Inflation, risque de récession, le grand écart de la Banque centrale américaine

Le président du Conseil de la Réserve fédérale, Jerome Powell, prend la parole lors d'un déjeuner à la Conférence de politique économique NABE 2022 au Ritz-Carlton le 21 mars 2022 à Washington, DC. (Samuel Corum/Getty Images/AFP)
Le président du Conseil de la Réserve fédérale, Jerome Powell, prend la parole lors d'un déjeuner à la Conférence de politique économique NABE 2022 au Ritz-Carlton le 21 mars 2022 à Washington, DC. (Samuel Corum/Getty Images/AFP)
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Publié le Dimanche 01 mai 2022

Inflation, risque de récession, le grand écart de la Banque centrale américaine

  • Relever les taux doit permettre de modérer la demande et ralentir ainsi la hausse des prix
  • Si une récession n'est pas considérée comme imminente, certains experts ne l'excluent toutefois pas pour le début de l'année prochaine

WASHINGTON : La Banque centrale américaine aura mardi et mercredi une équation difficile à résoudre: à quel niveau porter les taux directeurs cette année pour contrôler l'inflation sans que cela ne plonge la première économie mondiale en récession?

Relever les taux doit permettre de modérer la demande et ralentir ainsi la hausse des prix.

En mars, la Réserve fédérale (Fed) avait amorcé une hausse des taux plutôt prudente (+0,25 point de pourcentage), mais il s'agissait de la première depuis 2018.

A l'issue de sa réunion de deux jours, le Comité de politique monétaire (FOMC) entérinera cette fois-ci, sauf surprise, une hausse d'un demi-point de pourcentage, pour les porter dans une fourchette de 0,75% à 1%.

C'est Jerome Powell, le président de la puissante institution, qui a lui-même annoncé que cette hausse serait «sur la table».

S'exprimant lors d'un panel de banquiers centraux en marge des réunions du Fonds monétaire international, il avait alors souligné qu'il était «absolument essentiel» de rétablir la stabilité des prix et de relever «rapidement» les taux pour que la Fed remplisse cette prérogative.

D'autres membres de la Fed ont été encore plus explicites sur la nécessité de mener une politique agressive face à une inflation qui ne cesse d'accélérer et un marché de l'emploi tendu.

Certains souhaitent donc que des hausses similaires soient actées au moins lors de la réunion suivante, en juin.

Il y a urgence à agir alors que l'inflation, aggravée par la guerre russo-ukrainienne, est désormais à son plus haut niveau depuis le début des années 80.

L'indice PCE, celui préféré par la Fed, a montré une progression des prix de 6,6% en mars sur un an. Selon l'autre indice, le CPI, dont le mode de calcul est différent, l'inflation a culminé à 8,5%, soit le rythme le plus rapide depuis décembre 1981.

- Corde raide -

Les discussions promettent d'être intenses, tant les responsables de la puissante institution sont sur la corde raide.

En effet, parallèlement aux pressions inflationnistes, également alimentées par les confinements récents en Chine qui ont accentué les problèmes sur les chaînes d'approvisionnement mondiales, la croissance ralentit partout dans le monde.

Les outils de la Fed sont considérés comme les plus efficaces pour tempérer la demande et donc ralentir l'inflation.

Outre les taux d'intérêt, la Fed devrait acter le début de la réduction de son bilan, une autre étape majeure de la normalisation.

Calmer la demande sans la faire caler, tel est l'enjeu, car la consommation reste le moteur principal de la croissance américaine. Le Produit intérieur brut américain s'est contracté de 1,4% au premier trimestre.

Pas de quoi modifier le cap de la Fed, estime néanmoins Gregory Daco, chef économiste chez EY Parthenon, observant que ce rapport reflète une demande intérieure très forte.

«Les Américains voyagent, bien que les billets d'avion soient chers, ils vont au cinéma, au théâtre, les restaurants sont pleins», a-t-il souligné lors d'un entretien.

Comme de nombreux économistes, il s'attend donc à ce que la Fed relève ses taux d'un demi-point non seulement mercredi, mais encore lors de la réunion de juin.

