Kiev appelle à des négociations sur le sort de Marioupol

Des bâtiments endommagés dans la ville portuaire méridionale de Marioupol en Ukraine le 19 avril 2022. (Photo, Reuters)
Des bâtiments endommagés dans la ville portuaire méridionale de Marioupol en Ukraine le 19 avril 2022. (Photo, Reuters)
Short Url
Publié le Jeudi 21 avril 2022

Kiev appelle à des négociations sur le sort de Marioupol

  • Moscou a fait une démonstration de force en testant un nouveau missile intercontinental à potentiel nucléaire
  • «L'Histoire n'oubliera pas les crimes de guerre qui ont été commis ici», a écrit Charles Michel sur Twitter

ZAPORIJIA: Les combats s'intensifiaient mercredi dans l'est et le sud de l'Ukraine où l'armée russe semblait près de s'emparer du port stratégique de Marioupol, Kiev recevant cependant un soutien croissant des Européens et des Américains, notamment en armes lourdes. 

L'Ukraine a appelé mercredi à la tenue de négociations avec la Russie sur le sort de la ville assiégée de Marioupol, au moment où Moscou faisait une démonstration de force en testant un nouveau missile intercontinental pouvant emporter des charges nucléaires.

Mykhaïlo Podolyak, conseiller de la présidence ukrainienne et un des négociateurs avec la Russie, a proposé à la Russie une "session spéciale de négociations" à Marioupol, ville portuaire sur la mer d'Azov assiégée.

"Nous sommes prêts à tenir une 'session spéciale de négociations' à Marioupol. Pour sauver nos gars, (le bataillon) Azov, les soldats, les civils, les enfants, les vivants et les blessés. Tout le monde", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Dernier dirigeant européen en date à se rendre à Kiev, le président du Conseil européen Charles Michel a rencontré le président Volodymyr Zelensky. 

L'UE fera "tout son possible" pour que l'Ukraine "gagne la guerre", a déclaré Charles Michel après les entretiens, qui ont porté sur le soutien financier et militaire de l'Union européenne et ses sanctions contre la Russie. 

L'adhésion de l'Ukraine à l'UE est "une priorité", a dit de son côté Volodymyr Zelensky. 

Sur le terrain, le ministère ukrainien de la Défense a affirmé mercredi matin que l'armée russe "concentrait l'essentiel de ses efforts sur la prise de Marioupol et poursuivait ses tentatives d'assaut près de l'aciérie Azovstal", dernier îlot de résistance de ce port situé sur la mer d'Azov, à l'extrémité sud du Donbass. 

Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du bataillon Azov qui résiste à Azovstal, a indiqué que ses combattants faisaient face à un "front à 360 degrés", "sans arrière" possible. 

Il a souligné que des centaines de civils, dont des enfants, se trouvaient dans l'aciérie, complètement détruite par des "bombes super-puissantes", et a appelé les dirigeants internationaux à les "sauver avant tout". 

"Nous vivons peut-être nos derniers jours, voire nos dernières heures", et "l'ennemi est 10 fois plus nombreux que nous", avait déclaré dans la nuit de mardi à mercredi Serguiï Volyna, commandant de la 36e brigade de la marine ukrainienne, dans un message posté sur Facebook. 

Le couloir humanitaire, qui avait en principe été négocié pour permettre mercredi l'évacuation des civils de Marioupol, "n'a pas fonctionné", a déclaré dans la soirée la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk, en accusant les Russes d'avoir violé le cessez-le-feu et bloqué les cars.

À Moscou Mikhaïl Mizintsev, un haut responsable du ministère russe de la Défense, a pour sa part accusé "les autorités de Kiev d'avoir cyniquement sabordé cette opération humanitaire", assurant que "personne n'a utilisé le couloir indiqué".

La situation dans la ville, où au moins 20 000 personnes ont péri depuis début mars selon le conseil municipal, est "catastrophique", selon la première vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk. 

