Frankly Speaking: un responsable de l'UE affirme que les Syriens ont été traités comme les Ukrainiens

Michael Koehler, directeur général adjoint des opérations européennes de protection civile et d'aide humanitaire (ECHO).
Michael Koehler, directeur général adjoint des opérations européennes de protection civile et d'aide humanitaire (ECHO).
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Publié le Lundi 03 octobre 2022

Frankly Speaking: un responsable de l'UE affirme que les Syriens ont été traités comme les Ukrainiens

  • Un éminent responsable humanitaire de l'UE estime qu'il est injuste de comparer l'accueil réservé aux Ukrainiens avec des situations antérieure
  • Il insiste sur le fait que la crise humanitaire en Syrie n'a pas été oubliée

DJEDDAH : L'Europe ne peut pas être accusée de ne pas avoir accueilli des réfugiés « par millions et par millions » au cours des dernières années, a déclaré à Arab News Michael Koehler, le directeur général adjoint des opérations européennes de protection civile et d'aide humanitaire (ECHO), ajoutant que « la loi s'applique à tous » et que l'Europe dispose de lois pour « régler la situation des réfugiés. »

Ces lois sont basées sur la Quatrième Convention de Genève parmi d'autres accords internationaux, a-t-il dit, et du point de vue de l'Europe, « il n'y a absolument aucune différence entre un réfugié et un demandeur d'asile d'une nation africaine, d'une nation du Moyen-Orient ou d'Ukraine. »

Koehler a nié que l'Europe ait fait preuve de racisme, de politique de deux poids deux mesures et d’hypocrisie avec des réfugiés ukrainiens fuyant leur pays en raison de la guerre avec la Russie et d’autres du Moyen-Orient. « La seule différence que je vois est que les réfugiés d'Ukraine ont, sur la base d'une décision des ministres européens de l'intérieur, immédiatement obtenu des permis de travail », a-t-il dit à Katie Jensen, l'animatrice de l'émission « Frankly Speaking » d'Arab News. « Mais à part cela, le traitement n'est pas différent de celui des réfugiés d'autres régions du monde ».

« Frankly Speaking » présente des entretiens avec des décideurs politiques et des chefs d'entreprise de premier plan, plongeant au cœur des plus grands titres de l'actualité au Moyen-Orient et dans le monde. Lors de son passage dans l'émission, M. Koehler s'est exprimé sur un certain nombre de sujets, notamment sur ce que l'avenir réserve aux Ukrainiens déplacés et sur la question de savoir si l'UE envisage de retirer des fonds des zones de crise du Moyen-Orient pour combler le déficit d'aide humanitaire.

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 M. Koehler a déclaré qu'il fallait revenir sur l'arrivée des Syriens et des Irakiens en 2015 et 2016, lorsque des nombres légèrement plus comparables de réfugiés affluaient en Europe. « Le million de Syriens qui s'est déversé en Allemagne a été très bien accueilli », a-t-il déclaré. « Il n'est pas tout à fait juste, d'une certaine manière, de comparer l'accueil que reçoivent maintenant les Ukrainiens deux mois après le début de la crise, avec la situation d'autres réfugiés qui sont en Europe depuis quatre ans, cinq ans, six ans ou sept ans, et certains problèmes qui en découlent. »

« Nous n'en sommes absolument pas encore là dans la crise ukrainienne, mais c'est un phénomène très général. D'un point de vue structurel, c'est un phénomène très connu », a-t-il déclaré, évoquant des cas où l'accueil initial chaleureux réservé aux réfugiés par la population fait place à des problèmes qui « conduisent parfois à des réactions populistes. »

Néanmoins, Koehler a regretté des commentaires tels que ceux du Premier ministre bulgare Kiril Petkov (« Ce ne sont pas les réfugiés auxquels nous sommes habitués, ces gens sont des Européens, des gens intelligents et éduqués »), et l'allusion au droit des pays de choisir les réfugiés en fonction de leur race, de leur religion ou de leur politique.

