États-Unis: la Fed relève ses taux directeurs pour la première fois depuis 2018

La banque centrale américaine a relevé mercredi ses taux directeurs, une première depuis 2018, afin de freiner la frénésie de consommation des Américains et tenter de juguler l'inflation (Photo, AFP).
La banque centrale américaine a relevé mercredi ses taux directeurs, une première depuis 2018, afin de freiner la frénésie de consommation des Américains et tenter de juguler l'inflation (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 17 mars 2022

États-Unis: la Fed relève ses taux directeurs pour la première fois depuis 2018

  • L'institution monétaire a opté pour une hausse prudente d'un quart de point de pourcentage
  • La décision a été prise quasiment à l'unanimité

WASHINGTON: La banque centrale américaine a relevé mercredi ses taux directeurs, une première depuis 2018, afin de freiner la frénésie de consommation des Américains et tenter de juguler l'inflation, alors que la guerre en Ukraine risque de peser sur l'économie.

L'institution monétaire a opté pour une hausse prudente d'un quart de point de pourcentage, situant désormais ses taux dans une fourchette de 0,25% à 0,50%, après les avoir maintenus pendant deux ans entre 0 et 0,25%.

La décision a été prise quasiment à l'unanimité. Seul le président de la Fed de Saint Louis, James Bullard, qui plaidait pour une hausse plus forte d'un demi-point, a voté contre.

La Bourse de New York a salué cette décision, clôturant en forte hausse.

"Nous prendrons les mesures nécessaires pour éviter que l'inflation élevée ne s'enracine, tout en soutenant un marché du travail solide", a assuré le président de la Fed, Jerome Powell, lors d'une conférence de presse, reconnaissant qu'il faudrait "plus de temps" que prévu pour ramener l'inflation à l'objectif de 2%.

La Fed table désormais sur 4,3% d'inflation en 2022, près du double de ses dernières prévisions en décembre. Pour 2023, elle s'attend à 2,7% puis 2,3% l'année suivante.

Le comité de politique monétaire a aussi noté les risques posés par la guerre en Ukraine et les sanctions avec une potentielle "pression supplémentaire sur l'inflation" et la possibilité que cela pèse sur l'activité économique.

Vers 7 nouvelles hausses en 2022

Jerome Powell s'est toutefois voulu rassurant, jugeant que "l'économie et le marché du travail sont assez solides". En d'autres termes, "l'économie peut, selon nous, absorber les hausses de taux d'intérêt". 

Il n'y pas de grand risque de récession à l'horizon, selon lui. 

Relever les taux directeurs pousse les banques commerciales à proposer des taux d'intérêt plus élevés pour les crédits accordés à leurs clients, pour l'achat d'une maison, d'une voiture, ou encore d'une télévision, par exemple. 

Cela doit donc faire ralentir la consommation, pour alléger la pression sur les prix. D'autant que les problèmes d'approvisionnement ne devraient pas être résolus de sitôt.

Au risque toutefois de peser sur la croissance économique. 

Ce relèvement des taux directeurs sera le premier d'une longue série, la Fed estimant que des augmentations supplémentaires seront nécessaires.

La majorité des responsables voient les taux grimper jusqu'à 1,75-2,00% fin 2022. Soit sept hausses d'un quart de point.

En comptant la réunion qui vient de s'achever, il y a "sept réunions (en 2022) et sept hausses de taux", a fait remarquer Jerome Powell, précisant qu'il n'est pas acté que chaque réunion voit un relèvement, de même qu'une hausse plus rapide d'un demi-point n'est pas à exclure.

Par ailleurs, il est, selon lui, "clairement temps de commencer" à réduire le bilan de la Fed, et "cela pourrait être l'équivalent d'une autre augmentation des taux".

La Fed va en effet se séparer petit à petit des milliards de dollars de bons du Trésor et autres actifs qu'elle a achetés depuis mars 2020, pour soutenir l'économie. 

"Le Comité prévoit de commencer à réduire ses avoirs (...) lors d'une prochaine réunion", a indiqué la Fed, Jerome Powell évoquant le mois de mai.

