Pour le patron des cinémas américains, l'avenir de Netflix passe par les salles obscures

Malgré cette embellie et la main tendue à Netflix, les cinémas ont encore des raisons de s'inquiéter (Photo, AFP).
Malgré cette embellie et la main tendue à Netflix, les cinémas ont encore des raisons de s'inquiéter (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 28 avril 2022

Pour le patron des cinémas américains, l'avenir de Netflix passe par les salles obscures

  • L'organisateur du festival CinemaCon de Las Vegas ne cesse de répéter que le géant du streaming ne va pas provoquer la disparition des salles de cinéma
  • Mais la perte nette de 200 000 abonnés au premier trimestre annoncée la semaine dernière a affolé Wall Street, où l'action Netflix a plongé de 30%

LAS VEGAS: "Les portes des cinémas sont ouvertes aux films Netflix depuis des années", assure John Fithian, le patron de l'association nationale des propriétaires de salles obscures aux Etats-Unis.

L'organisateur du festival CinemaCon de Las Vegas ne cesse de répéter que, contrairement à ce que veulent bien dire les oiseaux de mauvais augure du secteur, le géant du streaming ne va pas provoquer la disparition des salles de cinéma, des films sur grand écran et du popcorn.

Maintenant que le box-office commence à récupérer des coups infligés par la pandémie et que Netflix vient de subir sa première perte d'abonnés depuis plus de dix ans, les cinémas pourraient même aider la plateforme à s'adapter à un avenir des plus incertains, insiste M. Fithian.

Il dit avoir eu "de nombreuses discussions" avec Ted Sarandos, responsable des contenus de Netflix, pour "l'exhorter à essayer de voir s'ils ne pouvaient pas également bien s'en tirer dans les cinémas".

"Je ne me préoccupe pas du cours de l'action dans un sens ou un autre. Je regarde juste les statistiques... Même si vous faites du streaming, vous pouvez gagner plus d'argent si vous sortez vos meilleurs films d'abord dans les cinémas", lance-t-il.

Sortir des films sur grand écran avant de les rendre disponibles pour ses abonnés ? L'idée semble à l'opposé du modèle économique choisi par Netflix, que les grands studios comme Disney ou Warner ont frénétiquement tenté d'émuler ces dernières années en lançant leurs propres plateformes de streaming.

Après avoir loué des DVD par voie postale, Netflix avait révolutionné le marché du divertissement en débauchant à coups de milliards les stars et les talents d'Hollywood pour produire films et séries à regarder à domicile.

Mais la perte nette de 200 000 abonnés au premier trimestre annoncée la semaine dernière a affolé Wall Street, où l'action Netflix a plongé de 30%. 

La plateforme, qui anticipe une dégringolade de deux millions d'abonnés au deuxième trimestre, a déjà annoncé la mise en place de nouvelles stratégies pour enrayer le phénomène dont des solutions inenvisageables jusqu'alors, comme des abonnements moins chers mais avec publicité.

A cette aune, la sortie de films Netflix au cinéma avant le streaming ne paraîtrait plus si saugrenue.

Pour l'instant, la plateforme se contente de diffuser ses films dans un petit nombre de salles afin de satisfaire aux règles des Oscars et d'autres prix cinématographiques.

Mais John Fithian "pense que le modèle de Netflix pourrait évoluer" vers une présence accrue dans les cinémas. "Nous l'espérons", souligne le président de l'organisation, qui dit représenter quelque 35 000 écrans aux Etats-Unis.

Une sortie en salles permet à un film de "mieux se faire remarquer" tandis que ceux qui "vont directement en streaming se perdent", plaide-t-il.

Amazon Prime inquiète

L'humeur des patrons de cinémas présents à Las Vegas est sensiblement meilleure que pendant de la précédente édition du CinemaCon en août 2021, lorsque le dernier variant du Covid-19 effrayait les spectateurs et que les studios court-circuitaient les salles pour sortir leurs films directement en streaming.

John Fithian s'est même payé le luxe cette semaine de proclamer que la mode consistant à mettre les films simultanément au cinéma et sur internet le même jour, inaugurée durant la pandémie, était "morte".

"Ce n'est pas sorti de nulle part. J'ai dit ça après avoir consulté beaucoup de nos partenaires des studios", a-t-il précisé à l'AFP.

De grands studios américains ont récemment annoncé qu'ils renouaient avec une "fenêtre" d'exclusivité pour les films au cinéma, même s'ils ont ramené cette période à 45 jours contre environ 90 avant la pandémie.

Malgré cette embellie et la main tendue à Netflix, les cinémas ont encore des raisons de s'inquiéter.

John Fithian se dit ainsi "très inquiet" d'un autre géant du streaming, Amazon Prime. Selon lui, le modèle économique de cette plateforme n'est pas de "gagner de l'argent avec des films" mais plutôt d'attirer le chaland pour qu'il y "faisse ses courses et passe par son service de livraison".

