Décès de Françoise Rudetzki, inlassable porte-parole des victimes d'attentats

Juriste, Françoise Rudetzki avait créé SOS Attentats, première association de défense des victimes d'acte de terrorisme, en décembre 1985, une date qui marquait le début d'une vague d'attentats meurtriers liés au conflit du Proche-Orient à Paris. (Photo, AFP)
Juriste, Françoise Rudetzki avait créé SOS Attentats, première association de défense des victimes d'acte de terrorisme, en décembre 1985, une date qui marquait le début d'une vague d'attentats meurtriers liés au conflit du Proche-Orient à Paris. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 18 mai 2022

Décès de Françoise Rudetzki, inlassable porte-parole des victimes d'attentats

Juriste, Françoise Rudetzki avait créé SOS Attentats, première association de défense des victimes d'acte de terrorisme, en décembre 1985, une date qui marquait le début d'une vague d'attentats meurtriers liés au conflit du Proche-Orient à Paris. (Photo, AFP)
  • Françoise Rudetzki, inlassable porte-parole des victimes du terrorisme, est décédée dans la nuit de mardi à mercredi à Paris, à l'âge de 73 ans
  • Le 23 décembre 1983, Françoise Rudetzki avait été victime d'un attentat à la bombe au restaurant le Grand Véfour, sous les arcades du Palais-Royal, à Paris, où elle fêtait ses dix ans de mariage avec son mari

PARIS: Françoise Rudetzki, grièvement blessée lors de l'attentat du Grand Véfour en 1983 et depuis inlassable porte-parole des victimes du terrorisme, est décédée dans la nuit de mardi à mercredi à Paris, à l'âge de 73 ans, a-t-on appris mercredi auprès de sa famille.  

« Jusqu'au bout, elle aura milité pour la reconnaissance et la prise en charge des victimes d'attentats », a déclaré sa fille Deborah Rudetzki, contactée par l'AFP. 

Juriste, Françoise Rudetzki avait créé SOS Attentats, première association de défense des victimes d'acte de terrorisme, en décembre 1985, une date qui marquait le début d'une vague d'attentats meurtriers liés au conflit du Proche-Orient à Paris.   

Et dès 1986, elle avait obtenu la création du Fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme, financé par un petit prélèvement sur chaque contrat d'assurance de biens, une garantie étendue en 1990 à l'ensemble des victimes d'infractions pénales (viols, agressions, braquages). 

« Jusqu'à son décès », elle est restée « membre du conseil d'administration » du Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme et autres infractions (FGTI), ont indiqué dans leur communiqué les familles Rudetzki et Dab. 

Le 23 décembre 1983, Françoise Rudetzki avait été victime d'un attentat à la bombe au restaurant le Grand Véfour, sous les arcades du Palais-Royal, à Paris, où elle fêtait ses dix ans de mariage avec son mari. L'explosion avait projeté une porte métallique qui avait écrasé les jambes de la jeune femme d'affaires. 

« A cette époque, on ne parlait jamais des victimes », avait plus tard confié Françoise Rudetzki. « Le mot ‘victime’ était un peu comme un mot qu'il ne fallait pas prononcer et seuls les médecins s'occupaient des victimes ». 

Par la suite, les chroniqueurs judiciaires l'auront croisée d’innombrables fois aux audiences et dans les couloirs du palais de justice de Paris, où elle se déplaçait à l'aide des cannes anglaises, elle qui, après l'attentat, avait subi des dizaines d'opérations. 

« Françoise Rudetzki a toujours voulu se battre pour la dignité, pour la reconnaissance des droits » des victimes et « elle ne lâche jamais prise », avait déclaré le président François Hollande en lui rendant hommage en 2016 à l'Elysée, avant de la décorer de l'Ordre national du mérite. 

Elle avait réussi à faire reconnaître aux victimes du terrorisme le statut de victimes civiles de guerre et la possibilité pour les associations de se porter parties civiles lors des procès. 

Ses obsèques auront lieu dans la plus stricte intimité familiale, ont indiqué ses proches. 

