Sur la rue al-Wahda, les flashbacks de la guerre de Gaza

En mai 2021, la rue al-Wahda, dans le centre de Gaza, a été décimée par des frappes israéliennes en pleine guerre avec le Hamas (Photo, AFP).
En mai 2021, la rue al-Wahda, dans le centre de Gaza, a été décimée par des frappes israéliennes en pleine guerre avec le Hamas (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 08 mai 2022

Sur la rue al-Wahda, les flashbacks de la guerre de Gaza

  • Dans la nuit du 16 mai 2021, l'armée israélienne a foudroyé le bâtiment de trois étages où vivait la famille Eshkountana sur la rue al-Wahda
  • Après la guerre de 11 jours qui a fait 260 morts à Gaza, incluant des combattants et des enfants, et 14 décès en Israël, dont un soldat et deux mineurs, les rares psychologues de Gaza ont afflué sur la rue al-Wahda pour tenter d'apaiser la douleur des sur

GAZA: En mai 2021, la rue al-Wahda, dans le centre de Gaza, a été décimée par des frappes israéliennes en pleine guerre avec le Hamas. En un claquement nocturne, une quarantaine de Palestiniens sont morts. Et depuis, les flashbacks hantent les familles rescapées. 

"Je me souviens, j'étais là sous les gravats, j'entendais la voix de ma fille Dana qui criait +papa, papa+", soupire Riad Eshkountana devant un terrain vague où était planté il y a un an l'appartement familial. 

"J'ai crié à mon tour mais elle ne m'a plus répondu", dit-il.

Dans la nuit du 16 mai 2021, l'armée israélienne a foudroyé le bâtiment de trois étages où vivait la famille Eshkountana sur la rue al-Wahda, lors de frappes visant des tunnels du mouvement islamiste armé Hamas, au pouvoir dans ce micro-territoire palestinien de 2,3 millions d'âmes sous blocus israélien depuis plus de 15 ans.

Cette nuit-là, Riad était dans le salon quand son immeuble a été touché. "Je me suis précipité dans la chambre des garçons. J'ai vu ma femme qui essayait de les prendre, mais le plafond s'est soudainement effondré sur eux et le sol s'est dérobé sous mes pieds", se rappelle-t-il. 

"Sous les décombres, j'ai entendu mon fils Zayn, âgé de deux ans et demi, qui gémissait avant que sa voix ne s'éteigne", relate ce Palestinien de 43 ans.

Au total, Riad a perdu quatre de ses cinq enfants, ainsi que son épouse Abir. "Quand on m'a extirpé des gravats, on m'a dit qu'ils étaient maintenant des martyrs", dit-il. "Mais je me souviendrais encore d'eux, même après 100 ans."

«Tous orphelins»

Aujourd'hui, Riad vit avec Suzy, sa fille miraculée de 7 ans, sa mère et sa nouvelle épouse dans un appartement non loin de la rue al-Wahda qu'il a pu acheter grâce à l'aide d'une organisation locale.

"Je retourne voir notre maison détruite presque tous les jours pour me souvenir de ma vie avec les enfants, des moments passés en famille", raconte-t-il.

Selon sa mère, âgée de 65 ans, Riad peine à surmonter la tristesse dans laquelle il est plongé depuis un an. "Riad s'est remarié en espérant avoir des enfants pour compenser la perte de ses autres enfants, mais il est malheureux", confie-t-elle. "C'est comme si nous étions tous devenus orphelins."

«Martyrs vivants»

Après la guerre de 11 jours qui a fait 260 morts à Gaza, incluant des combattants et des enfants, et 14 décès en Israël, dont un soldat et deux mineurs, les rares psychologues de Gaza ont afflué sur la rue al-Wahda pour tenter d'apaiser la douleur des survivants des familles Eshkountana, Abou al-Ouf et Kolak.

Dans cette guerre, la quatrième depuis 2008 à Gaza, Choukri Kolak a perdu 22 membres de sa famille, dont sa femme, ses parents et trois de ses enfants. 

"Je pensais que nous étions en sécurité sur la rue al-Wahda", située dans un quartier autrefois branché de Gaza, dit cet homme de 50 ans.

Le 16 mai dès l'aube, une frappe de l'aviation israélienne a anéanti l'immeuble abritant les Kolak, situé à une cinquantaine de mètres de celui des Eshkountana. Choukri échappe miraculeusement à la mort, avec sa fille Zaynab et son fils Oussama. 

