L’ambassadeur de Turquie se montre critique à l'égard du régime iranien

L'ambassadeur de Turquie à Washington Hasan Murat Mercan (Photo, Anadolu).
L'ambassadeur de Turquie à Washington Hasan Murat Mercan (Photo, Anadolu).
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Publié le Dimanche 17 avril 2022

L’ambassadeur de Turquie se montre critique à l'égard du régime iranien

  • Hasan Murat Mercan mentionne que la Turquie et Israël sont menacés par des acteurs régionaux hostiles similaires, sans citer l'Iran
  • L'ambassadeur souligne également qu’il est nécessaire de coopérer contre le terrorisme

ANKARA : Un article de l'ambassadeur de Turquie à Washington pour la revue Turkeyscope du Centre Dayan d'études stratégiques de l'Université de Tel Aviv, soulève des questions sur l’état des relations de la Turquie avec l'Iran.

Outre la quête d'une coopération entre la Turquie et Israël dans les domaines de sécurité et d’énergie, Hasan Murat Mercan mentionne que les deux États sont menacés par des acteurs régionaux hostiles similaires, sans citer l'Iran.

L'article n'est pas passé inaperçu aux yeux des médias iraniens; la chaîne de télévision Iran International, basée à Londres, commente que «l’ambassadeur d'Ankara à Washington a appelé à une coopération israélo-turque pour contrer les menaces régionales, dans une possible allusion à l'Iran, dans un contexte d'amélioration des liens bilatéraux». 

L'ambassadeur souligne également qu’il est nécessaire de coopérer contre le terrorisme.

Dans son article intitulé «La Turquie et Israël : L'optimisme doit prévaloir», Mercan dévoile que «l'interaction turco-israélienne offre plus qu'un partenariat régional conventionnel face à des acteurs et des tendances hostiles. Les partenariats conventionnels sont destinés à une question particulière, que ce soit contre une menace ou visant un but bien déterminé. Ces partenariats ont des dates d'échéance. Ankara et Tel-Aviv, en revanche, partagent un voisinage, un héritage et, surtout un avenir commun».

 «La lutte contre les acteurs malveillants et leurs activités dans toute notre région est un domaine particulier où la coordination doit être renforcée. Le partenariat turco-israélien serait sans doute efficace afin de freiner davantage les mouvements déstabilisateurs au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en général», poursuit l’ambassadeur.

Israël et la Turquie ont de tout temps partagé les mêmes préoccupations quant à l'influence iranienne en Syrie, les proxys de l'Iran, y compris le Hezbollah et les milices chiites, qui menacent les intérêts turcs.

L'ambassadeur Mercan, une personnalité proche du président turc Recep Tayyip Erdogan et membre fondateur du parti de la justice et du développement au pouvoir, appelle à redéfinir les relations turco-israéliennes en vue d’une confiance mutuelle.

 «Les intérêts géostratégiques turcs et israéliens imposent un partenariat étroit et à plusieurs niveaux. Il n’y a pas lieu pour la complaisance des deux pays lorsqu'il s'agit de: (i) la gestion de la dynamique régionale qui contient, entre autres, (a) des menaces et des défis sécuritaires symétriques, (ii) la nécessité de sécuriser et de diversifier davantage les voies d'approvisionnement énergétique, et (iii) la promotion de la synergie interculturelle comme rempart contre l'islamophobie et l'antisémitisme et tout genre de crimes haineux».

Ce n'est pas la première fois que Mercan met l’accent sur les inquiétudes de la Turquie concernant la menace iranienne pour la sécurité de la région. 

Dans un discours prononcé à Haaretz en 2008, alors qu'il était président de la commission des Affaires étrangères du Parlement turc, Mercan signale que si l’Iran se dote de l'arme nucléaire, ceci constituerait une menace pour la Turquie.

Dans le cadre des démarches bilatérales visant à resserrer les liens, le président israélien Isaac Herzog a rencontré Erdogan le mois dernier à Ankara. Erdogan affirme récemment que la Turquie et Israël pouvaient coopérer pour acheminer le gaz naturel israélien vers l'Europe.

Gallia Lindenstrauss, chercheuse principale à l'Institut d'études sur la sécurité nationale en Israël, déclare à Arab News que «malgré les agitations entre la Turquie et l'Iran, ces pays savent comment maintenir les relations dans certaines limites».