 


Plastique, montée des eaux, biodiversité : l’Océan appelle au secours

Un manifestant participe à la Marche Bleue (Marche Bleue) sur la Promenade des Anglais avant la Conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc 3), dans la ville de Nice, sur la Côte d'Azur, dans le sud-est de la France, le 7 juin 2025.
Un manifestant participe à la Marche Bleue (Marche Bleue) sur la Promenade des Anglais avant la Conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc 3), dans la ville de Nice, sur la Côte d'Azur, dans le sud-est de la France, le 7 juin 2025.
Des manifestants brandissant une banderole participent à la Marche Bleue sur la Promenade des Anglais avant la Conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc 3), dans la ville de Nice, sur la Côte d'Azur, dans le sud-est de la France, le 7 juin 2025. Photo de Valery HACHE / AFP)
Des manifestants brandissant une banderole participent à la Marche Bleue sur la Promenade des Anglais avant la Conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc 3), dans la ville de Nice, sur la Côte d'Azur, dans le sud-est de la France, le 7 juin 2025. Photo de Valery HACHE / AFP)
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  • L’heure est à l’alerte. Selon les dernières données du GIEC, le niveau moyen des mers a déjà augmenté de 20 centimètres depuis 1901, et pourrait s’élever de plus d’un mètre d’ici la fin du siècle
  • « Le plastique présent dans la chaîne alimentaire marine finit dans nos assiettes. Ses effets sur le métabolisme, notamment les perturbateurs endocriniens, commencent à être mesurés. » souligne Frédérique Bordes.

RIYAD : Face à l’aggravation de la crise environnementale marine, les projecteurs se tournent vers Nice, où se tient la troisième Conférence des Nations unies sur les océans. Il est temps de passer de la parole aux actes pour protéger l’un des piliers vitaux de la planète : l’océan.

Tout au long de cette semaine, la cité méditerranéenne accueille un important sommet diplomatique. La Conférence UNOC 3, organisée conjointement par la France et le Costa Rica, réunit une diversité d’acteurs venus du monde entier : responsables politiques, chercheurs, représentants d’ONG, entreprises et citoyens engagés. Leur ambition commune : faire avancer la gouvernance des mers et accélérer les efforts pour préserver un écosystème aussi essentiel que menacé.

L’heure est à l’alerte. Selon les dernières données du GIEC, le niveau moyen des mers a déjà augmenté de 20 centimètres depuis 1901, et pourrait s’élever de plus d’un mètre d’ici la fin du siècle si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas drastiquement. Mais cette situation ne constitue qu’un volet de la crise multidimensionnelle à laquelle nous sommes confrontés.

L’acidification croissante des océans, due à l’absorption du CO₂ atmosphérique, perturbe les chaînes alimentaires marines. Le réchauffement des eaux accentue par ailleurs la fréquence des événements de blanchiment des coraux. En 2024, un épisode massif a touché plus de 84 % des récifs coralliens tropicaux, notamment dans le Pacifique et l’océan Indien, mettant en péril des milliers d’espèces.

La pollution plastique atteint quant à elle des proportions dramatiques. Selon le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement), plus de 11 millions de tonnes de plastique finissent dans les mers chaque année. Cela représente l’équivalent d’un camion-poubelle par minute.

On estime aujourd’hui à plus de 170 000 milliards le nombre de particules plastiques flottant à la surface des océans. Ces microplastiques ont été retrouvés dans des organismes marins à tous les niveaux trophiques : poissons, mollusques, plancton, etc., mais aussi dans les systèmes digestifs de cétacés et d’oiseaux marins, provoquant des troubles, voire la mort.

« On retrouve désormais des microplastiques dans des zones reculées comme la fosse des Mariannes ou l’Arctique. C’est devenu un indicateur clair de la diffusion globale de cette pollution », alerte Frédérique Bordes, chercheuse à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).

Elle souligne également l’impact sur la santé humaine : « Le plastique présent dans la chaîne alimentaire marine finit dans nos assiettes. Ses effets sur le métabolisme, notamment les perturbateurs endocriniens, commencent à être mesurés. »

Face à cette situation, la communauté scientifique s’accorde sur un point : le statu quo est intenable. D’où l’importance de la Conférence UNOC 3, au cours de laquelle la France, détentrice de la deuxième plus grande zone économique exclusive au monde, entend jouer un rôle moteur. Depuis 2017, Paris affiche une diplomatie bleue assumée, en promouvant la protection de 30 % des espaces marins d’ici 2030 et en soutenant le traité sur la haute mer (BBNJ), récemment adopté par les Nations unies.

