En Allemagne, le chancelier Scholz éclipsé par ses ministres écologistes

Le chancelier allemand Olaf Scholz. (AFP).
Le chancelier allemand Olaf Scholz. (AFP).
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Publié le Jeudi 19 mai 2022

En Allemagne, le chancelier Scholz éclipsé par ses ministres écologistes

  • Un chef de gouvernement éclipsé par ses ministres: c'est la mésaventure qu'est en train de vivre Olaf Scholz
  • Les cotes du vice-chancelier et ministre de l'Economie, Robert Habeck, et de la cheffe de la diplomatie, Annalena Baerbock, ne cessent de grimper

BERLIN: Un chef de gouvernement éclipsé par ses ministres: c'est la mésaventure qu'est en train de vivre Olaf Scholz, chancelier allemand jugé inaudible dans la crise ukrainienne et bien moins populaire que les écologistes de son équipe.

Pendant que plonge la popularité du successeur d'Angela Merkel, les cotes du vice-chancelier et ministre de l'Economie, Robert Habeck, et de la cheffe de la diplomatie, Annalena Baerbock, ne cessent de grimper, portant les deux écologistes parmi les personnalités les plus populaires. 


M. Scholz doit ainsi à tout prix reprendre la main, en commençant jeudi par une intervention attendue sur l'Europe devant le Bundestag, et contenir l'influence grandissante des "Grünen".


Dimanche dernier, l'élection en Rhénanie du nord-Westphalie, la région la plus peuplée du pays, est venue illustrer ce nouveau rapport de forces.

« Défaite personnelle »

Dans cette élection remportée par les conservateurs de la CDU, les sociaux-démocrates du SPD ont essuyé une défaite historique alors que les Verts, troisièmes, ont vu leur score tripler en cinq ans.


Dans cet ex-bastion du centre gauche, Olaf Scholz n'avait pourtant pas ménagé ses efforts, apparaissant sur les affiches de campagne et participant à des meetings,


Le résultat apparaît donc comme une "défaite personnelle" du chancelier, estime l'hebdomadaire Der Spiegel.


Seul un électeur sur trois (35%) de cette grande région de l'ouest a ainsi jugé que l'implication de M. Scholz était un "grand soutien" pour le SPD. Le vice-chancelier Robert Habeck a lui été perçu comme un atout par 57% des sondés, selon cette étude Dimap.


Déjà desservi avant d'être chancelier pour son absence de charisme, l'ancien maire de Hambourg paye au prix fort ses atermoiements face à Moscou et ses réticences à livrer à Kiev des armes lourdes, de peur d'entraîner son pays dans un conflit armé.


Plus de cinq mois après son entrée en fonction, "son langage est pauvre, ses expressions faciales peu variées, son langage corporel réduit", l'éreinte l'hebdomadaire Focus.


"Si l'on essayait de faire du chancelier un Barack Obama en termes de communication, cela se retournerait définitivement contre lui", le défend le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit.


Mais face aux deux figures écologistes du gouvernement, M. Scholz "ne semble pas équilibré et pondéré mais plutôt imprécis", explique à l'AFP la politologue Ursula Münch.


Et il n'est pas aidé par ses ministres sociaux-démocrates, en particulier la ministre de la Défense, Christine Lambrecht, fragilisée par un voyage privé effectué avec son fils à bord d'un hélicoptère de l'armée.

«Tensions» à venir

Mme Baerbock, pourtant éreintée par la presse en 2021 durant la campagne pour la succession de Mme Merkel, et M. Habeck tirent eux les bénéfices d'un discours jugé plus clair et percutant sur la nouvelle donne géopolitique.


Volontiers critiques de la politique d’accommodement des conservateurs et sociaux-démocrates avec la Russie de Vladimir Poutine, les deux écologistes n'ont pas hésité à rompre avec la doxa pacifiste de leur parti pour fournir des armes.


Juriste de formation, Mme Baerbock, 41 ans, est devenue le visage de l'Allemagne dans les sommets internationaux, du G7 à l'Otan et a effectué début mai le premier déplacement d'un dirigeant allemand à Kiev, une visite que M. Scholz rechigne à faire.


Robert Habeck, écrivain et docteur en philosophie de 52 ans, reçoit lui des louanges jusque dans les rangs de l'opposition pour son parler clair et sa détermination à trouver de nouvelles sources d'approvisionnement énergétique, du Qatar au gaz de schiste américain.


Les Verts allemands ont déjà connu en 42 ans d'histoire des périodes fastes, marquées par des victoires locales, mais pour la première fois, relève le Spiegel, elles se fondent non plus sur "des promesses" mais sur leur "travail gouvernemental".


"La politique morale des Verts" -sans compromis vis à vis des régimes autoritaires- , "leur conflit évident avec leurs propres principes" -comme le pacifisme-, "les rendent proches et donc très crédibles", abonde Mme Münch.


"Cela augmente bien sûr leur capacité à s'imposer face au chancelier", poursuit-elle, prédisant une "augmentation des tensions" au sein du gouvernement entre Verts, SPD et Libéraux du FDP, ces derniers ayant été largement distancés lors de la dernière élection régionale.


Trump met fin aux sanctions visant la Syrie sauf pour Assad

Le président Donald Trump serre la main du président intérimaire de la Syrie, Ahmad Al-Sharaa, à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. (SPA)
Le président Donald Trump serre la main du président intérimaire de la Syrie, Ahmad Al-Sharaa, à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. (SPA)
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  • Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret formalisant le démantèlement des sanctions américaines contre la Syrie
  • Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chibani, a salué sur X "un tournant important, qui favorise l'entrée de la Syrie dans une nouvelle phase de prospérité et de stabilité

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret formalisant le démantèlement des sanctions américaines contre la Syrie, une nouvelle étape dans le rapprochement entre les deux pays après la chute de Bachar al-Assad.

