Face au duel Macron - Le Pen, des électeurs de gauche lassés et hésitants

Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les deux candidats du deuxième tour de la présidentielle 2022. (Photo d'illustration, AFP)
Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les deux candidats du deuxième tour de la présidentielle 2022. (Photo d'illustration, AFP)
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Publié le Mercredi 13 avril 2022

Face au duel Macron - Le Pen, des électeurs de gauche lassés et hésitants

  • « Je ne vais pas voter Marine Le Pen... mais pas voter Macron. Ca changera rien, ce serait reculer pour mieux sauter»
  • Mélenchon a lancé mercredi une consultation en ligne de ses soutiens pour déterminer une position, sans inclure la possibilité du vote Le Pen car contraire à ses valeurs

PARIS : Entre doutes et lassitude, des électeurs de gauche, et en particulier de Jean-Luc Mélenchon, confient à l'AFP leurs choix pour le second tour de la présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, deux candidats qu'ils exècrent souvent.

"Je ne vais pas voter Marine Le Pen... mais pas voter Macron. Ca changera rien, ce serait reculer pour mieux sauter". Le sentiment exprimé par Frédéric Glorieux, 53 ans, ingénieur de recherche à Lomme (Nord) et qui a voté LFI, est répandu chez les personnes interrogées.

Élise Ballet, 33 ans, océanographe, défie jusqu'à son champion, qui a terminé troisième (21,95%): "En toute honnêteté, il pourra donner tous les consignes de vote qu'il veut, je n'irai pas voter. Je refuse d'appliquer mon droit de citoyenne quand j'ai deux personnes qui proposent la même chose. Macron ira plus loin dans la destruction de notre pays."

Le chef insoumis a lancé mercredi une consultation en ligne de ses soutiens pour déterminer une position, sans inclure la possibilité du vote Le Pen car contraire à ses valeurs.

Aucune des personnes interrogées n'a répondu vouloir voter Le Pen. Adrien, assistant administratif de 31 ans - qui n'a pas souhaité donner son nom -, admet une tentation: "qu'elle passe pour qu'on aille au bout du ridicule de ce système". "C'est mon côté anarchiste, ça provoquerait du chaos, du soulèvement. Mais je ne veux pas trahir mes idéaux en votant Le Pen".

Des mélenchonistes qui penchent pour la candidate du RN existent bel et bien, souligne Frédéric Glorieux, mais "ils vont pas s'exprimer publiquement. Ils n'ont aucun problème à voter Mélenchon puis Le Pen, parce qu'ils ont ressenti violemment le mépris et cherchent le respect".

A contrario, il connaît de nombreux "mélenchonistes qui vont voter comme un seul homme pour Macron, et qui sont généralement diplômés; ils ne croisent jamais d'électeurs de Marine Le Pen, ne connaissent pas les classes populaires".

«Je me prends la tête»

S'il ne votera jamais Marine Le Pen, "avec qui on irait à la guerre civile en six mois", Eric Labbé, attaché de presse de 50 ans, hésite encore. "J'étais persuadé que je n'irais pas voter, j'ai passé cinq ans à me dire plus jamais. Mais ça fait quatre jours que je me prends la tête. Je n'ai pas envie de me réveiller le lundi dans un pays fasciste en me disant que je ne suis pas allé voter".

Cet écolo dans l'âme, qui est passé sans problème du vote Jadot au vote Mélenchon dans la dernière ligne droite, "aimerait beaucoup que l'écart se creuse (dans les sondages) pour ne pas avoir à voter Macron".

Il est remonté contre le président sortant, son quinquennat mais aussi sa campagne: "On aimerait un signe, qu'il dise c'est serré, j'ai besoin des électeurs de gauche, je mets de l'eau dans mon vin. Là, passer les retraites de 65 à 64 ans, c'est vraiment de la petite négociation. Son mandat était très très de droite, sur la police, les migrants... Sur l'économie il est très libéral, c'est écrit sur son front, marqué du sceau des banques d'affaires, on ne va pas changer son logiciel."

Communiste, Yannick Nadesan, 68 ans, adjoint à la ville de Rennes, ne veut "insulter personne, ce sont des questions qui ne sont pas faciles pour beaucoup d'électeurs". Mais il dénonce la "mascarade" Marine Le Pen. "Je suis enfant d'immigrés. Je viens d'un pays où il y a la guerre civile sur base ethnique, le Sri-Lanka, donc on ne fait pas ça", s'abstenir face à l'extrême droite.

«Campagne calvaire»

Bertrand Vignon, 51 ans, qui a voté Mélenchon par "calcul", est du même avis: "Je dis à mes amis, nous on est des hommes blancs, des petits bourgeois, ça changera rien pour nous. Par contre les sans-papiers, des gens qui voudront venir en France, les valeurs des droits de l'homme, vont subir".

"Je voterai à contre-coeur mais sans hésitation", dit aussi Claude Charlot, physicien au CNRS et qui a adhéré au PS après l'élection d'Emmanuel Macron. Il critique pourtant son "inaction sur l'écologie, et la loi sur les indemnités chômage".

Le politologue spécialiste de la gauche Rémi Lefebvre observe: "Au fond, cette campagne aura été un calvaire pour l'électeur de gauche. Il aura dû subir la désunion de la gauche, subir une primaire populaire intéressante mais complètement maladroite, subir Taubira, qui se présente et puis finalement pas. Ca a été un feuilleton de la division et du rassemblement épuisant. Et au bout du compte, il vote pour quelqu'un par défaut, Mélenchon, pour finalement devoir départager des gens qu'il déteste. C'est horrible."

