Ukraine : à Odessa, les chats sur les murs se font va-t-en guerre

Sur le mur du marché couvert Privoz, un emblème d'Odessa, un matou porte un bazooka, tandis que son compère visse un silencieux sur son pistolet. (AFP).
Sur le mur du marché couvert Privoz, un emblème d'Odessa, un matou porte un bazooka, tandis que son compère visse un silencieux sur son pistolet. (AFP).
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Publié le Jeudi 14 avril 2022

Ukraine : à Odessa, les chats sur les murs se font va-t-en guerre

  • Sur le mur du marché couvert Privoz, un emblème d'Odessa, un matou porte un bazooka, tandis que son compère visse un silencieux sur son pistolet
  • Ailleurs, un chat écrase un navire de guerre

ODESSA: Sur une artère d'Odessa (sud-ouest), un chat bleu sourit, un tas d'avions russes à ses pieds. Depuis le début de la guerre, un collectif de street-art a peint des dizaines de félins sur les murs de la ville, témoignage de l'insouciance presque irréelle régnant dans cette partie de l'Ukraine.

"Odessa est une ville portuaire, donc il y a beaucoup de chats", explique Matroskin, un grapheur du groupe LBWS. Dans le contexte actuel, "l'icône" de la métropole d'un million d'habitants, selon lui, ne pouvait continuer à ronronner paisiblement. "Les chats devaient devenir des patriotes."

"C'est la seule option que nous avons, poursuit l'artiste de 32 ans. Certains sont volontaires, d'autres militaires. Nous peignons des chats patriotes." Désormais omniprésents en ville.

Sur le mur du marché couvert Privoz, un emblème d'Odessa, un matou porte un bazooka, tandis que son compère visse un silencieux sur son pistolet. Ailleurs, un chat écrase un navire de guerre. Un autre, vêtu d'un blouson militaire, fait avec ses doigts le "V" de la victoire.

Rien à voir avec les pochoirs politiques et précis de Banksy, l'illustre artiste de street-art britannique qui a colonisé les murs du monde entier, et que Matroskin ne connaît pas. A Odessa, les traits sont plus naïfs,  volontiers humoristiques, mais le message passe.

Autour du chat gozillesque, amateur d'avions russes, un ironique : "Bonsoir. Nous sommes Ukrainiens", devenu une antienne dans le pays, un défi lancé aux adversaires. Un signe aussi que la ville, objectif prioritaire de Moscou, n'est pas tombée entre ses mains.

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Car Mykolaïv, située à 130 km plus à l'Est, verrou stratégique dans l'optique d'une conquête d'Odessa, a farouchement résisté en mars. Et des offensives russes pour contourner Mykolaïv ont été repoussées par les forces ukrainiennes.

Alors que le Kremlin a essuyé de très lourdes pertes pour avoir multiplié les assauts aux quatre coins de l'Ukraine, la menace pesant sur Odessa semble désormais "très faible", estime George Barros, un analyste de l'Institut d'étude de la guerre.

"Les Russes, n'ont pas les moyens humains ni le soutien logistique nécessaire pour conduire une attaque (sur la ville) à ce moment de la guerre", observe-t-il. Comme ils ont désormais "moins de puissance de combat, ils doivent l'utiliser judicieusement et se concentrer sur leurs objectifs", soit les territoires du Donbass à l'Est ou encore Marioupol, à des centaines de km d'Odessa.

Une donnée totalement intégrée par ses habitants, qui semblent vivre normalement, sans checkpoints ou presque entravant leurs déplacements, à l'exception de l'hypercentre, proche du port, dont des sacs de sable et autres barricades restreignent l'accès. 

Ailleurs, le trafic est soutenu, ça papote autour d'un café en extérieur... du moins jusqu'à 21H00, quand le couvre-feu transforme la ville en cité-fantôme. Mais avant cela, Odessa vit sur une autre planète que l'est de Ukraine, où règnent destructions, mort et désolation.

En 50 jours de guerre, moins d'une dizaine de frappes ont ciblé la ville, pour des dégâts essentiellement matériels.

«Déni»

"Les gens d'Odessa ne sont pas en panique. Ils sont en mode pilotage automatique. Prêts pour tout, en espérant que rien n'arrivera", estime Mikhail Beyzerman, une personnalité culturelle de la ville.

Alex Krugliachenko, un psychologue, y diagnostique un "déni" très "humain" de la guerre. "Nous savons tous combien les gens souffrent dans les autres villes, mais nous voulons partager l'espoir que tout ira bien pour nous", décrypte-t-il.

