Civils tués en Ukraine: indignation en Europe et aux Etats-Unis, Kiev accuse la Russie de génocide

Le maire de Kiev Vitali Klitschko s'entretient avec des habitants de la ville de Boutcha, près de la capitale ukrainienne Kiev, le 3 avril 2022 (Photo, AP).
Le maire de Kiev Vitali Klitschko s'entretient avec des habitants de la ville de Boutcha, près de la capitale ukrainienne Kiev, le 3 avril 2022 (Photo, AP).
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Publié le Lundi 04 avril 2022

Civils tués en Ukraine: indignation en Europe et aux Etats-Unis, Kiev accuse la Russie de génocide

  • L'armée russe a démenti avoir tué des civils à Boutcha, assurant s'en être retirée le 30 mars et accusant l'Ukraine d'avoir fabriqué les images
  • La guerre, intense, a fait, a minima, des milliers de morts et contraint à l'exil près de 4,2 millions d'Ukrainiens, à 90% des femmes et des enfants

BOUTCHA: Le président ukrainien a accusé directement dimanche les dirigeants russes de "tortures" et de "meurtres", après la découverte de fosses communes et de centaines de corps de civils dans la région de Kiev récemment reprise aux forces de Moscou.

La nouvelle a provoqué l'indignation des Occidentaux et de l'ONU, les accusations de crimes de guerre envers la Russie se multipliant.

"Je veux que tous les dirigeants de la Fédération de Russie voient comment leurs ordres sont exécutés (...). Et ils ont une responsabilité commune. Pour ces meurtres, pour ces tortures, pour les bras arrachés par des explosifs (...) Pour les balles tirées dans la nuque", a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans un message vidéo.

Il a ajouté qu'un "mécanisme spécial" allait être créé pour enquêter sur tous les "crimes" russes en Ukraine.

Selon la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova, les corps sans vie de 410 civils ont été retrouvés dans les territoires de la région de Kiev récemment repris aux troupes russes.

Washington, Paris, Berlin, Madrid et Londres ont dénoncé les "atrocités" et "crimes de guerre" commis notamment à Boutcha, petite ville au nord-ouest de Kiev, où de nombreux cadavres de civils étaient visibles dans les rues.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, "profondément choqué", a réclamé "une enquête indépendante".

L'armée russe a démenti avoir tué des civils à Boutcha, assurant s'en être retirée le 30 mars et accusant l'Ukraine d'avoir fabriqué les images "à l'intention des médias occidentaux".

«C’était l’enfer»

La guerre, intense, a fait, a minima, des milliers de morts et contraint à l'exil près de 4,2 millions d'Ukrainiens, à 90% des femmes et des enfants, depuis l'invasion russe le 24 février.

Autour de fosses communes ou dans la rue Boutcha pleure ses morts après le retrait russe

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé que les dirigeants russes devaient être tenus pour responsables de "meurtres" et de "tortures" à Boutcha, où les découvertes macabres ont soulevé l'indignation en Europe et aux Etats-Unis.

Liouba, 62 ans, conduit un voisin jusqu'à une tranchée détrempée, derrière une église aux dômes dorés. Mais lui-même n'a pas la force d'aller regarder si son frère y gît bien, comme la rumeur l'en a informé.

Quelques 57 personnes sont enterrées sommairement dans cette fosse commune, affirme un employé de la ville à un journaliste de l'AFP. Mais seule une petite partie d'entre eux sont visibles.

L'AFP avait vu samedi les cadavres d'au moins 20 hommes portant des vêtements civils dans une rue de Boutcha, reconquise cette semaine par les troupes ukrainiennes. L'un d'eux avait les mains liées, les corps étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres. "C'était l'enfer (...). Dieu nous a sauvés", a déclaré un homme dans la ville.

"Ces images sont un coup de poing à l'estomac", a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken sur la chaîne CNN.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a dénoncé une "brutalité inédite en Europe depuis des décennies". Le président français Emmanuel Macron a affirmé que "les autorités russes devront répondre de ces crimes".

A Genève, l'ONU a estimé que la découverte des corps à Boutcha soulevait "de sérieuses questions quant à de possibles crimes de guerre".

Sept morts et 34 blessés dans une frappe russe sur Kharkiv selon le parquet

"Les occupants russes ont bombardé des bâtiments résidentiels dans le quartier Slobodskyy de Kharkiv. Résultat, une dizaine de maisons et un dépôt de trolleybus ont été endommagés. Selon les informations préliminaires, sept personnes ont été tuées, 34 ont été blessées, dont trois enfants", a déclaré le service de presse du bureau du procureur de la région.

Par ailleurs, à Dergatchi, tout près de Kharkiv, "au moins trois personnes sont mortes et sept ont été blessées à des degrés divers" dans le bombardement d'un quartier d'habitation, a dit son maire Viatcheslav Zadorenko sur Facebook.

Nouvelles sanctions

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a exigé de nouvelles sanctions immédiates du G7 contre la Russie, notamment un embargo total sur l'énergie, la fermeture des ports à tout bateau ou marchandise russe et la déconnexion de toutes les banques russes de la plateforme financière internationale Swift. 

Le chancelier allemand Olaf Scholz a également réclamé de nouvelles sanctions contre la Russie après les "crimes de guerre" à Boutcha.

