BERLIN : Le ministre allemand des Finances, le libéral Christian Lindner, a pris samedi la défense du chancelier Olaf Scholz, critiqué de toute part pour son manque présumé de leadership et un soutien jugé trop timoré à l'Ukraine.
Le chancelier social-démocrate "Olaf Scholz est une personnalité dirigeante très soucieuse de ses responsabilités, qui pèse soigneusement ses décisions", a déclaré le grand argentier allemand au congrès de son parti, le FDP, à Berlin.
"Le chancelier a la confiance du FDP et aussi de son groupe parlementaire au Bundestag", a-t-il mis au point dans ce discours tenu en visioconférence depuis Washington. Le ministre a été testé positif au Covid-19 il y a quelques jours, lors d'une visite aux États-Unis.
Ce soutien sans équivoque d'un des poids lourds du gouvernement allemand intervient sur fond de critiques continues adressées au chancelier, par l'opposition conservatrice mais aussi au sein même du parti libéral et des Verts, l'autre parti composant l'exécutif en Allemagne.
Olaf Scholz est aussi sévèrement mis en cause par ses voisins d'Europe centrale et de la Baltique pour son refus à autoriser la livraison de matériel militaire offensif à Kiev, notamment des véhicules blindés, alors que les combats redoublent d'intensité dans l'est de l'Ukraine.
Concernant ces équipements, il existe deux "limites", a estimé M. Lindner. "Notre propre sécurité" ne doit pas être menacée, de même que notre "capacité de défense du territoire de l'Otan", a-t-il déclaré, soulignant au passage les ressources limitées de l'armée allemande et reprenant ainsi les arguments du chancelier.
Dans un long interview au Spiegel paru vendredi, ce dernier a aussi tenté de justifier sa politique prudente en matière d'armements lourds par le souci d'éviter une confrontation directe entre l'Otan et la Russie, puissance nucléaire.
"Je fais tout afin d'éviter une escalade qui conduirait à une troisième guerre mondiale. Il ne doit pas y avoir de guerre atomique", a-t-il dit.
L'Allemagne a jusqu'ici livré du matériel militaire défensif, tels que des armes antichar, des lance-missiles et des missiles sol-air.
Le pays s'est par ailleurs engagé à compenser les matériels que les pays d'Europe centrale et de l'Est fourniraient à Kiev en les aidant à reconstituer leurs stocks. Des discussions ont débuté en ce sens avec la Slovénie pressentie pour livrer ses chars de fabrication soviétique à l'Ukraine.
Et des consultations sont aussi en cours entre le gouvernement et des industriels de la défense pour l'envoi éventuel d'équipements militaires supplémentaires à Kiev.