La capitale ukrainienne bombardée pendant la visite du chef de l'ONU

Antonio Guterres, est arrivé le 28 avril 2022 dans la ville de Borodianka, à l'extérieur de Kiev (Photo, AFP).
Antonio Guterres, est arrivé le 28 avril 2022 dans la ville de Borodianka, à l'extérieur de Kiev (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 29 avril 2022

La capitale ukrainienne bombardée pendant la visite du chef de l'ONU

  • Antonio Guterres est choqué, mais en sécurité, a pour sa part tenu à rassurer un porte-parole des Nations unies
  • Selon Joe Biden les Etats-Unis n'attaquent pas la Russie mais aident l'Ukraine à se défendre

BUCHA: Des missiles russes ont frappé jeudi soir Kiev, pour la première fois depuis la mi-avril et en pleine visite du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui a de son côté regretté que le Conseil de sécurité des Nations unies n'ait pas réussi à éviter la guerre en Ukraine.

Les journalistes de l'AFP ont vu sur place un étage d'un bâtiment en feu avec de la fumée noire s'échappant des fenêtres brisées, tandis que de nombreux policiers et des secouristes étaient présents.

"Dans la soirée, l'ennemi a tiré sur Kiev. Deux frappes sur le quartier de Chevchenkovsky", "sur les étages inférieurs d'un immeuble résidentiel", trois personnes ont été hospitalisées, a raconté le maire de la capitale, Vitali Klitschko.

"Cela en dit long sur la véritable attitude de la Russie envers les institutions internationales, sur les efforts des dirigeants russes pour humilier l'ONU et tout ce que l'organisation représente", a peu après commenté le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une vidéo.  

M. Guterres est "choqué", mais "en sécurité", a pour sa part tenu à rassurer un porte-parole des Nations unies, Saviano Abreu, déplorant que "cela soit arrivé à proximité de là où nous nous trouvions", bien que ce soit une "zone de guerre".

Frappes russes sur Kiev lors de la visite du secrétaire général de l'ONU, dix blessés selon les secours

Les journalistes de l'AFP ont vu sur place un étage d'un bâtiment en feu avec de la fumée noire s'échappant des fenêtres brisées, tandis que de nombreux policiers et des secouristes étaient présents.

"Cela en dit long sur la véritable attitude de la Russie envers les institutions internationales, sur les efforts des dirigeants russes pour humilier l'ONU et tout ce que l'organisation représente", a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Il a évoqué "cinq missiles", qui ont frappé la ville "juste après la fin des discussions" avec M. Guterres.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, selon lequel les engins tirés étaient des missiles de croisière, a à ce sujet évoqué un "acte odieux de barbarie" et le chef de l'administration présidentielle, Andriï Iermak, a appelé à priver la Russie de son droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU.

Quelques heures auparavant, Joe Biden avait réitéré le soutien de son pays à l'Ukraine face "aux atrocités et à l'agression" et demandé une rallonge de 33 milliards de dollars au Congrès.

Les Etats-Unis "n'attaquent pas" la Russie mais "aident l'Ukraine à se défendre" et ont déjà livré dix armes antichars pour chaque blindé russe, a assuré le président américain.

Plus de 8.000 crimes de guerre présumés

Arrivé jeudi en Ukraine, où il se rendait pour la première fois depuis le début du conflit, M. Guterres s'est entretenu avec M. Zelensky, regrettant que le Conseil de sécurité n'ait pas réussi à empêcher et arrêter la guerre déclenchée le 24 février par Moscou.

"L'invasion de l'Ukraine par la Russie est une violation de son intégrité territoriale et de la Charte des Nations unies", a-t-il une nouvelle fois déclaré.

"Dix soldats de la 64e brigade de fusiliers motorisés russe, appartenant à la 35e armée russe, ont été mis en examen" pour des crimes de guerre présumés à Boutcha, ont le même jour annoncé sur Telegram les services de la procureure générale d'Ukraine.

Les enquêteurs ukrainiens ont par ailleurs identifié "plus de 8.000 cas" présumés de crimes de guerre depuis le début de l'invasion russe, a ensuite précisé Iryna Venediktova dans un entretien avec le média allemand Deutsche Welle.

Le 2 avril, à Boutcha, des journalistes de l'AFP ont découvert une rue jonchée de cadavres, ceux d'hommes habillés en civils. 

Et les Nations unies ont affirmé avoir documenté le "meurtre, y compris certains par exécution sommaire", de 50 civils, après une mission dans cette ville le 9 avril.

Ces mises en examen sont les premières depuis ces découvertes macabres. 

La procureure a précisé que les dix hommes feraient l'objet de recherches, en vue de les arrêter et de les déférer devant la justice.

La Russie avait démenti début avril toute responsabilité et parlé de corps "mis en scène".

