Emmanuel Macron, durant laquelle le président français a lancé un certain nombre de projets, en cours ou à venir. «La visite du président de la république a permis un partenariat global dans tous les domaines, en particulier pour accompagner la Vision 2030: les nouvelles technologies, l’économie numérique, la transition écologique, les énergies renouvelables, mais aussi le tourisme, le sport, la culture, l’éducation, la santé. Les entreprises françaises sont plus que jamais prêtes à apporter leur excellence, leurs innovations, leurs savoir-faire en Arabie.»

Concernant ce qui lui manque le plus en France, Mme Pagnon-Pouille nous révèle que c’est surtout le théâtre à Paris. «J’aime beaucoup pouvoir aller régulièrement voir des pièces parisiennes qui sont aussi diffusées en province, dans certaines régions, comme la Bretagne… Nous avons pu voir une comédie musicale sur la vie d’Oum Kalthoum au Riyadh Boulevard qui était magnifique, avec du jeu théâtral, de la danse, des chants… C’était très agréable de voir cela ici, dans le cadre de cette Riyadh Season. On a eu une explosion d’initiatives culturelles de ce type. Donc les choses se mettent en place, [notamment] dans certains domaines qui n’étaient pas très représentés ici: la musique, le théâtre, et puis le cinéma.»

À la fin de notre rencontre, et avec le début de ce mois sacré, l’épouse de l’ambassadeur de France à Riyad a souhaité à tous les Saoudiens et aux musulmans «ramadan kareem» et que tout se passe bien pour eux; que ce soit un mois de spiritualité, d’échange et de partage».


Comment l’initiative diplomatique saoudo-française a rapproché la Palestine d’un pas vers la reconnaissance d’un État

Le résultat du vote sur une résolution approuvant la Déclaration de New York est affiché à l'écran lors de la deuxième séance plénière de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la question de la Palestine au siège de l'ONU à New York, le 12 septembre 2025. (Photo de l'ONU)
Le résultat du vote sur une résolution approuvant la Déclaration de New York est affiché à l'écran lors de la deuxième séance plénière de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la question de la Palestine au siège de l'ONU à New York, le 12 septembre 2025. (Photo de l'ONU)
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  • Les deux pays ont obtenu un large soutien à l’Assemblée générale de l’ONU : 142 nations ont approuvé leur déclaration en faveur de la solution à deux États
  • La Déclaration de New York, issue d’une conférence saoudo-française en juillet, exige un cessez-le-feu à Gaza, le désarmement du Hamas et la reconnaissance d’un État palestinien

DUBAÏ : Lors d’un vote historique vendredi, 142 pays ont soutenu une déclaration saoudo-française à l’Assemblée générale de l’ONU appelant à la création d’un État palestinien indépendant, signalant que l’offensive diplomatique menée par Riyad mobilise un consensus mondial sans précédent en faveur d’une solution à deux États pour résoudre un conflit vieux de plusieurs décennies.

Le vote en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », qui appelle à une solution à deux États sans implication du Hamas, représente une nouvelle étape dans la pression internationale croissante sur Israël pour qu’il mette fin à sa guerre à Gaza. Ce conflit a fait plus de 64 000 morts, selon les autorités sanitaires locales, des dizaines de milliers de blessés, et provoqué des conditions de famine dans un contexte de catastrophe humanitaire croissante.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré que l’adoption de la déclaration par l’Assemblée générale de l’ONU montre que la communauté internationale est en train de « tracer une voie irréversible vers la paix au Moyen-Orient ».

« Un autre avenir est possible. Deux peuples, deux États : Israël et Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité », a-t-il écrit vendredi dans un post sur X.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a salué l’adoption de la déclaration, affirmant qu’elle « confirme le consensus international pour avancer vers un avenir pacifique dans lequel le peuple palestinien obtient son droit légitime à établir un État indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale ».

