Lourde défaite du SPD de Scholz dans la principale région allemande

Thomas Kutschaty, président du Parti social-démocrate (SPD) de Rhénanie du Nord-Westphalie, applaudit ses partisans sur scène avec d'autres membres du SPD après l'annonce à la télévision du siège du SPD à Düsseldorf , Allemagne de l'ouest, le 15 mai 2022. (Photo, AFP)
Thomas Kutschaty, président du Parti social-démocrate (SPD) de Rhénanie du Nord-Westphalie, applaudit ses partisans sur scène avec d'autres membres du SPD après l'annonce à la télévision du siège du SPD à Düsseldorf , Allemagne de l'ouest, le 15 mai 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 15 mai 2022

Lourde défaite du SPD de Scholz dans la principale région allemande

Thomas Kutschaty, président du Parti social-démocrate (SPD) de Rhénanie du Nord-Westphalie, applaudit ses partisans sur scène avec d'autres membres du SPD après l'annonce à la télévision du siège du SPD à Düsseldorf , Allemagne de l'ouest, le 15 mai 2022. (Photo, AFP)
  • Il s'agit du plus mauvais résultat du SPD dans cette région
  • Cette élection constitue un nouvel échec pour Olaf Scholz

DÜSSELDORF: Le parti social-démocrate SPD d'Olaf Scholz, nettement devancé par les conservateurs de la CDU en Rhénanie du nord-Westphalie, a essuyé dimanche une lourde défaite dans cette région la plus peuplée d'Allemagne qui élisait son parlement.

La formation du chancelier, critiqué pour sa discrétion dans la crise ukrainienne, ne recueillerait qu'environ 28% des voix, contre 35% pour les chrétiens-démocrates, à la tête depuis 2017 de cette région, selon des estimations pour les chaînes publiques ARD et ZDF.

Il s'agit du plus mauvais résultat du SPD dans cette région, qui a longtemps fait figure de bastion social-démocrate.

A Cologne, Bonn, Düsseldorf ou encore Essen et Dortmund, quelque 13 millions d'électeurs ont jusqu'à 16H00 GMT pour élire le parlement de ce Land, le plus peuplé du pays et poids lourd industriel. Cette élection est d'ailleurs surnommée en Allemagne la "petite élection" générale, riche en enseignements politiques.

Verts faiseurs de roi 

La CDU, menée par l'actuel ministre-président Hendrik Wüst, paraît donc la mieux placée pour garder le contrôle d'une région conquise en 2017 par Armin Laschet, candidat malheureux à la succession d'Angela Merkel en septembre 2021.

Le SPD, défait il y a tout juste une semaine dans un autre Land, en Schleswig-Holstein (nord), peut encore espérer s'allier, comme au niveau fédéral, avec les Verts, crédités de 18% et en très forte progression.

Les écologistes, portés par la popularité de leurs ministres au gouvernement, apparaissent comme les faiseurs de roi de cette élection. La CDU ne pourra en effet reconduire son alliance régionale avec les libéraux du FDP, en chute de 7 points en cinq ans, à 5,5%.

Le secrétaire général du SPD, Kevin Kühnert, s'est prononcé en faveur de discussions avec les Verts pour tenter de bâtir une coalition, à l'image de celle aux commandes de l'Allemagne.

Mais vu l'ampleur de la défaite du SPD, il semble peu probable qu'il soit en mesure de prétendre diriger la région.

Le SPD est "le grand perdant des élections", a réagi le conservateur Jens Spahn, ancien ministre de la Santé dans le gouvernement d'Angela Merkel. "On ne peut rien faire", selon lui, pour un parti qui prétendrait gouverner après un si "mauvais résultat historique".

Le parti d'extrême droite AfD, qui ne recueillerait lui aussi que 5,5%, confirme ses difficultés à l'ouest du pays et fait de plus en plus figure de formation d'ex-RDA.

Cette élection marque un nouvel échec pour Olaf Scholz, dont le parti a perdu il y a une semaine dans un autre scrutin et dont la popularité pâtit de sa supposée discrétion dans le conflit ukrainien et de ses réticences à livrer des armes lourdes à Kiev.

Revanche 

Au gouvernement, le chancelier et les ministres sociaux-démocrates se font voler la vedette par les écologistes, en particulier le vice-chancelier Robert Habeck et la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui se sont hissés parmi les personnalités politiques préférées des Allemands.

Dans le même temps, la ministre SPD de la Défense, Christine Lambrecht, est la cible de critiques et de demandes de démission pour avoir effectué un déplacement privé avec son fils à bord d'un hélicoptère de l'armée. Une majorité d'Allemands souhaitent sa démission, selon un sondage.

"L'enjeu de l'élection est de taille", résume l'hebdomadaire Der Spiegel, soulignant que "celui qui gouverne ici a automatiquement son mot à dire au niveau fédéral".

Elle constitue en revanche un motif d'espoir pour la CDU, de retour dans l'opposition depuis fin 2021 après 16 années de règne d'Angela Merkel.

Menés par un nouveau chef, le très droitier Friedrich Merz, les chrétiens-démocrates peuvent espérer prendre leur revanche et retrouver la chancellerie en 2025 si les difficultés de l'actuel chancelier perdurent.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"