En Israël, un chef reconstruit son restaurant symbole de la coexistence

Le chef israélien Uri Jeremias tient une assiette de nourriture dans la cuisine de son restaurant de fruits de mer et de poissons "Uri Buri" dans la ville côtière d'Acre, au nord d'Israël, le 2 mai 2022. (AFP).
Le chef israélien Uri Jeremias tient une assiette de nourriture dans la cuisine de son restaurant de fruits de mer et de poissons "Uri Buri" dans la ville côtière d'Acre, au nord d'Israël, le 2 mai 2022. (AFP).
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Publié le Dimanche 08 mai 2022

En Israël, un chef reconstruit son restaurant symbole de la coexistence

  • Uri Jeremias est un cuisinier juif qui a ouvert il y a 26 ans un célèbre restaurant de fruits de mer dans la vieille ville d'Acre au nord d'Israël, un quartier à majorité arabe
  • Son établissement, Uri Buri, a été désigné 19e meilleur restaurant au monde par le site Tripadvisor en 2021

ACRE : En mai 2021, le chef Uri Jeremias participait à une rencontre intercommunautaire dans sa ville d'Acre, considérée comme un symbole du vivre ensemble entre juifs et arabes en Israël. Une semaine plus tard, son restaurant était incendié lors d'une vague de violence qui a laissé des traces.

"Ils voulaient s'en prendre à la coexistence à Acre, et moi, en quelque sorte, j'en suis un symbole", dit Uri Jeremias, cuisinier juif qui a ouvert il y a 26 ans un célèbre restaurant de fruits de mer dans la vieille ville de cette localité du nord d'Israël, un quartier à majorité arabe.

"J'aurais été vexé si je n'avais pas été la cible", ajoute-t-il non sans une pointe d'ironie.

Son établissement, Uri Buri, a été désigné 19e meilleur restaurant au monde par le site Tripadvisor en 2021. Au-delà des mets à la carte, le restaurant s'illustre par son engagement en faveur du dialogue entre Juifs et Arabes. 

Uri Jeremias est connu pour recruter depuis toujours des jeunes désoeuvrés et sans compétences professionnelles, tant arabes que juifs, pour travailler dans son établissement et son hôtel situé à proximité. 

Mais en mai 2021, alors que s'embrasaient les Territoires palestiniens sur fond de heurts à Jérusalem-Est et de guerre entre des groupes armés palestiniens de Gaza et l'armée israélienne, la violence a fait tâche d'huile dans les villes mixtes israéliennes.

Si Uri Jeremias et les dirigeants de sa ville côtière de 50.000 habitants sont "très satisfaits" des relations harmonieuses qui règnent dans son établissement, ce vivre ensemble porté en étendard en a fait une cible directe, estime-t-il.

"On n'a pas vu venir les gens invisibles, ceux qui n'étaient pas contents", dit le chef à l'épaisse et longue barbe blanche dans son établissement, rouvert après sept mois de rénovation à la suite de l'incendie.

«Silence menaçant»

Le 11 mai 2021, Uri Jeremias devait être de repos mais compte tenu des tensions qui ne faisaient qu'augmenter, il s'était senti obligé de faire un saut dans son restaurant, pour y boire un bol de soupe et s'assurer que tout allait bien dans son équipe avant de rentrer chez lui.

Mais un "silence menaçant" plombait la vieille ville d'Acre et alors qu'il finissait son potage, quatre hommes armés de pieds-de-biche ont débarqué et fait voler en éclats les fenêtres.

"Puis ils sont partis et j'ai pensé que c'était bon, qu'ils avaient exprimé leur colère et qu'ils en avaient fini", se souvient-il un an après.

Pourtant, quelques minutes plus tard, un coup de fil l'informait que son hôtel Efendi était en feu. Le temps d'y courir, ses voisins l'avaient déjà éteint mais des clients avaient inhalé de la fumée. L'un d'eux finira par succomber.