La « Déclaration de New York », issue d’une conférence internationale organisée par l’Arabie saoudite et la France en juillet au siège de l’ONU, appelle à un cessez-le-feu à Gaza, à la libération de tous les otages, au désarmement du Hamas et au transfert de ses armes à l’Autorité palestinienne sous supervision internationale, ainsi qu’à la création d’un État palestinien indépendant.

Elle aborde également la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes, et propose le déploiement d’une « mission internationale temporaire de stabilisation » en Palestine, sous mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, afin de soutenir la population civile palestinienne et de transférer les responsabilités sécuritaires à l’Autorité palestinienne.

Ce vote ouvre désormais la voie à une conférence d’une journée à l’ONU sur la solution à deux États, coprésidée par Riyad et Paris, prévue pour le 22 septembre, au cours de laquelle plusieurs pays — dont la France, le Royaume-Uni, le Canada, la Belgique et l’Australie — se sont engagés à reconnaître formellement l’État de Palestine.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été adoptée vendredi avec un soutien massif : 142 pays ont voté pour, seuls 10, dont Israël et son principal allié, les États-Unis, ont voté contre, tandis que 12 nations se sont abstenues.

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La liste des nations qui ont voté en faveur de la résolution approuvant la Déclaration de New York est affichée à l'écran lors de la deuxième séance plénière de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la question de la Palestine au siège de l'ONU à New York, le 12 septembre 2025. (Photo de l'ONU)

La déclaration, qui incarne les efforts diplomatiques croissants de l’Arabie saoudite en faveur d’un État palestinien, avait déjà été approuvée par la Ligue arabe et cosignée en juillet par 17 États membres de l’ONU, dont plusieurs pays arabes.

Le résultat du vote de vendredi a été fermement condamné par les États-Unis et Israël. Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Oren Marmorstein, a qualifié l’adoption de la déclaration de « honteuse », affirmant que son pays la « rejette catégoriquement » et qualifiant l’Assemblée générale de l’ONU de « cirque politique déconnecté de la réalité ».

De même, Morgan Ortagus, vice-envoyée spéciale américaine pour le Moyen-Orient, a dénoncé l’action de l’Assemblée générale comme « une nouvelle opération de communication malavisée et mal chronométrée », accusant l’ONU de récompenser le Hamas et de saper les efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre à Gaza. Elle a ajouté que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé pour mettre un terme au conflit.

Le Hamas, de son côté, a déclaré qu’il refusait de déposer les armes tant qu’un État palestinien souverain ne serait pas établi.

Ces appels croissants en faveur d’un État palestinien interviennent alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou continue d’intensifier le conflit. Mardi, il a autorisé des frappes aériennes contre des cibles du Hamas au Qatar, lors d’une réunion examinant une proposition de cessez-le-feu américaine — une décision largement condamnée au Moyen-Orient et au-delà, pour avoir sapé les efforts de paix et violé la souveraineté du Qatar.

Sous son autorité, Israël poursuit une offensive militaire majeure à Gaza-ville, malgré l’indignation internationale. Jeudi, la veille du vote à l’ONU, Netanyahou a déclaré qu’« il n’y aura pas d’État palestinien », en signant un accord pour avancer sur le projet controversé d’expansion des colonies dans la zone E1, qui diviserait la Cisjordanie et compromettrait davantage la possibilité d’un État palestinien.

Des analystes ont averti que, bien que symbolique sans mesures concrètes immédiates, l’adoption de la déclaration à l’ONU représente une défaite diplomatique stratégique pour Israël, même si ce dernier revendique des victoires militaires.

Hani Nasira, écrivain, universitaire et analyste politique égyptien, estime que le large soutien à la déclaration reflète le rejet international croissant des pratiques du gouvernement d’extrême droite de Netanyahou, ainsi que l’embarras grandissant pour les États-Unis, son principal allié.

« Israël a perdu son image sur la scène internationale, et l’opposition au gouvernement Netanyahou s’est intensifiée tant à l’échelle mondiale qu’au sein même du pays. Ceux qui le soutiennent aujourd’hui se retrouvent dans une position profondément embarrassante », a déclaré Nasira à Arab News.

