Des pays islamiques, dont l’Arabie, condamnent un parti suédois d’extrême droite qui veut brûler le Coran

Sur cette photo qui date du 17 avril 2022, on voit une voiture en flammes à proximité de Rosengard, à Malmö, en Suède, lors des émeutes déclenchées par un groupe d'extrême droite qui prévoyait de brûler en public des exemplaires du Coran. (Johan Nilsson/TT News Agency/AFP).
Sur cette photo qui date du 17 avril 2022, on voit une voiture en flammes à proximité de Rosengard, à Malmö, en Suède, lors des émeutes déclenchées par un groupe d'extrême droite qui prévoyait de brûler en public des exemplaires du Coran. (Johan Nilsson/TT News Agency/AFP).
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Publié le Mercredi 20 avril 2022

Des pays islamiques, dont l’Arabie, condamnent un parti suédois d’extrême droite qui veut brûler le Coran

  • La Suède est secouée par des actes de violence après les propos de Rasmus Paludan et de son parti, Stram Kurs, qui ont appelé à brûler en masse des exemplaires du Coran
  • Le ministère saoudien des Affaires étrangères accuse le groupe d'extrême droite d'«incitation à la haine contre les musulmans» et préconise le dialogue

DJEDDAH: Les nations arabes et les pays musulmans ont fermement condamné les intentions du parti suédois d'extrême droite Stram Kurs («Ligne dure») de détruire par le feu, durant le mois du ramadan, des exemplaires du Coran, le livre sacré de l'islam.

Le week-end dernier, des affrontements ont opposé la police et les manifestants à Norrköping, Linköping, Rinkeby, Malmö, Örebro et Stockholm, la capitale de la Suède, afin d’empêcher la mise à feu du Coran.

L'Arabie saoudite a condamné le fait que le parti utilise «délibérément» le Coran pour inciter à la haine contre les musulmans. Le Royaume a toutefois appelé à promouvoir la culture du dialogue, de la tolérance et de la coexistence entre les religions.

«Le ministère des Affaires étrangères exprime la condamnation du royaume d'Arabie saoudite de l'abus délibéré du Saint Coran, des provocations et de l'incitation contre les musulmans par certains extrémistes en Suède», indique le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le Royaume insiste sur le fait qu’il est nécessaire de renoncer à la haine, à l'extrémisme et à l'exclusion. Il appelle à prévenir les abus à l'encontre de tous les groupes religieux et les Lieux saints.

Le parti Stram Kurs a été condamné par l'Égypte, l'Iran, l'Irak, la Jordanie, la Malaisie et le Qatar, parmi d'autres pays. La Ligue islamique mondiale (LIM) ainsi que l'Organisation de la coopération islamique (OCI) et le Parlement arabe, l'organe législatif de la Ligue arabe, ont exprimé à leur tour leur indignation.

 

LIM

La police suédoise annonce dans un communiqué publié lundi que quarante personnes ont été blessées, parmi lesquelles vingt-six policiers, que plus de vingt véhicules ont été endommagés ou détruits et que vingt-six personnes ont été interpellées au cours de ces journées de violence.

Rasmus Paludan, avocat et homme politique d'extrême droite suédo-danois qui a fondé le parti Stram Kurs en 2017, avait fait part de son intention de se joindre à la manifestation organisée dimanche à Norrköping. Toutefois, selon les médias suédois, il ne se serait pas présenté sur les lieux.

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Sur cette photo prise le 4 septembre 2021 à Stockholm, en Suède, on voit le politicien suédo-danois Rasmus Paludan qui prêche la haine avec un exemplaire du Coran a la main; il l’a ensuite déchiré et brûlé. (Pelle T. Nilsson/Swedish Press Agency).

 

Dans une déclaration publiée par le parti Stram Kurs à la fin de la journée de dimanche, Rasmus Paludan a annoncé l'annulation du rassemblement dans la mesure où les organisateurs estimaient que la police suédoise n'était pas en mesure de «se protéger et de me protéger».

C'est le 15 avril que cette controverse a été déclenchée. Paludan a alors partagé avec ses 4 700 abonnés sur Instagram une photo de lui qui brandit un livre dont les coins semblent être brûlés. La légende de la photo précise: «On a brûlé le Coran à Rinkeby.»

Le lendemain, on rapporte qu’il a invité sur les réseaux sociaux ses partisans à imiter son geste en publiant le message suivant: «Le moment est venu de détruire le Coran par le feu.»

Même si Stram Kurs est considéré comme un groupe marginal dans les pays scandinaves, il a gagné en popularité ces dernières années, en particulier dans le sillage de la crise des réfugiés en Europe, en 2015. Cette année-là, des millions de personnes qui ont fui les conflits et l'instabilité au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie ont commencé à affluer vers les pays européens.

En effet, Stram Kurs ainsi que d'autres partis d'extrême droite cherchent systématiquement à susciter l'hostilité à l'égard des musulmans, mais aussi à l’encontre des migrants économiques et des réfugiés. Ces groupes vont jusqu'à exiger leur déportation massive dans le but de préserver, selon eux, l'identité ethnique authentique de la Suède.