Quand bien même l'économie d'Odessa, à l'unisson du reste de l'Ukraine, s'est écroulée, la population se satisfait de petits plaisirs, d'un "cappucino", "d'avoir vécu un jour de plus", poursuit le psychologue.

Gennadiy Suldim, un entrepreneur du BTP autrefois florissant, ne s'y résout pourtant pas. Son entreprise, qui employait auparavant 172 personnes, est à l'arrêt. "Je suis devenu pauvre", remarque-t-il sans s'émouvoir.

"Tout ce que je fais, c'est aider l'armée, du matin au soir", en rassemblant dons et équipements, venus d'Ukraine et d'ailleurs, raconte ce quinquagénaire. Et de lâcher: "Le seul sentiment qu'il me reste, c'est la haine. (...) J'aimerais que tous les soldats russes soient exterminés." 

Le graffeur Matroskin, lui, aide l'armée ukrainienne en peignant des véhicules aux couleurs camouflage.

"Je suis pacifiste, mais pas quand mon pays est envahi", affirme l'artiste, qui dit "ne pas savoir tenir un fusil". Ce qui ne l'empêche pas de souhaiter "voir les troupes russes étendues au sol (mortes, NDLR), pour qu'elles ne puissent plus marcher dans notre pays avec leurs armes."


«Effroi» du Festival de Cannes après la mort d'une photojournaliste palestinienne

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.  "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film. "Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP. (AFP)
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  • La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi
  • Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025

PARIS: Le Festival de Cannes a exprimé mercredi "son effroi et sa profonde tristesse" après la mort d'une photojournaliste palestinienne, protagoniste d'un film qui doit être présenté cette année sur la Croisette et de plusieurs membres de sa famille, tués par un missile à Gaza.

La photojournaliste de 25 ans, Fatima Hassouna, est au centre du documentaire "Put your soul on your hand and walk" de la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi. L'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), l'une des sélections parallèles au Festival de Cannes, avait annoncé mardi 15 avril avoir retenu ce film.

"Le lendemain, (Fatima Hassouna) ainsi que plusieurs membres de sa famille, ont été tués par un missile qui a frappé leur habitation", a rappelé le Festival de Cannes dans une déclaration à l'AFP.

Elle "s'était donné pour mission de témoigner, par son travail, son engagement et malgré les risques liés à la guerre dans l'enclave palestinienne, de la vie quotidienne des habitants de Gaza en 2025. (Elle) est l'une des trop nombreuses victimes de la violence qui embrase la région depuis des mois".

"Le Festival de Cannes souhaite exprimer son effroi et sa profonde tristesse face à cette tragédie qui a ému et choqué le monde entier. Si un film est bien peu de chose face à un tel drame, (sa projection à l'Acid à Cannes le 15 mai) sera, en plus du message du film lui-même, une manière d'honorer la mémoire (de la jeune femme), victime comme tant d'autres de la guerre", a-t-il ajouté.

La réalisatrice Sepideh Farsi a rendu hommage jeudi dernier à la jeune femme, qui lui racontait, par appels vidéo, la vie à Gaza. "Je demande justice pour Fatem (ou Fatima, NDLR) et tous les Palestiniens innocents qui ont péri", a-t-elle écrit.

Reporters sans Frontières avait dénoncé sa mort, regrettant que son nom "s'ajoute aux près de 200 journalistes tués en 18 mois".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, laquelle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 51.266 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre.


La danse des dauphins, vedette des îles Farasan

L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
L'observation des dauphins renforce l'attrait croissant des îles Farasan pour l'écotourisme. (SPA)
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  • L'observation de 5 espèces de dauphins met en évidence la biodiversité
  • Il est vital de coexister avec la vie marine, déclare un pêcheur local

RIYADH : L'observation de plus de cinq espèces de dauphins a renforcé la réputation des îles Farasan en tant que lieu de visite incontournable pour les amateurs de nature et d'animaux sauvages, a récemment rapporté l'agence de presse saoudienne.

Parmi les espèces observées, les grands dauphins et les dauphins à long bec volent la vedette. Les dauphins à long bec, connus pour leur nature enjouée, s'approchent souvent des croisières de loisir, ravissant les gens par leur charme.

Le pêcheur saoudien Mohammed Fursani, qui navigue dans ces eaux depuis longtemps, y voit un lien plus profond.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).