Mais Uri Jeremias n'était pas au bout de ses peines ce jour-là. Alors qu'il se trouvait devant son hôtel, un homme a jailli pour l'avertir que le restaurant était à son tour la proie des flammes.

Au vu des violences partout ailleurs dans le pays, parfois meurtrières comme à Lod (centre), il lui était impensable de demander l'aide de la police, des pompiers ou de l'armée, dit-il. 

"Acre était à poil", dépourvue de toute défense, se souvient le chef, qui a passé deux heures à tenter de maîtriser le feu avec des extincteurs et le tuyau d'arrosage d'un voisin, faisant de son mieux pour que le brasier n'atteigne pas la vieille ville, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.

En voyant tout ce qu'il avait construit partir en fumée, le chef Jeremias réfléchissait déjà à l'après: "La prochaine chose à faire, demain matin, c'est de chercher un autre endroit, me suis-je dit".

«Prendre le pouls»

Deux semaines plus tard, Uri Buri servait son célèbre sashimi de saumon sur glace de wasabi dans un restaurant temporaire, installé dans une zone industrielle à quelques kilomètres du vieux Acre, dont l'atmosphère bétonnée ne semblait pas échauder les nombreux clients.

Mais à Acre, la première réaction après l'attaque a été teintée de déni, regrette le restaurateur.

"Au début, les gens disaient +les émeutiers ne sont pas d'Acre+, ils trouvaient toutes sortes d'excuses pour ne pas regarder le problème en face et reconnaître que nous faisions partie du problème", dit-il à l'AFP.

La leçon à tirer de l'incident, selon lui, est que maintenir le calme n'est pas seulement une mission pour les forces de l'ordre ou la municipalité, mais incombe à tous les citoyens.

"Nous devons continuer à prendre le pouls de la population locale" pour éviter toute dérive extrémiste, conclut-il.


Soudan: Washington s'alarme d'une possible offensive «  imminente  » des paramilitaires au Darfour

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
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  • "Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué
  • "Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté

WASHINGTON: La diplomatie américaine a alerté mercredi d'une possible offensive "imminente" de paramilitaires au Soudan sur la ville d'el-Facher, au Darfour, un carrefour pour l'aide humanitaire dans ce pays ravagé par plus d'un an de guerre et au bord de la famine.

"Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué.

"Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté.

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire.

El-Facher fait office de hub humanitaire pour le Darfour, région où vivent environ un quart des 48 millions d'habitants du Soudan. Accueillant de nombreux réfugiés, la ville avait jusque là été relativement épargnée par les combats.

Mais depuis mi-avril, des bombardements et des affrontements ont été rapportés dans les villages environnants.

"Les Etats-Unis sont extrêmement troublés par les informations crédibles selon lesquelles les FSR et ses milices affiliées ont rasé de nombreux villages à l'ouest d'el-Facher", a relevé Matthew Miller, ajoutant qu'une offensive sur la ville "mettrait les habitants dans une situation de danger extrême".

El-Facher est la seule capitale des cinq Etats du Darfour que les FSR ne contrôlent pas.

Vendredi, l'ONU avait déjà alerté sur ce "nouveau front" du conflit. Il pourrait "entraîner un conflit intercommunautaire sanglant à travers le Darfour" et freiner encore plus la distribution de l'aide humanitaire dans une région "déjà au bord de la famine", selon la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les Affaires politiques Rosemary DiCarlo.

La région a déjà été ravagée il y a plus de 20 ans par la politique de la terre brûlée menée par les Janjawids --les miliciens arabes depuis enrôlés dans les FSR-- sous le président de l'époque Omar el-Béchir.

Le nouveau conflit au Soudan, qui a débuté le 15 avril 2023 a déjà fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 8,5 millions de personnes, selon l'ONU.