La Russie, qui a lancé plusieurs ultimatums aux défenseurs de Marioupol, est déterminée à prendre ce port qui lui permettrait de faire la jonction entre la Crimée, qu'elle a annexée en 2014, et les républiques séparatistes du Donbass. 

Sa prise permettrait aussi à Moscou d'injecter des forces supplémentaires dans l'offensive visant à prendre le contrôle de l'ensemble du Donbass, que les séparatistes contrôlent en partie depuis 2014. 

1
Derniers développements de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, avec photos. (Graphique, AFP)

«Tentatives » d'assaut dans le Donbass 

Au-delà de Marioupol, les combats semblaient s'intensifier tant dans l'est que dans le sud de l'Ukraine.  

Le ministère ukrainien de la Défense a fait état mercredi matin de "tentatives d'assaut" sur les localités de Soulyguivka et Dibrivné, dans la région de Kharkiv (est), ainsi que sur Roubijné et Severodonetsk, dans la région de Lougansk (est). 

Le gouverneur de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a renouvelé ses appels aux civils à évacuer. "La situation se complique d'heure en heure", a-t-il écrit sur la messagerie Telegram: "Mettez-vous en sécurité (...) Partez".  

A Kramatorsk, grande ville de la région de Donetsk, des habitants interrogés par l'AFP s'attendaient au pire. "Ca va être le merdier", a dit Alexandre, 53 ans. "Tant que les Russes ne se calmeront pas, il n'y a rien de bon à attendre".  

Les bombardements s'intensifiaient aussi dans le sud, notamment sur les villages de Mala Tokmatchka et d'Orikhiv, à 70 km au sud-est de Zaporijjia.

Alors que la guerre semblait encore lointaine la semaine dernière, "maintenant, quand ça vient du côté russe, les maisons tremblent et c'est beaucoup plus fréquent", a dit Vitaly Dovbnia, précisant avoir une valise prête dans le coffre de sa voiture. 

Dans cette région, le ministère russe de la Défense a indiqué avoir notamment frappé les villages de Kisselivka et Novovorontsovka.   

Selon un haut responsable américain du département de la Défense, la Russie a augmenté sa présence militaire dans l'est et le sud de l'Ukraine, portant à 76 le total de ses bataillons dans le pays. 

La famille d'un Britannique capturé dénonce une vidéo «  sous la contrainte »

La famille d'Aiden Aslin, un Britannique capturé lors de combats en Ukraine, a dénoncé une vidéo diffusée en Russie et prise selon eux "sous la contrainte", en violation de la convention de Genève sur le traitement des prisonniers.


"La vidéo d'Aiden parlant sous la contrainte et ayant clairement subi des blessures physiques est profondément éprouvante. Utiliser des images et des vidéos de prisonniers de guerre est contraire à la Convention de Genève et doit cesser", indique sa famille dans une déclaration relayée sur Twitter par le député Robert Jenrick.


Aiden Aslin, né en 1994, figure aux côtés de son compatriote Shaun Pinner, lui aussi capturé en Ukraine, dans des enregistrements présentés comme des interviews et diffusés par la télévision publique russe lundi. Les deux hommes, qui apparaissent les traits tirés, demandent à être échangés contre Viktor Medvedtchouk, un riche homme d'affaires ukrainien proche de Vladimir Poutine et arrêté en Ukraine.


Selon les médias russes, ils ont été capturés après avoir combattu côté ukrainien à Marioupol. Ils appartiendraient à une unité qui s'est rendue la semaine dernière aux forces russes.


La famille d'Aiden Aslin a expliqué que ce dernier avait déménagé en 2018 en Ukraine, où il a rencontré sa petite-amie et s'est finalement installé à Mykolaïv. Il a décidé de rejoindre les Marines ukrainiens et a servi dans cette unité pendant près de quatre ans.


"Il n'est pas, contrairement à la propagande du Kremlin, un volontaire, un mercenaire ou un espion. Aiden faisait des plans pour son avenir en dehors de l'armée, mais comme tous les Ukrainiens, sa vie a été bouleversée par l'invasion barbare de Poutine", soulignent-ils.