Amazon Prime vient de racheter pour 8,5 milliards de dollars les studios MGM, qui produisent notamment la franchise James Bond.

Si Amazon Prime veut ainsi soustraire des films aux salles de cinéma "pour ne les diffuser qu'à domicile, ils réduisent le choix des consommateurs ainsi que la concurrence", déplore John Fithian.

De son côté, Apple TV+ est devenu le mois dernier le premier service de vidéo à la demande à remporter l'Oscar suprême du meilleur long métrage pour "CODA".

Une année cinématographique jugée tout simplement "très bizarre" par M. Fithian.


L'UE impose des règles renforcées au champion chinois du prêt à porter Shein

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
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  • L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes
  • Shein revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée

BRUXELLES: Bruxelles a ajouté vendredi le champion du prêt-à-porter bon marché Shein à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes pour "protéger les consommateurs contre les contenus illégaux", a annoncé la Commission européenne dans un communiqué.

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. Elle revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée.

Ces entreprises doivent notamment analyser les risques liés à leurs services en matière de diffusion de contenus ou produits illégaux et mettre en place les moyens pour les atténuer. Cette analyse doit faire l'objet d'un rapport annuel remis à la Commission européenne qui assume désormais un rôle de gendarme du numérique dans l'UE.

"Des mesures devront être mises en œuvre pour protéger les consommateurs contre l'achat de produits dangereux ou illégaux, en mettant particulièrement l'accent sur la prévention de la vente et de la distribution de produits qui pourraient être nocifs pour les mineurs", a expliqué la Commission.

Les très grandes plateformes doivent aussi fournir au régulateur un accès à leurs algorithmes pour que le respect du règlement puisse être contrôlé. Elles doivent se soumettre une fois par an à un audit externe indépendant, à leurs propres frais.

Ces obligations s'appliqueront à Shein à partir de fin août.

Les contrevenants aux règles peuvent se voir infliger des amendes jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires annuel mondial, voire une interdiction d'opérer en Europe en cas de violations graves et répétées.

Réagissant à sa désignation comme très grande plateforme vendredi, Shein a affirmé sa volonté de se conformer aux règles européennes. "Nous partageons l'ambition de la Commission de faire en sorte que les consommateurs de l'UE puissent faire leurs achats en ligne en toute sérénité et nous nous engageons à jouer notre rôle", a déclaré Leonard Lin, responsable mondial des affaires publiques du groupe.

Les très grandes plateformes concernées par les contrôles européens renforcés incluent aussi le géant du commerce en ligne Amazon et son concurrent AliExpress, filiale du géant chinois Alibaba.

Une autre application chinoise de e-commerce, Temu, devrait s'ajouter prochainement à cette liste après avoir annoncé en avril qu'elle comptait environ 75 millions d'utilisateurs mensuels dans l'Union européenne.

Le DSA a montré son efficacité cette semaine en imposant à TikTok de suspendre dans l'UE la fonctionnalité de sa nouvelle application TikTok Lite qui récompense les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans.

La Commission craignait des risques d'addiction, notamment pour les adolescents, et a ouvert une enquête. Elle soupçonne le réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, de ne pas avoir conduit l'analyse obligatoire des risques, en particulier pour la santé mentale des utilisateurs.

Toujours dans le cadre du DSA, Bruxelles a aussi ouvert en décembre une enquête visant le réseau social X pour des manquements présumés aux obligations de modération des contenus.

 

 


Russie: la Banque centrale maintient son taux directeur à 16% sur fond d'inflation élevée

Une femme passe devant le siège de la Banque centrale russe, dans le centre-ville de Moscou, le 6 septembre 2023. (Photo, AFP)
Une femme passe devant le siège de la Banque centrale russe, dans le centre-ville de Moscou, le 6 septembre 2023. (Photo, AFP)
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  • Le taux directeur de la BCR avait été relevé à plusieurs reprises entre l'été et la fin d'année 2023, pour finalement atteindre 16%
  • Face au patronat russe, Vladimir Poutine avait lui appelé jeudi à "être prudent" et ne pas se précipiter pour abaisser les taux

MOSCOU: La Banque centrale russe (BCR) a annoncé vendredi maintenir une nouvelle fois son taux directeur à 16% pour tenter de limiter l'inflation, tirée notamment par l'explosion du budget fédéral, le président Vladimir Poutine ayant appelé la veille à rester "prudent".

Le taux directeur de la BCR avait été relevé à plusieurs reprises entre l'été et la fin d'année 2023, pour finalement atteindre 16%, dans le but d'enrayer l'inflation qui plombe le pouvoir d'achat des Russes.

La Banque centrale russe a donc estimé qu'il était encore prématuré de l'abaisser, la hausse des prix ayant officiellement atteint 7,8% au 22 avril, bien au-delà de la cible des 4% des autorités.

"Les pressions inflationnistes actuelles s'atténuent progressivement, mais restent élevées", a dit noter la BCR dans un communiqué.