«Cependant, une frustration turque prend place suite à la concurrence croissante entre les deux pays au nord de l'Irak, ainsi qu'à la concurrence continue en Syrie», ajoute-t-elle.

Plusieurs actes d'espionnage commis par des agents iraniens contre des Israéliens et des dissidents iraniens sur le sol turc ont été récemment révélés et déjoués par les services de renseignement turcs.

Depuis l'année dernière, les forces de sécurité turques ont intensifié leurs opérations contre le réseau d'espionnage iranien dans le pays.

Après avoir arrêté des espions iraniens à la suite d'un complot visant à kidnapper un ancien soldat iranien en octobre dernier, d'autres espions ont également été arrêtés en février avant de mettre en œuvre un plan œuvrant à tuer l'homme d'affaires turco-israélien Yair Galler.

Quant à l'énergie, l'Iran a aussi interrompu l'acheminement de gaz vers la Turquie pendant 10 jours en janvier.

Selon Lindenstrauss, des cas tels que la révélation d'espions iraniens et l'arrêt temporaire de l'approvisionnement en gaz en hiver, ne font qu’augmenter les tensions.

Lindenstrauss a de plus signalé: «On ne peut pas non plus ignorer le fait que la Turquie se rapproche des États arabes du Golfe, surtout par nécessité économique, ce qui la rend moins tolérante à l'égard des tentatives iraniennes d'accroître son influence régionale.»

Bien qu'elle participe aux pourparlers de paix d'Astana sur la Syrie avec l'Iran et la Russie, Ankara partage avec les pays du Golfe une perception commune considérant l'Iran comme une menace.

Toutefois, Soner Cagaptay, directeur du programme turc au Washington Institute, indique que la Turquie a depuis toujours séparé ses relations avec l'Iran de son processus de rapprochement avec Israël.

Il déclare à Arab News que «la Turquie a connu des relations compétitives avec l'Iran dans la région. Les deux pays se considèrent mutuellement comme deux grandes puissances ‘anciennement impériales’ mais ‘actuellement hégémoniques’ ayant le droit de façonner les développements régionaux».

Cagaptay signale aussi que «tout au long de l'histoire, les deux pays ont évité les affrontements directs, malgré le fait qu'ils soient passés très près du conflit en Syrie, avec les troupes turques d'une part et le Hezbollah et les proxys iraniens d'autre part, qui sont à bout portant».

Selon Cagaptay, la normalisation des relations entre la Turquie et Israël comprendra d'abord une coopération dans le secteur énergétique. 

Le gouvernement américain a suggéré, à plusieurs reprises, la mise en place de pipelines alternatifs entre Israël et la Grèce, en passant par la Turquie, dans le contexte des sanctions imposées à la Russie, suite à son invasion de l'Ukraine, qui annoncent de graves pénuries en Europe.

«À ce stade, la Turquie et Israël ont des objectifs similaires en Syrie. Ils ont tous deux signé des accords de droit de passage, qui permettent à Israël de mener des frappes contre le Hezbollah et à la Turquie d’attaquer le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)», ajoute Cagaptay. 

Par ailleurs, la chaîne médiatique d'État turque TRT World diffuse récemment un article traitant les répercussions de la crise ukrainienne qui pourraient permettre à l'Iran de prendre le dessus sur la Russie en Syrie.

L’article indique que «Téhéran veut tirer profit de la crise ukrainienne et renforcer sa propre position dans l'arène syrienne. Peu après l'attaque de l'Ukraine par la Russie fin février, l'Iran et le régime syrien ont renforcé leur engagement stratégique en intensifiant la diplomatie militaire. Au même moment, les combattants pro-iraniens essayent de se réinstaller dans différentes régions de la Syrie».


Israël réaffirme que le Hamas «sera désarmé», face à la proposition d'un «gel»

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
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  • Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien
  • "Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal

JERUSALEM: Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien, au lendemain de la proposition d'un dirigeant du mouvement islamiste palestinien de geler l'armement.

"Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal dans un entretien mercredi à la chaîne qatarie Al Jazeera.

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël.

