En Libye, les troglodytes de Ghariane veulent sortir de l'ombre

Vue d'une cour extérieure d'un «damous», une habitation creusée dans les montagnes arides de Nafusa en Libye, dans la ville de Gharyan, à environ 100 km au sud-ouest de la capitale, le 5 février 2022. (Mahmoud Turkia/AFP)
Vue d'une cour extérieure d'un «damous», une habitation creusée dans les montagnes arides de Nafusa en Libye, dans la ville de Gharyan, à environ 100 km au sud-ouest de la capitale, le 5 février 2022. (Mahmoud Turkia/AFP)
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Publié le Dimanche 17 avril 2022

En Libye, les troglodytes de Ghariane veulent sortir de l'ombre

  • Creusées dans la roche avec des outils rudimentaires, ces demeures centenaires se fondent dans les flancs rocailleux du Jabal Nefoussa
  • De tailles et formes différentes selon l'usage, ces cavités appelées «damous» en dialecte libyen s'enfoncent dans les entrailles de la montagne

GHARIANE, Libye : A Ghariane, ville perchée dans les montagnes du nord-ouest de la Libye, quelques dizaines de maisons troglodytes ont résisté au temps et à la modernité. Leurs propriétaires rêvent aujourd'hui d'en faire une attraction touristique.

Creusées dans la roche avec des outils rudimentaires, ces demeures centenaires se fondent dans les flancs rocailleux du Jabal Nefoussa, et au-delà des frontières - autrefois inexistantes - avec la Tunisie.

«Nous partageons ce patrimoine (...). De Nalout (en Libye) jusqu'à Gabes (en Tunisie), c'est le prolongement des mêmes tribus», explique à l'AFP Youssef Al-Khattali, chercheur en histoire.

De tailles et formes différentes selon l'usage, ces cavités appelées «damous» en dialecte libyen s'enfoncent dans les entrailles de la montagne.

Tempérées l'hiver et préservant la fraîcheur l'été, elles ont été «conçues pour avoir des usages polyvalents et ont perduré dans le temps, d'où leur importance dans l'histoire de l'architecture libyenne», souligne M. Khattali.

Des siècles durant, les habitants de Ghariane, qui culmine à environ 700 mètres d'altitude, y ont vécu, prié et enterré leurs morts.

«Il y a d'abord eu les maisons troglodytes destinées aux humains et à leurs bêtes, puis les constructions conçues comme lieux de culte» - des temples juifs et églises chrétiennes dont la plupart ont été transformées par la suite en mosquées - «mais aussi des lieux de sépulture», comme le montrent des stèles tombales «qui remontent à l'époque phénicienne», poursuit l'historien.

- Méthodes primitives -

Cette technique de construction a également servi aux habitants pour défendre et protéger leur ville des invasions.

Certaines constructions avaient un usage «purement militaire. On peut encore distinguer les vestiges des fortifications à certains endroits de la montagne et ce qui reste des tours de guet», dit M. Khattali.

Toutefois, quelle que soit la méthode de conception, la taille ou l'usage, le choix de l'emplacement ne peut pas être dû au hasard. Il faut connaître la nature de la roche pour éviter que le toit ne s'effondre pendant l'excavation, faite à la force des bras.

«Mon cinquième arrière-grand-père a construit cette cour souterraine il y a 355 ans» avec des outils simples comme la «gouffa», un panier tissé en feuille de dattier pour transporter les gravats, et un «tajouk», une sorte de hache, raconte al-Arbi Belhaj, descendant d'une longue lignée de Ghariani.

«Autour de la cour carrée à ciel ouvert au centre du damous, huit familles de neuf membres au moins se partageaient les lieux», dit-il.

Aujourd'hui, ce propriétaire de la plus ancienne maison troglodyte de Ghariane, se vante d'être le «dernier petit-fils à y être né», en 1967.

- Attraction touristique -

Peu fréquentées en raison de l'insécurité qui règne dans le pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, les villes berbères du Jabal Nefoussa avec leurs maisons troglodytes ont longtemps été une attraction touristique.

Dès 1936, l'Italie, ex-puissance coloniale en Libye, lui accordait déjà de l'importance en publiant «le premier guide touristique mettant à l'honneur» ces constructions primitives aujourd'hui abandonnées par leurs propriétaires au profit de logements standards.

Certaines habitations sont vieilles de plus de 2.300 ans mais peu d'entre elles ont laissé de traces. Une dizaine tiennent encore debout mais une seule habitation troglodyte a résisté et sert aujourd'hui de «maison témoin».

Occupée jusqu'en 1990, le damous de la famille Belhaj est devenu, après restauration, une attraction touristique.

Les visiteurs peuvent déambuler de pièce en pièce en contrepartie d'une petite somme symbolique.

«L'entrée coûte l'équivalent d'un dollar lorsqu'on est Libyen, deux dollars s'il s'agit d'un étranger», explique M. Belhaj.

Les familles s'y rendent le weekend pour découvrir ces espaces insolites, prendre une tasse de thé ou et «se réunir autour d'un repas».


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.