Elisabeth Borne, une technicienne issue de la gauche à Matignon

Deuxième femme nommée Première ministre sous la Ve République, Elisabeth Borne, 61 ans, est une technicienne issue de la gauche réputée tenace et dont la loyauté pendant tout le dernier quinquennat, dans trois ministères difficiles, a fait la différence pour accéder à Matignon. (AFP)
Deuxième femme nommée Première ministre sous la Ve République, Elisabeth Borne, 61 ans, est une technicienne issue de la gauche réputée tenace et dont la loyauté pendant tout le dernier quinquennat, dans trois ministères difficiles, a fait la différence pour accéder à Matignon. (AFP)
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Publié le Lundi 16 mai 2022

Elisabeth Borne, une technicienne issue de la gauche à Matignon

  • Cette ingénieure, haute fonctionnaire, se définit elle-même comme «une femme de gauche» avec «la justice sociale et l'égalité des chances» au cœur de ses combats
  • Elisabeth Borne, est membre de l'aile gauche de la macronie, un atout à l'heure où s'annoncent de nouvelles réformes sociales, à commencer par «la mère des batailles» sur les retraites

PARIS: Deuxième femme nommée Première ministre sous la Ve République, Elisabeth Borne, 61 ans, est une technicienne issue de la gauche réputée tenace et dont la loyauté pendant tout le dernier quinquennat, dans trois ministères difficiles, a fait la différence pour accéder à Matignon.


Nommée 30 ans après Edith Cresson, seule Première ministre entre 1991 et 1992, Elisabeth Borne, qui fut directrice de cabinet de Ségolène Royal est membre de l'aile gauche de la macronie, un atout à l'heure où s'annoncent de nouvelles réformes sociales, à commencer par "la mère des batailles" sur les retraites.


Cette ingénieure, née le 18 avril 1961 à Paris, diplômée de l'Ecole nationale des Ponts et chaussées et de Polytechnique, haute fonctionnaire, se définit elle-même comme "une femme de gauche" avec "la justice sociale et l'égalité des chances" au cœur de ses combats.


A son arrivée au ministère du Travail en juillet 2020, déjà en pleine crise sanitaire liée au Covid-19, elle a notamment dû gérer le très contesté dossier de la réforme de l'assurance chômage, dénoncée unanimement par les syndicats. Présentée en mars 2021 dans une version "adaptée" à la crise, elle est pleinement entrée en vigueur en décembre, après avoir été un temps suspendue. 


A son actif également, le plan "Un jeune, une solution" présenté dès juillet 2020 qui a mobilisé une palette de dispositifs pour l'emploi, dont des aides massives à l'apprentissage, pour éviter une "génération sacrifiée". Elle avait aussi hérité de l'explosif dossier des retraites, même s'il avait été remisé.

Cette sexagénaire toujours tirée à quatre épingles, souvent une cigarette électronique à la main - y compris discrètement dans l'hémicycle des assemblées -, est réputée bien connaître ses dossiers.


"Plus politique" que sa prédécesseure Muriel Pénicaud, selon un observateur du secteur, elle a entretenu des relations plus fluides avec les partenaires sociaux.


"Peut-être qu'elle est un peu plus rigoureuse sur un certain nombre de choses, dans les relations en tout cas", mais "la stratégie c'est la même", tempérait toutefois Philippe Martinez (CGT) l'an dernier.


"C'est une super techno", commentait récemment un autre responsable syndical, qui ne la voyait pas à Matignon. "Si on se dit qu'il y a besoin d'empathie, pour le coup, vous partez de loin", grinçait-il, tout en reconnaissant qu'"elle n'a pas un mauvais bilan" au ministère du Travail.


Dans les couloirs des ministères où elle a officié, on rappelle qu'elle fut surnommée "Borne out" pour la sa dureté supposée envers ses collaborateurs, un jeu de mots avec le "burn out", ou syndrome d'épuisement.


Elisabeth Borne avait multiplié ces derniers mois les interventions dans les médias pour défendre l'action du gouvernement, notamment le "bouclier anti-licenciement" du chômage partiel face à la crise, ou pour battre le rappel sur le télétravail face au Covid-19.


