La transition énergétique du Liban: de l’absence d’électricité aux énergies renouvelables

Un champ de panneaux  photovoltaïques au-dessus d'une rivière à Beyrouth. (AFP).
Un champ de panneaux photovoltaïques au-dessus d'une rivière à Beyrouth. (AFP).
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Publié le Jeudi 28 avril 2022

La transition énergétique du Liban: de l’absence d’électricité aux énergies renouvelables

  • La décision de se tourner vers des énergies renouvelables est motivée par le besoin plutôt que par une conscience environnementale
  • La dévaluation de la livre libanaise à partir de 2019 et la fluctuation des prix des matières premières influencent les offres et réduisent leur durée de validité

BEYROUTH: Encore un incident qui met en lumière la crise énergétique au Liban, un pays ravagé par une crise économique qui s'est transformée en crise sociale: le ministre libanais de l'Énergie, Walid Fayad, a récemment été agressé dans la rue après une montée des tensions sociales, notamment à la suite du naufrage d'un bateau de migrants ce week-end à Tripoli.

En tant que figure actuelle d'un ministère défaillant, la question de savoir si M. Fayad fait partie du problème ou d'une solution potentielle est légitime. Quoi qu’il en soit, un grand souci persiste dans la vie quotidienne des Libanais: l'accès à l'électricité.

L'énergie fournie est de l'ordre de deux à trois heures par jour. Les générateurs électriques aident à combler le fossé en fonction de la disponibilité du carburant et des fresh dollars, ce qui renforce les disparités sur les plans économique, financier et social.

Dans un contexte d'absence persistante de solutions à la pénurie d'électricité, un ministère défaillant d'un mandat à l'autre au cours des quinze dernières années, le manque de qualification, le haut niveau de corruption, en plus de la pénurie de carburant et de la difficulté d'y accéder même dans l’économie souterraine (à différents intervalles), sont autant de facteurs qui incitent les gens à se tourner vers les énergies renouvelables. La décision est motivée par le besoin plutôt que par une conscience environnementale.

Un marché en croissance

L'augmentation de la demande a entraîné une augmentation rapide de l'offre, et les entreprises d'énergie solaire, les entrepreneurs et les particuliers tentent désormais de s'approprier une part d'un marché en pleine croissance.

Le Centre libanais pour la conservation de l’énergie (LCEC), l'agence nationale de l'énergie pour le Liban, agit en tant que bras technique du ministère de l'Énergie et de l'Eau.

Avec l'expansion du marché, la réglementation s’avère cruciale. Le LCEC est un point de référence dans l'effort de transition énergétique, se concentrant sur le développement de stratégies d'efficacité énergétique et de plans d'action sur les énergies renouvelables pour atteindre la sécurité énergétique à des niveaux décarbonés.

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Il y a une tendance à la transition vers les énergies durables et renouvelables, comme en témoignent les engagements renouvelés de la Cop26 à l'échelle mondiale, la stratégie Net Carbon des Émirats arabes unis pour atteindre la neutralité carbone et le plan de la vision 2030 de l'Arabie saoudite dans la région. Au Liban, cependant, le pays est en train de passer de l'absence d'électricité aux énergies renouvelables.

La transition implique les secteurs privé et public à parts égales. L’année 2021 a enregistré la plus forte demande de systèmes photovoltaïques, avec les projets de plus petite capacité constituant la plupart des installations: 44 910 installations dans la gamme 0-100 kWp, soit 50% de la capacité totale installée à la fin de 2020, contre 19% d’installations dans la gamme 800-1000 kWp.

Malgré une réduction des prix d'installation, sur une base $/kWp, les systèmes PV sans capacité de stockage continuent d'être moins chers que les systèmes PV avec capacité de stockage.

 

Comment choisir un système PV?

  • Type: (on/off grid, hybride), le kWp et la surface disponible
  • Matériel: type de panneau, onduleurs, batteries et garantie
  • Prestataire: service avant et après-vente

Néanmoins, il y a une augmentation de la demande de systèmes photovoltaïques avec une capacité de stockage motivée par la nécessité d'assurer un approvisionnement continu en énergie. Au cours des dernières années, les préférences sont passées de la réduction de coûts à l'investissement dans le matériel: type de panneau, onduleurs et batteries.

Cet exercice est une tentative d'augmenter l'approvisionnement énergétique quotidien et de couvrir les besoins énergétiques des jours les moins ensoleillés, en utilisant des batteries et des mécanismes de panneaux solaires qui captent l'énergie, pour une transmission en fonction du besoin en énergie.

La durée de vie utile des panneaux solaires peut aller de dix à vingt ans, voire plus en fonction de la qualité de l'équipement et de la régularité de l'entretien.

Pour les installations produisant jusqu'à 1,5 Mw pour un usage personnel, l'obtention d'un permis n'est pas requise, mais les exigences en matière de santé et de sécurité doivent être respectées. Le ministère de l'Énergie et le ministère de l'Intérieur ont mis en place un mécanisme facilitant la mise en œuvre des projets permettant une réglementation du marché, conforme aux lois applicables et encourageant cette transition énergétique.