2,8% de croissance en 2022

La Fed est aussi moins optimiste qu'en décembre quant à la croissance du produit intérieur brut (PIB) américain cette année, tablant désormais sur 2,8% contre 4,0% auparavant. Sa prévision reste inchangée pour 2023, à 2,2%.

L'inflation aux États-Unis s'est élevée à 7,9% sur un an en février, selon l'indice CPI du département du Commerce. La Fed privilégie un autre indicateur, l'indice PCE: +6,1% sur un an en janvier.

Cette flambée des prix fait ressurgir le spectre de l'inflation à deux chiffres des années 1970 et du début des années 1980. La Fed avait à l'époque drastiquement relevé ses taux, jusqu'à 20%, ralentissant l'inflation mais au prix d'une récession.

En Europe, où l'inflation est moins élevée, la Banque centrale européenne (BCE) avait décidé jeudi dernier de maintenir ses taux à leur plus bas historique.

Aux États-Unis, la commission bancaire du Sénat doit par ailleurs voter mercredi à 18H45 (22H45 GMT) pour confirmer les nominations de plusieurs gouverneurs de la Fed, y compris le renouvellement de Jerome Powell pour un second mandat. Il reviendra ensuite à l'assemblée plénière de se prononcer.

L'économiste Sarah Bloom Raskin, choisie par Joe Biden pour le poste clé de vice-présidente chargée de la supervision bancaire, a renoncé mardi, faute d'un soutien suffisant.


Liban: l'Union européenne annonce une aide d'un milliard d'euros pour soutenir l'économie

Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
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  • Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés
  • Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens

BEYROUTH: La cheffe de la Commission européenne a annoncé jeudi à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros pour soutenir la "stabilité socio-économique" du Liban et appelé ce pays à bien coopérer dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Les fonds seront "disponibles à partir de cette année jusqu’en 2027. Nous voulons contribuer à la stabilité socio-économique du Liban", a déclaré Ursula von der Leyen, ajoutant "compter sur une bonne coopération" des autorités libanaises dans la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe.

Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus grand ratio par habitant au monde.

Le petit pays méditerranéen, frontalier de la Syrie, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale de les rapatrier, les armes s'étant tues dans plusieurs régions syriennes.

Les migrants, demandeurs d'asile et réfugiés qui quittent le Liban par bateau à la recherche d'une vie meilleure en Europe se dirigent souvent vers Chypre qui affirme être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l'UE.

"La réalité actuelle de cette question est devenue plus grande que la capacité du Liban à la traiter", a déclaré le Premier ministre libanais Najib Mikati, lors d'une conférence de presse en présence de Mme. von der Leyen et du président chypriote Nikos Christodoulides.

Augmentation des ressortissants syriens à Chypre 

"Nous renouvelons notre demande à l'UE, (...) d’aider les personnes déplacées dans leur pays (d'origine et non au Liban), pour les encourager à rentrer volontairement", a-t-il poursuivi.

De son côté, Chypre, qui fait état d'une augmentation des arrivées de ressortissants syriens, estime que la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, qui a déclenché des violences à la frontière israélo-libanaise, a affaibli les efforts de Beyrouth pour empêcher les départs.

De janvier à avril 2024, plus de 40 bateaux transportant environ 2.500 personnes ont accosté à Chypre, a indiqué à l'AFP l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Chypre avait conclu il y a des années avec le Liban un accord pour le retour de migrants en situation irrégulière.

Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés et de la manière de contrôler le flux migratoire vers son pays.


TotalEnergies: le gouvernement remonté contre un possible transfert de sa cotation à New York

Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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  • Aujourd'hui, TotalEnergies a déjà des titres inscrits à Londres et à New York, mais de manière secondaire
  • M. Pouyanné avait notamment évoqué la frilosité de l'Europe vis-à-vis de sa stratégie qui consiste à continuer d'investir dans les énergies fossiles

PARIS: Confronté à la réflexion de TotalEnergies quant au transfert de la cotation principale du groupe à New York, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a affirmé jeudi qu'il comptait se battre pour que ce déménagement de la Bourse de Paris "n'ait pas lieu".

