En Turquie, déchets plastiques et fumées toxiques

Des réfugiés afghans ramassent des déchets dans une décharge de fortune, le 18 novembre 2021, à Istanbul. (AFP).
Des réfugiés afghans ramassent des déchets dans une décharge de fortune, le 18 novembre 2021, à Istanbul. (AFP).
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Publié le Samedi 28 mai 2022

En Turquie, déchets plastiques et fumées toxiques

  • A Kartepe, ville industrielle du nord-ouest du pays, un de ces sites a été fermé en décembre par les autorités après que trois feux s'y sont déclarés en moins d'un mois
  • L'un d'eux a duré plus de cinquante heures, laissant le temps aux plastiques entreposés là de cracher leur fumée noire toxique sur cette région coincée entre la mer de Marmara et les montagnes

KARTEPE : "Ce n'est pas une coïncidence": le nombre d'incendies dans les usines de recyclage plastique explose en Turquie. Experts et activistes soupçonnent certains entrepreneurs de vouloir se débarrasser de déchets indésirables, parfois importés d'Europe.

A Kartepe, ville industrielle du nord-ouest du pays, un de ces sites a été fermé en décembre par les autorités après que trois feux s'y sont déclarés en moins d'un mois.

L'un d'eux a duré plus de cinquante heures, laissant le temps aux plastiques entreposés là de cracher leur fumée noire toxique sur cette région coincée entre la mer de Marmara et les montagnes.

"Nous ne voulons pas que nos lacs et nos sources soient pollués", tempête Beyhan Korkmaz, une militante écologiste de la ville, inquiète des rejets de dioxines émis par une dizaine d'incendies similaires survenus en moins de deux ans dans un rayon de cinq kilomètres.

"Faut-il porter des masques?", s'interroge l'activiste.

L'an dernier en Turquie, des incendies dans l'enceinte de centres de retraitement de déchets plastiques ont eu lieu tous les trois jours: de 33 en 2019, ils sont passés à 65 en 2020 et 121 en 2021, selon le décompte de Sedat Gündogdu, chercheur spécialiste de la pollution plastique à l'université Cukurova d'Adana (sud).

«Lobby du plastique»

Sur la même période, après que la Chine a banni début 2018 leur importation, la Turquie est devenue le premier importateur de déchets plastiques européens devant la Malaisie.

Près de 520 000 tonnes sont arrivées en 2021 dans le pays, s'ajoutant aux 4 à 6 millions de tonnes générées chaque année par 84 millions de Turcs, selon les données compilées par la branche turque de l'ONG Greenpeace.

Nombre de ces déchets terminent leur route dans le sud du pays, dans la province d'Adana notamment, où des entreprises opérant illégalement ont été fermées ces dernières années. 

D'autres containers de déchets arrivent par les ports d'Izmir (ouest) et d'Izmit (nord-ouest), non loin de Kartepe.

"Le problème n'est pas d'importer du plastique d'Europe mais d'importer des plastiques non recyclables", estime Baris Calli, professeur en génie de l'environnement à l'université de Marmara (Istanbul), dont "[le] sentiment est que la plupart de ces incendies ne sont pas une coïncidence".

Selon lui, seuls 20 à 30% de déchets plastiques importés sont recyclables. "Les résidus doivent être envoyés dans des usines d'incinération mais cela a un coût, c'est pourquoi certaines entreprises essaient de trouver des moyens faciles de s'en débarrasser".

Sedat Gündogdu trouve lui curieux que "la plupart de ces incendies se déclarent la nuit" et dans les sections excentrées des centres de retraitement, loin des machines.

Dans un rapport publié en août 2020, l'organisation internationale de police Interpol s'inquiétait d'une "augmentation des incendies de décharges et de déchets illégaux en Europe et en Asie", citant notamment la Turquie.

Depuis octobre 2021, un règlement prévoit de retirer son autorisation d'exploitation à toute entreprise du secteur reconnue coupable d'incendie volontaire.

Interrogés par l'AFP sur le nombre d'entreprises sanctionnées, le ministère de l'Environnement et le vice-président de la branche déchets et recyclage de l'Union des chambres de commerce de Turquie (Tobb) n'ont pas répondu.

"Le ministère n'a pas assez d'équipes pour enquêter attentivement, ou peut-être qu'il ne veut pas", glisse Baris Calli, pour qui "le lobby de l'industrie plastique s'est renforcé" ces dernières années en Turquie.

Selon l'association des recycleurs turcs (Gekader), le secteur des déchets plastiques génère 1 milliard de dollars par an et emploie quelque 350 000 personnes dans 1 300 entreprises.

«Un rayon de soleil suffit»

Dans son bureau surplombant un entrepôt mal en point de Kartepe, où des plastiques sont triés avant d'être recyclés ou incinérés légalement, Aylin Citakli rejette les accusations d'incendies volontaires.

"Je n'y crois pas", balaie la responsable environnement du centre de tri. "Ce sont des matériaux facilement inflammables, tout peut déclencher un incendie, un rayon de soleil suffit", assure-t-elle.