La conférence s’articule autour de dix panels thématiques : pêche durable, innovation marine, pollution, gouvernance, biodiversité, etc. L'objectif est de produire des décisions concrètes et de mobiliser des financements. L'objectif est également d'impulser une dynamique collective à long terme.

« La mer n’a pas de frontières politiques, mais elle a besoin de règles communes », affirme Carlos Jiménez, biologiste marin costaricien. « L’UNOC 3 est une opportunité unique d'harmoniser les efforts mondiaux. La coopération est notre seul espoir pour faire face à une crise aussi diffuse et globale. »

Et pour que la mobilisation dépasse les cénacles diplomatiques, l’initiative Nous sommes l’Océan invite la société civile à participer. Plus de 400 événements gratuits sont organisés dans l’espace La Baleine, alliant projections, débats, ateliers éducatifs et expositions artistiques. Une manière de rapprocher les enjeux !

L'objectif est de rapprocher les enjeux scientifiques du grand public et de faire émerger une conscience océanique partagée.

Nice entend incarner un tournant. En replaçant l’Océan au centre de l’agenda international, l’UNOC 3 ambitionne de transformer l’inquiétude mondiale en stratégie d’action. Mais entre les constats et les actes, le chemin est semé d’écueils. Et le temps, lui, presse.


Retraites : le ministre de l'Économie peu favorable à une capitalisation obligatoire

Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Éric Lombard, lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 3 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Éric Lombard, lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 3 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • « En faire un élément obligatoire, je ne suis pas certain que ce soit le bon moment. Nous avons d'autres priorités plus pressantes en ce qui concerne les retraites », a déclaré Éric Lombard
  • « Le problème de la capitalisation, c'est qu'elle est inégalitaire dans l'organisation actuelle : ce sont ceux qui ont de l'argent, donc ceux qui ont des revenus plus élevés, qui peuvent la placer », a-t-il souligné.

PARIS : Le ministre de l'Économie, Éric Lombard, a estimé dimanche que le moment n'était pas opportun pour introduire une part « obligatoire » de capitalisation dans le système des retraites, comme l'a proposé l'ancien Premier ministre Édouard Philippe.

« En faire un élément obligatoire, je ne suis pas certain que ce soit le bon moment. Nous avons d'autres priorités plus pressantes en ce qui concerne les retraites », a déclaré Éric Lombard lors d'un entretien sur France Inter/France Info/Le Monde.

« Le problème de la capitalisation, c'est qu'elle est inégalitaire dans l'organisation actuelle : ce sont ceux qui ont de l'argent, donc ceux qui ont des revenus plus élevés, qui peuvent la placer », a-t-il souligné.

« Et si on devait faire de la capitalisation un élément obligatoire, qui le financerait ? Les entreprises ont de faibles marges de manœuvre et il n'y a pas de quoi prélever. Cela demanderait donc une réflexion plus large sur l'organisation », a-t-il ajouté, privilégiant aujourd'hui une « incitation à investir ».

Candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle, Édouard Philippe a évoqué, mercredi, l'introduction de 15 % de part de capitalisation dans le système des retraites, car « notre société vieillit » et fait face à « la dénatalité ». 

Par ailleurs, Éric Lombard a réitéré la volonté du gouvernement de maîtriser la dépense publique dans le cadre du prochain budget pour 2026, qui nécessitera environ 40 milliards d'euros d'efforts supplémentaires par rapport à l'évolution des dépenses si aucune mesure n'est prise.

« Nous n'augmenterons pas les impôts dans leur ensemble », a-t-il affirmé. « Nous sommes dans une phase de stabilisation globale des dépenses, ce qui signifie que nous ne procéderons pas à une austérité généralisée », a-t-il expliqué.

Concernant la piste d'une « année blanche », soit un gel budgétaire, le ministre a estimé que son éventuel périmètre d'application nécessiterait « des décisions politiques au cas par cas ».

« Nous sommes obligés de tout distinguer en fonction des secteurs », a-t-il développé. « Si nous devons avoir des fonds pour la défense, il faut que d'autres ministères contribuent. De la même façon, dans le domaine social, il y a probablement des prestations qu'on peut stabiliser, alors que d'autres bénéficient aux personnes les plus modestes, même si l'inflation est très basse cette année. 

