La Turquie arrête un kamikaze de Daech à la frontière syrienne

Un hélicoptère de combat survole un véhicule militaire turc dans la province de Hasakeh, au nord-est de la Syrie, près de la frontière turque (Photo, AFP).
Un hélicoptère de combat survole un véhicule militaire turc dans la province de Hasakeh, au nord-est de la Syrie, près de la frontière turque (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 17 mai 2022

La Turquie arrête un kamikaze de Daech à la frontière syrienne

  • C'est le dixième terroriste arrêté cette année sur le territoire turc
  • Daech a récemment exhorté ses sympathisants à profiter de la guerre qui se poursuit en Ukraine pour préparer de nouvelles attaques

ANKARA: Dans le cadre des opérations antiterroristes qu’elle mène à l'échelle nationale, la Turquie a arrêté un kamikaze qui serait lié à Daech et qui planifiait un attentat dans la province d'Urfa, située au sud-est du pays, le long de la frontière syrienne.
Bachar al-Mizhen, baptisé Abi Enes al-Kathani, s'est dénoncé aux autorités.
Mizhen – qui a rejoint Daech en 2015 et a été formé par le groupe terroriste à l'utilisation d'armes spéciales – aurait ainsi préparé l'attaque en coordination avec la branche de Daech à Damas.
C'est le dixième terroriste arrêté cette année sur le territoire turc. Les autorités ont mis la main sur plusieurs données numériques et examinent en ce moment divers documents organisationnels appartenant au groupe terroriste.

 

EN BREF

Bachar al-Mizhen, baptisé Abi Enes al-Kathani, s'est dénoncé aux autorités.

Les membres de Daech ont mené plusieurs attaques contre la Turquie, dont au moins 10 attentats-suicides, sept attentats à la bombe et quatre attaques armées, qui ont tué 315 personnes et blessé des centaines d'autres.
L'année dernière, la Turquie a également arrêté un terroriste de Daech identifié comme le bras droit du défunt chef terroriste Abou Bakr al-Baghdadi.
Au cours du premier trimestre de cette année, des dizaines de membres de Daech, dont les fils de hauts responsables du groupe en Irak, ont été arrêtés dans plusieurs villes de Turquie, notamment Urfa, la province septentrionale de Samsun et la province occidentale d'Izmir.
Le mois dernier, les agents du service de renseignement de la Turquie ont aussi arrêté deux terroristes de Daech qui prévoyaient des attaques contre les troupes du pays sur son territoire et en Syrie.
Selon Nihat Ali Ozcan, un major à la retraite qui travaille aujourd'hui comme analyste de la sécurité au sein du groupe de réflexion TEPAV basé à Ankara, ces opérations sont organisées de façon consécutive parce que les données de renseignement recueillies permettent à une opération d'alimenter l'autre.
«À l'heure actuelle, la Turquie accueille sur ses territoires environ 3,7 millions de réfugiés syriens non enregistrés. Si l'on y ajoute les [autres] réfugiés non enregistrés et ceux qui sont installés dans les zones de sécurité du nord de la Syrie, le nombre passe à 7,5 millions», dit Ozcan à Arab News.
«Nous ne pouvons pas présumer que tous ces réfugiés sont innocents», poursuit-il.
«Il y a parmi eux plusieurs sympathisants de Daech. Les migrants ne peuvent être reçus par les pays qui les accueillent sans leurs problèmes intérieurs», précise le major à la retraite.
«Il existe désormais en Turquie de nombreux défis économiques, culturels et sécuritaires que la Syrie a exportés, ainsi que plusieurs acteurs idéologiques qui rivalisent entre eux», ajoute Ozcan.
Il y a environ 430 000 réfugiés syriens enregistrés à Sanliurfa. La ville est ainsi devenue le quatrième plus grand foyer de personnes déplacées après Istanbul, Gaziantep et Hatay.
Par ailleurs, Ozcan a souligné le rôle des acteurs confessionnels à Sanliurfa, notamment les tribus et les clans qui partagent avec les Sriens des liens linguistiques, religieux et de parenté – chose qui alimente cet écosystème sécuritaire et qui renforce la base des sympathisants de Daech dans la ville.
Les experts affirment que tout plan d'attaque élaboré par Daech est lié à la propre structure dynamique du groupe et doit être considéré comme un rappel du danger que représente la situation actuelle en Syrie et en Irak – pays voisins où les terroristes traversent les frontières pour atteindre leurs objectifs.
«Daech agit selon sa propre logique. Le groupe utilise la terreur pour influencer les grandes masses, envoyer des messages aux acteurs politiques et montrer au monde qu'il intensifie ses efforts pour renforcer sa présence dans d'autres régions», explique Ozcan.
Daech maintient une présence importante dans le nord de l'Irak et de la Syrie, comme le montre d'ailleurs l'attaque de la prison dans la ville de Hasakah contrôlée par les Kurdes, au nord-est de la Syrie. Cet assaut, qui a fait des centaines de morts et a permis à plusieurs prisonniers de s'échapper, est l'un des plus importants depuis des années.
En avril, deux soldats irakiens ont été tués et deux autres blessés dans une attaque de Daech menée dans la province occidentale d'Anbar, tandis que sept Peshmergas et trois civils ont été tués dans une autre attaque de Daech dans le nord de l'Irak en décembre 2021 – un assaut qui a été condamné par la Turquie.
«Depuis plusieurs années, le groupe Daech s'est emparé d'énormes étendues en Irak et en Syrie. Aujourd'hui, malgré la perte significative de sa base territoriale, il poursuit sa lutte pour continuer d'exister grâce à de nouvelles tactiques», indique Ozcan.
La Coalition mondiale contre Daech, qui s'est formée en 2014 et qui compte désormais 84 États et organisations internationales, s'est réunie mercredi dernier au Maroc pour harmoniser les efforts contre toute résurgence des extrémistes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
«Au cours des dernières années, le groupe Daech s'est considérablement affaibli en Irak et en Syrie, mais il constitue toujours une menace et guette la moindre occasion pour se reconstituer», a prévenu la haute diplomate américaine Victoria Nuland lors de la réunion.
Daech a récemment exhorté ses sympathisants à profiter de la guerre qui se poursuit en Ukraine pour organiser de nouvelles attaques contre des pays européens.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com