Législatives: LFI ouvre des tractations historiques mais ardues avec le PS

Jean-Luc Mélenchon (à droite), à côté de Manuel Bompard, négociateur en chef de LFI, après avoir voté pour le premier tour de l'élection présidentielle dans un bureau de vote à Marseille, le 10 avril 2022 (Photo, AFP).
Jean-Luc Mélenchon (à droite), à côté de Manuel Bompard, négociateur en chef de LFI, après avoir voté pour le premier tour de l'élection présidentielle dans un bureau de vote à Marseille, le 10 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 28 avril 2022

Législatives: LFI ouvre des tractations historiques mais ardues avec le PS

  • «On n'avait pas l'impression de discuter avec le même PS qu'il y a deux, trois ans», a rapporté le négociateur en chef de LFI
  • Manuel Bompard a estimé qu'il n'y avait «pas de point de discussion qui paraissait insurmontable» avec le PS

PARIS : "Pas de points insurmontables": les tractations historiques entre La France insoumise et le Parti socialiste ont démarré mercredi par une rencontre "positive" selon les protagonistes, contrastant avec les tensions stratégiques et de fond qui continuent de perturber les discussions entre Insoumis et écologistes.

"On n'avait pas l'impression de discuter avec le même PS qu'il y a deux, trois ans", a rapporté à la presse le négociateur en chef de LFI Manuel Bompard, qui a par ailleurs entamé d'autres discussions bilatérales depuis plus d'une semaine avec EELV, le PCF et le NPA.

LFI affiche son ambition d'obtenir la fonction de Premier ministre pour Jean-Luc Mélenchon par une victoire aux législatives des 12 et 19 juin, après sa solide troisième place à la présidentielle (21,95%). Six Français sur dix, selon un sondage Elabe publié samedi, souhaitent une majorité de députés opposés à Emmanuel Macron. Le président, décidé à montrer un visage plus social, s'est lui rendu mercredi à Cergy (Val d'Oise), ville ayant voté à 48% pour le leader Insoumis.

Manuel Bompard a estimé qu'il n'y avait "pas de point de discussion qui paraissait insurmontable" avec le PS, après des années de fracture profonde alimentées par une campagne présidentielle offensive d'Anne Hidalgo à l'encontre de M. Mélenchon.

"Il y a clairement une volonté d'afficher une rupture avec le PS de François Hollande, ils n'avaient pas de difficulté à s'engager sur l'abrogation de la loi El Khomri, sur la VIe République, le blocage des prix, qui sont pour nous des marqueurs importants", s'est réjoui l'eurodéputé LFI.

Le porte-parole du PS Pierre Jouvet a pour sa part déclaré avoir "eu une discussion constructive qui nous a permis d'avancer sur certains points, il n'y a pas entre nous de point de blocage insurmontable" en vue d'un accord.

"On attend maintenant de la part du PS une déclaration publique qui permet d'acter ces points de convergence, on verra si dans ces prochains jours elle a lieu et dans ce cas on pourra continuer à discuter", a prévenu Manuel Bompard.

Ferrand appelle «femmes et hommes de gauche» à rallier la macronie

Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM) lance "un appel aux femmes et aux hommes de gauche" à rejoindre l'équipe présidentielle, dans un entretien au Midi Libre à paraître jeudi.

"Notre rassemblement, déjà vaste, a vocation à s'élargir. Aujourd’hui, je lance un appel aux femmes et aux hommes de gauche, sociaux démocrates, socialistes, écologistes, pour leur dire qu’ils ont toute leur place dans notre majorité pour apporter leur sensibilité, leurs propositions, leurs priorités, leurs préoccupations", déclare le député du Finistère, lui-même ancien socialiste.

Selon M. Ferrand, "ceux qui lorgnent à droite vers l’extrême droite et à gauche vers la France insoumise vont rapidement s’enferrer dans des alliances extrémistes".

"Nous militons pour une France forte, dans une Europe – la grande œuvre de François Mitterrand – assez puissante pour peser sur le cours du monde. La France insoumise propose un recroquevillement, un affaiblissement de la France sur des bases différentes de l’extrême droite, mais qui aboutissent au même résultat", estime le titulaire du perchoir, proche d'Emmanuel Macron.

Et d'insister: "Nous tendons la main aux citoyens, aux élus locaux, nationaux, à toutes les forces qui veulent venir apporter leur pierre au service de la France".

Aux yeux du président de l'Assemblée, le prochain gouvernement pourra aller "des socialistes sociaux-démocrates, jusqu’à la droite libérale, avec les centristes qui sont là depuis le début".

Faure critiqué

Envisager un accord avec le parti de Jean-Luc Mélenchon est un tournant majeur pour les socialistes. Sous la contrainte car, avec 1,7% des voix à la présidentielle, le PS est menacé de disparition.

Depuis le vote par son Conseil national, il y a huit jours, d'une volonté de discuter avec LFI pour les législatives des 12 et 19 juin, le PS est en proie à des tensions. Mardi soir, le Premier secrétaire Olivier Faure, critiqué lors d'un bureau national par le courant minoritaire du parti, a invité ceux qui pensent "qu'il n'y a plus rien à faire" à partir. 

"Nul n'est propriétaire du PS", a répondu "Debout les socialistes", présidé par Hélène Geoffroy, qui fait partie de ceux qui s'opposent à cette ligne, comme le maire du Mans Stéphane Le Foll ou encore l'ancien premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis.

«Calculette»

Ce sont d'autres types de tension qui ralentissent les discussions entre LFI et EELV depuis le début de semaine. LFI a regretté, mercredi, que leurs interlocuteurs aient semblé "revenir" sur leur accord incluant la retraite à 60 ans, le blocage des prix du carburant et l'application du principe de désobéissance en Europe "quand cela est indispensable pour appliquer notre programme".

Manuel Bompard a en particulier mis en cause des propos de Yannick Jadot, réticent à reconnaître le leadership de Jean-Luc Mélenchon.

Le chef des Verts Julien Bayou a organisé mercredi une conférence de presse pour démentir des divergences sur le "blocage du prix de l'essence" et sur la retraite à 60 ans, requérant juste pour ce dernier point le "financement". Il a aussi reconnu la nécessité d'un compromis sur l'Union européenne.

Sur les circonscriptions, sources d'âpres négociations, Julien Bayou a indiqué: "Nous avions d'abord demandé 32 circonscriptions sur les 100 meilleures, ils nous ont dit 16", et désormais les écolos en demandent 20. Trop souvent LFI "veut le quasi effacement des candidats des écologistes", a-t-il dénoncé.

Par exemple, à Bordeaux, dont le maire est écologiste, "ils nous proposent la première, dans le nord de la ville, ou la quatrième circonscription, où il y a un sortant PS, et non pas la deuxième dans le centre" plus représentative de l'électorat d'EELV, affirme Léa Balage, l'une des négociatrices.

Dans un entretien à L'Humanité à paraître jeudi, Jean-Luc Mélenchon a tenu à rassurer: "Nous proposons que chacun ait un groupe parlementaire, et en même temps un intergroupe. Et un Parlement commun", qui "permet à chaque organisation de rester elle-même et au peuple d’entrer en action".


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.