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Des Palestiniens déplacés évacuant la ville de Gaza vers le sud se déplacent à pied et en véhicule le long de la route côtière à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 13 septembre 2025. (AFP)

Il a déclaré que la décision de Netanyahou de persister dans cette voie semble intenable pour les citoyens israéliens, la région et le monde dans son ensemble.

« L’inquiétude aujourd’hui ne concerne pas seulement la Palestine, mais la menace s’est étendue à la sécurité du Golfe. Les dernières attaques ont compromis le rôle du Qatar comme médiateur et ébranlé l’image de Washington en tant qu’allié fiable » », a affirmé Nasira, avertissant que les actions d’Israël sont facteurs de déstabilisation régionale.

Si la création d’un État palestinien est considérée comme la solution, cette perspective reste hors de portée à court terme.

Nasira a souligné que l’agression continue d’Israël dans la région, le discours provocateur de Netanyahou, y compris sa vision d’un « Grand Israël », ainsi que les profondes divisions internes au sein des factions palestiniennes, constituent des obstacles majeurs au plan de paix.

Il a averti que la région se trouve à un « tournant » nécessitant l’exploration d’alternatives réalistes, « sans se laisser entraîner par l’extrémisme de Netanyahou, qui menace non seulement le processus de paix, mais toute la région ».

Nasira a conclu en affirmant que les violations commises par Israël à Gaza mettent en lumière la nécessité d’un ordre mondial multipolaire, plutôt qu’un ordre dominé par les États-Unis — en particulier sous une seconde présidence de Donald Trump.

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Des manifestants participent à une manifestation sur la "place des otages" à Tel Aviv le 13 septembre 2025, appelant Israël à un cessez-le-feu dans sa guerre contre Gaza afin de ne pas mettre en danger la vie des captifs encore aux mains des militants palestiniens. (AFP)

La lourde défaite diplomatique d’Israël à l’Assemblée générale de l’ONU reflète un net changement de ton de plusieurs pays européens à l’égard de sa conduite à Gaza et dans les territoires occupés.

Cinq pays européens, dont l’Espagne, les Pays-Bas et l’Irlande, ont désormais interdit toutes les importations en provenance des colonies israéliennes illégales, tandis que les institutions de l’UE appellent à la suspension de certaines parties de l’accord d’association UE-Israël et envisagent des sanctions.

La Slovénie, l’Allemagne et l’Espagne ont commencé à imposer un embargo sur les armes à destination d’Israël. Cette vague de soutien en faveur de la reconnaissance de la Palestine est également perçue comme un moyen d’accroître la pression sur Israël pour qu’il mette fin à sa guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023.

Nasira a déclaré que ce vote historique reflète aussi l’influence diplomatique croissante de l’Arabie saoudite, tant sur le plan régional qu’international, en particulier concernant la cause palestinienne.

« L’influence de l’Arabie saoudite repose sur son statut mondial, sa puissance économique, son symbolisme islamique, la notoriété du prince héritier Mohammed ben Salmane sur la scène internationale, ainsi que sur une diplomatie équilibrée et efficace du Royaume, qui résonne au niveau régional et international », a déclaré Nasira à Arab News.

Les efforts diplomatiques du Royaume ont été salués par les observateurs et analystes pour avoir relancé l’élan mondial en faveur de la solution à deux États, après des années de moindre attention avant la guerre à Gaza.

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Cette photo prise le 16 octobre 2024 montre le président français Emmanuel Macron (G) et le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à Bruxelles. La France et l'Arabie saoudite ont initié ce qui est désormais connu comme la Déclaration de New York, appelant à un État palestinien indépendant, que l'Assemblée générale de l'ONU a adopté vendredi. (AFP)

L’élan s’appuie sur l’Initiative de paix arabe menée par l’Arabie saoudite, adoptée lors du sommet de la Ligue arabe à Beyrouth en 2002, qui proposait la normalisation entre les États arabes et Israël en échange d’un retrait complet d’Israël des territoires occupés — notamment la Cisjordanie, Gaza et le plateau du Golan — la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale, ainsi qu’une résolution juste de la question des réfugiés palestiniens.