"En raison de la demande intérieure toujours élevée, qui dépasse (...) l'offre, l'inflation reviendra vers l'objectif un peu plus lentement que ce qu'avait prévu la BCR en février", a-t-elle souligné.

La baisse de l'inflation étant "trop lente" aux yeux de la cheffe de l'institution monétaire Elvira Nabioullina, "nous n'excluons pas de maintenir le taux directeur actuel jusqu'à la fin de l'année", a-t-elle prévenu en conférence de presse.

Or, de nombreux entrepreneurs se sont plaints ces dernières semaines du coût important des investissements en conséquence des taux élevés.

Face au patronat russe, Vladimir Poutine avait lui appelé jeudi à "être prudent" et ne pas se précipiter pour abaisser les taux.

"La menace de l'inflation (...) pèse toujours sur nous", avait-il mis en garde, au moment où l'explosion des dépenses fédérales, tirées par les commandes militaires pour le front, a accéléré la spirale inflationniste.

Face aux représentants des entreprises, le président russe a notamment cité l'exemple de la Turquie qui, malgré un taux directeur actuellement à 50%, n'arrive pas à endiguer l'envolée des prix.

"Si nous allons dans l'autre sens (en baissant le taux directeur, NDLR), nous risquons de nous retrouver dans une situation semblable à celle de certains pays voisins, où l'inflation est à deux chiffres (...) Ceux-ci ont franchi une sorte de seuil et ne peuvent plus y faire face", a mis en garde M. Poutine.

Les perspectives pour l'économie russe sont toutefois meilleures depuis désormais plusieurs mois, ce que le FMI a confirmé mi-avril, l'institution tablant désormais sur une croissance dans le pays de 3,2% en 2024.

La flambée des prix reste l'une des principales préoccupations de la population russe, dont le pouvoir d'achat est plombé par l'effet des nombreuses sanctions occidentales et en raison de l'affaiblissement du rouble par rapport au dollar et à l'euro.

 

 


Partenariat mondial entre Aramco et la Fifa

Aramco a signé, jeudi, un partenariat mondial de quatre ans avec la Fifa, l'instance dirigeante du football, devenant ainsi un partenaire mondial majeur dans le secteur de l’énergie. (Photo fournie)
Aramco a signé, jeudi, un partenariat mondial de quatre ans avec la Fifa, l'instance dirigeante du football, devenant ainsi un partenaire mondial majeur dans le secteur de l’énergie. (Photo fournie)
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  • L’accord s’appuie sur un engagement commun en faveur de l’innovation et du développement
  • Il combinera la portée mondiale du football avec l’Histoire d’Aramco en matière de défense de l’innovation et d’engagement communautaire

RIYAD: Aramco a signé, jeudi, un partenariat mondial de quatre ans avec la Fifa, l'instance dirigeante du football, devenant ainsi un partenaire mondial majeur dans le secteur de l’énergie.

Aramco, l’une des principales sociétés intégrées d’énergie et de produits chimiques au monde, recevra des droits de parrainage pour plusieurs événements, notamment la Coupe du monde de la Fifa 2026 et la Coupe du monde féminine de la Fifa 2027, selon l’accord, qui restera en vigueur jusqu’à fin 2027.

L’accord s’appuie également sur un engagement commun en faveur de l’innovation et du développement et il combinera la portée mondiale du football avec l’Histoire d’Aramco en matière de défense de l’innovation et d’engagement communautaire.

Le président de la Fifa, Gianni Infantino, a déclaré que l’entité était «ravie» d’accueillir Aramco dans sa famille de partenaires mondiaux.

«Ce partenariat aidera la Fifa à organiser ses tournois phares au cours des quatre prochaines années et, comme c’est le cas pour tous nos accords commerciaux, il nous permettra d’apporter un soutien accru à nos deux cent onze associations membres de la Fifa à travers le monde», poursuit-il.

Aramco a une longue expérience en matière de soutien à des événements d’envergure mondiale, mais également de développement d’initiatives sportives communautaires, selon M. Infantino, qui ajoute que la Fifa se réjouit de collaborer avec Aramco sur divers projets au cours des années à venir.

«Grâce à ce partenariat avec la Fifa, nous souhaitons contribuer au développement du football et exploiter le pouvoir du sport pour avoir un impact dans le monde entier», déclare Amin Nasser, PDG d’Aramco.

Ce partenariat reflète l’ambition d’Aramco de favoriser l'épanouissement de communautés dynamiques et il élargit le soutien de l’entreprise au sport en tant que plate-forme de croissance, poursuit-il.

Grâce à ce partenariat, Aramco et la Fifa exploiteront le pouvoir du football pour créer des initiatives sociales décisives à travers le monde.

Aramco travaillera également avec la Fifa pour stimuler l’innovation, en identifiant les possibilités de déployer son expertise et ses technologies dans l’organisation de tournois de football à l’échelle mondiale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com