Antonio Guterres avait appelé quelques heures plus tôt jeudi Moscou à coopérer avec l'enquête de la Cour pénale internationale sur de possibles crimes de guerre, à l'occasion d'un déplacement à Boutcha et dans d'autres banlieues de Kiev théâtres d'exactions imputées par les Ukrainiens aux forces russes.

"Quand nous voyons ce site horrible, je vois combien il est important d'avoir une enquête complète et d'établir les responsabilités", a déclaré M. Guterres. "J'appelle la Russie à accepter de coopérer avec la CPI", a-t-il ajouté.

Au cours d'une rencontre l'avant-veille à Moscou avec Vladimir Poutine, il avait demandé à Moscou de collaborer avec l'ONU pour permettre l'évacuation des civils des zones bombardées.

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) a quant à elle appelé jeudi à la création d'un "tribunal pénal international (TPI) ad hoc" afin de juger "les auteurs du crime d'agression contre l'Ukraine".

La Russie, «agresseur», «devra payer pour la reconstruction» de l'Ukraine selon la Slovaquie

Participant à New York à une réunion à haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies pour la mise en œuvre d'un nouvel agenda urbain, Veronika Remisova, la vice-Première ministre de la Slovaquie, qui est aussi ministre des Investissements, du Développement régional et de l'Informatisation, a précisé que son pays apportait une aide financière conséquente à l'Ukraine.

"L'agresseur devra payer pour la reconstruction à la fin, parce que l'agresseur a détruit des villes, des nations, des vies, et qu'il devra payer pour les dégâts causés", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse.

Apocalypse à Marioupol

Dans le même temps, la coordinatrice des Nations unies en Ukraine a annoncé qu'elle partait dans le sud de ce pays préparer une tentative d'évacuation de la ville portuaire assiégée et dévastée de Marioupol, presque entièrement contrôlée par les forces russes. 

L'ONU fait "tout son possible" pour évacuer les civils de "l'apocalypse" dans cette cité, a assuré jeudi M. Guterres, selon qui il s'agit d'"une crise dans la crise" et "des milliers de civils ont besoin d'une aide vitale".

Les régions méridionales et orientales, où se concentrent à présent les assauts russes, subissaient d'ailleurs parallèlement à sa visite d'importants bombardements.

"L'ennemi intensifie son offensive. Les occupants effectuent des frappes pratiquement dans toutes les directions", avec une activité particulièrement intense dans les régions de Kharkiv et dans le Donbass, a souligné l'état-major ukrainien. Selon lui, l'armée russe tente d'empêcher le transfert de forces ukrainiennes du nord vers l'est. 

L'armée russe a de son côté affirmé avoir détruit dans la nuit avec des "missiles de haute précision" deux dépôts d'armements et de munitions dans la région de Kharkiv, et effectué des raids aériens sur 67 sites militaires ukrainiens.

A Kherson, seule ville d'importance dont les Russes aient complètement pris le contrôle depuis le début de leur invasion de l'Ukraine le 24 février, l'administration locale russe a dit jeudi vouloir introduire le rouble à la place de la hryvnia ukrainienne à partir du 1er mai.

C'est "un acte d'annexion et une violation grave par la Russie" de la Charte de l'ONU, a dénoncé Lioudmyla Denissova, chargée des droits humains au Parlement ukrainien.   

Dans le sud, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) n'a pu depuis l'invasion avoir accès à la centrale nucléaire de Zaporijjia, contrôlée par les Russes. Le directeur de l'AIEA, Rafael Grossi, de retour d'Ukraine, s'est dit "préoccupé".

Jeudi toujours, le commandant des forces aériennes ukrainiennes a estimé que les lance-missiles fournis par les Occidentaux avaient une portée insuffisante pour "atteindre les avions de l’occupant, qui larguent des bombes sur nos villes à huit kilomètres d'altitude et plus".

"Il nous faut des systèmes antiaériens de moyenne et longue portées" et des "chasseurs modernes", a déclaré Mykola Olechtchouk.

Les députés allemands ont pour leur part voté à une large majorité une motion demandant à leur gouvernement, jusqu'ici prudent sur la question, d'accélérer les livraisons d'armes lourdes à l'Ukraine.

Un conseiller de la présidence ukrainienne a quant à lui laissé entendre que Kiev pourrait attaquer des cibles militaires en Russie. 

"L'Ukraine se défendra par tous les moyens, y compris avec des frappes sur des entrepôts et des bases des assassins russes. Le monde reconnaît ce droit", a pour sa part écrit jeudi sur Twitter Mykhaïlo Podoliak.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté répété jeudi être prêt à "prendre l'initiative" pour mettre fin à la guerre, au cours d'une conversation téléphonique avec M. Poutine, selon Ankara. La Turquie a accueilli par deux fois, en mars, des négociations directes entre les deux parties et Moscou et Washington ont procédé mercredi à un échange de prisonniers sur son sol.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.