Défis face à la croissance rapide des solutions d'énergie renouvelable

Le dernier investissement dans des centrales électriques par le gouvernement remonte à 1998, avec un taux de KwH fixé sur la base de 20 dollars (1 dollar = 0,95 euro) le baril.

Du point de vue du financement, «avant 2019, les prêts verts étaient accessibles aux utilisateurs/end users (résidentiels, commerciaux ou industriels), avec une payback period de quatre à cinq ans. Aujourd'hui, les mécanismes de financement ne sont plus disponibles pour les projets d'énergie renouvelable, ce qui alourdit la charge de l'utilisateur/investisseur. Les projets ne sont rendus possibles que grâce à un paiement en espèces (fresh dollars; cash payment)», explique Jad Zeineddine, cofondateur et responsable des ventes chez Matrix Power Network SAL.

En plus de la crise financière, la Covid-19 a eu un impact négatif sur le secteur de l'énergie en perturbant la chaîne d'approvisionnement mondiale.

La pandémie a limité l'accès au matériel de niveau A, ce qui a inondé le marché de panneaux solaires, d'onduleurs, de batteries et d'autres accessoires de qualité inférieure. Cela a entraîné une concurrence au niveau des prix, ces produits étant de 10% à 30% moins chers que les produits de niveau A (certifiés, conformes, fabriqués par des producteurs de niveau A), ainsi qu’une qualité incontrôlée des produits sur le marché, en concurrence avec les principaux contrat d'ingénierie, de fourniture des équipements et de construction (EPC).

La dévaluation de la livre libanaise à partir de 2019 et la fluctuation des prix des matières premières «influencent les offres et réduisent leur durée de validité, ce qui exerce une pression sur le client pour qu'il prenne la décision d'investissement dans les systèmes PV», ajoute Jad Zeineddine.

Au niveau micro, les défis se traduisent également par une fluctuation de la durée et des coûts de fabrication et d'expédition. «Le coût d'expédition vers Beyrouth est l'un des plus élevés de la région», confirme Jad Zeineddine. À l'arrivée des équipements au Liban, l'absence d'encadrement clair des droits de douane et taxes pousse les EPC à ajouter des contingencies (imprévus) à ces coûts, au risque de perdre des parts de marché dans un environnement de plus en plus concurrentiel.

Au niveau macro, le pays est à la traîne en termes de développement d’infrastructure et d'approvisionnement en eau et en énergie. Aujourd'hui, les acteurs du marché et les organismes de réglementation tentent de combler les lacunes existantes.

«Les solutions d'énergie renouvelable ne sont pas des solutions temporaires, ce sont des investissements à long terme qui ont un impact positif, et notre rôle en tant qu’EPC est de remplir nos responsabilités sociales et d'aider à améliorer la vie des gens», conclut Jad Zeineddine.


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.


Pourquoi le chocolat reste cher avant Noël malgré la baisse du prix du cacao

Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
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  • Après des récoltes déficitaires ayant fait exploser les prix du cacao en 2024, la production repart en Côte d’Ivoire et au Ghana grâce à la hausse du prix payé aux producteurs, entraînant une baisse des cours mondiaux
  • Malgré cette accalmie, les consommateurs ne verront pas les prix du chocolat baisser pour Noël, car les coûts élevés ont déjà conduit à des hausses tarifaires, des réductions de portions et une baisse de la teneur en cacao

LONDRES: Après être montés en flèche pendant deux ans, les cours du cacao sont largement retombés cette année, mais sans répercussion sur les prix du chocolat à quelques jours des fêtes de fin d'année. Explications.

- L'Afrique de l'Ouest est le coeur de la production -

La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les principaux fournisseurs de cabosses, les fruits du cacaoyer, desquels sont extraits les fèves de cacao utilisées pour le chocolat.

Ces deux pays d'Afrique de l'Ouest concentrent plus de la moitié de la production mondiale, le reste étant principalement réparti entre le Nigeria, le Cameroun, ainsi que l'Equateur, l'Indonésie et le Brésil.

Cette concentration de la production mondiale dans quelques zones géographiques rend le marché très vulnérable aux aléas climatiques de l'Afrique de l'Ouest et aux maladies des cacaoyers.

- Les prix ont battu des records en 2024 -

Les récoltes des "saisons 2021-2022, 2022-2023, et 2023-2024 ont été déficitaires" par rapport à la demande, entraînant une hausse mécanique des prix, explique à l'AFP Oran Van Dort, de Rabobank.

Ce déficit s'explique selon lui par les mauvaises conditions météorologiques, mais aussi des problèmes systémiques dans les plantations ghanéennes et ivoiriennes, comme "le vieillissement des arbres, la propagation du "swollen shoot virus" (oedème des pousses du cacaoyer) ou la faible utilisation d'engrais et de pesticides", faute de revenus suffisants.

Résultat, en décembre 2024, le prix du cacao a atteint le niveau inédit de 12.000 dollars la tonne à la Bourse de New York, lui qui s'échangeait entre 1.000 et 4.000 dollars depuis les années 80.