 

 


Oman et le Liban appellent à un retrait total d’Israël et exhortent à la fin des attaques

Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
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  • Joseph Aoun et le sultan Haitham ben Tariq lancent un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais
  • Réaffirmation de la position arabe unifiée en faveur de la fin de l’occupation israélienne et de l’établissement d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967

​​​​​​BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun et son homologue omanais, le sultan Haitham ben Tariq, ont lancé mercredi un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais et un retrait total de toutes les terres arabes occupées, avertissant que la poursuite des violations constitue une menace directe pour la stabilité régionale.

La déclaration a été faite lors d’un sommet de haut niveau à Mascate, où les deux dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation face à l’agression israélienne en cours » et qualifié l’occupation de « violation flagrante » de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que d’autres résolutions internationales.

Les deux parties ont également exprimé leur soutien aux efforts internationaux visant à apaiser les tensions, stabiliser la situation sur le terrain, faciliter le retour des personnes déplacées et faire progresser la reconstruction post-conflit.

Aoun conduisait une délégation ministérielle libanaise à Oman, comprenant les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur, de la défense, de la santé et de l’agriculture, pour des discussions avec des responsables omanais.

La déclaration commune a mis l'accent sur le renforcement des relations bilatérales et l'élargissement de la coopération dans des secteurs clés tels que la politique, l'économie, l'investissement, le secteur bancaire, le tourisme, les transports et la logistique.

Les deux parties ont appelé à engager rapidement les préparatifs pour tenir la première session du Comité mixte omano-libanais, coprésidé par les ministres des affaires étrangères à Mascate, et à poursuivre de nouveaux accords et mémorandums d’entente destinés à renforcer la collaboration dans le commerce, la culture et la science. La déclaration a également souligné la nécessité de dynamiser la participation du secteur privé dans les opportunités de développement partagé.

La partie omanaise a réaffirmé son plein soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’au renforcement des institutions étatiques libanaises, en particulier l’armée et les forces de sécurité légitimes, et à l’appui apporté au pays dans ses réformes économiques, financières et administratives.

Les deux parties ont réaffirmé la position arabe unifiée appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et à établir un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Elles ont également souligné l’importance de renforcer la solidarité arabe, de respecter la souveraineté des États et de promouvoir les principes de bon voisinage et de droit international.

La visite officielle d’Aoun à Oman s’inscrivait dans le rôle établi de Mascate en tant que médiateur régional et international. Lors de ses rencontres, Aoun a salué le statut diplomatique et l’approche du Sultanat, la qualifiant de « sage et responsable ».

Il a salué la politique étrangère d’Oman, fondée sur le dialogue, la médiation, l’équilibre et le bon voisinage, estimant qu’elle avait conféré au Sultanat « un statut distingué et un rôle pivot dans la promotion de la stabilité et la résolution des conflits par des moyens pacifiques ».

Aoun a déclaré qu’au Liban, « nous tenons cette approche sage en haute estime et accordons une grande valeur au soutien constant du Sultanat envers le Liban dans divers forums internationaux, ainsi qu’à son appui face aux défis qui se dressent devant nous ».

Pour sa part, le sultan Haitham ben Tariq a réaffirmé l’engagement continu d’Oman envers la stabilité du Liban et son suivi attentif des développements récents dans le pays.

Il a souligné la profondeur des relations entre les deux pays et l’importance de renforcer la coopération et la coordination bilatérales. Le sultan a également salué les contributions positives de la communauté libanaise à Oman.

En marge de la visite, le ministre libanais de l’intérieur Ahmed Al-Hajjar a tenu une réunion avec son homologue omanais, Hamoud ben Faisal Al-Busaidi, au palais Al-Alam à Mascate. Ils ont souligné le renforcement de la coopération conjointe, en particulier dans les domaines de la sécurité et du maintien de l’ordre.

Selon une déclaration conjointe, les discussions ont également porté sur les efforts du Liban pour consolider la sécurité interne et maintenir la stabilité.

Ont participé aux discussions élargies, côté omanais : Al-Busaidi ; Shihab ben Tariq Al-Saïd, vice-premier ministre chargé des affaires de défense ; Badr ben Hamad Al-Busaidi, ministre des affaires étrangères ; Hamad ben Saïd Al-Aufi, chef du cabinet privé ; Mahad ben Saïd Ba’owain, ministre du travail et chef de la mission d’honneur ; Saoud ben Hamoud Al-Habsi, ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydriques ; et Hilal ben Ali Al-Sabti, ministre de la santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.