"Il s'agit d'un effort pour promouvoir et soutenir le chemin du pays vers la stabilité et la paix", a déclaré à la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avant la signature du décret à huis clos.

Le président Trump avait créé la surprise en annonçant lors d'une visite à Ryad le 13 mai la levée des sanctions américaines, disant vouloir "donner une chance de grandeur" aux nouvelles autorités de Damas.

Il avait aussi rencontré le lendemain le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, à la tête de la coalition rebelle dirigée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ayant renversé en décembre le président syrien.

Depuis, Washington a assoupli la plupart de ses sanctions pour faciliter le retour de la Syrie dans le système financier international et met en oeuvre des autorisations pour encourager de nouveaux investissements en Syrie.

Le département d'Etat a délivré une dérogation au titre de la "loi César" sur la protection des civils en Syrie. Cette loi de 2020 prévoyait des sanctions sévères contre toute entité ou entreprise coopérant avec le pouvoir déchu de Bachar al-Assad.

La Syrie, dirigée par le clan Assad pendant plusieurs décennies, fait l'objet de sanctions internationales depuis 1979. Celles-ci ont été renforcées après la répression par le pouvoir de Bachar al-Assad de manifestations prodémocratie en 2011, élément déclencheur de la guerre.

Le décret présidentiel, qui évoque les "mesures positives" prises par les autorités syriennes depuis la chute d'Assad, démantèle l'architecture globale qui entoure les sanctions américaines, dont une déclaration "d'urgence nationale" en date de 2004.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chibani, a salué sur X "un tournant important, qui favorise l'entrée de la Syrie dans une nouvelle phase de prospérité, de stabilité et d'ouverture sur la communauté internationale".

" Avec la levée de ce grand obstacle à la reprise économique, s'ouvrent les portes tant attendues de la reconstruction et du développement, ainsi que de la réhabilitation des infrastructures vitales, créant ainsi les conditions nécessaires pour un retour digne et sûr des déplacés syriens dans leur patrie", a-t-il ajouté.

- Normalisation ? -

Les Etats-Unis maintiennent toutefois les sanctions visant Assad, qui a fui en Russie, "ses associés, les auteurs de violations des droits de l'homme, les trafiquants de drogue et personnes liées à l'Etat islamique", selon le décret.

Le retrait de la Syrie de la liste américaine des pays accusés de soutenir le terrorisme n'est pas encore à l'ordre du jour mais le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a clairement fait savoir que Washington envisageait de le faire.

"Je réexaminerai les désignations de HTS et du président al-Chareh comme terroristes mondiaux spécialement désignés, ainsi que la désignation de la Syrie comme Etat soutenant le terrorisme", a-t-il dit dans un communiqué.

La levée des sanctions américaines survient alors que le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a affirmé lundi qu'Israël était "intéressé" par une normalisation de ses relations avec la Syrie et le Liban dans le cadre des accords d'Abraham de 2020.

Parrainés par le président américain lors de son premier mandat à la Maison Blanche, ces accords ont vu Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Maroc et le Soudan établir des liens formels avec Israël.

L'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack a assuré à ce sujet lundi que les frappes israéliennes contre l'Iran avait offert une "fenêtre de tir qui n'a jamais existé" auparavant au Moyen-Orient.


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.


L'ONU appelle à « relancer le moteur du développement » face au « chaos climatique » et aux conflits

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
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  • Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement »
  • « Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres.

SEVILLE, ESPAGNE : Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement », alors que le monde est confronté à un « chaos climatique », à une multiplication des conflits et à un ralentissement économique global. Il s’exprimait lors de l’ouverture de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui se tient à Séville, dans le sud de l’Espagne, sous une chaleur accablante.

« Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres. Il a dressé un tableau sombre de la situation mondiale : « Un monde où la confiance s’effrite, où le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Un monde ralenti par les tensions commerciales, des budgets d’aide amputés, secoué par les inégalités, la crise climatique et des conflits déchaînés. »

Face à ces défis, le chef de l’ONU a insisté sur la nécessité d’« accélérer les investissements à la hauteur des enjeux » afin de « réparer et relancer » la dynamique du développement. Il a rappelé que « les deux tiers des objectifs de développement durable » adoptés dans le cadre de l’Agenda 2030 accusaient déjà un sérieux retard.

« Il ne s’agit pas seulement d’une crise de chiffres, mais d’une crise humaine », a-t-il martelé, appelant les États à renforcer la mobilisation des ressources domestiques et à investir dans les domaines à fort impact, tels que l’éducation, la santé et les énergies renouvelables.

Jusqu’à jeudi, la conférence réunit quelque 50 chefs d’État et de gouvernement, dont le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, aux côtés des dirigeants des principales institutions financières internationales et de plus de 4 000 représentants de la société civile. Il s’agit de la quatrième conférence de ce type depuis 2002.

L’un des objectifs centraux de cette rencontre est de trouver des solutions concrètes au déficit de financement auquel font face les pays du Sud. Selon l’ONU, ce manque est estimé à 4 000 milliards de dollars par an pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030.

Ce sommet intervient dans un contexte particulièrement tendu pour l’aide internationale, fragilisée notamment par la réduction drastique des fonds alloués à l’aide humanitaire par l’administration de Donald Trump. L’ancien président américain avait en effet supprimé 83 % du budget de l’USAID consacré aux programmes de développement à l’étranger, mettant en péril de nombreux projets dans les pays les plus vulnérables.