Face au tollé provoqué par la publication d'images de déchets en provenance d'Europe, déversés dans des fossés et des rivières, la Turquie a annoncé en mai 2021 l'interdiction d'importer des déchets plastiques.

Avant de la lever une semaine après son entrée en vigueur.

A Kartepe, Beyhan Korkmaz s'inquiète de ces renoncements et de l'avenir de sa région, où elle est née et vit depuis 41 ans.

La militante cite l'exemple de Dilovasi, une ville à 40 kilomètres qui abrite de nombreuses usines chimiques et de métallurgie et où des scientifiques ont relevé des taux de cancer anormalement élevé. "Nous ne voulons pas finir comme eux", dit-elle.


Nigeria: au moins 40 morts après des affrontements avec un gang armé

Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences. (AFP)
Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences. (AFP)
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  • Des membres d'un groupe armé ont tué au moins 40 membres d'un groupe d'auto-défense lors de l'attaque d'un village dans le centre du Nigeria et des affrontements qui ont suivi, dimanche, ont déclaré mardi des sources locales et la Croix rouge à l'AFP
  • Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences

JOS: Des membres d'un groupe armé ont tué au moins 40 membres d'un groupe d'auto-défense lors de l'attaque d'un village dans le centre du Nigeria et des affrontements qui ont suivi, dimanche, ont déclaré mardi des sources locales et la Croix rouge à l'AFP.

Le secrétaire de la Croix-Rouge de l'Etat de Plateau, Nuruddeen Hussain Magaji, a déclaré à l'AFP que "des centaines de miliciens d'auto-défense ont été pris en embuscade" dimanche dans le village de Kukawa. Cette attaque est survenue alors que les miliciens se regroupaient après des affrontements qui ont fait dix morts parmi les miliciens dans le village voisin de Bunyun, selon un habitant.

Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences.

"Selon les premiers rapports de notre personnel sur le terrain, au moins 30 corps ont été amenés dans un hôpital local, et certains blessés ont été transférés vers un hôpital de l'Etat voisin de Bauchi", a précisé Nuruddeen Hussain Magaji. "On s'attend à ce que d'autres corps de miliciens soient retrouvés dans la brousse", a-t-il ajouté.

Musa Ibrahim, un habitant de Bunyun, dans la circonscription voisine de Wase, a déclaré que "dix membres des milices ont été confirmés morts après que des bandits ont attaqué notre communauté, dimanche".


Trump reçoit Netanyahu à la recherche d'un accord à Gaza

Le président américain Donald Trump rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la Salle bleue de la Maison Blanche à Washington, DC, le 7 juillet 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la Salle bleue de la Maison Blanche à Washington, DC, le 7 juillet 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu a de nouveau exclu la création d'un Etat palestinien à part entière, affirmant qu'Israël conserverait "toujours" le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza
  • Selon des sources palestiniennes proches des discussions, l'accord comprend une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus

WASHINGTON: Donald Trump, qui se dit déterminé à mettre fin à la guerre à Gaza, a reçu Benjamin Netanyahu à dîner à la Maison Blanche lundi soir, lequel a dit avoir présenté le président américain pour le Nobel de la Paix.

La troisième visite à Washington du Premier ministre israélien M. Netanyahu depuis le retour au pouvoir de Donald Trump intervient à un moment crucial, le président américain espérant profiter de l'élan donné par la récente trêve entre Israël et l'Iran après une guerre de 12 jours.

"Je ne pense pas qu'il y ait de blocage. Je pense que les choses se passent très bien", a déclaré M. Trump aux journalistes au début du dîner, lorsqu'on lui a demandé ce qui empêchait la conclusion d'un accord de paix.

Assis l'un en face de l'autre autour d'une grande table, le président américain s'est dit convaincu que le Hamas était prêt à accepter un cessez-le-feu à Gaza.

"Ils veulent une rencontre et ils veulent ce cessez-le-feu", a-t-il dit.

Le Premier ministre israélien a lui annoncé avoir présenté la nomination du président américain pour le prix Nobel de la paix, en lui remettant la lettre qu'il a envoyée au comité Nobel.

"A l'heure où nous parlons, il rétablit la paix dans un pays (après l'autre), dans une région après l'autre", a loué M. Netanyahu.

La rencontre lundi intervient en pleins pourparlers indirects entre Israël et le Hamas.

Depuis dimanche, deux sessions de pourparlers indirects entre Israël et le Hamas se sont tenues à Doha, selon des sources palestiniennes proches des négociations. "Aucune percée" n'a été encore réalisée, a indiqué à l'AFP l'une d'elles.

Mardi matin, l'armée israélienne a annoncé que cinq soldats avaient été tués et deux autres grièvement blessés au combat dans le nord de la bande de Gaza.

L'émissaire américain Steve Witkoff doit se rendre dans la semaine à Doha, selon la Maison Blanche.