« Il faut engager la baisse du nombre de fonctionnaires », a-t-il également indiqué, précisant toutefois que « les chiffres ne sont pas encore fixés ».

Samedi soir, dans un entretien au Journal du dimanche, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a également affirmé que le gouvernement voulait « revoir cette tendance » à la hausse du nombre de fonctionnaires ces dernières années.


Marche blanche à Marseille en hommage à Hichem Miraoui, tué parce qu'étranger

Les proches de Hichem - ses cousins Mouna (à droite) et Siam Mouraoui, ainsi que les participants, brandissent une banderole sur laquelle on peut lire « Le racisme a encore frappé, justice pour Hichem ». lors d'une Marche Blanche organisée en hommage à Hichem Miraoui, le 8 juin 2025. (Photo de Christophe SIMON / AFP)
Les proches de Hichem - ses cousins Mouna (à droite) et Siam Mouraoui, ainsi que les participants, brandissent une banderole sur laquelle on peut lire « Le racisme a encore frappé, justice pour Hichem ». lors d'une Marche Blanche organisée en hommage à Hichem Miraoui, le 8 juin 2025. (Photo de Christophe SIMON / AFP)
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  • Après une minute de silence, les participants à la marche ont observé une minute de silence, puis ont scandé : « Justice pour Hichem ! ».
  • L'avocat de la famille d'Hichem Miraoui, Sefen Guez Guez a expliqué que cette marche était « un appel au sursaut républicain, un appel au sursaut pour tous ».

MARSEILLE : Quelque 450 personnes ont participé silencieusement à une marche blanche organisée dimanche matin à Marseille en hommage à Hichem Miraoui, un quadragénaire tunisien tué dans le Var le 31 mai par un voisin français. La justice a qualifié ce crime de terroriste et raciste.

Des proches de la victime, ainsi que l'un de ses voisins de nationalité turque, blessé par balles par l'assaillant à Puget-sur-Argens (Var) et qui portait un bandage à la main droite, ont défilé derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Le racisme a de nouveau tué. Justice pour Hichem ! ».

Après une minute de silence, les participants à la marche ont observé une minute de silence, puis ont scandé : « Justice pour Hichem ! ».

« C'est ignoble ce qu'il a commis, ce qu'ils ont fait. On demande justice », a expliqué Mouna Miraoui, cousine de la victime, retenant difficilement ses larmes.

« Ce n'est pas parce qu'on n'a pas la même nationalité ou la même religion qu'on doit détester quelqu'un ou se permettre de le tuer. C'est un être humain qu'on a tué. Il était très bien intégré là-bas », a-t-elle poursuivi. 

« Il était généreux, il aidait tout le monde, il avait la joie de vivre. Le soir du crime, il était au téléphone avec sa mère. Ses derniers mots étaient « aïe », a-t-elle déploré.

L'avocat de la famille d'Hichem Miraoui, Sefen Guez Guez a expliqué que cette marche était « un appel au sursaut républicain, un appel au sursaut pour tous ».

« Nous mènerons le combat jusqu'au bout pour que toutes les responsabilités soient tirées, jusqu'au plus haut sommet de l'État, parce que ce racisme d'atmosphère, ce qui a visé Hichem, c'est un racisme, c'est une islamophobie, c'est une xénophobie », a-t-il dénoncé.

Selon lui, « le meurtrier s'est nécessairement nourri des discours des politiques : lorsqu'on dit + à bas le voile+, on dit + abattre + ». Lorsqu'on parle de submersion migratoire, on désigne l'étranger comme un ennemi. Lorsqu'on parle d'ensauvagement, on considère l'étranger comme inférieur au Français. » 

Cette marche blanche, à laquelle ont participé plusieurs députés LFI de la région, comme Manuel Bompard, Sébastien Delogu ou Raphaël Arnault, se voulait apolitique. Une autre manifestation est prévue dans l'après-midi à Puget-sur-Argens.

Le 31 mai, vers 22 h 00, le suspect français, Christophe B., âgé de 53 ans, a, selon le parquet antiterroriste (Pnat), « tiré à plusieurs reprises » sur son voisin Hichem Miraoui depuis sa voiture. Il avait publié plusieurs vidéos à caractère raciste sur Facebook avant et après son acte.

Incarcéré, il a reconnu son crime tout en contestant son caractère raciste, et a été mis en examen jeudi pour assassinat terroriste en raison de l'origine.