 

"Je suis là pour faire en sorte que ça n'ait pas lieu, parce que je pense que c'est une décision qui est grave", a déclaré M. Le Maire sur BFMTV/RMC.

"Est-ce que l'intérêt suprême de la nation est de garder le siège social de Total en France et la cotation principale de Total en France? Oui, et donc je me battrai pour ça", a-t-il ajouté.

"Nous avons besoin de Total", a-t-il souligné, mentionnant le plafonnement à moins de 2 euros du litre du carburant dans ses stations françaises.

L'affaire est partie des déclarations surprises de Patrick Pouyanné à l'agence Bloomberg. Dans un entretien publié le 26 avril, Patrick Pouyanné avait dit réfléchir à une cotation principale à la Bourse de New York. Près de la moitié de l'actionnariat de TotalEnergies est désormais constituée d'actionnaires institutionnels (fonds de pension, gestionnaires d'actifs, assureurs...) nord-américains.

"Ce n'est pas une question d'émotion. C'est une question d'affaires", avait ajouté le dirigeant de l'entreprise, tout en assurant que le siège social de ce fleuron du CAC 40 resterait bien à Paris.

Son argument principal: "une base d'actionnaires américains qui grossit", ce qui amène l'entreprise à s'interroger sur la façon de "donner accès plus facilement aux actions pour les investisseurs américains", a-t-il expliqué aux analystes, le 26 avril.

Appétit américain pour les fossiles 

Las du manque d'appétit des investisseurs européens pour le secteur pétrogazier, alors que le groupe estime investir beaucoup dans les énergies vertes, le PDG chercherait à se rapprocher des investisseurs américains moins contraints par des règles d'investissement durable.

"Les politiques au sens large ESG (environnement, social et de gouvernance, NDLR) en Europe ont plus de poids", a ainsi justifié M. Pouyanné lundi devant des sénateurs français.

Le PDG observe que "la base d'actionnaires européens de TotalEnergies diminue, notamment la base française" qui a reculé de "7% au cours des quatre dernières années, largement à cause des réglementations, de la pression qui est faite sur eux".

En filigrane, le patron pointe du doigt le changement en France du label Investissement socialement responsable (ISR), qui exclut désormais les entreprises exploitant du charbon ou des hydrocarbures non conventionnels, une mesure décidée par Bercy lui-même fin 2023. Ahmed Ben Salem, analyste du groupe financier Oddo BHF, nuance ce point en indiquant que les fonds labellisés ISR représentaient 1,7% de l'actionnariat de TotalEnergies.

Pendant que l'UE muscle sa réglementation pour flécher les investissements vers la transition écologique, aux Etats-Unis la pression de certains Etats, comme le Texas, pour ne pas délaisser les entreprises d'énergies fossiles a poussé de grands gérants d'actifs à abaisser leurs ambitions climatiques.

"Nous observons clairement plus d'appétit pour les actions d'entreprises des secteurs énergétique, pétrole et gaz du côté de l'Amérique du Nord qu'en Europe", a dit M. Pouyanné aux analystes.

Conséquence de ce manque d'appétit: une valorisation moins importante. TotalEnergies avance "exactement les mêmes résultats trimestriels qu'une entreprise comme Chevron". Le groupe énergétique américain est valorisé 300 milliards de dollars en Bourse, contre 175 milliards pour TotalEnergies.

Le mirage d'un marché européen 

La faute au cloisonnement des marchés financiers en Europe, selon M. Le Maire, qui avait dans un premier temps estimé dimanche sur LCI qu'il fallait offrir à TotalEnergies "les moyens de se développer" en accélérant sur l'union des marchés de capitaux (UMC) dans l'UE.

L'UMC permettrait d'augmenter la taille du marché boursier européen pour que les entreprises s'y financent davantage. Ahmed Ben Salem n'est cependant pas convaincu des changements éventuels pour TotalEnergies: "Il faut des acheteurs sur le secteur, pas seulement des liquidités."