M. Paludan envisage par ailleurs de se présenter aux élections législatives suédoises du mois de septembre. Il parcourt actuellement le pays pour rallier des soutiens à sa candidature. Dans ce contexte, il choisit délibérément de faire campagne dans des régions qui abritent d'importantes communautés musulmanes.

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Des policiers poursuivent des émeutiers à Örebro, en Suède, avant une manifestation prévue par le politicien danois hostile aux musulmans Rasmus Paludan et son parti, Stram Kurs, le 15 avril 2022. (Paul Wennerholm/TT News Agency, via Reuters).

Rasmus Paludan a tenté par le passé de provoquer les musulmans en appelant à détruire par le feu des exemplaires du Coran. En novembre 2020, son site Internet exhortait ses partisans à se rassembler devant l'Arc de Triomphe, à Paris, pour «brûler le Coran en prévision d'une assemblée publique pacifique».

Ce même mois, Paludan a également exhorté ses partisans à se rassembler dans la banlieue de Molenbeek, à Bruxelles, où «les patriotes européens mettront le feu au Coran en signe de mépris criant pour l'islam».

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Des musulmans palestiniens lisent le Coran dans la mosquée Al-Omari pendant le mois du ramadan dans la ville de Gaza, le 18 avril 2022. (Majdi Fathi/NurPhoto)

En 2020, Paludan a été condamné à un mois de prison pour avoir incité à la haine contre la communauté musulmane sur les comptes de médias sociaux de son parti, Stram Kurs. L'année précédente, il avait été condamné à une peine avec sursis pour racisme et s’était vu confronté à quatorze chefs d'accusation, parmi lesquels la diffamation et la conduite dangereuse.

Il convient de souligner que Paludan n'est pas la première personnalité publique à inciter à la haine en essayant de brûler des exemplaires du Coran. En 2010, le pasteur de Floride Terry Jones, fondateur du centre Dove World Outreach Center, a juré de marquer la 9e commémoration des attentats du 11 septembre 2001 en mettant le feu au livre sacré de l'islam.

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Des contre-manifestants lancent des pierres sur la police dans la ville d'Örebro, en Suède, le 15 avril 2022, en amont d'une manifestation prévue par le groupe danois antimusulman Stram Kurs. (Kicki Nilsson/TT News Agency via Reuters).

Cet appel a suscité une condamnation mondiale; le Vatican et les Nations unies ont pressé le pasteur Jones de ne pas poursuivre son projet.

David Petraeus, qui était à l'époque commandant de la Force internationale pour l'assistance en matière de sécurité en Afghanistan, a prévenu que ces actions pourraient être instrumentalisées par les talibans et d'autres groupes extrémistes pour rallier des partisans ou promouvoir des actes terroristes en Occident.

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Des étudiants iraniens manifestent devant l'ambassade de Suède à Téhéran, le 18 avril 2022, pour dénoncer les appels d'un groupe suédois d'extrême droite à brûler le livre sacré de l'islam. (Atta Kenare/AFP).

 

«Ce sont précisément ces actions qu'utilisent les talibans et qui pourraient occasionner de graves problèmes. Nous sommes engagés avec la communauté islamique ici, comme partout dans le monde», a déclaré M. Petraeus à l'époque.

Interrogé sur les appels lancés par le pasteur Jones dans l'émission Good Morning America de la chaîne ABC, le président américain de l'époque, Barack Obama, avait lui aussi prévenu que le fait de brûler le Coran «pourrait favoriser le recrutement d'individus qui sont prêts à se faire exploser dans des villes américaines ou européennes».

Devant ce tollé, le pasteur Jones a renoncé à l'incinération du Coran le jour de l'anniversaire des attentats du 11-Septembre.

Reste à savoir si ces condamnations dissuaderont les partisans de Paludan et du groupe Stram Kurs de brûler le Coran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.


Série de raids israéliens sur le Liban, Israël dit viser le Hezbollah

Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
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  • Israël a mené des raids aériens contre le sud et l’est du Liban, affirmant viser des infrastructures militaires du Hezbollah
  • Ces frappes surviennent à la veille d’une réunion du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, toujours fragile

BEYROUTH: L'aviation israélienne a lancé jeudi matin une série de raids contre le sud et l'est du Liban, selon l'agence de presse officielle libanaise, Israël affirmant viser des infrastructures du Hezbollah pro-iranien.

Ces frappes interviennent à la veille d'une réunion du groupe de surveillance du cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre 2024, qui comprend, outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, l'ONU et la France.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), des raids ont visé plusieurs régions du sud du Liban, frontalier d'Israël, ainsi que des zones montagneuses de la Békaa (est), un bastion du Hezbollah.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir frappé "plusieurs structures militaires du Hezbollah où des armes étaient stockées, et à partir desquelles les terroristes du Hezbollah ont continué d'opérer récemment".

Deux personnes avaient été tuées mardi dans deux frappes israéliennes qui avaient visé une camionnette au sud de Beyrouth et une voiture dans le sud du Liban. L'armée israélienne avait affirmé avoir visé des membres du Hezbollah.

Malgré le cessez-le-feu qui a mis fin il y a plus d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier poursuit ses frappes au Liban, qui ont fait environ 340 morts selon une compilation de l'AFP sur la base des chiffres du ministère de la Santé.