Si une récession n'est pas considérée comme imminente, certains experts ne l'excluent toutefois pas pour le début de l'année prochaine, si les prix restaient élevés malgré des hausses de taux.

«Le travail de la Fed est extrêmement complexe, non seulement en raison des conditions économiques intérieures qui sont difficiles à interpréter, mais encore en raison d'un contexte de reprise économique mondiale désynchronisée», reconnaît Gregory Daco.

Jerome Powell, qui tiendra sa traditionnelle conférence de presse mercredi après-midi, sera sans aucun doute pressé de dire combien de hausses le comité compte appliquer cette année.

«Si la Fed veut vraiment effectuer un atterrissage en douceur», en d'autres termes resserrer la politique monétaire sans faire plonger l'économie dans la récession, «il faut qu'elle indique où est la piste d'atterrissage et quand elle compte y arriver, ce sera un élément clé», insiste Gregory Daco.

Mais pour les économistes de BNP Paribas, «il est peu probable que Jerome Powell donne un chiffre précis» ou un niveau de taux visé à l'issue de cette réunion.

Les principales décisions de la Fed lors des dernières crises

La Banque centrale américaine (Fed) devrait relever mercredi ses taux directeurs d'un demi-point de pourcentage, et d'autres hausses similaires pourraient suivre pour tenter de maîtriser l'inflation vertigineuse.

Voici les principales actions de la Fed depuis la crise financière de 2008:

- LA CRISE FINANCIÈRE ET SA SORTIE -

Novembre 2008: premières injections massives de liquidités, deux mois après la faillite de la banque Lehman Brothers. La Fed lancera trois programmes successifs avant de cesser ses achats d'actifs en juin 2014.

Décembre 2008: baisse des taux de 75 et 100 points de base (0,75 et 1,00 point de pourcentage), pour les ramener dans une fourchette de 0 à 0,25%. Ils y resteront jusqu'en décembre 2015. 

Octobre 2017: début de la réduction du bilan, qui était passé de moins de 900 milliards de dollars avant la crise à 4.500 milliards de dollars.

- LA GUERRE COMMERCIALE FAIT RALENTIR LA CROISSANCE -

Entre décembre 2018 et août 2019: les taux culminent dans une fourchette de 2,25% à 2,50%.

Automne 2019: taux abaissés à plusieurs reprises pour tomber entre 1,50% et 1,75%, face au ralentissement de la croissance et à la guerre commerciale lancée par le président Donald Trump. Le républicain n'avait cessé de critiquer la hausse des taux.

- PENDANT LA CRISE DU COVID: TAUX À ZÉRO, ACHATS D'ACTIFS MASSIFS -

3 mars 2020: baisse des taux de 50 points de base, à 1,00-1,25%.

16 mars 2020: réduction drastique des taux de 100 points de base, dans une fourchette de 0 à 0,25% et relance des achats d'actifs ou de la politique de QE (assouplissement quantitatif, "quantitative easing" en anglais), à hauteur de 120 milliards de dollars par mois.

- SORTIE DE CRISE: L'INFLATION ACCÉLÈRE LE MOUVEMENT  -

3 novembre 2021: annonce et début de la réduction des achats d'actifs. La Fed veut les ramener à zéro en juin 2022, pour pouvoir ensuite commencer à relever les taux directeurs, afin de contrôler l'inflation.

15 décembre 2021: la Fed reconnaît que l'inflation n'est pas "temporaire", et accélère la fin de ses achats d'actifs ramenés à zéro dès mars 2022 et non plus en juin.

16 mars 2022: la Fed relève ses taux pour la première fois depuis 2018, désormais dans une fourchette de 0,25% à 0,50%.

6 avril 2022: dans le compte-rendu de la réunion de mars ("Minutes"), il apparaît que de nombreux participants estiment qu'une ou plusieurs hausses d'un demi-point de pourcentage sont appropriées si les pressions inflationnistes se poursuivent.

29 avril 2022: les prix à la consommation aux Etats-Unis ont poursuivi leur ascension en mars, progressant de 6,6% sur un an et de 0,9% sur un mois, selon l'indice d'inflation PCE, celui qui est privilégié par la Fed.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com