Irak: Le festival de musique traditionnelle de Mossoul ravive une scène culturelle en lambeaux

Le festival a marqué une étape importante dans le processus de relance de la ville, surtout pour ceux qui tentent de sauver la scène artistique de Mossoul. (Photo, AFP)
Le festival a marqué une étape importante dans le processus de relance de la ville, surtout pour ceux qui tentent de sauver la scène artistique de Mossoul. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 14 avril 2022

Irak: Le festival de musique traditionnelle de Mossoul ravive une scène culturelle en lambeaux

  • Le festival a présenté des artistes de différentes cultures et origines ethniques et religieuses
  • La musique et les arts ont été durement réprimés pendant les quatre années de règne de Daech sur Mossoul

MOSSOUL: Cinq ans après la bataille qui a délogé Daech de la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, un festival de musique traditionnelle de quatre jours a été organisé dans le but de sauver la scène artistique brisée de la région et de promouvoir la coexistence culturelle.
Le festival, qui s'est déroulé du 24 au 27 mars avec le soutien de l'Unesco, a réuni des musiciens de Mossoul et de la province environnante de Ninive, ainsi que plusieurs artistes invités d'Europe et d'ailleurs.
Khaled Alrawi, un joueur de oud de Mossoul, a déclaré à Arab News: «C'était un rêve d'organiser un festival comme celui-ci. J'espère que ce genre de festival continuera à l'avenir. Nous espérons qu'il deviendra un festival annuel, qui inclura d'autres activités.»

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Le festival a présenté des musiciens de Mossoul et de la province environnante de Ninive. (Photo, AFP)

En plus de chercher à faire revivre la scène musicale autrefois florissante de la ville, détruite par la guerre et la fuite des artistes à l'étranger, les organisateurs ont voulu refléter le véritable dynamisme et la diversité culturelle de la région, qui a résisté à l'extrémisme de Daech.
Harth Yasin, coordinateur du festival, a déclaré à Arab News: «C’est ici la naissance d’une nouvelle culture musicale. Cet événement ouvrira la porte aux touristes et permettra aux autres d'en savoir plus sur la ville de Mossoul. Il créera certainement des opportunités pour nos jeunes musiciens et artistes talentueux.»
Dix-sept groupes ont pris part au festival, reflétant ensemble la large composition ethnique et religieuse de la région, notamment des Arabes, des Kurdes, des Turkmènes et des Assyriens. Le festival a de plus accueilli des musiciens venus de France, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne et du Népal.

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Dix-sept groupes ont participé au festival, reflétant ensemble la large composition ethnique et religieuse de la région. (Photo, AFP)


«Nous espérons qu'il y aura d’autres événements de ce type avec plus de soutien à l'avenir dans les lieux qui représentent la culture et l'histoire de Mossoul», a déclaré Yasin.
Daech a pris le contrôle de Mossoul et de larges zones de Ninive en juin 2014, imposant son interprétation extrême de l'islam à la population, qui a étouffé toutes les activités culturelles qui n’étaient pas conformes à l'idéologie rigide du groupe.
En juillet 2017, après neuf mois de guerre urbaine féroce, le gouvernement de Bagdad a officiellement déclaré que Mossoul avait été libérée, dépossédant Daech de son dernier grand bastion en Irak.

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Daech a été repoussé de la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, il y a cinq ans. (Photo, AFP)

Cependant, cette victoire a coûté cher à l'infrastructure et à l’identité fière de la ville. Depuis lors, les gouvernements et les organismes d'aide ont financé des projets afin d’aider à reconstruire la précieuse architecture de la vieille ville historique et de ses quartiers environnants.
Se remettre de cette période sombre prendra sans doute de nombreuses années, car les communautés déplacées essayent de sauver leurs maisons et de relancer l'économie locale. Mais, grâce à des festivals comme celui-ci, la vie quotidienne reprend lentement des couleurs.
Talal al-Chimali, président de l'Association musicale de la branche de Ninive, a expliqué à Arab News: «Mossoul était complètement fermée au monde. Personne n’en savait de rien. Maintenant, ils vont mieux la connaitre.»

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Les organisateurs voulaient refléter le véritable dynamisme culturel et la diversité de la région, qui ont résisté à l'extrémisme de Daech. (AFP)


«Ce festival est un événement très important ici à Mossoul. Il renforcera la scène musicale et encouragera les musiciens et les artistes de Mossoul à progresser et à s’engager dans d'autres cultures et musiques. C'est une bonne initiative, qui profitera surement à la ville et à ses habitants. Le festival représente toutes les voix et la musique de toutes les ethnies et minorités de Mossoul.
«Mon message à tous est de soutenir la musique à Mossoul. La ville de Mossoul est fatiguée et a besoin de plus de soutien. Nous demandons à toutes les organisations internationales de soutenir et d'aider Mossoul. La musique dans la ville s'est éteinte jour après jour au cours des deux dernières années, et avec l'aide des organisations internationales et locales, nous pouvons encore la sauver.»

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Les organisateurs voulaient refléter le véritable dynamisme culturel et la diversité de la région, qui ont résisté à l'extrémisme de Daech. (AFP)


Ce festival a marqué une étape importante dans le processus de relance de la ville, surtout pour ceux qui tentent de sauver la scène artistique de Mossoul.
Basma al-Houssiani, fondatrice de l'association irakienne Al-Amal, a affirmé à Arab News: «L'art est le cœur de la communauté, du développement économique et constitue la base de toute société.»
«L'art est primordial pour tout ici. C'est pourquoi je dis à tous ceux qui travaillent à la restauration de Mossoul que l'art doit occuper une grande partie de ce processus.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'actrice libanaise Razane Jammal est l'autrice d'un livre pour enfants

L'actrice libano-britannique Razane Jammal s'apprête à publier un livre pour enfants intitulé "Lulu & Blu". (Getty Images via AN)
L'actrice libano-britannique Razane Jammal s'apprête à publier un livre pour enfants intitulé "Lulu & Blu". (Getty Images via AN)
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DUBAI : L'actrice libanaise Razane Jammal s'apprête à sortir un livre pour enfants intitulé "Lulu & Blu".