« Non, absolument pas. Absolument pas », a-t-il déclaré. « Il est cependant, bien sûr, normal que si vous êtes un voisin direct d'un pays qui est dans la situation dans laquelle se trouve l'Ukraine, il y ait peut-être plus d’empathie. Il y a une disposition un peu plus grande du secteur privé à aider, mais nous avons vu la même chose dans d'autres configurations. »

Faisant allusion aux remarques insensibles des politiciens européens, Koehler a déclaré : « Nous ne devons pas considérer les déclarations de tel ou tel homme politique comme la ligne politique des États membres et de l'UE. Les politiciens peuvent exprimer leurs opinions personnelles, mais cela ne signifie pas que l'ordre juridique qui régit la manière dont les réfugiés sont accueillis, le soutien qu'ils reçoivent et ainsi de suite, soit modifié. »

Koehler n'est pas d'accord avec l'idée qu'avec la crise humanitaire ukrainienne qui tient le devant de la scène, la tragédie de la Syrie, où 6,2 millions de personnes restent déplacées à l'intérieur du pays, a été oubliée. « Non, ils n'ont pas été oubliés », a-t-il répondu. « En fait, j'ai partagé via Twitter une partie de la réunion ministérielle sur la Syrie dans la région que nous accueillons ici à Bruxelles pour la sixième fois. C'est la réunion annuelle de la communauté internationale ».

« Hier, la communauté internationale s’est engagée à un don record : 6,4 milliards d'euros pour 2022-2023, soit un demi-milliard de plus que la promesse équivalente de l'année dernière. Donc, ce que cela nous dit, c'est qu'il n'y a pas de lassitude au sein de la communauté internationale lorsqu'il s'agit d'aider les Syriens. Les donateurs sont là, ils ne sont pas fatigués et les organisations internationales sont mobilisées. »

Mais qu'en est-il des agences humanitaires qui se plaignent de manquer d'argent ? Koehler dit qu'il ne nie pas le « manque de donateurs ».

« Si vous comptabilisez la quantité d'argent mobilisée chaque année pour l'aide humanitaire, vous constaterez une augmentation du montant. C'est totalement dépassé par les besoins, parce que chaque année, nous avons plus de crises. Les crises existantes ne disparaissent malheureusement pas et le nombre de personnes qui souffrent ne cesse d'augmenter. »

Interrogé sur la manière de combler le déficit de financement de l'aide humanitaire, M. Koehler a répondu que la solution comprend plusieurs volets, pour commencer un plus grand nombre de donateurs, notamment ceux de l'UE. « Les clubs des pays riches ont 38 membres de l'OCDE ou du G20 », a-t-il déclaré. « Tous ces pays n'ont pas encore fourni de l'aide humanitaire. Certains le font, mais pas de manière très régulière. Parfois ils débloquent beaucoup d'argent, et d'autres fois, ils sont un peu plus économes avec leurs ressources. »

Parmi les nombreux aléas que peut subir le Moyen-Orient à cause de la guerre en Ukraine, il y a le fait que la Russie a laissé entendre qu'elle opposerait son veto au renouvellement du mandat qui permet à l'ONU d'utiliser le point de passage de Bab Al-Hawa, dans le nord de la Syrie, lorsqu'il expirera le 9 juillet. Cela signifie que l'aide de l'UE pourrait devoir passer par Damas et se trouver ainsi sous le contrôle du régime d'Assad. « Si Bab Al-Hawa était fermé, il y aurait un énorme problème d'approvisionnement et nous avons déjà vu ce que cela signifie dans le nord-est de la Syrie », a déclaré Koehler.

« Cependant, nous sommes aussi très favorables à la coopération transfrontalière, donc nous n'avons aucun problème à apporter de l'aide de Damas au nord-est, par exemple, ou au nord-ouest. Malheureusement, cela ne se produit qu'à petite échelle, ce qui est lié à des problèmes politiques mais aussi logistiques. »

Selon Koehler, il existe un nouveau système pour acheminer l’aide par le biais de partenaires spécialisés, pas par les gouvernements, « ainsi, acheminer de l'aide, par exemple dans la partie de la Syrie qui est contrôlée par les autorités de Damas, ne signifie pas donner de l'argent au gouvernement Assad. »

