Le président algérien veut «rassembler» pour tourner la page du Hirak

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune arrive au Palais Chigi pour une réunion avec le Premier ministre italien Mario Draghi (non vu), à Rome, le 26 mai 2022. (AFP).
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune arrive au Palais Chigi pour une réunion avec le Premier ministre italien Mario Draghi (non vu), à Rome, le 26 mai 2022. (AFP).
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Publié le Samedi 28 mai 2022

Le président algérien veut «rassembler» pour tourner la page du Hirak

  • A l'approche de la célébration le 5 juillet du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie après 132 ans de colonisation française, le pouvoir a estimé que l'occasion était propice pour tenter d'alléger les crispations
  • L'agence officielle APS a publié un commentaire décrivant M. Tebboune comme un «président rassembleur» qui «met toute son intelligence pour rassembler ceux qui ne pouvaient pas s'entendre par le passé»

ALGER : Trois ans après les manifestations prodémocratie du Hirak qui ont ébranlé le pouvoir, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a lancé une initiative pour briser l'immobilisme politique, dont le succès dépend de gestes concrets face à une opposition sceptique, selon des analystes et des politiciens.

Elu en décembre 2019 pour succéder à Abdelaziz Bouteflika, chassé par un soulèvement populaire inédit, M. Tebboune s'efforce depuis de surmonter la défiance des militants du Hirak et de l'opposition, aux yeux desquels le président de 76 ans, pur produit de l'appareil d'Etat, ne saurait incarner le renouveau attendu par la jeunesse.

Le Hirak, lancé en février 2019 pour réclamer un changement radical du système en place, s'est largement estompé depuis, mais selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), plus de 250 personnes sont toujours emprisonnées en lien avec ce mouvement ou pour des revendications concernant les libertés individuelles.

A l'approche de la célébration le 5 juillet du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie après 132 ans de colonisation française, le pouvoir a estimé que l'occasion était propice pour tenter d'alléger les crispations.

Ainsi, l'agence officielle APS a publié début mai un commentaire décrivant M. Tebboune comme un "président rassembleur" qui "met toute son intelligence pour rassembler des personnes et des parties qui ne pouvaient pas s'entendre par le passé". 

L'Algérie "a besoin de tous ses enfants pour fêter tous ensemble le 60e anniversaire de l'Indépendance", a ajouté l'agence, sans mentionner spécifiquement les militants de l'Hirak. 

Selon elle, "la nouvelle Algérie" de M. Tebboune "tend les bras pour ouvrir une nouvelle page" à "ses enfants".

«Marasme politique»

Les jours suivants, M. Tebboune a rencontré séparément les chefs de plusieurs formations politiques, dont le parti d'opposition le Mouvement de la société de la paix (MSP, islamistes).

Il a publiquement évoqué son initiative pour la première fois à la mi-mai lors d'une rencontre avec des représentants de la diaspora algérienne en marge d'une visite en Turquie, affirmant qu'elle était "nécessaire pour la création d'un front interne soudé".

Il a également annoncé la "tenue d'une rencontre inclusive des partis politiques dans les prochaines semaines", sans en préciser la finalité.

L'initiative a reçu le soutien public de l'influente armée algérienne, un pilier du pouvoir, dont le chef d'état-major Saïd Chanegriha a jugée qu'elle était "en parfaite adéquation avec les aspirations légitimes de notre jeunesse à un avenir meilleur".

"Face aux contraintes croissantes auxquelles il est confronté politiquement, le pouvoir n'a d'autre choix que de s'ouvrir, dans le cadre d'un nouveau processus politique consensuel, pour parvenir à la stabilité qu'il recherche depuis le Hirak", estime auprès de l'AFP l'analyste politique Toufik Bougaada.

"Le pouvoir n'a pas été en mesure de créer une dynamique politique autour de son projet d'Algérie nouvelle. Le marasme politique ainsi que les critiques acerbes concernant la situation des droits humains ont laissé le pouvoir sans réel soutien politique ou populaire", ajoute ce professeur de relations internationales à l'Université d'Alger 3.

«Mesures d'apaisement»

Le chef du parti MSP, Abderrazak Makri, a émis l'espoir après sa rencontre avec M. Tebboune que les Algériens "parviendront à une vision commune garantissant les libertés et une transition politique effective".

Mais Mohcine Belabbas, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un parti d'opposition qui avait boycotté les dernières législatives en 2021, a mis en doute les intentions du pouvoir.

"S'il y avait eu une réelle volonté, le pouvoir aurait (..) libéré tous les détenus politiques et prisonniers d'opinion et mis fin aux poursuites arbitraires contre les militants et activistes politiques", a écrit M. Belabbas sur Facebook.

Le professeur de droit et de sciences politiques à l'université d'Alger, Ismail Maaraf, abonde dans le même sens. Selon lui, un "dialogue politique sérieux" requiert des "mesures d'apaisement, avec en tête la libération des détenus politiques et l'ouverture du champ politique et médiatique".

Karim Tabbou, figure du Hirak et chef d'un petit parti d'opposition, a estimé que "le pouvoir n'est nullement préoccupé par la question des détenus du Hirak, rappelant que "le chef de l'Etat peut, à n'importe quel moment prendre des mesures pour leur libération." 

"Le seul et unique problème du pouvoir reste le Hirak. Il s'emploie par toutes les manoeuvres possibles à rendre impossible son retour", a-t-il ajouté sur Facebook.


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.