L'actrice, célèbre pour ses rôles dans les séries Netflix "The Sandman" et "Paranormal", a pris les médias sociaux dimanche pour partager la nouvelle, écrivant : "Ce qui a commencé comme une petite histoire que j'ai écrite il y a sept ans s'est transformé en un livre pour vos petits. J'y ai mis tout mon cœur et je suis ravie de vous inviter à notre premier lancement à Beyrouth". 

Le lancement est prévu le 25 juin dans l'espace communautaire Minus 1 de la capitale libanaise. L'actrice fera une lecture du conte pour enfants, qui raconte l'histoire d'une "lionne végétarienne, d'un poisson amical et de leur amitié des plus inhabituelles", selon l'auteur.

Publiée par Turning Point Books, l'histoire a été illustrée par Sasha Haddad, une illustratrice libanaise diplômée de la Cambridge School of Arts en 2014.

Dans le rôle qui l'a sans doute propulsée vers la célébrité, Jammal a incarné Lyta Hall dans "The Sandman" (2022), basé sur les légendaires romans graphiques.

Son personnage rêve chaque nuit de son mari décédé, réalisant peu à peu qu'il n'est pas le fruit de son imagination, mais qu'il se cache dans le monde des rêves.

C'est un rôle que Jammal a réussi à jouer avec vérité et subtilité - une subtilité pour laquelle elle a remercié sa mère lors d'une précédente interview avec Arab News.

"J'ai toujours été extra, et ma mère était bien plus subtile que moi. J'ai dû m'ajuster pour vibrer sur sa fréquence, une fréquence à la fois très douce et très crue, vulnérable et nourricière. C'est ce qu'elle m'a transmis.

"J'ai grandi en menant une vie simple, basée sur la communauté, dans un endroit où il y a 500 mères, où tout le monde vous nourrit et où vous vous sentez en sécurité - même si ce n'est pas du tout le cas. En même temps, nous avons vécu tant de traumatismes, des guerres civiles aux assassinats, en passant par la perte de tout notre argent lors d'une nouvelle crise financière. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


La fête de la musique sous le signe du dialogue culturel franco-saoudien

Du 20 au 26 juin 2025, la Fête de la Musique résonnera dans trois grandes villes d’Arabie saoudite : Riyad, Khobar et Djeddah. (Photo Fournie)
Du 20 au 26 juin 2025, la Fête de la Musique résonnera dans trois grandes villes d’Arabie saoudite : Riyad, Khobar et Djeddah. (Photo Fournie)
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  • Née en France en 1982, la Fête de la Musique s’est imposée comme un événement planétaire célébré dans plus de 120 pays.
  • L’édition 2025 proposera une programmation riche et éclectique, reflet de la vitalité des scènes française et saoudienne contemporaines.

RIYAD : Du 20 au 26 juin 2025, la Fête de la Musique résonnera dans trois grandes villes d’Arabie saoudite : Riyad, Khobar et Djeddah. À l’initiative de l’ambassade de France, en collaboration avec l’Alliance française, Saudi Music Hub, Unstable, Hayy Jameel et MDL Beast, une série d’événements musicaux viendra marquer ce rendez-vous culturel international devenu emblématique.

Née en France en 1982, la Fête de la Musique s’est imposée comme un événement planétaire célébré dans plus de 120 pays. Fidèle à son principe fondateur, elle vise à rendre la musique accessible à tous gratuitement. Elle reste, cette année encore, un puissant vecteur de dialogue culturel. En Arabie saoudite, cette célébration musicale prend une dimension particulière, s’inscrivant dans un contexte de renouveau artistique et d’ouverture culturelle, en pleine résonance avec les objectifs de Vision 2030.

L’édition 2025 proposera une programmation riche et éclectique, reflet de la vitalité des scènes française et saoudienne contemporaines. Des artistes français seront présents, comme Karimouche, figure singulière du spoken word et de la chanson engagée, ou DJ SÔNGE, productrice électro aux univers immersifs et afro-futuristes.

Ces artistes partageront la scène avec des talents saoudiens tels que Kosh, beatmaker fusionnant rythmes traditionnels et basses électroniques, ou Seera, jeune espoir de la scène folk locale. Plusieurs artistes émergents, sélectionnés avec soin en collaboration avec les partenaires saoudiens, viendront compléter cette mosaïque sonore.

Chacune des villes participantes offrira une atmosphère unique. Riyad ouvrira le bal le 20 juin avec une nuit musicale au Unstable, lieu hybride emblématique de la scène urbaine saoudienne. Le 21 juin, Khobar prendra le relais au Saudi Music Hub, un espace dédié à la formation musicale, pour une soirée plus intimiste. Enfin, Djeddah clôturera cette semaine de célébration les 25 et 26 juin, au cœur du centre culturel Hayy Jameel, avec deux concerts présentés par des artistes féminines marquantes.

Au-delà des concerts, ces rencontres musicales seront l'occasion de moments de partage, de découvertes et d'échanges, favorisant la création de liens entre artistes et publics des deux pays. En soutenant la circulation des talents et la coopération artistique, la France réaffirme son engagement en faveur de la diversité culturelle et du dialogue entre les sociétés.

La Fête de la Musique 2025 est ainsi bien plus qu’un simple rendez-vous festif : elle est le symbole vivant d’une amitié en construction, portée par des sons, des voix et des émotions partagées.


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com