« Elle est mise en œuvre par le biais d'organisations propriétaires spécialisées, d'ONG, d'agences des Nations unies, etc. Pour cela, nous avons un suivi, nous avons des audits, nous avons des audits indépendants par des tiers », a-t-il déclaré. « Nous avons nos bureaux sur le terrain. ECHO a un bureau à Damas qui peut surveiller ce qui se passe, et dès qu'il y a le moindre soupçon de détournement d'aide, nous arrêtons. Nous arrêtons, nous enquêtons et nous ne reprenons l'aide qu'une fois que nous sommes suffisamment, disons, rassurés sur la façon dont l'aide est mise en œuvre. »

Koehler a déclaré qu'ECHO utilisait le même modus operandi en Afghanistan. « Comme je l'ai dit précédemment, nous ne travaillons jamais par l'intermédiaire des gouvernements. Nous travaillons donc avec les ONG locales. Nous travaillons avec le Croissant-Rouge, nous collaborons, par exemple, avec l'UNICEF et d'autres organisations et nous nous assurons que cet argent profite directement à la population concernée », a-t-il déclaré.

Il a toutefois reconnu qu'avec les nouvelles restrictions annoncées par les talibans, dont beaucoup visent les femmes, « nous sommes franchement déçus de la manière dont les choses évoluent en Afghanistan. »

En avril dernier, l'UE a promis 525 millions d'euros d'aide humanitaire à l'Afghanistan, et selon Koehler, en conséquence des développements en Afghanistan depuis la prise de contrôle du pays par les talibans l'année dernière, la communauté internationale, et en particulier l'UE, ont intensifié le financement humanitaire.

« Les talibans ont donné un certain nombre d'assurances concernant, par exemple, l'éducation des filles et les droits des femmes. Cependant, nous constatons aujourd'hui que nombre de ces assurances se sont révélées discutables, voire formellement révoquées, ce qui crée bien sûr des problèmes majeurs. »

Passant à un autre point chaud de l'actualité humanitaire, Koehler a minimisé les craintes d'un arrêt du financement de l'aide humanitaire, malgré un avertissement des Nations unies ce mois-ci, selon lequel plus de cinq millions et demi de réfugiés palestiniens pourraient ne plus avoir accès aux services de base tels que la nourriture, l'éducation et les soins de santé en raison d'une baisse des contributions des États membres, l'UE en particulier.

« Nous soutenons l'UNRWA et nous poursuivons notre assistance », a-t-il déclaré, en faisant référence à l'agence des Nations unies qui soutient les secours et le développement humain des réfugiés palestiniens.

En ce qui concerne la contribution de l'UE, il a déclaré qu'il ne s'agissait « pas de réduire le financement mais de négocier les conditions pour les versements de 2021-2022. »

Il a ajouté : « Ce qui s'est arrêté pour un court moment, ce n'est pas l'aide humanitaire mais les transferts financiers directs que l'aide au développement de l'UE mettait à disposition au profit de l'Autorité nationale palestinienne. Et ce n'est pas un arrêt définitif, mais il s'agit de convenir d'un certain nombre de conditions, dans lesquelles cet argent serait mis à disposition. »

Mais dans un contexte d'inquiétude quant à une éventuelle fermeture de l'UNRWA, quelle est la position de l'UE sur le droit au retour ? « L'UE a une position de principe à cet égard et nous sommes toujours en faveur de la solution à deux États. Nous voulons une solution négociée entre les parties », a précisé M. Koehler. « Nous considérons que l'occupation de la Palestine doit prendre fin, conformément aux résolutions pertinentes des Nations unies, sur la base de négociations bilatérales que nous sommes prêts à encourager et à soutenir autant que possible. »

Koehler a conclu en disant que les agences d'aide et les donateurs doivent s'unir et « parler d'une même voix » pour des efforts d'aide humanitaire efficaces dans les zones de crise. « Partout où la communauté internationale, les donateurs des États-Unis au Royaume-Uni, à l'UE, à la Suède, à l'Allemagne, au Royaume d'Arabie saoudite, partout où les donateurs parlent d'une même voix, cette voix unique a un effet », a-t-il déclaré, citant l'exemple de la tentative ratée en 2020 par la milice houthie soutenue par l'Iran d'imposer une taxe de 2 % sur les livraisons d'aide humanitaire au Yémen.

« La communauté internationale a dit « pas question ». Le Programme alimentaire mondial a également dit « pas question ». Nous avons dit, si c'est ce que vous voulez faire, nous allons simplement cesser nos opérations sur le territoire que vous contrôlez. »

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".