"A chaque instant, je me rappelle des morts. J'essaie d'oublier, mais c'est impossible", confie l'homme qui a grandi sur la rue al-Wahda. Des images de ses enfants et de sa femme "dans leur sang" le hantent encore. 

"Nous sommes des martyrs vivants (...) il n'y a plus de différence entre nous et les morts", murmure l'homme qui ne cherche pas à se remarier. "Aucune femme ne pourrait vivre avec mes souffrances", ajoute Choukri qui refuse l'aide des psychologues.

Cauchemars 

Alaa Abou al-Ouf, un autre survivant de la rue al-Wahda, a quant à lui décidé de mettre fin aux consultations psychologiques dont bénéficiaient ses enfants car, selon lui, "cela leur rappelle trop ce qui s'est passé".  

Ce Palestinien de 49 ans a perdu 14 membres de sa famille dans les frappes israéliennes, dont son épouse Diana et ses filles Shaima et Rawan.  

Après la guerre, Alaa s'est installé dans un appartement à 200 mètres de son ancienne adresse où il vit désormais avec ses deux enfants rescapés, sa seconde épouse et leur fille.

Chaque jour, il retourne sur le site de son ancien immeuble pour tenir commerce dans sa supérette en se demandant si, un jour, son appartement et sa vie seront reconstruits. "Moi, je ne fais pas de cauchemars la nuit, je les fais le jour, à chaque fois que je passe par là. Tout ici me rappelle la famille que j'ai perdue".


Syrie: opération israélienne aéroportée près de Damas, selon un média d'Etat

Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays. (AFP)
Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays. (AFP)
Short Url
  • L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, à une trentaine de km au sud de Damas, tuant six soldats syriens, selon le ministère syrien des Affaires étrangères
  • Mercredi, le site a été bombardé à nouveau, selon la télévision d'Etat, puis l'armée israélienne a "mené une opération aéroportée dont les détails ne sont pas encore connus", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source gouvernementale

DAMAS: Un média d'Etat syrien a affirmé jeudi que l'armée israélienne avait mené mercredi soir une opération aéroportée dans un secteur au sud de Damas qu'elle avait auparavant bombardé.

Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays.

Si ce raid est confirmé, il s'agirait de la première opération du genre près de la capitale depuis l'arrivée au pouvoir en décembre d'une coalition islamiste qui a renversé le président Bachar al-Assad.

L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, à une trentaine de km au sud de Damas, tuant six soldats syriens, selon le ministère syrien des Affaires étrangères.

Mercredi, le site a été bombardé à nouveau, selon la télévision d'Etat, puis l'armée israélienne a "mené une opération aéroportée dont les détails ne sont pas encore connus", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source gouvernementale.

Depuis décembre, Israël a mené des centaines de frappes sur la Syrie et des incursions terrestres dans le sud du pays.

Un responsable du ministère de la Défense avait indiqué mardi à l'AFP que le site visé par Israël abritait des bâtiments de l'armée syrienne.

Des soldats syriens avaient trouvé mardi des "dispositifs de surveillance et d'écoute" dans la zone avant les frappes israéliennes, selon Sana, qui ne précise pas qui les avait installés.

"Les frappes aériennes et les drones ont continué à empêcher l'accès à la zone jusqu'à mercredi soir", avant l'opération aéroportée, a indiqué la même source.

"D'après ce que nous comprenons, les forces syriennes ont découvert des dispositifs de surveillance et de renseignement, apparemment israéliens", a expliqué au bureau de l'AFP à Jérusalem l'analyste israélienne Carmit Valensi.

"Les forces israéliennes tentaient essentiellement de démanteler les dispositifs de renseignement qui avaient été installés, afin d'empêcher qu'ils ne tombent entre les mains de diverses forces syriennes", a-t-elle ajouté.

Le site abritait des armes utilisées par le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran et allié de M. Assad, selon selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a fait aucun commentaire sur les frappes.

"Nos forces opèrent sur tous les théâtres de guerre, jour et nuit, pour la sécurité d’Israël", a écrit jeudi M. Katz, sans plus de détails, sur son compte X.

Israël et la Syrie sont techniquement en état de guerre depuis des décennies, mais ont entamé un dialogue sous l'égide des Etats-Unis depuis la prise de pouvoir par le président par intérim  Ahmad al-Chareh, dans le but affiché de parvenir à des arrangements de sécurité.