"Le 24 avril on va voter Macron pour faire barrage à l'extrême droite, mais le 25 on sera dans la rue", glisse pour sa part Fouad Khayat, 25 ans, élève avocat et militant EELV, représentatif de la colère d'une gauche qui aimerait peser, d'une manière ou d'une autre, sur le cours des choses.


Un homme tué par balle à Marseille, le 3e en plein jour depuis début octobre

Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
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  • La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie
  • Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu"

MARSEILLE: Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre.

Interrogé par l'AFP, le parquet a fait état d'un mort, âgé entre 45 et 50 ans, et d'un blessé dans le quartier des Olives (13e arrondissement), sans pouvoir établir à ce stade de l'enquête un lien éventuel avec le trafic de drogue.

Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.

Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu". Une source policière indiquant ensuite à l'AFP qu'elle avait été "tuée par balle dans le 13e arrondissement".

La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie. Le 9 octobre, un homme avait été tué par balle en fin de matinée dans un quartier populaire du centre.

Selon un décompte de l'AFP, une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Une criminalité qui ne cesse de franchir des paliers: si avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, depuis, les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal, faisant parfois des victimes collatérales.

Avec Mehdi Kessaci, un nouveau cap a été franchi selon les observateurs, ce jeune de 20 ans totalement étranger du trafic de drogue ayant été visé volontairement, peut-être pour intimider son frère Amine engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, selon les premiers éléments de l'enquête.


Fleurs blanches et hommages de Marseillais à Mehdi Kessaci pour ses obsèques

Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
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  • Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine
  • Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches

MARSEILLE: Les fleurs blanches commençaient à s'accumuler mardi au rond-point où a été abattu jeudi Mehdi Kessaci, en marge de ses obsèques attendues dans l'après-midi à Marseille, dans une ville traumatisée par ce nouveau cap franchi dans les violences liées au narcobanditisme.

Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine, militant engagé dans la lutte contre le narcobanditisme depuis l'assassinat d'un premier frère, Brahim.

Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches.

"Je suis venue pour Amine que j'ai bien connu car j'étais maîtresse dans la cité où il habitait avec sa famille. Je l'ai côtoyé ensuite lors de campagnes électorales et je trouve son engagement citoyen formidable", confie à l'AFP Christine Didon.

"Aujourd'hui, on ne peut plus s'en sortir grâce à l'école comme avant. Il y a une dégradation très rapide des conditions de vie, une pauvreté telle qu'il ne reste à certains que le trafic de drogue", ajoute-t-elle.

Mohamed Habib Errabia, 77 ans, est tout de suite descendu de chez lui jeudi quand il a entendu les coups de feu et ce matin il tenait à rendre hommage à ce jeune de 20 ans, victime innocente et totalement étrangère au trafic de drogue, selon les autorités. "On a des enfants, forcément on pense à eux. Qu'est-ce qui peut leur arriver ? On est pas à l'abri d'une balle perdue".

Les obsèques de Mehdi Kessaci se dérouleront mardi après-midi à Marseille sous forte surveillance policière. La famille, qui ne souhaite pas la présence de la presse, a annoncé qu'une marche blanche serait organisée ce week-end.

La police avait identifié des menaces sur Amine Kessaci et ce dernier était placé sous surveillance policière depuis plusieurs semaines. A la rentrée, il a publié un livre "Marseille, essuie tes larmes" (Le bruit du monde), sorte de longue lettre adressée à Brahim, tué avec deux autres jeunes hommes en 2020, dont les assassins présumés seront jugés prochainement.

Mardi matin, une réunion d'urgence à l'Elysée est par ailleurs organisée sur la lutte contre le narcobandistime qui a fait l'objet d'une loi en juin.

"Le narcotrafic est une peste, une lèpre, une venin qui court dans les veines du monde et l'empoisonne", écrit Amine Kessaci dans son livre. "On dit cartel, on dit baron, on dit empire. Moi je dis fosse commune, je dis cimetière, je dis clameur étouffée des mères qui pleurent leurs fils fauchés, des pères brisés par la poudre qui court, des enfants assassinés avant d'avoir su vivre".

 


France: une galerie du Louvre fermée au public en raison d'une «fragilité» de l'édifice

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
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  • Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde
  • A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi

PARIS: Une des galeries du musée du Louvre à Paris sera fermée au public "par mesure de précaution" après qu'un audit a révélé la "particulière fragilité" de certaines poutres d'une des ailes du bâtiment, a annoncé lundi le musée dans un communiqué.

Abritant neuf salles dédiées à la céramique grecque antique, la galerie Campana sera fermée le temps que des "investigations" soient menées "sur la particulière fragilité de certaines poutres portant les planchers du deuxième étage de l'aile sud" du quadrilatère Sully, qui enserre la cour carrée du Louvre.

Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde. Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'établissement n'a pas pu préciser quand cette décision prendrait effet ni pour combien de temps.

A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi. Et assure avoir "immédiatement lancé une campagne complémentaire d'investigations" afin de déterminer les causes de la fragilité identifiée.

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables.

En janvier 2025, la présidente du Louvre Laurence des Cars, sous pression depuis ce casse spectaculaire, avait alerté le ministère de la Culture de l'état de grande vétusté du musée parisien, évoquant notamment "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés".

Peu après cette alerte, le président Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d'un vaste chantier de rénovation et de modernisation du Louvre, centré notamment sur le quadrilatère Sully. Des travaux initialement estimés à quelque 800 millions d'euros, et revus à la hausse dans un récent rapport de la Cour des comptes qui a évoqué au moins 1,15 milliard d'euros.