Les échos de la campagne à 7 jours du second tour

Des manifestants se tiennent à côté d'une étiquette indiquant "Ni Le Pen, ni Macron" lors d'une manifestation contre le racisme, le fascisme et l'extrême droite à Nantes, dans l'ouest de la France, le 16 avril 2022, avant le second tour de l'élection présidentielle française (Photo, AFP ).
Des manifestants se tiennent à côté d'une étiquette indiquant "Ni Le Pen, ni Macron" lors d'une manifestation contre le racisme, le fascisme et l'extrême droite à Nantes, dans l'ouest de la France, le 16 avril 2022, avant le second tour de l'élection présidentielle française (Photo, AFP ).
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Publié le Dimanche 17 avril 2022

Les échos de la campagne à 7 jours du second tour

  • Trop de soutiens peuvent-ils encombrer le président-candidat ?
  • Emmanuel Macron a dit ne pas être sujet à «l'éco-anxiété»

PARIS: Choses vues, entendues, petites phrases et rebondissements: les échos samedi, à 7 jours du second tour de l'élection présidentielle.

Message des ex 

Dominique de Villepin, Premier ministre sous Jacques Chirac et ancien ministre des Affaires étrangères, fait face "à un moment de découragement et de colère" et à un "cas de conscience", vingt ans après le second tour Chirac-Le Pen père. Cette année, "il est une réalité qui ne nous permet pas de renvoyer les deux candidats dos-à-dos: avec l'un (Emmanuel Macron), le risque d'effritement et de dévoiement social, diplomatique ou culturel, mais avec l'autre, la certitude de la rupture (...) une pulsion suicidaire, un sabordage", pointe-t-il sur Twitter. Il fait donc "résolument le choix d'Emmanuel Macron, mais ce bulletin n'est pas un chèque en blanc".

Même choix pour Hubert Védrine, autre ancien locataire du Quai d'Orsay (1997-2002): "Il faut voter de façon responsable, c'est-à-dire voter Macron. Il est le mieux à même en tant que président de relever les défis de tous genres qui attendent la France dans les cinq prochaines années", a déclaré à l'AFP l'ancien socialiste devenu "homme libre".

Trop de soutiens ?

Artistes, soignants, universitaires, sportifs, responsables de droite comme de gauche... Pour empêcher Marine Le Pen d'arriver au pouvoir, les soutiens ne cessent d'affluer en faveur d'Emmanuel Macron. Le camp Le Pen les torpille: "le système défend ses privilèges, le système défend ses intérêts", a encore considéré dimanche Jordan Bardella, président du RN.

Trop de soutiens peuvent-ils encombrer le président-candidat ? "Certains peuvent avoir des effets à la marge" sur l'électorat, "mais certains sont rebutants" notamment pour les mélenchonistes, glisse un responsable politique, citant à cet égard les appels "de gens qui représentent le pouvoir, la richesse".

Fin du soleil 

Sébastien Chenu, porte-parole de Marine Le Pen, a justement brocardé sur BFMTV les discours opposant "méchants et gentils": "Il n'y a pas - à part quelques journalistes ou militants politiques de mauvaise foi - un Français qui pense que Marine Le Pen est d'extrême droite". "On agite des fantasmes mais expliquer que ce très beau soleil de Pâques va arrêter de briller si dimanche prochain Marine Le Pen est élue présidente de la République, ça ne marche plus".

Innocence 

Questionné sur Konbini par un enfant lui intimant de sauver la planète, Emmanuel Macron a dit ne pas être sujet à "l'éco-anxiété": "Si j'étais sujet à l'anxiété, ça viendrait depuis longtemps, compte tenu de ce que je fais. C'est vertigineux".

Et le président-candidat de livrer un plaidoyer sur l'innocence, mise en danger selon lui par l'atmosphère actuelle autour de l'urgence climatique: "On va accélérer mais, les enfants, gardez l'innocence, il faut que nous tous, on préserve le droit à l'innocence, c'est de notre responsabilité de protéger (les enfants) de tout ça".

Apprendre les enjeux climatiques pour la jeunesse, "c'est pas forcément dire c'est insurmontable, sinon on aura une société où on pourra plus vivre ensemble parce qu'elle ne laissera que dans le stress".

Formidable 

L'ancien ministre de la Culture Jack Lang, créateur de la Fête de la Musique mais aussi d'une Fête des jardins publics et privés qui n'a pas perduré, a félicité Emmanuel Macron pour l'idée émise samedi d'une "Fête de la nature". Une "idée formidable", a-t-il dit dans une déclaration écrite transmise à l'AFP. "Elle permettra à la France et aux Français de se retrouver autour d’une grande ambition nationale commune. Ce sera un moment fort qui mettra en mouvement les imaginations et les talents."

Danger ou Allie 

L'économiste Thomas Porcher a brocardé sur Twitter l'appel à alliance avec LFI pour les législatives du patron du PS Olivier Faure, rappelant les propos durs tenus par les socialistes durant la campagne à l'égard de Jean-Luc Mélenchon. "Je constate qu'en moins d'une semaine, Mélenchon est passé de danger pour la République, complaisant avec les dictateurs... à potentiel allié. Si seulement le PS avait cherché à sauver les plus précaires comme il cherche à sauver ses postes, il n'y aurait plus de misère en France".


Rassemblement à Paris en mémoire d'Aboubakar Cissé et contre l'islamophobie

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
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  • "Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deu
  • Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion

PARIS: Au moins un millier de personnes se sont rassemblées à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, un musulman tué la semaine dernière dans une mosquée du Gard, et dénoncer l'"islamophobie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré.

"Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deux poids deux mesures", commente Yasmina, 52 ans, fonctionnaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

"On arrive encore à dire que ce n'était pas un musulman qui était visé mais on ne va pas se mentir il n'y a que les musulmans en France qui fréquentent les mosquées. À un moment il faut poser les mots comme on le fait à juste titre contre l'antisémitisme, et appeler ça de l'islamophobie", a souligné Myriam, 30 ans, assistante dentaire, qui n'a pas souhaité non plus donner son nom.

Aboubakar Cissé, un jeune Malien, a été lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, où il était venu tôt comme chaque semaine pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.

Son assassin, un Français d'origine bosnienne de 21 ans, s'est rendu à la police italienne.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée juste après son meurtre, le suspect a insulté la religion de sa victime.

Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion.

Outre une marche blanche à La Grand-Combe, un rassemblement en mémoire de la victime et contre l'islamophobie a déjà été organisé dimanche à Paris et une manifestation s'est déroulée mardi à Lyon.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
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  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir.