Frankly Speaking: L’essor de l’aviation en Arabie saoudite, un catalyseur pour le secteur touristique du CCG

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Publié le Lundi 03 octobre 2022

Frankly Speaking: L’essor de l’aviation en Arabie saoudite, un catalyseur pour le secteur touristique du CCG

  • M. Griffiths salue le développement de l’industrie touristique du Royaume lors de son interview sur Frankly Speaking
  • Il prévoit que le trafic de Dubaï retrouvera son niveau d’avant la pandémie en 2024 et souligne l’importance des initiatives durables

DUBAÏ : L’essor du secteur de l’aviation de l’Arabie saoudite sera un catalyseur essentiel de la croissance du secteur touristique du CCG dans son ensemble. C’est ce que Paul Griffiths, PDG de Dubai Airports, affirme lors d’une interview avec Katie Jensen, animatrice de Frankly Speaking, le talk-show d’Arab News qui propose des entretiens avec des décideurs et des chefs d’entreprise de premier plan.

Ses propos font suite à l’annonce par la mégalopole saoudienne Neom, au début du mois, du lancement des premiers vols commerciaux au monde depuis l’aéroport de Neom Bay à la fin du mois de juin, avec Dubaï comme première destination et Londres qui suivra « sous peu ».

M. Griffiths, qui a joué un rôle clé dans la transformation de l’aéroport de Dubaï, désormais le plus fréquenté du monde en termes de nombre de passagers internationaux, déclare : « Je pense que beaucoup de gens s’attendent à ce que je dise que l’Arabie saoudite va être un concurrent. En réalité, le marché saoudien est incroyablement important pour Dubaï. »

« Il représente notre troisième plus grand marché, et il est extrêmement important que nous établissions de plus en plus de liaisons aériennes. Ce marché a connu une expansion massive au cours des dernières années. Le fait que l’Arabie saoudite développe son industrie touristique est une bonne chose pour Dubaï. »

Des opinions similaires ont été exprimées lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos la semaine dernière.

« La marée montante soulève tous les bateaux. L’intégration régionale est plus importante pour les économies plus petites mais très importantes qui nous entourent que pour l’Arabie saoudite (…). Je pense donc que l’amélioration des performances économiques et concurrentielles du Royaume favorise leur compétitivité. Elle permet aux sociétés, aux entreprises et aux gouvernements de ces pays de s’intégrer à l’économie mondiale plus vaste de l’Arabie saoudite », explique le ministre saoudien de l’Investissement, Khaled al-Faleh, lors de la table ronde intitulée « Perspectives saoudiennes ».

 

Une autre intervenante lors de la même table ronde, Haïfa bent Mohammed al-Saoud, ministre adjointe chargée de la stratégie et des affaires exécutives, indique : « La région dans son ensemble est une plaque tournante, donc une fois que vous arrivez dans la région, il devient plus attrayant de visiter différentes destinations. Par conséquent, la concurrence est absolument à notre avantage. »

M. Griffiths partage ce point de vue. « Si vous observez les destinations touristiques plus établies comme l’Europe et les États-Unis, il est rare que les gens se rendent dans une seule ville et rentrent ensuite chez eux », remarque-t-il.

« Le fait d’avoir plus d’options de voyage et plus de villes à visiter au Moyen-Orient, y compris les villes d’Arabie saoudite, sera très bénéfique pour tous les pays du CCG, car les gens pourront venir à Dubaï et se rendre en Arabie saoudite, à Oman, et dans d’autres villes de la région et faire ce que beaucoup de touristes font en Europe. »

« Vous allez rarement à Londres seulement ; vous voulez visiter Paris, Madrid et Rome. Je pense donc qu’il serait très bon pour la région d’avoir un nombre croissant d’options touristiques.»

Premier PDG de Dubai Airports, M. Griffiths occupe ce poste depuis plus de 15 ans. Il a notamment ouvert le terminal 3 ainsi que le deuxième aéroport de Dubaï, Dubai World Central (DWC).

 

L’aéroport a récemment publié ses chiffres, montrant que plus de 3,6 millions de passagers y ont transité au premier trimestre cette année, période la plus chargée depuis début 2020.

Il prévoit également que l’aéroport retrouvera son niveau d’avant la pandémie en 2024, soit un an plus tôt que prévu. Alors, avec une croissance aussi solide, serait-il temps de procéder à une introduction en bourse ?

M. Griffiths répond avec réserve, affirmant que Dubai Airports « serait un candidat intéressant pour une introduction en bourse », et que ses chiffres et « son bilan, même pendant la pandémie, favoriseraient une telle démarche. »

Il se dit optimiste quant à « la possibilité que cette décision soit prise à un moment donné, dans un avenir proche », mais ajoute que la décision incombe en dernier ressort au gouvernement de Dubaï.

Cette année, le gouvernement de Dubaï envisage de coter dix entités gouvernementales sur le marché financier de Dubaï (DFM). L’entreprise locale d'eau et d’électricité (DEWA) a réalisé la deuxième plus grande introduction en bourse du monde plus tôt cette année. Il s’agit de la première cotation de ce type pour la région et la plus importante localement depuis l’introduction en bourse record du géant pétrolier saoudien Aramco en 2019.