La « Déclaration de New York » est perçue comme un consensus mondial autour de cette initiative, la positionnant efficacement comme la base d’un dialogue international renouvelé sur la solution à deux États.

Depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, le Royaume a mené une action internationale pour obtenir un cessez-le-feu et jeter les bases d’une paix durable et stable en Palestine.

Au cours des deux dernières années, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal, a porté l’engagement diplomatique du Royaume en parrainant des conférences internationales, en construisant de larges alliances avec des nations partenaires, et en fournissant un financement crucial pour l’aide alimentaire et médicale aux Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.

En septembre 2024, le prince Faisal a annoncé la création de l’Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution à deux États, mobilisant 90 États dans le but de mettre fin au conflit israélo-palestinien de longue date.

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal bin Farhan Al-Saud, (G) et le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, président une conférence sur la Palestine et la solution à deux États à l'ONU, le 29 juillet 2025 à New York. (AFP)

Le Royaume a tenu des réunions de suivi à Riyad, Bruxelles et Oslo dans les mois suivants, se concentrant sur des points d’action concrets identifiés par les participants.

Ce même mois, le prince héritier Mohammed ben Salmane a exclu tout accord de normalisation saoudien avec Israël sans la création d’un « État palestinien indépendant ».

Ces efforts diplomatiques ont culminé lors de la conférence saoudo-française à l’ONU en juillet, qui visait à établir un cadre politique clair, au-delà des simples déclarations, pour mettre fin à la guerre à Gaza et faire pression en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien conformément aux résolutions de l’ONU.

Le succès de cette initiative a été souligné par le prince héritier Mohammed ben Salmane lors de son allocution mercredi devant le Conseil consultatif saoudien (Shoura), où il a déclaré que « la conférence internationale sur la mise en œuvre de la solution à deux États, tenue à New York, a permis une mobilisation sans précédent et renforcé le consensus mondial » autour de l’Initiative de paix arabe.

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Des manifestants brandissent des drapeaux palestiniens et tiennent une banderole sur laquelle on peut lire "Arrêtez d'affamer Gaza" au Palais de Westminster, qui abrite les Chambres du Parlement, dans le centre de Londres, le 4 juin 2025, lors d'une manifestation de soutien à Gaza. (AFP)

Il a déclaré que les efforts du Royaume ont porté leurs fruits en incitant davantage de pays à reconnaître la Palestine et en recueillant un soutien international accru en faveur de la mise en œuvre d'une solution à deux États, appelant d'autres pays à suivre cet exemple.

Condamnant les « crimes de famine et de déplacement forcé » d’Israël à Gaza, il a réitéré la position du Royaume selon laquelle « la terre de Gaza est palestinienne, et les droits de son peuple sont inébranlables, ne pouvant être ni ôtés par l’agression ni annulés par les menaces », tout en soulignant un soutien indéfectible au Qatar suite aux attaques israéliennes.

La région attend désormais les résultats du sommet d’urgence arabo-islamique, organisé par le Qatar dimanche, pour discuter d’une réponse collective à l’attaque israélienne contre Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Sommet à Doha pour discuter de la riposte arabo-islamique à l’attaque israélienne contre le Qatar

Une photo prise le 15 octobre 2022 montre une vue de la ligne d'horizon de la capitale qatarie Doha. (AFP)
Une photo prise le 15 octobre 2022 montre une vue de la ligne d'horizon de la capitale qatarie Doha. (AFP)
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  • Un sommet arabo-islamique extraordinaire discutera de l’attaque israélienne contre l’État du Qatar ciblant des hauts responsables du Hamas

DUBAÏ : Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a déclaré samedi qu’un sommet arabo-islamique d’urgence, qui se tiendra dans la capitale Doha, discutera d’un projet de résolution concernant l’attaque israélienne contre l’État du Golfe, selon l’Agence de presse du Qatar (QNA).