Le conseiller présidentiel ukrainien, Mykhaïlo Podoliak, a néanmoins regretté que l'Occident essaie de "ne pas provoquer les Russes" pour éviter la Troisième Guerre mondiale, comparant le massacre de Boutcha au génocide de Srebrenica en 1995, qui avait fait plus de 8.000 morts pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine.

Boutcha et la ville voisine d'Irpin, toutes deux rendues méconnaissables par les bombardements, ont été le théâtre de certains des combats les plus féroces depuis que la Russie a attaqué l'Ukraine, quand les soldats russes tentaient alors d'encercler Kiev.

L'ONG Human Rights Watch a également dénoncé dimanche des exactions de militaires russes contre des civils assimilables à des "crimes de guerre" dans les régions de Tchernihiv, Kharkiv et Kiev, disant avoir recensé plusieurs cas de "violations des lois de la guerre" (viols, exécutions sommaires, violences, menaces, pillages).

Les troupes russes se sont retirées d'Irpin, Boutcha, Gostomel et de toute la région de Kiev ainsi que de Tcherniguiv, dans le nord du pays, pour se redéployer vers l'est et le sud.

Discussions à Moscou

Le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, le Britannique Martin Griffiths, est arrivé dimanche soir à Moscou, avant de se rendre à Kiev, mandaté pour rechercher un cessez-le-feu humanitaire en Ukraine.

Jusqu'à présent, la Russie refusait toute visite d'un haut responsable de l'ONU ayant l'Ukraine pour sujet principal.

Son négociateur en chef dans les pourparlers de paix avec l'Ukraine, Vladimir Medinski, a fait l'éloge dimanche d'une position "plus réaliste" de Kiev, prêt, sous conditions, à accepter un statut neutre et dénucléarisé du pays, réclamé par Moscou.

Mais il a dit ne pas "partager l'optimisme" du négociateur ukrainien David Arakhamia, qui avait indiqué que les discussions visant à arrêter les hostilités avaient considérablement avancé.

Le pape disponible pour aider au règlement de la guerre en Ukraine

Le pape François a exprimé dimanche sa "disponibilité" pour contribuer à faire taire les armes en Ukraine et s'est dit prêt à se rendre à Kiev, après avoir condamné une "guerre sacrilège" au lendemain de la découverte de cadavres de civils qui a suscité choc et indignation.

François a part ailleurs affirmé qu'une rencontre avec le patriarche orthodoxe russe Kirill – qui soutient Vladimir Poutine et a justifié fin février l'intervention militaire russe - était toujours "à l'étude". "Nous y travaillons et nous pensons au Moyen-Orient pour le faire", a-t-il déclaré.

Lors d'une messe en plein air devant au moins 12.000 personnes dans la capitale La Valette dimanche matin, il avait dénoncé "la guerre sacrilège" déclenchée par la Russie dans une "Ukraine martyrisée".

Toujours sur le front diplomatique, le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias est arrivé dimanche à Odessa, apportant de l'aide humanitaire à ce port du sud-ouest de l'Ukraine situé sur la mer Noire, attaqué quelques heures plus tôt.

Au petit matin, une demi-douzaine d'explosions avaient secoué les murs de la ville historique, jusqu'à présent épargnée par les combats, a constaté l'AFP. Puis un épaisse fumée noire avait bouché une partie de l'horizon. Aucune victime n'a été signalée.

Le ministère russe de la Défense a affirmé que des tirs de "missiles de haute précision à partir de la mer et de la terre" avaient détruit "une raffinerie et trois dépôts de carburant et de lubrifiants" près d'Odessa.

Résistance à Marioupol

Une personne a été tuée et 14 blessées par une frappe russe à Mykolaïv (sud), ville stratégique sur la route d'Odessa, selon les autorités locales.

Une personne a également été tuée lorsqu'un obus russe a explosé contre un hôpital à Roubijne, dans l'est.

Dans le sud-est, les efforts des troupes russes pour consolider leurs positions se sont heurtés jusqu'ici à la résistance des Ukrainiens à Marioupol, où quelque 160.000 personnes seraient toujours bloquées et dont au moins 5.000 habitants ont été tués, selon les autorités locales. 

Parmi ces victimes figure le réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius, 45 ans, tué en tentant de quitter cette ville portuaire assiégée par les Russes, a annoncé dimanche l'armée ukrainienne.

Pour Moscou, contrôler Marioupol permettrait d'assurer une continuité territoriale de la Crimée jusqu'aux deux républiques séparatistes prorusses du Donbass. 

La Russie a annoncé en fin de semaine vouloir "concentrer ses efforts sur la libération" de ce bassin minier de l'Est ukrainien.

Six personnes ont été tuées et une blessée dans la région de Donetsk (est) dans des frappes russes, selon l'administration militaire régionale.

"Une dizaine de maisons et un dépôt de trolleybus ont été endommagés. Selon les informations préliminaires, sept personnes ont été tuées, 34 ont été blessées, dont trois enfants", selon le parquet.

A Dergatchi, tout près de Kharkiv, "au moins trois personnes sont mortes et sept ont été blessées", toutes des civils, dans le bombardement d'un quartier d'habitation, a dit son maire Viatcheslav Zadorenko sur Facebook.

Si près de 4,2 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis le 24 février, plus de 500.000 personnes sont retournées en Ukraine depuis le début de l'invasion russe, a annoncé dimanche le ministère ukrainien de l'Intérieur.


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.