Selon certaines rumeurs, l’opérateur de péage de Dubaï, Salik, et l’entreprise de climatisation urbaine Empower pourraient être les prochains à entrer en bourse. Emirates a également évoqué la possibilité d’une cotation sur le DFM. Le PDG de la compagnie aérienne basée à Dubaï, cheikh Ahmed ben Saïd al-Maktoum, a déclaré à CNBC : « Je suis sûr qu’un jour, Emirates sera sur le marché. »

Lors d’un sommet sur l’aviation qui a eu lieu à Manchester en avril, le président d’Emirates, Sir Tim Clark, a raconté qu’il avait dû éteindre ses téléphones parce que tous les banquiers du monde « frappaient à notre porte, disant “Nous avons des investisseurs qui veulent vous donner de l’argent”. »

Selon M. Griffiths, il s’agit d’un « signe de maturité de nombreuses villes de la région, car nous arrivons maintenant à un stade où nous avons un excellent bilan de croissance, de bonnes performances, de bons contrôles financiers et une stratégie solide (...) Tous ces éléments sont bons pour une introduction en bourse. »

Bien qu’il soit optimiste quant aux perspectives du secteur de l’aviation et de Dubaï en particulier, M. Griffiths reconnaît que certaines préoccupations géopolitiques et économiques mondiales subsistent. Si les Émirats représentent 60 à 70% de l’ensemble du trafic voyageurs dans les aéroports de Dubaï, « la faiblesse de certains marchés de transfert, en particulier en Asie, notamment en Chine, est préoccupante, mais nous avons retrouvé environ 50% des marchés de transfert, et je prévois que cela va s’améliorer au cours des prochains mois », dit-il.

Il affirme que les prix élevés du carburant étaient « évidemment un sujet de préoccupation », mais que la position des Émirats est « assez solide pour le moment. »

« Ils profitent un peu de la forte reprise sur de nombreux marchés, en particulier en Occident. Je ne pense pas que nous devrions nous inquiéter de la reprise au cours des prochains mois. Il y aura probablement quelques signes économiques, une inflation au niveau mondial et, d’ici la fin de l’année, les choses seront peut-être différentes. Cependant, pour le moment, la reprise et les voyages sont extrêmement dynamiques, et je ne vois aucun signe d’affaiblissement dans un avenir proche. »

L’aéroport international de Dubaï est l’aéroport international le plus fréquenté au monde, et 58,3 millions de personnes devraient passer par ses terminaux cette année. Pourtant, il fonctionne actuellement avec une seule piste en raison des travaux de rénovation de la piste nord. En conséquence, environ 1000 vols par semaine sont affectés, la plupart d’entre eux étant redirigés vers l’autre aéroport de Dubaï, DWC. M. Griffiths assure que, bien qu’il soit « peu probable » que la piste soit ouverte plus tôt que prévu, elle le sera « certainement » le 22 juin « comme prévu ».

Il mentionne que la plupart des rénovations sont d’ordre technique, et non « quelque chose que les passagers remarqueront », mais il précise que « l’atterrissage des avions pourrait être un peu plus doux sur le tarmac nouvellement rénové. »

Selon M. Griffiths, la décision de rediriger les compagnies à bas prix vers DWC n’a pas été prise délibérément pour satisfaire les clients riches d’Emirates, ajoutant que « peu » de vols de passagers d’Emirates avaient été envoyés à DWC.

« En fait, la plupart sont restés à l’aéroport international de Dubaï », dit-il. « Emirates a fait face à cette situation en réduisant le nombre de services. »

Bien que la rénovation se déroule « très bien jusqu’à présent », selon M. Griffiths, il a évoqué un autre problème persistant auquel l’aéroport est confronté, à savoir la cybersécurité. C’est « un problème de taille en ce moment et le nombre d’attaques potentiellement malveillantes augmente presque chaque jour. »

« Si vous regardez, par exemple, le nombre de courriels malveillants — et le trafic qui n’a rien à voir avec les affaires — il est en hausse de 70%. Cela représente donc une énorme partie du trafic total qui n’est pas constituée d’emails sollicités ou ayant un rapport avec le fonctionnement de l’aéroport. »

À la question de savoir si la menace de la cybersécurité et des cyberattaques était plus importante que celle des attaques physiques, comme l’attaque de drones des Houthis sur l’aéroport d’Abu Dhabi au début de l’année, il répond que l’aéroport ne peut pas se permettre « d’être complaisant », ajoutant que c’est la raison pour laquelle Dubai Airports « investit constamment dans la formation et la technologie pour contrer l’évolution de la menace. »

D’après M. Griffiths, Dubai Airports investit également beaucoup dans des initiatives durables, en utilisant des panneaux solaires pour produire de l’électricité et pour garder les véhicules au frais dans les parkings, en interdisant le plastique à usage unique et en utilisant des véhicules électriques ou hybrides pour sa flotte terrestre.