Un responsable du Hamas affirme qu'Israël n'atteindra pas ses objectifs avec une offensive à Rafah

La communauté internationale redoute un carnage à Rafah où s'entassent selon l'ONU 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacées par les combats dans la bande de Gaza. (AFP).
La communauté internationale redoute un carnage à Rafah où s'entassent selon l'ONU 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacées par les combats dans la bande de Gaza. (AFP).
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  • Le Hamas a averti "l'Egypte, le Qatar" ainsi que "d'autres pays arabes et internationaux" du "danger que représente une invasion de Rafah" et du fait qu'"Israël s'apprête à commettre davantage de massacres"
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu martèle qu'une offensive sur Rafah est indispensable pour anéantir le Hamas, l'un des objectifs affichés de la guerre qu'Israël mène à Gaza

TERRITOIRES PALESTINIENS: Un membre du bureau politique du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ghazi Hamad, a déclaré jeudi à l'AFP qu'un assaut militaire israélien sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut".

"Même si (Israël) entre dans Rafah et l'envahit, il ne remplira pas (...) ses deux principaux objectifs, que ce soit éliminer le Hamas ou récupérer" les otages enlevés par les combattants palestiniens en Israël le 7 octobre, a déclaré Ghazi Hamad, contacté depuis Gaza au Qatar, Etat faisant partie d'un groupe de pays assurant une médiation entre le mouvement palestinien et le gouvernement israélien.

Le Hamas a averti "l'Egypte, le Qatar" ainsi que "d'autres pays arabes et internationaux" du "danger que représente une invasion de Rafah" et du fait qu'"Israël s'apprête à commettre davantage de massacres", a souligné M. Hamad.

Après plus de six mois de frappes et de combats acharnés au sol, qui ont laissé l'essentiel de la bande de Gaza --2,4 millions d'habitants-- en ruines, Israël estime que le Hamas dispose de quatre bataillons regroupés à Rafah, dans l'extrême sud du territoire, à la frontière avec l'Egypte.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu martèle qu'une offensive sur Rafah est indispensable pour anéantir le Hamas, l'un des objectifs affichés de la guerre qu'Israël mène à Gaza.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Un million de déplacés 

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne notamment.

Sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.

Jeudi encore, le cabinet de guerre israélien s'est réuni pour préparer cette offensive, malgré une large opposition internationale, y compris de la part des Etats-Unis, l'allié historique d'Israël.

La communauté internationale redoute un carnage à Rafah où s'entassent selon l'ONU 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacées par les combats dans la bande de Gaza.

« Après-guerre »

"Les négociations sont au point mort" et c'est "l'obstination d'Israël" qui "fait tourner les négociations en rond ces derniers mois", affirme Ghazi Hamad.

"M. Netanyahu et ses ministres disent que la guerre doit continuer, que le Hamas doit être détruit et que Rafah doit être prise. Clairement ils n'ont pas l'intention de négocier", fait-il valoir.

Le Hamas de son côté "a clairement et explicitement présenté sa position aux médiateurs", a poursuivi M. Hamad.

"Nos demandes fondamentales invariablement exprimées sont une déclaration claire et explicite de cessez-le-feu, un retrait complet" des forces israéliennes de la bande de Gaza et "le retour des déplacés", a-t-il dit.

Les plus récentes propositions de la partie israélienne ne répondaient pas à ces "demandes fondamentales", a-t-il affirmé.

M. Hamad accuse M. Netanyahu de "tergiverser" pour "tromper le public israélien" et "leurrer la communauté internationale en disant qu'il y a des négociations et en déformant la vérité en affirmant que le Hamas constitue l'obstacle dans ces négociations".

Quelques heures plus tôt, un porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, avait affirmé que le Hamas se sentait "encouragé" par "certains acteurs régionaux" et "c'est pourquoi il s'éloigne" des négociations.

Ghazi Hamad a aussi affirmé à l'AFP que le Hamas travaillait déjà "jour et nuit" à "l'après-guerre".