« Le sommet examinera un projet de résolution sur l’attaque israélienne contre l’État du Qatar, présenté par la réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères arabes et islamiques, prévue demain dimanche », a déclaré à la QNA le porte-parole du ministère, Majid ben Mohammed Al Ansari.

Le ministère avait annoncé plus tôt que Doha accueillerait un sommet arabo-islamique extraordinaire pour débattre de l’attaque israélienne contre l’État du Qatar visant des dirigeants de haut rang du Hamas.

Al Ansari a souligné que « la tenue de ce sommet arabo-islamique à ce moment précis revêt une importance particulière, car elle reflète la large solidarité arabe et islamique avec l’État du Qatar face à l’agression israélienne lâche ».

La réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères se tiendra dimanche. Le sommet débutera lundi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza : Israël affirme que 250 000 habitants ont fui la ville, 32 morts dans de nouvelles frappes

Les habitants de Gaza ont déclaré que le coût du voyage vers le sud était prohibitif et qu'il n'y avait plus d'espace pour planter des tentes dans les zones désignées. (AFP)
Les habitants de Gaza ont déclaré que le coût du voyage vers le sud était prohibitif et qu'il n'y avait plus d'espace pour planter des tentes dans les zones désignées. (AFP)
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  • Plus de 250 000 habitants auraient fui Gaza-ville ces dernières semaines, selon l'armée israélienne qui multiplie les frappes et ordonne des évacuations massives, malgré les risques humanitaires
  • La guerre, déclenchée après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, a causé plus de 64 000 morts à Gaza selon le ministère de la Santé local

Jérusalem: L'armée israélienne a affirmé samedi que plus de 250.000 habitants avaient quitté ces dernières semaines la ville de Gaza vers d'autres secteurs du territoire palestinien, après une intensification des bombardements et raids israéliens.

De son côté, la Défense civile dans la bande de Gaza a fait état de cinq Palestiniens tués depuis l'aube dans les bombardements israéliens, au lendemain de la mort selon elle d'au moins 50 personnes à travers le territoire assiégé et dévasté par 23 mois de guerre.

"Selon les estimations de l'armée, plus d'un quart du million d'habitants de la ville de Gaza l'ont quittée pour leur propre sécurité", a déclaré le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, sur X.

Selon des estimations récentes de l'ONU, environ un million de Palestiniens vivent dans et autour de la ville de Gaza, la plus grande du territoire.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée dit vouloir prendre le contrôle de Gaza-ville, qu'elle présente comme l'un des derniers bastions du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Samedi, l'armée de l'air israélienne a largué des tracts exhortant les habitants des quartiers ouest de la ville à les évacuer, alors que la Défense civile locale a fait état de frappes aériennes continues.

"L'armée agit avec force dans votre secteur et est déterminée à démanteler et à vaincre le Hamas", pouvait-on lire dans le tract. "Pour votre sécurité, évacuez immédiatement via la rue al-Rachid vers le sud (du territoire). Vous avez été prévenus."

Les forces israéliennes ont détruit plusieurs tours d'habitation à Gaza-ville ces derniers jours, l'armée affirmant son intention d'"intensifier le rythme (de ses) frappes ciblées (...) afin de nuire aux infrastructures terroristes du Hamas (...) et réduire la menace pour (ses) troupes".

De nombreux acteurs humanitaires jugent que le déplacement une nouvelle fois de la population du nord vers le sud du territoire est impossible et dangereux.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des sources officielles israéliennes.

L'offensive israélienne menée en riposte à fait au moins 64.756 morts dans la bande de Gaza, selon des données du ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. Elle a aussi dévasté le territoire palestinien et provoqué un désastre humanitaire.

L'ONU a déclaré la famine à Gaza. Israël, qui assiège le territoire, dément.