Il estime que c’est important car « les consommateurs ne voudront pas fréquenter un aéroport ou une compagnie aérienne qui ne prend pas la durabilité très au sérieux. »

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Dubai Airports collabore également avec Emirates pour tester l’utilisation de carburant durable d’aviation (SAF) au troisième trimestre de cette année. L’IATA estime que le SAF peut réduire les émissions de carbone des vols d’environ 80%, mais de nombreuses compagnies aériennes hésitent à lancer des vols d’essai en raison de son coût prohibitif.

M. Griffiths souligne que le potentiel de développement d’un carburant durable d’aviation est entravé par des problèmes de distribution de l’approvisionnement. Selon lui, à moins que les aéroports du monde entier ne puissent fournir du SAF aux avions dès leur atterrissage, les compagnies aériennes devraient transporter le carburant avec eux depuis son origine, ce qui « supprime une grande partie des avantages. »

Il explique que la solution consiste à injecter le SAF dans l’avion le plus près possible de la source de fabrication, et à veiller à ce que « une forme de subvention soit mise en place, afin que nous puissions absorber le coût de la production de carburant durable d’aviation dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en carburéacteur, de sorte qu’aucune compagnie aérienne individuelle n’ait à souffrir de la nécessité d’être plus respectueuse de l’environnement que les autres. »

« Nous partageons tous les coûts et nous récoltons tous les fruits », lance-t-il.

Il laisse entendre que les consommateurs pourraient être contraints de payer davantage pour des choix durables, et précise que ces coûts de carburant plus élevés « pourraient se traduire par de légères augmentations du prix des billets, mais la durabilité doit se produire et nous devons la payer d’une manière ou d’une autre. »

En ce qui concerne l’avenir, M. Griffiths se dit très « positif » quant aux perspectives pour l’année à venir et « nonobstant les turbulences potentielles de l’économie et des événements politiques et la reprise post-Covid », il est « très optimiste quant au secteur aérospatial à Dubaï. »

Il considère que l’infrastructure touristique et hôtelière de cette ville est « l’une des meilleures au monde », soulignant que la demande pour Dubaï est montée en flèche.

« Nous dépassions de 111% notre trafic d’arrivées de visiteurs d’avant la pandémie à la fin de l’année dernière, et, actuellement, nous sommes à environ 100% », indique-t-il, avant de poursuivre : « Ce sont des chiffres plutôt solides. »

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Chalhoub Group célèbre 70 ans de croissance et d’innovation à Dubaï

Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
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  • La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux
  • Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience

DUBAI: Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir.

À cette occasion, le PDG Michael Chalhoub a rappelé l’importance stratégique des Émirats arabes unis dans le développement du groupe, où se réalise aujourd’hui 40 % de ses activités. Il a réaffirmé la volonté du groupe d’évoluer d’un rôle de partenaire vers celui de « House of Brands », en développant notamment ses propres créations tout en renforçant ses marques existantes. Parmi les projets phares : l’ouverture prochaine de Level Shoes aux États-Unis, une première pour une marque née à Dubaï.

Une « Symphonie du futur » portée par l’innovation et le capital humain

La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux.
Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience.

 


Genève mise sur l'excellence horlogère pour renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient

À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
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  • Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse
  • La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe

DUBAÏ: La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe. À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur.

Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse, qui représente plus de 26 milliards de francs suisses d’exportations annuelles, dont une part croissante est destinée aux Émirats arabes unis, au Qatar et à l’Arabie saoudite. Le Moyen-Orient demeure l’un des marchés les plus dynamiques pour les montres haut de gamme, soutenu par une clientèle jeune, fortunée et férue de pièces d’exception.

Pour Adrien Genier, directeur général de Genève Tourisme, l’événement constitue un levier majeur pour renforcer la visibilité et les relations commerciales de Genève :
« Le Golfe est aujourd’hui un marché stratégique pour Genève. Présenter notre savoir-faire ici, là où la demande pour le luxe et l’artisanat d’exception ne cesse de croître, permet de consolider notre attractivité économique et d’encourager de nouvelles collaborations. »

Raymond Loretan, président du GPHG, souligne l’importance de Dubaï dans l’écosystème mondial de l’horlogerie :
« La Dubai Watch Week joue un rôle clé dans le développement du marché régional. Y présenter nos créations permet de renforcer la présence suisse dans un hub économique qui façonne les tendances et les investissements du secteur du luxe. »

Genève, qui abrite des maisons prestigieuses telles que Patek Philippe, Rolex et Vacheron Constantin, combine tradition artisanale et innovation technologique pour alimenter une industrie qui représente un pilier essentiel de l’économie suisse. La ville attire également des talents et investisseurs internationaux, séduits par son écosystème horloger et son cadre économique stable.

Au-delà de son industrie phare, Genève s’appuie sur un art de vivre haut de gamme — gastronomie, nature, culture, shopping — pour renforcer son positionnement auprès des voyageurs du Golfe, dont le pouvoir d’achat et la fidélité constituent un moteur important pour le tourisme suisse.

Avec cette nouvelle édition de la Dubai Watch Week, Genève réaffirme sa volonté de renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient, un marché incontournable pour l’avenir du luxe, du tourisme et des investissements liés à l’horlogerie.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.