"Nous avons de nombreux contacts avec des pays, des institutions et des organisations humanitaires", a-t-il assuré, "nous travaillons à la phase d'après-guerre pour faire en sorte qu'un effort considérable soit déployé pour reconstruire la bande de Gaza".


Les Etats-Unis ont commencé la construction d'une jetée à Gaza

L'aide arrivera dans un premier temps à Chypre, où elle fera l'objet de vérifications, puis sera préparée en vue de son acheminement, a précisé un haut responsable militaire américain. (AFP).
L'aide arrivera dans un premier temps à Chypre, où elle fera l'objet de vérifications, puis sera préparée en vue de son acheminement, a précisé un haut responsable militaire américain. (AFP).
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  • Face aux retards et blocages d'Israël concernant la livraison par voie terrestre d'aide humanitaire dans une bande de Gaza frappée par un désastre humanitaire, le président américain Joe Biden avait annoncé début mars la construction d'un port artificiel
  • La jetée devrait être opérationnelle à partir de début mai et "tout se déroule comme prévu pour l'instant", a assuré le porte-parole du Pentagone

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont commencé la construction d'une jetée à Gaza, a annoncé jeudi le Pentagone, un projet destiné à faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien bombardé et assiégé par Israël.

Face aux retards et blocages d'Israël concernant la livraison par voie terrestre d'aide humanitaire dans une bande de Gaza frappée par un désastre humanitaire, le président américain Joe Biden avait annoncé début mars la construction d'un port artificiel.

Des navires militaires américains "ont commencé à construire (...) le port temporaire et la jetée en mer", a déclaré à la presse le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder.

La jetée devrait être opérationnelle à partir de début mai et "tout se déroule comme prévu pour l'instant", a assuré le porte-parole du Pentagone.

L'aide arrivera dans un premier temps à Chypre, où elle fera l'objet de vérifications, puis sera préparée en vue de son acheminement, a précisé un haut responsable militaire américain.

Elle sera ensuite transportée par des navires commerciaux sur une plateforme flottante au large de la bande de Gaza, puis par des navires plus petits jusqu'à la jetée.

La capacité opérationnelle sera au début de 90 camions d'aide par jour, puis de 150 par jour, a-t-il encore précisé.

Un haut responsable de l'administration américaine a déclaré que l'Agence américaine pour le développement international (USAID) s'associerait "à des organisations des Nations unies afin d'acheminer l'aide vitale une fois qu'elle sera arrivée à Gaza via le corridor maritime".

"L'entière population de Gaza - 2,2 millions de personnes - fait face à une crise alimentaire aiguë", a-t-il souligné.

Pas de troupes au sol 

L'ONU et les ONG rappellent régulièrement que ce type d'initiatives ne peuvent toutefois pas se substituer à une augmentation indispensable de l'entrée d'aide humanitaire par voie terrestre, pour une population affamée et confrontée à des pénuries de matériel médical.

Le responsable américain a réaffirmé que cette démarche n'impliquerait pas de "troupes au sol" sur le territoire palestinien ravagé par la guerre, et a indiqué qu'une unité militaire israélienne se chargerait d'ancrer la jetée au rivage.

Le Pentagone a par ailleurs mentionné une "attaque au mortier" qui a causé des dommages minimes dans les environs de la zone où l'aide devrait être débarquée.

Le Cogat, organisme dépendant du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles palestiniennes, a déclaré que des obus de mortier avaient visé la veille un site humanitaire non spécifié dans le nord de la bande de Gaza, sans que des victimes n'aient été signalées.

Un haut responsable militaire américain a indiqué ne pas penser que cette "attaque ait eu quoi que ce soit à voir avec la mission" américaine de construction de la jetée.

La guerre à Gaza a été déclenchée après l'attaque sans précédent du Hamas palestinien le 7 octobre sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

La vaste opération militaire d'Israël a provoqué une catastrophe humanitaire et fait plus de 34.000 morts dans la bande de Gaza, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.