- La récolte de fèves a redécollé ces derniers mois -

Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le prix payé aux producteurs est fixé par l'État, qui l'a largement augmenté pendant l'année 2025, après l'avoir longtemps maintenu inchangé malgré la hausse des cours.

"Pour la première fois depuis des années, j'ai l'impression que nous cultivons avec le soutien du gouvernement", témoigne auprès de l'AFP, Kwame Adu, de la région d'Ahafo au Ghana.

La hausse des revenus a permis aux producteurs d'acheter des engrais et des machines pour améliorer la récolte, ainsi que de planter de nouveaux arbres, favorisant leurs perspectives.

"L'année passée (saison 2024/2025, ndlr), ça s'est bien passé parce qu'au moment où le cacao a donné les fruits, il y avait la pluie", explique aussi à l'AFP Jean Kouassi, agriculteur ivoirien de 50 ans, qui possède 4 hectares de plantation.

- Il y a moins de cacao dans les produits -

"Le coût record des matières premières a contraint les fabricants de chocolat à prendre une série de décisions impopulaires: réduction des quantités, augmentation des prix", mais aussi la "dilution discrète de la teneur en cacao" dans les produits, souligne Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

La pratique peut même coûter l'appellation "barre au chocolat" à certains produits, comme c'est arrivé aux biscuits Penguin et Club de la marque McVitie's cette année au Royaume-Uni, qui impose un minimum de teneur en cacao.

La demande des géants comme Mondelez, Mars, Ferrero ou Nestlé s'est affaiblie, ce qui, ajouté à la bonne récolte 2024-2025, a entraîné une baisse des cours. La tonne de cacao évolue désormais à New York aux alentours de 6.000 dollars.

- Le chocolat reste cher -

La baisse des prix du cacao ne profitera pas aux amateurs de chocolat durant les fêtes, celle-ci arrivant "bien trop tard pour affecter les assortiments de Noël déjà produits et dont les prix ont été fixés il y a plusieurs mois", tranche Ole Hansen

"Les récentes fluctuations des prix du cacao sont encourageantes, mais le marché reste volatil (...) il est encore trop tôt pour se prononcer sur des changements spécifiques concernant les prix", reconnaît Nestlé, interrogé par l'AFP.

L'espoir demeure pour les oeufs et les lapins de Pâques, selon M. Hansen, à condition que le marché se stabilise autour des niveaux actuels.


EDF inaugure en Guadeloupe son premier compensateur synchrone pour stabiliser le réseau

Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
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  • EDF a inauguré en Guadeloupe un compensateur synchrone de 180 tonnes, une première mondiale destinée à stabiliser un réseau insulaire en forte transition vers les énergies renouvelables
  • L’équipement, sans émission de CO₂, doit réduire les coûts et renforcer la sécurité électrique

PARIS: EDF a inauguré mercredi en Guadeloupe son premier compensateur synchrone, une machine de 180 tonnes destinée à stabiliser un réseau insulaire non interconnecté, une "première mondiale" pour l'électricien.

Installé sur le site industriel de Jarry, près de Pointe-à-Pitre, l'équipement sera "mis en service très prochainement", a indiqué à la presse Hugo Gevret, qui a piloté ce projet. Il s'agit d'"un gros alternateur qui tourne à vide" et contribue à maintenir la tension et à soutenir la fréquence du réseau, deux paramètres essentiels dans un système isolé.

Dans les systèmes électriques traditionnels, cette stabilité est assurée par les turbines lourdes des centrales thermiques ou nucléaires. Leur masse en rotation fournit une inertie mécanique qui amortit naturellement les variations de fréquence.

Mais la Guadeloupe, engagée vers la décarbonation et l'autonomie énergétique d'ici 2035, doit intégrer davantage d'énergies renouvelables, dont l'intermittence ne fournit pas cette sécurité. "L'éolien et le photovoltaïque (...) n'apportent pas cette inertie qu'on recherche dans un système électrique: c'est le rôle du compensateur", souligne encore Hugo Gevret.

Son rotor en rotation permanente imite l'inertie mécanique d'une centrale classique, sans brûler de combustible. La machine peut absorber ou injecter de l'énergie réactive pour maintenir la tension, et réagir en quelques millisecondes aux fluctuations du réseau, un paramètre crucial dans un territoire non interconnecté.

L'investissement, engagé en 2019, atteint plus de 20 millions d'euros. La machine doit "faire économiser cinq millions d'euros à la collectivité et 30.000 tonnes annuelles de CO2", précise Hugo Gevret car contrairement aux turbines à combustion utilisées jusqu'ici pour stabiliser le système, elle n'émet aucun gaz à effet de serre.

Ce dispositif constitue pour l'électricien une "première mondiale", a rappelé Marie-Line Bassette, directrice régionale d'EDF. Selon elle, d'autres installations sont prévues dans les territoires ultramarins, pour lesquels des appels d'offres ont été lancés.

L'archipel a été frappé ces dernières années par des délestages et coupures à répétition, aggravés par des conflits sociaux dans le secteur de l'énergie. En 2024, une grève avait même provoqué un black-out total de plus de 36 heures.