La moindre valorisation de TotalEnergies "est aussi subie par les autres majors européennes", explique-t-il à l'AFP, citant l'exemple du britannique Shell qui "est dans la même réflexion" concernant une cotation principale à New York.

Au Sénat, le patron n'a pas exclu de reconsidérer la question si "plus d'actionnaires européens (...) rachètent du TotalEnergies".


Microsoft signe un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable Brookfield

Le géant du numérique Microsoft a annoncé mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management, qui en ferait le plus important accord d'entreprise de fourniture d'énergie verte, selon le groupe. (AFP)
Le géant du numérique Microsoft a annoncé mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management, qui en ferait le plus important accord d'entreprise de fourniture d'énergie verte, selon le groupe. (AFP)
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  • L'accord prévoit le développement d'un champ d'éoliennes et de panneaux solaires de 10,5 GigaWatt (GWt) afin d'alimenter les centres de données du groupe numérique, qui vise la neutralité carbone d'ici à 2030
  • L'IA, et plus largement l'informatique dématérialisé, va entraîner une hausse exponentielle de la consommation énergétique des groupes numériques

SAN FRANCISCO: Le géant du numérique Microsoft a annoncé mercredi avoir signé un accord avec le fournisseur d'énergie renouvelable canadien Brookfield Asset Management, qui en ferait le plus important accord d'entreprise de fourniture d'énergie verte, selon le groupe.

Cet accord qualifié de "première" prévoit, selon Brookfield, le développement d'un champ d'éoliennes et de panneaux solaires de 10,5 GigaWatt (GWt) afin d'alimenter les centres de données du groupe numérique, qui vise la neutralité carbone d'ici à 2030.

Il met également en lumière les importants investissements réalisés par les plus grands groupes mondiaux afin d'atteindre leur objectifs en terme d'énergie propre tout en restant compétitif dans la course au développement de l'intelligence artificielle (IA).

Car l'IA, et plus largement l'informatique dématérialisé (cloud), va entraîner une hausse exponentielle de la consommation énergétique des groupes numériques, alors qu'ils multiplient les centres de données, particulièrement énergivores, augmentant leur dépendance vis-à-vis des fournisseurs d'énergie traditionnels.

"Cette collaboration avec Brookfield vient soutenir le développement innovant de réseaux d'énergies plus variées au niveau mondial et va contribuer à atteindre notre objectif de 100% de notre consommation d'électricité décarbonnée, 100% du temps, d'ici à 2030", a assuré le directeur des énergies renouvelables chez Microsoft, Adrian Anderson.

Les conditions financières de l'accord n'ont pas été précisées, alors que la puissance prévue pour le parc pourrait potentiellement fournir en énergie l'équivalent de millions de foyers.

L'accord devrait également permettre à Brookfield d'augmenter ses actifs en projets éoliens et solaires aux Etats-Unis, en Europe et dans d'autres régions dans les prochaines années.

L'entreprise s'est dite "ravie de collaborer avec Microsoft pour répondre à la demande de leurs clients avec la construction d'une capacité dépassant 10,5 GWt en énergie renouvelable", a déclaré Connor Teskey, directeur général de l'unité des énergies renouvelables de Brookfield.

L'échelle de l'accord, près de huit fois plus gros que le plus important accord entreprise signé jusqu'ici en terme d'achat d'énergie renouvelable, vient souligner la montée en puissance de Brookfield ainsi que la capacité d'achat de Microsoft.

Le cadre de l'accord se fonde sur les échanges déjà existants entre les deux groupes, qui vont être étendus plus de 10 fois plus en termes de capacité renouvelable entre 2026 et 2030.

Si l'accord prévoit dans un premier lieu du solaire et de l'éolien, il sera étendu à d'autres technologies permettant de fournir de l'électricité décarbonnée, en particulier lorsque le vent ou le soleil n'en fournira pas suffisamment.

Comme Microsoft, Google, Amazon et Meta figurent désormais parmi les plus grosses entreprises acheteuses d'énergie propre, afin d'atteindre leurs engagements de neutralité carbone.