La famille d'Aiden Aslin a expliqué être, comme celle de Shaun Pinner, en contact avec le ministère des Affaires étrangères britannique "pour que les autorités russes remplissent leurs obligations envers les prisonniers de guerre en vertu du droit international, et finalement pour obtenir la libération d'Aiden et Shaun".


La famille de Shaun Pinner avait expliqué dans un communiqué que celui ci n'était "ni un volontaire ni un mercenaire, mais sert officiellement dans l'armée ukrainienne conformément à la législation ukrainienne".


Il s'était lui aussi installé en 2018 en Ukraine, et a épousé une Ukrainienne.

Nouvelles armes pour Kiev 

"Cette nouvelle phase" de la guerre, comme l'a qualifiée mardi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, s'annonce acharnée. D'autant que l'Ukraine reçoit désormais des armes lourdes que les Occidentaux hésitaient à lui fournir auparavant. 

Après la livraison de pièces d'artillerie annoncée la semaine dernière par le président américain Joe Biden, les Ukrainiens ont désormais "à leur disposition plus d'avions de chasse qu'il y a deux semaines", a affirmé mardi le porte-parole du Pentagone John Kirby, expliquant qu'ils avaient reçu "des appareils supplémentaires et des pièces détachées pour accroître leur flotte". 

Le commandement des forces aériennes ukrainiennes a affirmé de son côté mercredi n'avoir "pas reçu de nouveaux avions", mais "des pièces détachées pour la réparation des appareils existants". 

Kiev réclame des Occidentaux des Mig-29 soviétiques que ses militaires savent déjà piloter et dont disposent encore certains pays d'Europe de l'Est. 

Washington s'apprête aussi à approuver un nouveau paquet d'aide militaire s'élevant à 800 millions de dollars, moins d'une semaine après une annonce d'une tranche du même montant, selon plusieurs médias américains. 

Négociations au point mort 

L'appel mardi du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres à une trêve "humanitaire" de quatre jours pour les fêtes orthodoxes de Pâques - renouvelé mercredi par le coordinateur de l'ONU en Ukraine Amin Awad - semblait en revanche avoir peu de chances d'être entendu. 

D'autant que les négociations russo-ukrainiennes, censées continuer en ligne depuis la dernière séance physique à Istanbul fin mars, semblent au point mort. 

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé mercredi que les Ukrainiens "ne cessent de se retirer de ce sur quoi il y avait des ententes". "La balle est dans leur camp", après que Moscou leur a remis "un projet de document", a-t-il ajouté sans préciser le contenu de ce texte. 

L'invasion russe a déjà poussé vers les pays voisins de l'Ukraine, à commencer par la Pologne, plus de cinq millions d'Ukrainiens, un record depuis la Seconde guerre mondiale. 

Certains font néanmoins des allers-retours: le porte-parole des garde-frontières ukrainien a indiqué mercredi que 1,1 million d'Ukrainiens étaient rentrés en Ukraine depuis le 24 février. 

Le conflit a aussi chamboulé certains grands équilibres mondiaux. Des pays européens qui ne faisaient pas partie de l'Otan semblent désormais prêts à rejoindre l'Alliance militaire, comme la Finlande, dont le Parlement entamait mercredi un débat sur une adhésion. 

Sa candidature est désormais probable, et cette évolution est suivie de près par la Suède voisine, qui pourrait lui emboîter le pas. 

Les ministres des Finances et les banquiers centraux des pays du G20, réunis mercredi pour la première fois depuis le début du conflit, risquaient de voir leurs discussions paralysées, les Occidentaux ayant demandé en vain à la présidence indonésienne que la Russie en soit exclue.  

La directrice générale du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva a cependant exhorté les pays à continuer leur coopération. "Aucun pays ne peut résoudre ses problèmes seul. Il est évident que la coopération doit et va se poursuivre", a-t-elle estimé lors d'une conférence de presse. 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Short Url
  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.