 


Gaza: des experts de l'ONU dénoncent des «disparitions forcées» sur des sites d'aide

Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza. (AFP)
Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza. (AFP)
Short Url
  • Les sept experts indépendants ont assuré dans une déclaration commune avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient disparu après avoir visité des sites de distribution d'aide à Rafah
  • L'armée israélienne était "directement impliquée dans les disparitions forcées de personnes cherchant de l'aide", ont ajouté les experts, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom des Nations Unies

GENEVE: Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza.

Les sept experts indépendants ont assuré dans une déclaration commune avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient disparu après avoir visité des sites de distribution d'aide à Rafah.

L'armée israélienne était "directement impliquée dans les disparitions forcées de personnes cherchant de l'aide", ont ajouté les experts, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom des Nations Unies.

"Les signalements de disparitions forcées visant des civils affamés cherchant à exercer leur droit fondamental à se nourrir ne sont pas seulement choquants, mais équivalent à de la torture", ont-ils déclaré. "Utiliser la nourriture comme un outil pour mener des disparitions ciblées et massives doit cesser immédiatement", selon eux.

De son côté, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) a déclaré jeudi qu'il n'y avait "aucune preuve de disparitions forcées" dans ses sites d'aide dans les territoires palestiniens, après que des experts de l'ONU ont fait état d'informations sur de telles exactions.

"Nous opérons dans une zone de guerre où de graves allégations pèsent contre toutes les parties opérant en dehors de nos sites. Mais à l'intérieur des installations de la GHF, il n'y a aucune preuve de disparitions forcées", a déclaré la fondation dans un communiqué à l'AFP.

L'ONU a déclaré une famine dans le gouvernorat de Gaza la semaine dernière, accusant l'"obstruction systématique" des livraisons humanitaires par Israël. Israël, qui a accusé le Hamas de piller l'aide fournie par l'ONU, a imposé un blocus total sur Gaza entre mars et mai.

Une fois que les restrictions ont commencé à s'assouplir, la GHF, une organisation privée soutenue par Israël et les États-Unis, a été créée pour distribuer l'aide alimentaire, mettant de fait à l'écart les agences de l'ONU.

Le bureau des droits de l'Homme de l'ONU a déclaré la semaine dernière qu'il avait documenté la mort de 1.857 Palestiniens cherchant de l'aide depuis fin mai, dont 1.021 près des sites du GHF.


Liban: des formations palestiniennes remettent leurs armes à l'armée

Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes. (AFP)
Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes. (AFP)
Short Url
  • Le Liban accueille environ 222.000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas
  • Dans un communiqué, le Comité de dialogue libano-palestinien (officiel) a annoncé jeudi que "huit camions" contenant "des armes lourdes appartenant aux factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont été remis à l'armée

TYR: Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes.

Lors d'une visite à Beyrouth en mai, le président palestinien Mahmoud Abbas avait conclu avec le président libanais Joseph Aoun un accord prévoyant la remise aux autorités de toutes les armes présentes dans les camps palestiniens.

L'application de cet accord a commencé le 21 août lorsque le Fatah de Mahmoud Abbas a remis des armes dans le camp de réfugiés de Bourj al-Barajneh, à la périphérie de Beyrouth.

Le Liban accueille environ 222.000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas.

Dans un communiqué, le Comité de dialogue libano-palestinien (officiel) a annoncé jeudi que "huit camions" contenant "des armes lourdes appartenant aux factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) dans les camps de Rachidiyé, Bass et Bourj Chemali ont été remis à l'armée".

Un photographe de l'AFP a vu au moins sept camions dans une caserne de l'armée dans la ville côtière de Tyr, que jouxte le camp de Rachidiyé.

Le Fatah est la plus importante composante de l'OLP dont le Hamas islamiste ou le Jihad islamique, alliés du Hezbollah libanais, ne font pas partie.

Selon le communiqué, le processus va se poursuivre dans les autres camps palestiniens du Liban.

A Ramallah, en Cisjordanie occupée, le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a confirmé que "la deuxième partie d'armes de l'OLP" dans les trois camps avait été remise, conformément à l'accord.

La remise des armes des formations palestiniennes intervient dans le cadre de la décision des autorités libanaises de désarmer tous les groupes non étatiques.

Sous forte pression américaine, le gouvernement libanais a également chargé ce mois-ci l’armée d’élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah pro-iranien d’ici la fin de l’année.

Des factions armées palestiniennes, dont le Hamas, ont revendiqué des tirs sur le territoire israélien au cours de la guerre entre Israël et le Hezbollah qui s'est terminée en novembre 2024.