Auparavant, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait indiqué que "la priorité absolue du président au Moyen-Orient est de mettre fin à la guerre à Gaza et le retour de tous les otages".

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, à laquelle l'armée a riposté en lançant une offensive d'envergure à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire.

Dimanche, Donald Trump a estimé qu'il existait "de bonnes chances" de parvenir à un accord "cette semaine".

Les négociations indirectes, menées via les médiateurs qatari, égyptien et américain, portent "sur les mécanismes de mise en oeuvre" d'un accord de cessez-le-feu et d'un "échange" d'otages retenus à Gaza contre des Palestiniens détenus en Israël, selon un responsable palestinien.

- "Inacceptables" -

La délégation du Hamas se trouvait dans une salle et la délégation israélienne dans une autre, dans le même bâtiment, a-t-il précisé.

"Le Hamas est sérieux et soucieux d'aboutir à un accord pour mettre fin à la guerre et à la souffrance de notre peuple, à condition que la partie israélienne fasse preuve de bonne foi et ne cherche pas à entraver ou à faire traîner le processus", a affirmé le responsable palestinien.

Lundi soir, M. Netanyahu a de nouveau exclu la création d'un Etat palestinien à part entière, affirmant qu'Israël conserverait "toujours" le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza.

"Maintenant, les gens diront que ce n'est pas un Etat complet, que ce n'est pas un Etat. Nous nous en moquons", a-t-il dit.

Selon des sources palestiniennes proches des discussions, l'accord comprend une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël.

- "On ne savait plus où aller" -

Des dizaines de personnes, dont des parents d'otages détenus à Gaza, se sont rassemblées lundi soir devant l'antenne de Tel-Aviv de l'ambassade des Etats-Unis en Israël pour demander à M. Trump de parvenir à un cessez-le-feu.

Les manifestants ont brandi des drapeaux américains, des affiches portant des photos d'otages et une grande pancarte sur laquelle on pouvait lire "Président Trump, faites l'histoire, ramenez-les tous à la maison, mettez fin à la guerre".

Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du Hamas du 7-Octobre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l'armée israélienne.

Une première trêve d'une semaine en novembre 2023, puis une deuxième de deux mois début 2025, ont permis le retour de nombreux otages en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël.

Sur le terrain à Gaza, la Défense civile a fait état de 12 Palestiniens tués par des frappes israéliennes, dont six morts dans la clinique Al-Rimal de Gaza-ville (nord), qui "abrite des centaines de déplacés".

"On a été surpris par des missiles et des explosions à l'intérieur du bâtiment. On ne savait plus où aller à cause de la poussière et des dégâts", témoigne auprès de l'AFP Salman Qoudoum, en exhortant à un accord de cessez-le-feu. "On ne peut plus attendre".


Le Japon se tourne vers les pays du CCG pour assurer la stabilité au Moyen-Orient

Les deux parties sont convenues de maintenir une coopération étroite pour contribuer à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. (MOFA)
Les deux parties sont convenues de maintenir une coopération étroite pour contribuer à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. (MOFA)
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  • Le ministre des Affaires étrangères Takeshi Iwaya rencontre le Dr Jasem Al-Budaiwi du CCG
  • L'industrie pétrolière mondiale et l'instabilité au Moyen-Orient ont été abordées.

TOKYO : Le ministre japonais des Affaires étrangères, M. Takeshi Iwaya, a rencontré lundi le secrétaire général du CCG, M. Jasem Al-Budaiwi, pour discuter de l'industrie pétrolière mondiale et de l'instabilité croissante au Moyen-Orient.

Iwaya a déclaré que les pays du CCG jouaient un rôle de plus en plus important dans le contexte de l'agitation régionale et internationale, a indiqué le ministère japonais des Affaires étrangères.

Le Japon souhaite approfondir la coopération politique et économique avec le CCG afin d'apporter la paix et la stabilité à la région, y compris la conclusion des négociations de l'accord de partenariat économique entre le Japon et le CCG.

M. Al-Budaiwi a déclaré que le bloc régional espérait également l'achèvement des négociations de l'APE et la poursuite de la coopération dans le cadre du plan d'action Japon-CCG.

M. Al-Budaiwi a ajouté que Tokyo était un partenaire important et a lancé une invitation pour une réunion des ministres des affaires étrangères des deux parties.

Les fonctionnaires ont parlé franchement des questions relatives au Moyen-Orient, notamment du conflit entre Israël et l'Iran, des attaques contre la bande de Gaza et de la situation en Syrie.

M. Iwaya a déclaré que le Japon poursuivrait ses efforts diplomatiques pour faire en sorte que l'accord de cessez-le-feu entre Israël et l'Iran soit mis en œuvre et que les voies du dialogue soient rouvertes.

M. Al-Budaiwi s'est fait l'écho de ce point de vue et a déclaré que les pays du CCG restaient attachés au dialogue.

Les fonctionnaires ont fait part de leurs préoccupations concernant les actes qui menacent les routes maritimes et les attaques contre les installations pétrolières.

- Cet article est également publié sur Arab News Japan