Elle a d'ailleurs elle-même passé plusieurs jours à l'hôpital en mars 2021 après avoir contracté le virus, confiant par la suite avoir vécu une expérience "angoissante" et s'être vu "administrer ponctuellement de l'oxygène". 

La bosse des maths 
Avant d'arriver rue de Grenelle, Mme Borne avait d'abord géré le portefeuille des Transports dans les gouvernements d'Edouard Philippe. 


Durant ces deux années à ce poste, elle avait gagné une assise certaine en menant à son terme l'une des réformes emblématiques du quinquennat, celle de la SNCF, et en portant la loi touffue sur les mobilités (LOM).


Elle avait ensuite remplacé François de Rugy comme ministre de la Transition écologique et solidaire lors d'un remaniement en juillet 2019.


Elisabeth Borne avait déjà fait un passage en 2014 comme directrice de cabinet de la ministre de l'Environnement Ségolène Royal. L'année précédente, en 2013, elle avait été préfète de la région Poitou-Charentes, présidée alors par Mme Royal.


Dès 2015, Mme Borne avait toutefois été nommée présidente de la RATP, grande entreprise publique de transports, quelques années après avoir été directrice de la stratégie de la SNCF, au début des années 2000. 


Dans une carrière essentiellement consacrée au service public, notamment dans les cabinets socialistes dans les années 1990, chez Lionel Jospin à l'Education ou Jack Lang à la Culture, Mme Borne a aussi fait un passage dans le privé, chargée des concessions du groupe Eiffage en 2007, avant de rejoindre la Mairie de Paris comme directrice de l'urbanisme. 


Très discrète sur sa vie privée, ayant perdu son père "très jeune" avec une mère qui n'"avait pas vraiment de revenus", elle a été pupille de la Nation, confiant avoir trouvé dans les maths "quelque chose d'assez rassurant, d'assez rationnel".


Divorcée et mère d'un enfant, elle a par ailleurs indiqué que la communauté juive était "la sienne", lors d'un entretien sur Radio J en juin 2021.


Elisabeth Borne est la quatrième cheffe du gouvernement sous la Ve République à n'avoir jamais brigué un mandat au suffrage universel, après Georges Pompidou, Raymond Barre et Dominique de Villepin. 


Si elle avait annoncé sa candidature aux législatives dans le Calvados en juin, cette absence d'"enracinement" et un sens politique jugé relatif avaient provoqué la circonspection de certains caciques de la majorité présidentielle lorsque son nom avait été mis en avant dès le lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron.


En avril, dans un sondage Ifop, 45% des personnes interrogées disaient d'ailleurs ne pas la connaître.


Mais après de nombreuses hypothèses, de Catherine Vautrin à Marisol Touraine, c'est cette fidèle - "loyale, intègre, bûcheuse et plutôt drôle quand on la connaît", selon un élu - que le chef de l'Etat a choisi. Avec un premier défi de taille: mener la bataille des législatives pour que la macronie conserve sa majorité à l'Assemblée.


Lecornu va mettre fin aux "avantages à vie" des ex-ministres dès 2026

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu concrétise une promesse phare pour réduire le « décalage » entre les élites politiques et la réalité des Français, dans un contexte de forte défiance envers sa nomination

PARIS: Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront "supprimés" dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l'une de ses premières promesses, très symbolique pour l'opinion.

Il n'est "pas concevable" que les anciens ministres "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.

"La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée", a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.

Sollicité par l'AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.

Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer "sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile", à la charge de l'Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d'un "agent pour leur secrétariat particulier" pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.

Des avantages qui ne s'appliquent pas pour les "ex" de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.

- "Mettre fin aux derniers privilèges" -

Une autre instruction du chef du gouvernement à l'attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer "un cadre" relatif à la "protection policière" des anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, a détaillé Matignon.

"On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'État n'en font pas. La réforme, ce n'est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion", avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end.

"Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges", avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s'était inquiété du "décalage" observé entre la vie politique et la vie "réelle" des Français.

Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l'une de ses premières promesses, alors qu'il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.

Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.

Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l'ex-député socialiste René Dosière pour identifier les "avantages indus, excessifs, inacceptables" dans un contexte de dérapage des finances publiques.

En réalité, l'économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d'euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat en 2024, selon le gouvernement.

Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d'euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.